LUTTER CONTRE VARROA DE MANIÈRE RAISONNEE

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Transcription:

LUTTER CONTRE VARROA DE MANIÈRE RAISONNEE Présentation orale faite par le docteur vétérinaire Valérie BRETON, animatrice de la Section apicole régionale de GDS aquitaine (valerie.breton.frgds-aq@reseaugds.com) Pau le 19 mars 2016 IL EST RAPPELE QUE LA DECLARATION DES RUCHES ET RUCHERS EST OBLIGATOIRE DES LA PREMIERE RUCHE ET QUE CETTE DECLARATION AURA LIEU EN 2016, ENTRE LE 1 er SEPTEMBRE 2016 ET LE 31 DECEMBRE 2016 POUR TOUS LES APICULTEURS. Après quelques éléments sur la biologie de Varroa destructor permettant de comprendre les bases de la lutte contre le Varroa (données bibliographiques), nous évoquerons les différents traitements et la surveillance des colonies d abeilles par comptages de varroas. Compte tenu du temps limité, nous ne traiterons pas des méthodes biotechniques permettant de limiter la croissance de la population de varroas au sein de la colonie d abeilles.

1) REPRODUCTION DE VARROA DESTRUCTOR ET DYNAMIQUE DE SA POPULATION AU COURS D UNE ANNEE DANS UNE COLONIE D ABEILLES : phase phorétique et phase de reproduction 1/Le parasite Varroa destructor C est un acarien parasite d Apis cerana (Asie), arrivé en France en 1982. Il est présent dans toutes les colonies en France sauf sur l île d Ouessant. Il se multiplie dans le couvain operculé, se nourrit des protéines de l hémolymphe des nymphes et des jeunes abeilles. C est un vecteur et hôte de nombreux virus : DWV, SBV, ABPV, CBPV, BQCV, KBV... Son cycle de développement est étroitement corrélé à celui de l abeille. Sa morphologie lui permet une adaptation parfaite au parasitisme : corps aplati lui permettant de se déplacer dans l alvéole d abeille et de s immerger dans la gelée nutritive, 8 pattes terminées par une ventouse favorables à la vie phorétique, cuticule (+ poils) de composition similaire à celle de l abeille et évoluant comme celle de l abeille. Varroa destructor est considéré comme un fléau sanitaire majeur en apiculture, à l origine de l effondrement de beaucoup de colonies. 2/ Le stade varroa phorétique Ce stade caractérise la vie du varroa en dehors du couvain. Il ne concerne que les femelles varroas (fondatrice mère et ses descendantes), les mâles meurent dans l alvéole de couvain dans laquelle ils sont nés. Le stade phorétique se déroule sur les jeunes abeilles adultes : les varroas survivent en ponctionnant l hémolymphe riche en protéines des jeunes abeilles. C est une phase transitoire mais obligatoire pour acquérir la maturité sexuelle. Les abeilles opposent une résistance à ce parasitisme grâce au comportement d épouillage (efficacité variable). La phase de phorésie permet l infestation de nouvelles alvéoles dans la même colonie, l infestation de nouvelles colonies : lors de la dérive, du pillage Les ré infestations de colonies sont très importantes en automne. Ce stade est celui sur lequel tous les médicaments sont actifs. Rq : Varroa ne peut vivre plus de 6 à 8 jours en dehors d une colonie d abeilles. Phorésie et couvain hivernal : les varroas survivent plusieurs semaines ou mois l hiver en l absence de couvain, sur les abeilles adultes. En France, l absence de couvain hivernal ne dure pas plus de 1 à 2 mois dans les zones froides. En Aquitaine, la période sans couvain est courte ou inexistante (entre 20 novembre et fin décembre). Cependant en automne et hiver, il y a moins de couvain et moins de multi-infestations des cellules par les varroas, la reproduction des varroas est très ralentie.

3/ Biologie et reproduction des varroas a/ La reproduction des varroas : - se déroule dans le couvain operculé (couvain d ouvrières et de faux-bourdons) - les varroas sont attirés par l odeur des nourrices (abeilles de moins de 14 jours) : le parasitisme est très important sur les cadres de couvain - des substances émises par les larves L5 (kairomones) attireraient les varroas et déclencheraient aussi l operculation par les ouvrières - le couvain d abeilles operculé est un milieu idéal pour la reproduction des varroas : température et humidité optimales pour eux, nourriture abondante - l attractivité du couvain mâle est 8,3 fois plus importante en moyenne que le couvain d ouvrières. Dans une même alvéole, une ou plusieurs femelles varroas peuvent pondre. Chaque femelle varroa aura dans sa vie 2 à 3 cycles de reproduction et pondra 18 à 30 œufs. Chaque femelle varroa produira 2 à 6 femelles varroas fertiles. L espérance de vie d une femelle varroa adulte est de 2,5 à 3 mois pendant l été. En été, 60 à 80-90% des varroas sont dans le couvain operculé. Développement de varroa dans du couvain d ouvrières Développement de varroa dans du couvain de faux-bourdons

Le premier œuf est pondu 60 à 70 heures après l operculation et est un œuf de mâle, les œufs suivants sont pondus environ toutes les 30 heures et sont des œufs de femelles. Le seul varroa mâle ne sortira jamais de l alvéole : il y féconde ses sœurs et demi-sœurs et les jeunes femelles issues des autres fondatrices. Il meurt au moment de l émergence de la jeune abeille du fait des modifications de l atmosphère de l alvéole (température et surtout hygrométrie) liées à la désoperculation. Selon leur stade de développement, les jeunes varroas femelles nées dans l alvéole sortiront de l alvéole au moment de la désoperculation ou mourront si elles n ont pas terminé leur développement. La différence de durée d operculation du couvain mâle (environ 15 jours par opposition à environ 12 jours dans le couvain d ouvrières) permet à un plus grand nombre de jeunes femelles varroas de se développer. La (ou les) femelle (s) fondatrice perfore(nt) la cuticule de la nymphe d abeille en un point (appelé site de nourrissement) de la nymphe d abeille : ce site permet aux varroas (fondatrice(s) et descendance) de se nourrir d hémolymphe dans l alvéole operculée. Les varroas laissent des dépôts fécaux sur la paroi de l alvéole permettant de diagnostiquer leur présence, ainsi que des exuvies (enveloppes cuticulaires résultant des nymphoses). L accouplement du (des) varroa(s) mâle(s) avec ses sœurs et mère(s) dans l alvéole en cas de monoinfestation, favorise la consanguinité. Cela permet d éliminer les mutations défavorables. Par contre, cette consanguinité sélectionne rapidement les mutations favorables à l acarien comme la résistance à une molécule chimique. Cette consanguinité est compensée par les multi-infestations d alvéoles avec présence de plusieurs mâles. Ce bilan reproductif semble très positif mais est à moduler du fait des nombreuses pertes au sein de la colonie : Des varroas phorétiques sont éliminés par épouillage Des varroas n arrivent pas à maturité : la maturité est fonction de la durée d operculation de l alvéole Beaucoup de varroas sont infertiles Lors de multi-infestation d une alvéole, on a moins de descendants femelles par fondatrice 30% des varroas n ont pas de descendant viable La reproduction est moins efficace l hiver.

b/ Action des varroas sur les abeilles parasitées : les varroas se nourrissant de l hémolymphe de la jeune abeille en développement, ont une action spoliatrice sur les nymphes parasitées : Diminution du poids de la jeune abeille à l émergence (non compensée ensuite) Ponction de protéines dans l hémolymphe (baisse de 30 à 50%): notamment des protéines à rôle immunitaire, des protéines cuticulaires Réduction de 25% du tissu adipeux (corps gras) de la jeune abeille Diminution de la taille des glandes hypo pharyngiennes (participant à l élaboration des gelées nourricières) d environ 15% Malformations: abdomen plus court, ailes atrophiées Baisse de la capacité d apprentissage chez les abeilles ayant été parasitées : comportement de vol, orientation, retour à la ruche Phénomène de dérive plus important chez ces abeilles Chez les mâles : diminution du nombre de spermatozoïdes et raccourcissement de la durée de vol Les varroas sont des vecteurs de virus à travers les lésions de la cuticule. Le système immunitaire des abeilles est affaibli par l infestation liée aux varroas et la synergie (varroa + virus) diminue le seuil de tolérance aux varroas des colonies : on observe des effondrements de colonies à des seuils d infestation très bas. c/ Action sur la colonie : Dynamique de la population de varroas dans une colonie La population de varroas dans une colonie d abeilles est fonction de l infestation initiale et de tout ce qui favorise les ré infestations (pillage, dérive, transhumance). La population de varroas est fonction de la quantité de couvain. La population de varroas est fonction du nombre de jours de couvain dans l année (allongement de la période avec couvain liée au réchauffement climatique). En fin d été : il y a beaucoup de varroas du fait de l augmentation de la population de varroas pendant toute la belle saison, peu de couvain (diminution physiologique des surfaces de couvain), et disparition du couvain mâle (qui concentrait beaucoup de varroas reproductifs). Modélisation de la progression des populations d abeilles et de varroas (d après Noireterre 2011) : En fin d été, une période critique apparaît liée à la forte population de varroas associée à une diminution de la quantité d abeilles adultes et des surfaces de couvain. Si l on n intervient pas, un déséquilibre apparaît et la colonie peut manifester des symptômes de varroose. Ce déséquilibre apparaît d autant plus tôt que les niveaux d infestation par les varroas dans la colonie auront été élevés en début de saison apicole (printemps) ou que la colonie aura subi des ré infestations importantes.

REINFESTATIONS: Modélisation de l évolution du nombre de V. destructor au sein d une colonie d abeilles suite à l invasion de nouveaux parasites (The Food and Environment Research Agency, UK, 2010).

Lors de ré infestations, l apport de nouveaux acariens (0, 100 ou 250 acariens sur le graphique ci-dessus) favorise une croissance plus rapide de la population de varroas qui aura alors des effets délétères plus tôt en saison sur la colonie d abeilles. d/conséquences de la croissance de la population de varroas pour la colonie : On voit apparaître des signes de varroose : adultes aux ailes déformées, varroas sur les abeilles, couvain en mosaïque, élimination de nymphes mortes, colonie moins dynamique. En automne, vont naître des abeilles d hiver extérieurement normales mais affaiblies, à durée de vie écourtée, plus fragiles (système immunitaire ---). Ces abeilles se perdent lors des vols d orientation et ne vivront pas assez longtemps pour assurer le redémarrage de la colonie au printemps. Couvain d ouvrières parasité par V. destructor (The Food and Environment Research Agency, UK, 2010). Couvain en mosaïque, alvéoles de nymphes ouvertes, alvéoles vides.

On a alors un risque d effondrement d une colonie : lors d infestation faible ou modérée par les varroas, les symptômes cliniques sont frustres. Un taux de 2 varroas pour 100 abeilles entraîne une baisse significative de la production en miel. On observe une sensibilité aux autres agents pathogènes. L effondrement est favorisé par les stress subis par la colonie (transhumances, pesticides ). La mort de la colonie survient la plupart du temps pendant l hiver : peu ou pas d abeilles dans la colonie, réserves abondantes Le diagnostic se fait d après le fort pourcentage d adultes (si présents) infestés et de cellules infestées (>20%). Si la colonie est vide, on observe parfois une population réduite d ouvrières mortes sur le cadre, avec la reine, et des réserves en miel et pollen correctes Effondrement de colonie en fin d hiver : La ruche est vide, le couvain en mosaïque, grignoté et mort, les abeilles émergentes mortes, parfois petites et mal formées, la ruche contient des provisions.

Colonie après effondrement : colonie vide, couvain rare, petit, mort, abeilles et reine mortes sur le cadre ; sous les opercules, abeilles petites, ailes déformées Les infestations et ré infestations jouent un rôle important dans la contamination des varroas : la transmission des parasites s effectue par dérive (ouvrières, faux-bourdons) et pillage des colonies plus faibles. Les pillardes rapportent des varroas dans leur ruche d origine. Dans les lieux de grandes

concentrations de ruchers (attention aux zones de transhumance), les ré infestations sont parfois considérables et souvent oubliées. L essaimage permet aussi la propagation des varroas entre colonies distantes. e/ Ce qui peut freiner la reproduction des varroas L absence de couvain naturellement: arrêt de ponte en hiver ou essaimage, la sécheresse L absence de couvain artificiellement : arrêt de ponte provoqué par encagement des reines (puis traitement) Une forte miellée entraînant un blocage de ponte (diminution du couvain) Les interventions biotechniques en saison permettant d alléger la pression parasitaire (découpage de couvain mâle, constitution de nuclei, encagement de reines et blocage de ponte)

Les traitements contre Varroa Un composé ((Z)-8-heptadécène) ayant la capacité de réduire la reproduction du varroa. C est une piste de recherche actuellement La sélection de lignées d abeilles résistantes : suite aux observations d Apis cerana et de souches d Apis mellifera : souches Primorsky, souches africanisées tolérantes aux varroas (c est-à-dire capables de coexister avec les varroas en l absence de traitements, ou même résistantes (c est-à-dire capables de s opposer à la croissance de la population de varroas en l absence de traitements), on a cherché à savoir d où provenaient ces capacités. Le comportement de tolérance et/ou de résistance est lié à un taux d essaimage important (un essaim signifie 15 à 20% de varroas en moins avec un ralentissement de la reproduction des varroas tant qu il n y a pas de couvain operculé, une bonne aptitude à l épouillage (fonction de la race d abeilles et de la température extérieure), un comportement hygiénique plus développé (caractère influencé par des facteurs environnementaux). Le comportement hygiénique vis-à-vis du varroa est moins efficace chez l abeille mellifère que chez Apis cerana ou que chez les abeilles africanisées. La détection du parasite serait liée à des signaux émis par la nymphe blessée lors des repas du parasite (souches VSH). Des chercheurs ont observé certaines souches baptisées SMR chez lesquelles on avait un arrêt de la reproduction du parasite lors du retrait des acariens reproducteurs des alvéoles infestées et un fort taux d acariens non reproductifs. Le comportement est fonction du niveau d infestation : efficace si l infestation est faible, et de l environnement! Et il fait intervenir des gènes impliqués dans l olfaction. A ce jour, des apiculteurs et notamment J. Kefuss (Bond Tests, combinaison des 3 critères, économiques, hygiéniques et résistance aux varroas) en France, ont essayé de sélectionner de manière empirique en se basant sur les critères économiques (sélection de lignées ayant une bonne valeur économique avec une bonne production de miel), des critères liés au comportement hygiénique (sélection de lignées hygiéniques par le test du couvain congelé) et la sélection de lignées faiblement infestées par Varroa destructor (comptages de varroas) pour produire des mâles qui fécondent les reines de l année suivante Voies de lutte et de recherche actuelles : Eradication régionale coordonnée : APICULTEURS = ACTEURS Amélioration des médicaments actuels, nouveaux médicaments Contrôle biologique de Varroa : phéromones, pathogènes, prédateurs Nécessité de mieux connaître la biologie de Varroa destructor Sélection GENETIQUE (et non empirique), à partir des gènes concernés dans la tolérance au Varroa. Prise en compte de la fécondation des reines par plusieurs mâles. Interactions varroas/virus : sélectionner des abeilles résistantes aux infections virales.

2) LES TRAITEMENTS CONTRE LE VARROA 1/ Qu est-ce qu on attend d un traitement? Les seuls traitements chimiques autorisés en apiculture sont les traitements contre Varroa destructor : ce sont des médicaments avec une Autorisation de Mise sur le Marché (A.M.M), un temps d attente et une L.M. R. Le temps d attente est le délai entre la dernière administration du médicament considéré dans les conditions normales d emploi, à l espèce abeilles - pour laquelle il a obtenu l A.M.M., pour la maladie concernée la varroose - et la «récolte» des produits de la ruche afin de garantir que ces produits ne contiennent pas de résidus en quantités supérieures aux Limites Maximales établies (= L.M.R.). Une Limite Maximale de Résidus (L.M.R.) est définie ainsi : c est la concentration maximale de résidus (substance active et métabolites) résultant de l utilisation normale du médicament pour une espèce donnée et une pathologie donnée, concentration reconnue comme admissible dans un aliment sans qu il en résulte un risque pour la santé du consommateur. Le médicament doit être efficace vis-à-vis des varroas, sans danger pour les abeilles et le manipulateur, laisser peu de résidus dans la ruche ou les produits de la ruche et ne pas présenter de phénomène de résistance. 2/ Les médicaments avec A.M.M en France. Après avoir utilisé des traitements à base de tau-fluvalinate (Apistan ND) et de coumaphos (interdit aujourd hui en France) dans les années 80 en France puis à base d amitraze (Apivar ND, Apitraze ND depuis septembre 2015) à partir de 1995, l apparition de résistances au tau-fluvalinate et de résidus dans les cires, a conduit certains apiculteurs à se tourner vers des molécules avec une image plus «naturelle» et de nouveaux produits à base de thymol et d acides sont apparus ( thymol : Apiguard ND, Thymovar ND, Apilife Var ND (avec en plus menthol, eucalyptol et camphre), MAQS ND à base d acide formique, Api- Bioxal ND à base d acide oxalique).

Critères d évaluation de l efficacité des médicaments : ces médicaments sont régulièrement évalués par des tests de mesure d efficacité, notamment les tests conduits chaque année par la FNOSAD. Dans ces tests sont pris en compte les critères suivants : - Le pourcentage d efficacité du médicament: il doit être supérieur à 90% pour un acaricide composé de molécules naturelles (molécules que l on retrouve dans des substances naturelles comme le thymol et les acides formique et oxalique) et supérieur à 95% pour un acaricide de synthèse (amitraze ou tau-fluvalinate) (référence : guidelines européennes) - Le pourcentage de colonies gardant plus de 50 varroas résiduels, 50 varroas étant une donnée consensuelle permettant une bonne reprise d activité après hivernage et une croissance de la population de varroas raisonnable en saison. - La cinétique de chute de la population de varroas (rapidité d action de l acaricide) - La survie post-hivernale de la colonie.

Les tests FNOSAD conduits en fin d été et automne 2014 sur 291 colonies ont montré que l infestation moyenne de ces colonies était de 2329 varroas par colonie. 20% des colonies ont entre 2000 et 4000 varroas, 15% des colonies ont plus de 4000 varroas. Les médicaments testés étaient Apivar ND, Apistan ND, Apilife Var ND et MAQS ND. De nombreuses colonies (variables selon le médicament utilisé) ont plus de 50 varroas résiduels après le traitement et le traitement a une efficacité inférieure à 95% pour beaucoup de colonies. La rapidité d action du médicament est variable (on prend en compte pour ce calcul le nombre de jours nécessaires pour passer sous le seuil de 1000 varroas résiduels) : de très rapide avec le MAQS ND (2 jours) à lente avec l Apivar ND (29 jours). Mais il faut alors considérer que les médicaments agissant sur une durée plus longue vont limiter davantage les ré infestations après traitement. Particularités des traitements avec le thymol (Apiguard ND, Thymovar ND, Apilife Var ND): - Utilisables en apiculture biologique - Utilisables selon un gradient de température extérieure allant de 15 à 30 C - Nécessitent 3 à 4 interventions de l apiculteur - Efficacité moyenne, nécessité d un traitement complémentaire (souvent l hiver avec un médicament à base d acide oxalique) - Effets secondaires : arrêt de ponte et/ou évacuation partielle de couvain donc nécessité d une période de ressources et d accumulation de réserves à la fin du traitement - Surconsommation de 1 à 2 kg de miel Particularités des traitements à l acide formique (MAQS ND) : - Autorisé en apiculture biologique. - Seul médicament ayant une action sur les varroas phorétiques et ceux dans le couvain operculé. - Attention aux températures au niveau du toit de la ruche les 3 premiers jours (10 à 29,5 C). - Médicament agissant très rapidement - Prévoir une hausse vide pour que la colonie ait plus d espace, importance de la ventilation (bien lire la notice d emploi du médicament). - Pas d accumulation dans les cires ni de résistance prouvée. - Efficacité moyenne donc prévoir un traitement complémentaire (souvent en hiver avec un produit à base d acide oxalique). Ce médicament peut avoir des effets sur le couvain et les reines si la température est supérieure à 30 C donc il est indispensable de vérifier la ponte une semaine après la fin du traitement. Traitement avec l acide oxalique (Api-Bioxal ND) - Application par dégouttement ou sublimation (avec systèmes Varrox ou Sublimox) par une température extérieure d au moins 5 C. Eviter l application par sublimation en été. - Bonne efficacité en l absence de couvain, moyenne si présence de couvain. - Pas d accumulation dans les cires, pas de résistance prouvée. - 1 application par an est insuffisante. Si on multiplie les passages, la mortalité d abeilles double et le retard est conservé au printemps. - Caramélisation possible avec l appareil Sublimox (les buses du Sublimox se bouchent car Api- Bioxal contient du glucose qui caramélise lorsque l appareil Sublimox monte en température pour assurer la sublimation de l acide oxalique). Pour la sublimation, il est recommandé

d utiliser Api-Bioxal ND avec l appareil Varrox. En cas de caramélisation, déclarer les cas en pharmacovigilance (GDSA ou Sections apicoles). Pourquoi observe-t-on un manque d efficacité de certains médicaments? Certaines molécules manquent d efficacité du fait de l apparition de résistances, d un non respect du mode d emploi (quantité de médicament, durée du traitement, persistance des molécules actives en faible quantité sous forme de lanières dans les colonies lorsque les apiculteurs n enlèvent pas ces lanières après les traitements, déplacement de la grappe d abeilles qui n est plus en contact avec le produit, ruches à deux corps et quantité de produit insuffisante ), de l abondance du couvain operculé (seul le MAQS ND agit au niveau des varroas du couvain operculé), des conditions météorologiques (le froid en diminuant l activité des abeilles va aussi limiter la diffusion du produit de traitement) L utilisation de produits interdits (hors A.M.M., préparations artisanales personnelles ou achetées souvent trop faiblement actives) est fréquente. Les apiculteurs font souvent un seul traitement par an sans contrôle des niveaux d infestation. Il en résulte encore beaucoup trop d acariens vivants dans les colonies, une croissance de la population de varroas au-delà des seuils dangereux pour la colonie et des ré infestations par le voisinage parfois considérables dans des ruchers qui ont pourtant été traités efficacement. Remarque : le Taktic est un médicament à base d amitraze souvent utilisé par les apiculteurs pour traiter leurs colonies d abeilles. Ce produit n a pas d A.M.M abeilles, il n a pas été soumis à une étude de résidus dans les produits de la ruche (attention à l image du miel produit naturel) et du fait de l ajout d excipients favorisant son évaporation, peut présenter un certain danger pour l apiculteur lors d une utilisation dans les ruches. Son efficacité sur les varroas phorétiques sera fugace. 3/ Traiter en surveillant l infestation : les comptages de varroas dans les colonies Les comptages permettant d estimer la population de varroas à un moment donné. Le calcul exact du nombre de varroas présents dans une colonie est difficile. Plusieurs méthodes existent, intéressantes pour une comparaison entre colonies au sein d un rucher ou entre plusieurs ruchers. Les comptages permettent d adapter sa stratégie de lutte contre Varroa : anticiper ou différer un traitement, utiliser des méthodes biotechniques, traiter au plus juste. Ils permettent d évaluer l efficacité d un traitement, de convaincre l apiculteur de la nécessité de surveiller Varroa, de sélectionner des abeilles hygiéniques, «résistantes» à Varroa. Ils sont aussi utilisés pour engranger des données régionales permettant de connaître la pression exercée par Varroa destructor en fonction des pratiques apicoles et notamment de la transhumance (avec les risques de ré infestations liés aux concentrations de colonies dans certaines zones favorables à des miellées particulières). Les méthodes de comptages sont fiables si l infestation par les varroas est moyenne ou élevée ; les méthodes sont imprécises si la colonie a moins de 3000 cellules de couvain, ou quand le taux d infestation du couvain est inférieur à 2% ou quand la colonie s effondre (baisse de la quantité de couvain).

Les comptages peuvent se faire sur les abeilles adultes, sur les alvéoles de couvain operculé ou par un dénombrement des mortalités naturelles des varroas, sur langes graissés. Le dénombrement des mortalités naturelles sur langes graissés semble plus intéressant en début de saison apicole et au printemps, les comptages sur abeilles adultes seront favorisés en fin d été et automne. Quelle que soit la méthode utilisée, l essentiel est de surveiller l infestation. Comptages sur abeilles adultes On prélève 300 abeilles adultes (sans la reine) (volume de 100 ml ou 45 g) dans un récipient grillagé avec un tamis de maille de 2,5 mm. On ajoute 2 cuillères à café de sucre glace (15 g), on mélange délicatement mais entièrement les abeilles et le sucre. On secoue (comme avec une salière) le tout au-dessus d un bol blanc avec un fond d eau pour pouvoir voir et compter les varroas phorétiques (ou dans un sac pour compter les varroas plus tard). Les varroas passent à travers le tamis. Les abeilles qui sont restées dans le bocal grillagé sont relâchées, vivantes, dans leur ruche d origine. On compte le nombre de varroas qui sont tombés et on calcule le nombre de varroas infestant 100 abeilles. On a alors le pourcentage d infestation des jeunes abeilles adultes. Pour un résultat fiable, il faut échantillonner au moins 8 colonies sur un rucher de 20, la moitié des colonies sur un rucher de 10, toutes s il y a moins de 5 colonies. Il est préférable de faire ce comptage deux fois à une semaine d intervalle dans les colonies avant d en tirer des conclusions. D autres méthodes de comptages sur les abeilles adultes existent : on peut prélever 300 abeilles adultes, les congeler pour les tuer puis rincer les abeilles mortes avec une solution d alcool à 70 ou de Teepol pour détacher les varroas. On trouve dans certains magasins de matériel apicole des dispositifs permettant de réaliser ces comptages (testeurs varroas) : on prélève 200 abeilles environ sans la reine, on utilise du CO2 pour endormir les abeilles et cela favorise le détachement des varroas phorétiques du corps des abeilles. On compte alors les varroas et on calcule le nombre de varroas pour 100 abeilles.

Comptage sur le couvain operculé On peut aussi faire une estimation des niveaux d infestation à partir du couvain operculé. Il faut pour cela désoperculer 200 alvéoles de couvain d ouvrières ou 200 alvéoles de couvain de faux-bourdons. On compte le nombre d alvéoles infestées et on établit un pourcentage (nombre d alvéoles infestées sur 100 alvéoles au total). Sur le couvain d ouvrières, on doit avoir moins de 10% d alvéoles infestées sinon la colonie est en danger et doit être traitée rapidement. Sur le couvain de faux-bourdons, on tolère jusqu à 50% d alvéoles infestées. Au-delà, il faut traiter. Comptages sur langes graissés On dénombre tous les trois jours et pendant environ 2 semaines, les varroas qui tombent sur un lange graissé placé sous un plancher grillagé. On établit alors une moyenne journalière de chutes de varroas, moyenne qui doit être inférieure à 1 en début de saison apicole puis qui peut augmenter au cours de la saison.

Le seuil économiquement tolérable dans le tableau ci-dessus, correspond à une moyenne quotidienne de mortalités naturelles de varroas acceptable pour la colonie et qui lui permet de vivre et de produire sans traitement contre les varroas avant la fin de l été. Protocoles de lutte contre Varroa - Surveillance des taux d infestation et de l efficacité des traitements - Objectif : moins de 50 varroas résiduels pour passer l hiver soit moins de 1 chute naturelle de varroas par jour (langes graissés) - Si ce seuil n est pas atteint : faire un traitement complémentaire en hiver ou mettre en place des méthodes biotechniques au printemps suivant ou faire un nouveau traitement - Planifier les traitements longs à l avance pour pouvoir faire un traitement complémentaire si besoin - Avantages des médicaments agissant sur le long terme : efficacité et limite des ré infestations automnales

3) LES METHODES BIOTECHNIQUES. Cette partie n a pas été traitée à Pau, faute de temps. Nous rappelons que les principales méthodes utilisées pour contrôler la pression parasitaire exercée par Varroa destructor sont : le découpage de couvain mâle, la formation de nuclei et le blocage de ponte artificiel de la reine par encagement suivi d un traitement, à l acide oxalique le plus souvent. Sur le site de GDS Aquitaine (gdsaquitaine.fr), vous trouverez des fiches de synthèse concernant ces méthodes. Le registre d élevage (ou cahier d élevage), partie sanitaire Il est OBLIGATOIRE Il permet de planifier les interventions pendant toute la saison apicole Il doit être conservé 5 ans après la dernière notification. Doivent être consignés dedans : Les déclarations relatives aux ruchers (numéros API, NUMAGRIT/NUMAGRIN, SIRET, récépissé de déclaration annuelle de ruches et ruchers) et les certificats sanitaires et de provenance délivrés au détenteur en cas d achats d abeilles. L'enregistrement des traitements effectués sur les ruchers : nature des médicaments (nom commercial ou à défaut substances actives) ; ruchers concernés par le traitement, de la quantité administrée par ruche, ces mentions pouvant être remplacées par une référence à l'ordonnance relative au traitement administré si l'ordonnance comporte ces indications. La date de début ou période de traitement. Les résultats d'analyse obtenus en vue d'établir un diagnostic ou d'apprécier la situation sanitaire des abeilles, comptes rendus de visite ou bilans sanitaires établis par tout intervenant sanitaire reconnu, les ordonnances, ainsi que les prescriptions des agents spécialisés en pathologie apicole. Remerciements : A l Union européenne et à FranceAgriMer A la DGAl A la DRAAF Aquitaine pour le financement de cette formation.