Le Viaduc de la Méaugon Travail réalisé par les CM2 de l école de La Villette de Ploufragan pendant l année scolaire 2009-2010 dans le cadre du dispositif «Retour aux sources d Archives»
Présentation du projet Au mois de septembre 2009, nous avons navigué sur le plan d'eau du Gouet et, le niveau d'eau étant très bas, nous avons pu marcher sur la plateforme du viaduc et sur la rive droite nous avons vu un rocher sur lequel était gravé 1914. Le viaduc a-t-il été construit en 1914? Comment a-t-on pu construire la partie sous l'eau? Pour essayer de répondre à ces questions nous sommes allés deux fois aux Archives Départementales et nous avons étudié des documents d archives sélectionnés par Mme Dolghin : des cadastres, des documents cotés 5S25 qui avaient un rapport avec la construction du viaduc et des cartes postales. Puis nous avons poursuivi le travail en classe et nous avons présenté notre travail aux autres classes qui avaient participé au dispositif «Retour aux sources d Archives». Travail aux Archives Départementales Etude des cadastres de La Méaugon et de Ploufragan de 1812 et de 1848 (documents manuscrits et coloriés) : repérage les éléments constitutifs d'un plan (orientation, échelle), repérage des routes et des cours d'eau. Etude de différents documents d'archives sur la construction du viaduc (projet, déroulement des travaux, conditions de travail) et de cartes postales du viaduc. Travail en classe Le XIXème siècle : l histoire du cadastre, le développement des transports et du train en particulier, les conditions de travail des enfants et les lois sur l'obligation scolaire. Rédaction de textes et réalisation de vidéos pour la restitution de notre travail en juin.
Etude des cadastres de La Méaugon et de Ploufragan aux Archives départementales Un cadastre, c'est le plan des parcelles de terrain d'une commune. Les parcelles sont numérotées sur le plan et répertoriées dans un registre avec le nom du propriétaire et la nature de la parcelle (labour, lande, pâture...). Les plans sont orientés et l'échelle est indiquée. Nous avons étudié les cadastres de Ploufragan (de 1812 et de 1847) et de La Méaugon (de 1812 et de 1848). Ces communes sont séparées par la rivière du Gouët. La rivière est tracée en bleu. Sur chaque rive, on observe des moulins (Fermet, Berlusson et l'epine Guen). Nous avons repéré plusieurs grandes routes. En 1812, la route de Paris à Brest s'appelle Grand' route de Paris à Brest et passe par le Pont de St Barthélémy. En 1847, cette route est devenue l'ancienne route royale n 12 de Paris à Brest et on voit une nouvelle route, la route royale n 12 de Brest à Paris qui passe par le pont des Iles. Le viaduc de La Méaugon, le barrage de Saint Barthélémy et le plan d eau du Gouet n'existaient pas.
Cadastres de 1812 des communes de La Méaugon et de Ploufragan
L' histoire du cadastre Au Moyen Age et sous l'ancien Régime, les plans terriers par masse de culture définissent les limites des territoires, ils sont commandés par les grands propriétaires terriens. Plan terrier d'erquy 1 785-1 789 L'arrêté des consuls du 12 brumaire an XI (3 novembre 1802) créa par commune "un cadastre général par masse de culture". Ce cadastre devait permettre, à partir d'un plan levé au 1/5 000, de réunir tous les terrains portant des récoltes identiques par masse de culture, sans prendre en compte les propriétaires. En 1807, Napoléon 1er décide la généralisation du plan parcellaire français, les parcelles sont délimitées non plus en fonction des cultures mais en fonction des propriétaires. Les plans seront orientés et l'échelle sera indiquée.
Le développement des chemins de fer L'invention de la machine à vapeur permit le développement du chemin de fer. Les trains sont d'abord utilisés pour le transport du charbon puis pour le transport de voyageurs. C'est LOUIS PHILIPPE, roi des français qui a établi un système de chemin de fer le 11 juin 1842. Il y a 7 grandes lignes dont le point de départ était Paris : vers la frontière belge, vers l'angleterre, vers l'allemagne, vers la Méditerranée, vers l'espagne, vers l'océan, vers le centre de la France. Une ligne ira de la Méditerranée vers le Rhin en passant par Lyon, Dijon et Mulhouse. L'arrivée du chemin de fer en Bretagne Le 26 juillet1844, Louis Philippe complète la loi de 1842 en ajoutant une ligne de Paris à Rennes passant par Chartres et Laval. L'extension de la ligne Paris-Rennes vers Brest. Après de nombreuses interventions des villes littorales comme Saint-Brieuc auprès du gouvernement et de l'empereur Napoléon III, le principe d'une voie centrale a été écarté en 1959 au profit de deux lignes distinctes : Rennes-Brest (en longeant la route impériale n 12) et Nantes-Quimper. Sur la ligne Rennes-Brest, il faut construire trois ouvrages d'art, le viaduc de Gouédic à Saint Brieuc, le viaduc de la Méaugon et celui de Morlaix.
Projet du viaduc sur la rivière du Gouët Décision Le Ministre de l'agriculture du commerce et des travaux publics écrit au Préfet des Côtes du Nord le 26 Janvier 1860 pour lui annoncer qu'il a décidé de faire construire un viaduc sur la rivière du Gouët suivant le projet présenté par MM les ingénieurs de la première section du chemin de fer de Rennes à Brest. Ce document nous donne les dimensions et le nombre d'arches du viaduc. Il mesurera 58,60 m de hauteur et 226,96 m de longueur. Il aura 2 rangs d'arches avec 12 arches supérieures, 8 arches inférieures et une plate-forme avec des niches de garage à chaque pile. La dépense est évaluée à la somme de 1.500.000 F.
Rapport de l'ingénieur ordinaire Occupation temporaire de terrains C'est l'ingénieur ordinaire qui a écrit ce rapport le 16 février 1860 à M. le préfet des Côtes du Nord. L'état doit acquérir le terrain sur lequel sera construit le viaduc, mais il faudra aussi occuper temporairement des parcelles pour ouvrir des carrières, installer des chantiers, des logements provisoires, des dépôts de matériaux et ouvrir un chemin d'accès. Ce rapport nous renseigne aussi sur les matériaux qui seront utilisés pour la construction du viaduc et leur provenance. Le moëllons piqués, les moëllons brut et le sable proviendront, soit des rochers voisins de l'emplacement du viaduc, soit des carrières disséminées sur le plateau de la rive gauche du Gouët dans la commune de la Méaugon. Le bois et la chaux arriveront par bateau au port du Légué. L'ingénieur demande au Préfet de prendre un arrêté pour que les entrepreneurs puissent occuper les parcelles qui leur seront utiles. Cet arrêté sera pris en vertu des lois des 16 septembre 1807 et 28 pluviôse an8 (17 février 1800).
Rapport de l'ingénieur sur la nécessité d'occuper temporairement deux parcelles sur la commune de La Méaugon Ce document, écrit le 4 juillet 1861 par l'ingénieur ordinaire, nous dit qu'il y a un rocher sur une hauteur de 9 à 10 mètres difficile à extraire, qu'il faudra l'attaquer sur plusieurs plans. Il y aura besoin de plusieurs parcelles sur la commune de La Méaugon pour déposer les déblais : les parcelles 831, 240 et 248 sections B et C Ces parcelles sont des labours et leurs propriétaires font des difficultés pour laisser leurs terres. L'ingénieur demande que Monsieur le Préfet prenne un arrêté pour autoriser l'entrepreneur à occuper ces parcelles temporairement pour y ouvrir des chemins et y déposer des déblais et des matériaux.
Des conditions de travail difficiles Nous avons lu une lettre du 29 octobre 1861 écrite à propos de la mort accidentelle d un ouvrier, Jean-Marie Grosselin, au viaduc du Gouët. C était un enfant âgé de 13 ans. Il est mort d'une chute de 20 m au dessus de la plateforme de l'étage inférieur du viaduc. Il était employé à porter du mortier aux maçons en passant sur une passerelle large de 1,30m et haute de 20m. Il s'était rangé sur le bord de la passerelle pour laisser passer un autre enfant qui transportait lui aussi du mortier. Il a marché sur une planche qui n'était pas très solide et qui s'est cassée sous son poids. Le commissaire de police de St Brieuc a fait un rapport qu'il a envoyé au Préfet. Nous n avons pas trouvé de photos du chantier de construction du viaduc de La Méaugon. Cette photo nous montre celui du viaduc de Morlaix qui a été bâti sur les mêmes plans.
La loi de 1841 sur le travail des enfants dans les manufactures La première loi sur le travail des enfants dans les manufactures sera votée le 22 mars 1841. Le texte comporte seulement 12 articles. Il s applique exclusivement dans les fabriques employant plus de 20 ouvriers et dans les usines «à feu continu» (machines à vapeur). Cela exclut donc de nombreux secteurs de l économie, en particulier l artisanat et l agriculture, et limite aussi l impact de la loi dans l industrie car les petits ateliers y sont majoritaires. La loi fixe l âge minimum pour travailler à 8 ans, et limite à 8 heures le travail des enfants de 8 à 12 ans, avec un temps de repos obligatoire, et à 12 heures pour les enfants de 12 à 16 ans. Le travail de nuit est interdit pour les enfants en dessous de 13 ans. Une obligation de scolarité est fixée pour les enfants de moins de douze ans. L'application de cette loi est un échec. La loi de 1874 Devant l échec de la loi de 1841, une nouvelle loi s impose, d autant plus que la défaite de 1870 a marqué les esprits, et que la mauvaise condition physique de la jeunesse française est pointée du doigt. La loi «sur le travail des enfants et des filles mineures employés dans l industrie» du 19 mai 1874 englobe désormais tous les ateliers, quelques soient leurs tailles. L âge minimum d embauche est fixé à 12 ans pour une durée journalière de 12 heures. Le travail de nuit, celui du dimanche et des jours fériés sont interdits pour les garçons jusqu à 16 ans, jusqu à 21 ans pour les filles. Un corps de 15 inspecteurs rétribués par l état est créé, afin de vérifier la bonne exécution de la loi. L'école gratuite, laïque et obligatoire En 1881 et 1882, Jules Ferry fait voter des lois rendant l'école gratuite, laïque et obligatoire : gratuite (c'est l'etat qui paie les enseignants) pour que tous puissent y accéder, laïque pour respecter les opinions religieuses de chacun et obligatoire pour que tous les enfants aient la chance d'y aller.
Et après... Le train est arrivé à Guingamp en 1863 et à Brest en 1865. En 1978, un barrage est construit à Saint Barthélémy. La retenue d eau de 6 km de long alimente en eau potable le pays de Saint Brieuc. En 1990, le TGV arrive en Bretagne. En CM1 et en CM2, nous pratiquons des activités nautiques sur le plan d eau du Gouet. Nous allons parfois naviguer près du viaduc. Nous connaissons maintenant son histoire.