Une approche ergotoxicologique de l efficacité des EPI : le cas de l usage des produits phytosanitaires en viticulture Alain Garrigou Maître de conférences en ergonomie alain.garrigou@iut.u-bordeaux1.fr Département HSE Laboratoire Santé Travail Environnement
Plan 1. L approche ergotoxicologique 2. Une évaluation de l exposition des viticulteurs aux pesticides 3. Des hypothèses explicatives 4. Une nouvelle hypothèse : la perméation des combinaisons 5. Discussion 6. Perspectives EPI et risques professionnels, SFRP 2
1 L approche ergotoxicologique Historiquement mise en débat par Delvolvé (1984) ; Villate (1985) ; See (1989) ; Développée par Alain Wisner et Laerte Snzelwar (1992); Reprise par Mohammed-Brahim (1996), Garrigou, Mohammed-Brahim & Daniellou (1998), Baldi (1999), etc.
1 L approche ergotoxicologique Une approche transdisciplinaire ; Les apports de la toxicologie, de la physiologie du travail, de la médecine du travail, de l ergonomie Une approche questionnant le champ de validité des connaissances générales à partir de l activité de travail ; EPI et risques professionnels, SFRP 4
Le modèle à écrans de prévention du risque chimique en milieu de travail, d après Mohammed-Brahim
1 L approche ergotoxicologique Personne Être exposé à un danger devient un risque Situation d exposition à un danger Organisation du travail Système technique EPI et risques professionnels, SFRP 6
1 L approche ergotoxicologique Une construction sociale auprès des différents acteurs, industriels, institutionnels, salariés et exploitants agricoles L analyse de l activité au cœur de la démarche Articulation d approches macro et microscopiques Articulation de démarches objectives et subjectives La description des différentes phases de l activité La prise en compte de la gestion d aléas Mise en œuvre d une métrologie opérationnelle EPI et risques professionnels, SFRP 7
2 Une évaluation de l exposition des viticulteurs aux pesticides Etude Pestexpo pilotée par Isabelle Baldi (LSTE), Pierre Lebailly (Grecan); Analyse de la contamination par phase de l activité ; 96 journées d observation de traitement avec du Dithiocarbamate & Folpel EPI et risques professionnels, SFRP 8
Mesures de la contamination cutanée Dithiocarbamates (2001-2002) / Folpel 2003 Patches Capteurs 11 10*10 cm (gaze chirurgicale) + alu Lavage des mains Gant Lavage 1 2 3 4 Gant Lavage 750 ml eau 6 5 Dos et tronc séparément Filtre (Pompe portable) au niveau des voies respiratoires Pompes portatives 7 8 Séparément pour chaque phase (préparation, application, nettoyage) 9 10 + recueil d urines avant traitement à 4 h, 12 h, 24 h, 48 h
Contamination externe (mg de matière active) en fonction du port d une combinaison* PESTEXPO Gironde (dithiocarbamates 2001-2002) Isabelle Baldi 1000,0 564,6 463,1 151,6 100,0 73,9 54,4 10,0 1,0 23,7 8,8 4,2 2,2 8,3 3,2 0,7 18,8 4,0 2,2 21,6 7,7 2,8 10,6 2,3 1,4 28,9 9,3 1,9 0,1 0,6 0,1 0,3 0,3 0,2 0,2 SANS AVEC SANS AVEC SANS AVEC N=21 N=44 N=31 N=40 N=8 N=18 PREPARATION APPLICATION NETTOYAGE *Short et/ou tee-shirt versus vêtement «protecteur»
Contamination externe (mg de matière active) en fonction de l existence d une cabine fermée PESTEXPO Gironde (dithiocarbamates 2001-2002) 1000 463,1 100 36,5 49,7 10 10,3 12,1 4,3 1 2,5 2,5 0,3 0,3 0 AVEC SANS N=43 N=28 APPLICATION
Préparation 21 mg 2,5 mg Application 75 mg 2,3 mg Nettoyage 1 mg 5,5 mg
3 Des hypothèses explicatives Deux types de contamination : La contamination directe : c est le contact d une personne avec le produit phytosanitaire utilisé dans le cadre de l activité de traitement. Elle peut être externe (produit sur la peau) ou interne (produit dans la bouche) et concerne toutes les voies de pénétration. La contamination indirecte : c est un contact d une personne avec le produit phytosanitaire déposé sur un objet, du matériel, des vêtements et l environnement. Elle concerne les opérateurs mais aussi les autres personnes travaillant sur les parcelles ou non. EPI et risques professionnels, SFRP 13
3 Des hypothèses explicatives Des savoir faire individuels et collectifs de prudence ; Précontamination des EPI et EPC ; Pénétration cutanée sous-estimée ; EPI et croyance de sur-protection ; EPI et risques professionnels, SFRP 14
EPI et risques professionnels, SFRP 15
4 Une nouvelle hypothèse : la perméation des combinaisons Des mesures de perméation des combinaisons de type 4 neuves, avec toute une gamme d herbicides ; Des tests réalisés par le laboratoire notifié pour la certification, norme EN 374-3 ; Le produit pur passe en moins d une minute ; Le produit dilué passe en moins de 10 mn Les effets de la sudation? EPI et risques professionnels, SFRP 16
5 - Discussion Des institutionnels qui recommandent des EPI dont on ne peut assurer la fiabilité! Des failles organisationnelles et techniques dans l homologation, la mise en marché des EPI et le contrôle ; Des acteurs privés et institutionnels cloisonnés dans leurs rôles et cherchant parfois un responsable aux problèmes ; Des préventeurs de terrain en difficulté EPI et risques professionnels, SFRP 17
6 - Perspectives Le développement d une démarche intégrant analyse de l activité et mesures (physiologiques et physicochimiques ; Le cas de l usage de Captiv et mesures de COV, de poussières, de nano-particules, de radioactivité, etc. EPI et risques professionnels, SFRP 18
Exemple de l exposition au styrène dans le nautisme Observables Post codage Fréquence cardiaque Concentration en styrène Pic 1 Pic 2 Pic 3 Pic 4
Les viticulteurs, les travailleurs cibles de la prévention ou bien acteurs, co-concepteurs des démarches de prévention? La nécessité de «lutter» contre les formes de pénibilité! Durée de l observation : 3h07mn Fréquence cardiaque moyenne : 125 BPM Activité élevée (rouge) : 2h20 mn Activité moyennement élevée (jaune) : 42 mn