RÉVISIONS DES ÉPREUVES DU BACCALAURÉAT Histoire LA MÉMOIRE DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE EN FRANCE
Introduction Historiens étudient : événements mémoire des événements Seconde Guerre mondiale histoire de la guerre = fin en 1945 mémoire de la guerre = manière souvenirs travaillent la société française après 1945 Mémoire plurielle parfois contradictoire différents groupes sociaux ou politiques rapport différent à la guerre 1 - Une mémoire plurielle LE TRAUMATISME DE 1940 Un pays blessé dans son orgueil national Le régime de Vichy collaboration avec le régime nazi perte du statut de grande puissance militaire condamné par l intégralité des pays vainqueurs Maréchal Pétain (1856-1951) LA FRANCE DE 1945 : UN FAUX VAINQUEUR? Un siège permanent au conseil de Sécurité de l ONU La version gaullienne : Vichy, un régime illégitime de Gaulle = seul dirigeant légitime au yeux des Alliés Général de Gaulle (1890-1970) Une grande majorité passive Une façon de retrouver la fierté nationale UN RÉCIT MYTHIQUE DE LA GUERRE tandis que petites parties ont résisté ou collaboré que d adhérer au récit mythique selon lequel France aurait fortement résisté à Vichy et aux Allemands
1 - Une mémoire plurielle LE RÉSISTANCIALISME idée que la France a résisté dans son ensemble Une mémoire héroïque Une mémoire unanimiste s attache aux héros qui ont fait preuve d un courage particulier peuple français présenté comme uni dans la résistance, au-delà de ses divisions politiques 2 - Le résistancialisme LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS En accord avec De Gaulle Le «parti des 75 000 fusillés» UNE MISE EN SCÈNE PUBLIQUE AU SERVICE DE L ÉTAT via cérémonies publiques 1964 : transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon unificateur de la Résistance française mémoire de la guerre = utilisée pour affirmer légitimité du pouvoir politique Jean Moulin (1889-1943) André Malraux (1901-1976)
3 - L oubli Mais comme tout récit mythique, la mémoire résistancialiste laisse de côté les vérités gênantes. C est un point important à retenir : la mémoire d un événement, c est ce dont on se souvient, mais c est aussi ce qu on oublie. UNE MÉMOIRE SÉLECTIVE APRÈS 1945 on parle peu des événements suivants Collaboration / Vichy L épuration, le jugement des collaborateurs aussi humiliation des femmes qu on a tondu à la libération parce qu elles avaient lié avec les allemands UNE MÉMOIRE SÉLECTIVE DU PCF PCF préfère oublier qu il n a résisté qu à partir de 1941 inactif avant car : 1939 : pacte germano-soviétique 1941 : invasion de l URSS par l Allemagne UNE MÉMOIRE RELATIVE PAR UNANIMISME Le génocide juif perdu parmi le sort des autres déportés réticence à présenter le sort des Juifs comme particulier
3 - L oubli UNE MÉMOIRE RELATIVE PAR HÉROÏSME or Juifs déportés = pures victimes Le génocide juif ne correspond pas à l image du héros résistant UNE MÉMOIRE RELATIVE PAR HÉROÏSME communauté juive peu de déportés ont survécu donc peu de témoignages Une mémoire relative par traumatisme 4 - Transformation de la mémoire de la guerre UN CHANGEMENT GÉNÉRATIONNEL Années 1970 = tournant remise en cause de la mémoire de la guerre Français nés après 1945 pour eux, guerre = moins importante rupture avec mémoire officielle 1939-1945 contestent le pouvoir de De Gaulle mai 1968 = étudiants manifestent en criant «CRS, SS», assimilant forces de l ordre à des nazis sacrilège pour génération précédente qui a vécu la guerre REMISE EN CAUSE DE LA MÉMOIRE HÉROÏQUE 1971 : le chagrin et la pitié de Marcel Ophüls tableau critique des Français sous Vichy (collaboration + antisémitisme) 1973 : la France de Vichy de Robert Paxton VICHY FRANCE Robert O. Paxton 1973 mémoire honteuse de Vichy revient au premier plan en France
4 - Transformation de la mémoire de la guerre LE RETOUR DE LA MÉMOIRE DU GÉNOCIDE changement le plus fondamental = celui qui touche la mémoire du génocide juif 1961 : procès Eichmann en Israël procès filmé téléspectateurs du monde entier assistent donc aux nombreux témoignages de rescapés génocide juif sort de son oubli relatif 5 - Le génocide, figure centrale de la guerre La figure centrale de la guerre est de moins en moins le héros : c est désormais la victime. 1970-80 : une mémoire des victimes 1985 : Shoah de Claude Lanzmann oeuvre clé décrit système génocidaire nazi + interroge nombreux témoins et survivants shoah = «catastrophe» en hébreu (désigne génocide) «shoah» = terme qui s impose (génocide juif est désormais identifié comme différent) Années 80 : développement du négationnisme MENTEURS ET AFFABULATEURS Anne Kling discours qui nie l existence de la Shoah position politique permet d excuser le régime nazi de ses crimes les plus graves, et est en général au service d un discours antisémite 2006 1987 : procès de Klaus Barbie
5 - Le génocide, figure centrale de la guerre UNE RUPTURE AVEC LA MÉMOIRE GAULLISTE années 1990 = nouveau tournant 1995 : discours du Vélodrome d Hiver de Jacques Chirac reconnaît officiellement la responsabilité de l Etat français dans la déportation des juifs Vélodrome d Hiver = grande rafle de Juifs français en 1942 véritable rupture car Jacques Chirac = considéré comme gaulliste mémoire gaulliste considérait Vichy comme illégitime (donc la France n avait pas à s excuser des crimes de Vichy) 1997 : procès de Maurice Papon autre tournant car = jugement d un Français (et non d un Allemand) âgé de 87 ans juger un homme aussi âgé = signe que France n oublie pas tentative de régler ses comptes avec son passé Une mémoire apaisée par le recul des générations société désormais capable de porter regard objectif sur années 1939-1945 grande majorité de la population française actuelle = née après la guerre donc un rapport à cette époque plus distancié de nombreux historiens travaillent sur la Seconde Guerre mondiale
6 - Un statut particulier La Shoah : une mémoire particulière Shoah reste symbole le plus fort des crimes nazis même le symbole du mal absolu mémoire du génocide commence aujourd hui à être étendue au génocide des Tziganes également exterminés par les nazis ; mais épisode moins bien connu du grand public La Résistance : une référence morale Conseil National de la Résistance Guy Môquet (1924-1941) 2007 : président de droite Nicolas Sarkozy décide que lettre d adieu de Guy Môquet (jeune résistant fusillé par les Allemands) = lue dans tous les lycées une fois par an Gauche = se réclame parfois de l héritage du Conseil National de la Résistance, pour défendre sa conception de l Etat providence Conclusion Malgré le passage du temps, la mémoire de la guerre en France reste donc une mémoire vivante.