La Penfeld. 1. Localisation:

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Transcription:

1. Localisation: La Penfeld est la rivière brestoise par excellence ; en réalité un tout petit fleuve côtier qui traverse l agglomération nord finistérienne, selon une direction générale Nord-Sud (de l amont vers l aval). La Penfeld en route vers la rade de Brest Elle prend sa source sur la commune de Guipavas, à environ 90 m d altitude, dans les zones humides proches de l aéroport. Après avoir traversé les communes de Gouesnou, Bohars, Guilers, et Brest, elle débouche sur la rade, où elle se mêle aux eaux de l Elorn, de l Aulne, de la Mignonne et de quelques autres petits côtiers qui ont rejoint la rade plus à l Est. Elle représente moins de 2% des apports d eau douce dans la rade. La Penfeld des sources à la mer 1

2. La Penfeld et son bassin-versant : La Penfeld et les affluents de son cours principal drainent un bassin-versant d environ 62 km 2 en prenant en compte le cours principal, ainsi que le secteur aval avec ses plans d eau et les ruisseaux qui s y jettent. Carte du bassin-versant Source : Brest Métropole Océane Direction de l Ecologie Urbaine La longueur de son cours principal est de 14 km, auxquels on ajoutera les 2 km qui, à partir de la «porte de l arrière-garde» (arsenal de Brest) traversent le port militaire et conduisent jusqu à la rade de Brest. Le linéaire total est d environ 63 km, constitué par le cours principal, l ensemble des affluents et sous-affluents. On dénombre une vingtaine d affluents dont les principaux sont Le Ruffa, le Tridour, et l Allégouet (ou ruisseau de Pont Cabioc h) en rive droite, le ruisseau de Roscarven et le Spernot en rive gauche. le Tridour 2

3. Les caractéristiques physiques : a. Le climat : Le bassin-versant est soumis à un climat océanique caractéristique, ce qui vaut d ailleurs à Brest la réputation (un peu exagérée) d être une ville où il pleut tout le temps Même si les jours où elle y tombe sont nombreux, la pluie est rarement très intense, avec une prédominance de crachins et faibles pluies. Etant donné sa faible superficie, ces précipitations sont réparties de façon très homogène sur le bassin-versant. Ainsi on observe une pluviométrie annuelle comprise entre 800 et 1000 mm (moyennes 1961-1990). Quant aux températures, elles sont aussi relativement homogènes tout au long de l année : peu de gelées ou de grosses chaleurs! Ainsi, au cours des 25 dernières années, la moyenne des températures est de 10,9 C, avec des moyennes mensuelles allant de 6,3 C en janvier à 16,3 C en août. Seulement 10 C entre le mois le plus froid et le mois le plus chaud, c est la proximité de l océan et les fréquents vents d ouest qui jouent ce rôle de régulateur. b. Relief et géologie : La Penfeld s est installée dans un vestige du lit de l Aulne qui rejoignait l océan par l actuel l aber Ildut. A l ouverture du goulet de la rade de Brest lors des cycles interglaciaires de l ère quaternaire, les mouvements de terrain ont séparé ce «fleuve primitif» en trois cours d eau actuels : l Aulne, la Penfeld et l Ildut. Géologie du bassin-versant 3

Le sous-sol du territoire est composé de roches magmatiques et métamorphiques (granite au nord et gneiss au sud), sur lesquelles se sont parfois accumulés des terrains sédimentaires tertiaires dans les vallées (alluvions fluviatiles, vaseux; sables marins ), le tout constituant une partie du plateau léonard. Ces roches sont la plupart du temps massives, et par conséquent plutôt imperméables, favorisant ainsi l écoulement en surface des eaux de pluie (ruissellement). Elles peuvent aussi, au fil du temps, s être fissurées ou altérées, ce qui permet le stockage d eau souterraine dans les espaces vides ainsi créés. Grâce à ces réserves d eau et à leur écoulement à la belle saison, les cours d eau vont pouvoir maintenir un débit satisfaisant même en période d étiage. Les sols situés à la surface de ces substrats sont de natures différentes. Il s agit de sols bruns plus ou moins acides, associés à des sols lessivés, dégradés et localement gorgés d eau (sols hydromorphes). On trouve autour de Guipavas un plateau proche de 100m d altitude, qui constitue une ligne de partage des eaux entre les abers et les cours d eau qui rejoignent la rade. Les pentes sont donc relativement élevées pour rejoindre le niveau de la mer. Cela donne à la Penfeld, comme à beaucoup d autres cours d eau bretons d ailleurs, un profil (coupe du fleuve entre sa source et l estuaire) caractéristique des rivières rapides. Ainsi, les eaux y restent fraîches et bien oxygénées, donc potentiellement favorables à certaines espèces animales comme les salmonidés. c. Les débits : Le suivi continu des débits n est réalisé que depuis peu de temps sur la Penfeld, ce qui rend les données incomplètes. Le débit moyen interannuel de la Penfeld est 0,69 m 3 /s à la prise d eau de Kerléguer, ce qui peut paraître faible mais qui doit être mis en rapport avec la superficie de son bassin-versant à ce niveau (27 km 2 ). Ainsi, quand on prend en compte cette donnée fondamentale pour comparer les cours d eau entre eux, on obtient un débit spécifique annuel moyen de 25 litres par seconde et par km2, soit un peu plus que les 22,6 l/s/km2 de l Elorn. Des disparités peuvent exister sur l année en fonction des pluviométries saisonnières. Néanmoins les sous-sols étant plutôt favorables au stockage hivernal, les écoulements des ruisseaux sont maintenus à un niveau satisfaisant en période d étiage, sauf cas exceptionnels en fin d été. 4

4. Les collectivités concernées : En intégralité sur le département du Finistère, le bassin-versant de la Penfeld et de ses affluents s étend de façon plus ou moins importante sur les communes de Guipavas, Gouesnou, Bohars, Guilers, Plouzané et Brest. Elles appartiennent toutes à la communauté urbaine Brest métropole océane (Bmo), qui, de part ses différentes missions, participe entre autres à l alimentation en eau potable ainsi qu à la gestion quantitative et qualitative de l eau et des milieux aquatiques du territoire. Une autre structure de coopération intercommunale intervient indirectement sur le territoire : le syndicat de bassin de l Elorn qui gère le barrage du Drennec et contribue donc à la gestion des eaux de l Elorn, ressource essentielle pour l alimentation en eau potable des habitants de l agglomération brestoise. La Penfeld à Bohars 5. La population : En raison de la présence de l agglomération brestoise, le bassin-versant de la Penfeld est très peuplé (environ 180.000 habitants). Pour les mêmes raisons, on observe des densités de population très importantes : environ 1.000 habitants au km2 sur l ensemble des communes de territoire de BMO avec plus de 3.000 habitants au km 2 pour les zones les plus densément peuplées de Brest. On peut remarquer que la population générale du bassin-versant a légèrement augmenté ces dix dernières années et le rythme de croissance démographique s est déplacé vers la périphérie brestoise : +13% pour Gouesnou, +7% pour Bohars, Guipavas et Plouzané, +3% pour Guilers et +2% pour Brest. Cela confirme la tendance, déjà amorcée auparavant, à l étalement urbain vers les axes de communication (RN 12) et le littoral. 5

6. «Histoire de la vallée» : Dans les campagnes, le paysage s est modifié au cours du 20 e siècle. Par le passé, le bassin se caractérisait par un paysage bocager, la rivière était bordée de moulins et de barrages. Après la seconde guerre mondiale, la modernisation agricole a modifié le paysage avec le remembrement de certaines communes, le drainage et les remblaiements. Ainsi de 1950 à 1990, on observe une destruction des talus accompagnée d une multiplication des champs ouverts. La population possède, à partir de ce moment, l eau courante et des fosses septiques, les zones urbaines s équipent de stations d épuration. Brest détruite puis reconstruite 6 En ville, Brest sera quasiment rasée par les bombardements alliés durant la Seconde Guerre mondiale. A la reconstruction, la commune de Brest s agrandit de façon importante en absorbant trois communes voisines : Lambézellec, Saint- Marc etsaint-pierre-quilbignon. On reconstruit alors sur les décombres du vieux Brest une ville nouvelle selon les plans de Jean-Baptiste Mathon.

Le pont de Recouvrance, remplace en 1954, l ancien pont National (pont tournant) détruit par les bombardements. Longtemps le plus haut pont levant d Europe, il enjambe la Penfeld, l arsenal et le port militaire, reliant ainsi le bas de la rue de Siam et le quartier de Recouvrance. Sur les rives, la reconstruction fait place à une ville aplanie, dans laquelle les vallons et les ruisseaux disparaissent peu à peu sous le béton, remplacés par un réseau d eaux pluviales mais également assainie grâce à un réseau d eaux usées et aux stations d épuration construites au début des années 70. L ancien pont National remplacé aujourd hui par le pont de Recouvrance 7

7. Faune flore a. Les zones humides : Comme pour les autres rivières, on trouve sur le bassin-versant de la Penfeld un important réseau de zones humides, essentiellement des prairies humides en bordure du cours d eau. Ces zones humides assurent des fonctions essentielles telles que l épuration des eaux (dépôt des sédiments, stockage et absorption de polluants), la régulation des débits (en jouant un rôle d éponge au bord de la rivière) et bien sûr celle de réservoir biologique (alimentation, refuge ou reproduction). Prairies humides à Gouesnou Si leur intérêt n est plus à démontrer, elles ont beaucoup souffert de diverses dégradations (remblais, décharges, drainage, mise en culture, urbanisation, ). Sur le territoire, elles ont notamment pu souffrir de l étalement urbain, qui n a pas toujours été respectueux de leurs fonctions pourtant essentielles. Pour assurer leur sauvegarde, elles doivent être mieux connues : dans ce sens, elles sont actuellement inventoriées dans le cadre de divers programmes de préservation de l eau ou des écosystèmes. b. La population piscicole : Bénéficiant d eaux fraîches et bien oxygénées, d une granulométrie favorable, l ensemble de la Penfeld est classé en première catégorie piscicole, donc potentiellement favorable aux salmonidés (saumon, truite). Il accueille un certain nombre de poissons migrateurs comme la truite fario, la truite de mer ou l anguille. D autres espèces piscicoles non migratrices sont également présentes telles que : le chabot, la loche franche, le vairon ou encore le gardon. 8

Malheureusement, certains facteurs empêchent les migrateurs d exploiter pleinement le potentiel de ce cours d eau. C est entre autres le cas pour les diverses retenues d eau des moulins et des étangs (Kerléguer, Villeneuve par exemple), le busage ou le recalibrage de certains secteurs parfois sur des distances importantes, ou des facteurs de dégradation de la qualité de l eau qu ils soient agricoles (par érosion des sols) ou industriels (écoulements liés à l ancienne décharge du Spernot par exemple). Un écoulement naturel contrarié par les retenues d eau Le suivi et la gestion des populations de poissons et des cours d eau sont assurés par l ONEMA (Office National de l Eau et des Milieux Aquatiques) et l AAPPMA (Association Agréée pour la Pêche et la Protection des Milieux Aquatiques) du pays des abers. c. Espèces et espaces remarquables : Comparativement à certaines rivières voisines, la Penfeld et son bassin-versant ont perdu une partie de leur capacité d accueil, en tout cas pour les espèces remarquables. Son caractère urbain ne convient en effet que très peu aux exigences des espèces animales et végétales menacées. On appréciera toutefois son patrimoine paysager et de bonnes surprises si tant est qu on prenne le temps de sortir un peu de la ville. Avec un peu de chance, on croisera même quelques espèces rares, comme les droséras (Drosera rotundifolia) ou encore la grassette du Portugal (Pinguicula lusitanica) qu abritent encore les zones humides tourbeuses proches des sources. La droséra : une plante carnivore sur la Penfeld 9

8. Activités économiques a. L agriculture : Dans le secteur agricole, la Surface Agricole Utile (SAU) du bassin-versant représentait environ 6500 hectares lors du recensement agricole de 2000. Ces dernières années, le nombre d exploitations est en baisse mais la taille moyenne est quant à elle en augmentation, même si elle reste en moyenne plus petite que la moyenne départementale. Une prairie humide à Gouesnou La répartition dans l occupation des sols est à l avantage des prairies (temporaires ou toujours en herbe) qui occupent entre 35 et 40% de la SAU du territoire. Viennent ensuite les cultures de céréales (20 à 25%) en baisse par rapport au recensement précédent, et le maïs (20 à 25%). Les terres des cantons de Brest et de Guipavas sont donc occupées par plus de pairies et de maïs et moins de céréales que la référence départementale. Notons également la forte implantation de la production de tomates avec environ 600.000 m2 de serres sur les communes du bassin-versant. L élevage bovin est présent sur la majeure parte du territoire avec une nette prédominance de production laitière même si elle a régressé ces dernières années. Les productions porcine et avicole ne sont pas très représentées sur les cantons de Brest et Guipavas même si les effectifs de volaille ont quasiment doublé sur le canton de Guipavas entre 1988 et 2000. Cette forte concentration agricole est à l origine de pollutions par excès de sels nutritifs (nitrates, phosphore). Les efforts nécessaires de la profession agricole sont soutenus par les divers programmes initiés par les collectivités, dans le but de favoriser des systèmes de production et des pratiques agricoles moins polluants. Ceci en plus de la réglementation qui s impose dans de telles Zones d excédents structurels (ZES). 10 b. Les industries : Les activités de type industriel sur la vallée de la Penfeld sont relativement diverses. On peut ainsi citer la filière agro-alimentaire (surgelés Kermad, anciens abattoirs de Kergaradec ou encore l usine de trituration de soja Cargill), les activités de réparation navale de l arsenal (DCN), la carrière de Kerguilo sur le Tridour, les différents sites du CHU de Brest, la société de gestion de linge Elis-localinge sur l Allegouët ou encore la SDMO (3 ème constructeur mondial de groupes électrogènes).

Signalons également le site industriel du Spernot où se trouve l actuel incinérateur d ordures ménagères. Avant sa construction, s y trouvait l ancienne décharge d ordures ménagères (exploitée de 1964 à 1999) où ont été déposés environ 2,5 millions de m3 de déchets, soit une hauteur de remblai de près de 50 m par endroits. Le ruisseau du même nom a été busé sous la décharge mais il reçoit tout de même d importantes fuites de lixiviats qui rejoignent la Penfeld en aval de la prise d eau de Kerléguer. S il n y a pas d impact sur les eaux de consommation, ce n est malheureusement pas le cas pour les eaux de la rivière. Si tout n a pas toujours été respecté par le passé, les rejets de ces activités industrielles sont aujourd hui pour la plupart traités dans les stations d épuration de l agglomération brestoise. Il n existe donc plus de rejet industriel chronique, mais les épisodes «accidentels» doivent cependant être encadrés. c. Les moulins : La vallée du Spernot avec l incinérateur au fond Le bassin-versant de la Penfeld comptait au début du siècle une quarantaine de moulins, essentiellement tournés vers la production de farine de blé ou de sarrasin, sauf celui de Penfeld- Brest qui produisait de l huile de lin. Ils fonctionnaient grâce à la domestication du cours d eau (barrages, dérivations, étangs) et pouvaient par conséquent être source de perturbations pour les poissons migrateurs. Un règlement existait, permettant d éviter les conflits entre les différents propriétaires de moulins mais aussi et surtout de réduire à minima leur impact sur la rivière et ses habitants, notamment en période d étiage. Il en reste aujourd hui deux à Bohars (le moulin du Beuzit et le moulin Neuf de Kerléguer). Leurs anciennes roues en bois ont été remplacées par des turbines électriques, mais ils continuent à moudre le grain et à produire de la farine grâce à la force de l eau. d. Les activités liées à la mer : Comme on l a vu plus haut, les eaux de la Penfeld rejoignent les eaux de la rade de Brest. On ne peut donc l isoler parfaitement d un certain nombre d activités proches. Ainsi, le trafic du port de commerce de Brest, situé légèrement à l est de l embouchure de la Penfeld, s est développé considérablement autour des activités agricoles (importation d aliments pour le bétail ou exportation de viande par exemple) mais aussi avec le terminal pétrolier (1/3 de l activité du port) ou le trafic de marchandises par conteneurs. 11

L exploitation des ressources marines reste modeste au regard des autres ports bretons. Toutefois on peut signaler la pêche de la coquille Saint-Jacques ou la conchyliculture en rade (huîtres, moules ou palourdes). Le gisement de coquilles est aujourd hui fortement perturbé par la crépidule, un coquillage venu d Amérique et qui prend sa place au fond de l eau. A noter également, en s éloignant vers l ouest, la présence d un pôle de coopération scientifique, technique et industrielle au technopôle Brest-Iroise (à Plouzané), aujourd hui pôle de compétitivité lié à la mer. S il est une activité maritime que l on ne peut dissocier de la Penfeld, c est bien la marine et l arsenal, installés à Brest depuis que Richelieu en a fait un port militaire au XVIIème siècle. Même sur le déclin, la construction et la réparation navales demeurent des activités importantes pour l économie locale. DCN, le leader européen de la construction navale militaire est d ailleurs installé à Brest où sont construits et entretenus certains bâtiments de la Marine nationale. Le port est également le premier port français de réparation navale civile. Ces activités peuvent être source de pollution par les métaux ou les peintures utilisés (peintures anti-salissures à base de TBT), il est donc nécessaire de surveiller leur impact sur les milieux naturels et de réduire l impact des résidus qu elles produisent. L arsenal et le port militaire 12

9. Qualité de l eau : Si la qualité de l eau est plutôt bonne aux sources de la Penfeld, elle a tendance à se dégrader, par concentration en éléments solubles ou mobiles, en allant vers l aval, chose assez commune à tous les cours d eau. a. Les nitrates : Les nitrates (NO3) dans les eaux sont issus d un trop plein d engrais azotés ou de déjections animales par rapport à la capacité d absorption par les cultures (ce qu on appelle excédent structurel). Lorsqu il pleut, les sols sont lessivés et les nitrates sont entraînés vers les cours d eau ou les nappes souterraines, qui s écouleront à leur tour dans la rivière. Taux moyens annuels de nitrates dans la Penfeld Dans les dernières décennies, les concentrations en nitrates ont augmenté sur la Penfeld, comme elles l ont fait sur l ensemble des cours d eau bretons. Aujourd hui, la tendance est à la stabilité des concentrations autour de 30 mg/l de moyenne annuelle avec des pointes proches de 40. Les flux d azote transportés par la Penfeld viennent s ajouter à ceux véhiculés par l Aulne ou l Elorn, qui sont suffisamment importants pour engendrer des marées vertes en rade de Brest et d autres dysfonctionnements de l équilibre des eaux littorales. Algues vertes sur la plage du moulin Blanc à Brest 13

b. Les pesticides : Ces produits, le plus souvent issus de la chimie de synthèse, sont utilisés pour éliminer les organismes considérés indésirables (mauvaises herbes, insectes, champignons, ). La situation sur la Penfeld est plutôt satisfaisante puisqu on retrouve la plupart des pesticides en deçà des limites règlementaires et avec une tendance à la baisse. Cependant le duo glyphosate- AMPA, le diuron et l oxadiazon, herbicides utilisés par l ensemble des usagers, qu ils soient professionnels ou non, se retrouvent encore en trop grande concentration. Cela s explique par le côté urbain du bassin-versant, la proportion importante de surfaces imperméables (donc favorables au ruissellement) ainsi que par une certaine surconsommation par les jardiniers amateurs. Les collectivités se sont mobilisées pour réduire l usage des pesticides, que ce soit par un entretien sans pesticides des espaces municipaux ou par l encouragement aux méthodes naturelles auprès des particuliers comme dans le cadre de la charte «Jardiner au naturel» signée par les jardineries du territoire. Pesticides dans la Penfeld : fréquence de dépassement des 0.1 µg/l (norme eau potable) 14

c. Les contaminations bactériennes Les eaux usées domestiques sont en quasi-totalité collectées et traitées par des stations d épuration. Cependant, dans les secteurs où l habitat est dispersé, ces eaux usées sont traitées par un système d assainissement autonome, propre à chaque maison. Dans l une ou l autre des situations, si l ouvrage d assainissement est défectueux, ou si les branchements aux réseaux sont mal réalisés, il y a risque de pollution bactériologique, obligeant les autorités compétentes à interdire la baignade ou la consommation de coquillages pour préserver la santé de la population. La situation de la Penfeld à cet égard est mauvaise voire très mauvaise, essentiellement en raison de mauvais raccordements au réseau de collecte d eaux usées, ou encore de la station d épuration de Bellevue, qui, dépassée, a d ailleurs dû cesser son activité en 2009. d. Les Matières organiques : Elles ont pour origines le développement et la dégradation des végétaux, les rejets d assainissement, domestique ou industriel, ainsi que les apports de déjections animales sur le bassin-versant. Souvent en concentration élevée dans les cours d eau bretons (du fait notamment de leur acidité, qui limite leur dégradation), on ne sait pas bien quelle est la part issue des activités humaines par rapport à la présence de matières organiques naturelles. Les conséquences pour la production d eau potable sont importantes : sédimentation des retenues, développement de toxines planctoniques, surconsommation de réactifs lors du traitement (générateur de substances cancérogènes comme les bromates) ou mauvais goût de l eau du robinet par exemple. La Penfeld présentant des épisodes de non-conformité, un plan de gestion a dû être mis en place pour limiter leurs effets. e. Actions mises en place à l échelle du bassin : Depuis de nombreuses années, des actions sont menées à l échelle du bassin versant pour lutter contre la pollution de l eau et préserver les différents usages. Différents programmes se sont succédé dans ce sens pour accompagner la réglementation existante. Depuis 1992, dans le cadre du Contrat de baie, Brest métropole Océane, après une longue phase d études préalables, agit sur les différentes formes de pollution d origine agricole, industrielle et domestique : fertilisation plus équilibrée des terres agricoles, préservation du bocage et des zones humides, limitation de l utilisation de pesticides, amélioration de l assainissement Depuis peu, le nouveau Contrat de rade et le Schéma d aménagement et de gestion des eaux (SAGE) de l Elorn, qui englobe le bassin versant de la Penfeld, ont fixé de nouveaux objectifs et de nouvelles prescriptions ou recommandations pour préserver la qualité de l eau et des milieux aquatiques au niveau local (consultation possible sur www.rade-brest.fr). 15

10. Les usages de l eau a. Production d eau potable : L eau de la Penfeld est pompée et traitée à Kerléguer depuis 1955. Un barrage, construit à l amont de l usine permet de gérer une réserve d environ 50.000 m3 dans laquelle sont pompés environ 8.000 m3 d eau brute par jour. L eau potabilisée est ensuite envoyée vers le réservoir de Pen ar Chleuz à Brest, celui de Guilers et vers le Syndicat mixte du bas Léon qui alimente notamment la commune de Saint Renan). Chaque année, ce sont ainsi plus de 2 millions de m 3 qui sont prélevés dans le cours d eau. Retenue d eau de Kerléguer Toutes les communes du bassin-versant ne sont pas alimentées par la Penfeld, le réseau d eau potable de l agglomération brestoise s appuyant aussi sur l Elorn (60%) et sur les rivières du Costour et de Guipavas (20%) Il existe aussi quelques prises d eau souterraine qui ont une vocation de production d eau pour l agriculture ou encore l activité industrielle. b. Les stations d épuration : Les stations d épuration, quelque soit la filière de traitement, recueillent les eaux usées d une grande partie de la population de Brest métropole Océane et de quelques industries. Aujourd hui, aucune ne rejette directement sur le bassin-versant de la Penfeld puisque celles de Gouesnou et de Bellevue ont été fermées (respectivement en 1987 et 2009), dirigeant les effluents domestiques et industriels vers celles de maison Blanche et celle de la zone portuaire, qui rejettent toutes deux directement dans la rade. Si ces stations recueillent plus de 90% des eaux usées de l agglomération, il faut toutefois remarquer que leur rendement peut être réduit lors des épisodes pluvieux. En effet, une grande partie du réseau est de type unitaire, c est-à-dire que les eaux pluviales et les eaux usées sont collectées ensemble, ce qui peut augmenter considérablement le volume d eau à épurer en cas de pluie. Par ailleurs, en cas de réseau séparatif, de mauvais raccordements peuvent entraîner des rejets directs d eau usée au milieu naturel. L assainissement autonome (habitat dispersé) concerne le reste de la population de la vallée. 16

Un mauvais fonctionnement de ces différents systèmes d assainissement entraîne, on l a vu, une contamination bactériologique de l eau empêchant la baignade ou la consommation de coquillages. Pour ne pas avoir à en arriver là, un contrôle régulier des réseaux, des branchements et de l assainissement individuel (SPANC) est réalisé permettant d identifier et donc d agir sur ces points noirs. c. Les activités de loisirs : De par la qualité de ses espaces naturels, la vallée de la Penfeld est le cadre d activités de loisirs de plein air comme la pêche, la chasse, la randonnée et les activités nautiques. L AAPPMA du pays des abers (Association agréée pour la pêche et la protection des milieux aquatiques) agit sur le bassin-versant dans le sens de la préservation de la ressource piscicole et de la qualité des cours d eau. Chaque pêcheur, pour pratiquer la pêche, doit souscrire une adhésion à l association. L AAPPMA met en place des actions de lutte contre les pollutions, d entretien des cours d eau, de gestion des populations piscicoles Des activités de loisirs nautiques peuvent être pratiquées sur la partie aval de la Penfeld, juste avant l arsenal, ou encore au niveau de la rade. En ce qui concerne la randonnée, un important réseau de sentiers balisés a été développé sur la vallée ainsi que sur les parcs aménagés des rives de la Penfeld (Brest) par les collectivités locales, s appuyant sur la variété des paysages de la vallée. Ainsi qu on soit à la campagne ou dans la ville, on peut trouver sur les rives de la Penfeld et de ses affluents des circuits de randonnée pour tous les goûts et pour tous les pieds, permettant de découvrir le patrimoine culturel (moulins, fontaines) à proximité de la ville Les rives de la Penfeld 17

12. Pour aller plus loin Contrat de rade de Brest : www.rade-brest.fr Principales sources : SAGE Elorn : Etat des lieux des milieux et des usages (document consultable sur la page Elorn du site du contrat de rade de Brest) Contrat de baie : la rade de Brest et son bassin-versant, état des lieux et des milieux (document consultable sur le site du contrat de rade) Cette fiche a été réalisée avec le soutien de nos partenaires 18