LE CINEMA INTRODUCTION
Le film est constitué d images fixes : les photogrammes En passant à un certain rythme dans un projecteur, ils donnent une image agrandie en mouvement. De même que la photographie, la projection des photogrammes donne l illusion de la profondeur. L illusion de mouvement et de profondeur suscite une impression de réalité.
Objectifs de la sémiologie dans l analyse cinématographique - Récit/histoire (influence structurale) Quelles sont les relations entre un ensemble signifiant et un ensemble signifié? - Spectateur (psychanalyse) Quelles sont les opérations psychiques nécessaires à la vision d un film ou induites par lui? - Fonctionnement social de l institution cinématographique Quelles sont les représentations que la société donne d elle-même; quel discours idéologique est véhiculé?
LE CINEMA I LE FILM, UNE REPRESENTATION VISUELLE ET SONORE
A) L ESPACE FILMIQUE Le cadre influence la composition de l image.
L espace filmique, univers imaginaire, réunit le champ et le hors-champ. Le champ est la portion d espace imaginaire qui est contenue à l intérieur du cadre. Le hors-champ est l ensemble des éléments qui ne sont pas inclus dans le champ mais qui lui sont rattachés par un moyen quelconque : entrée et sortie du champ interpellations par un élément du champ vers le hors champ hors champs défini par un élément du champ (gros plan)
B) LA TECHNIQUE DE LA PROFONDEUR La perspective est l art de représenter les objets sur une surface plane de façon à ce que cette représentation soit semblable à la perception visuelle qu on peut avoir des objets eux-mêmes. Filiation à la peinture Prise en compte d un spectateur
La profondeur de champ est la distance, mesurée selon l axe de l objectif, entre le point le plus rapproché et le point le plus éloigné qui fournissent une image nette. Elle dépend de plusieurs paramètres : - la quantité de lumière (diaphragme) - la focale (distance entre la lentille et la pellicule) NB : l angle de champ net sera de 45 pour une focale normale (égale à la diagonale de l image) - la durée d exposition (obturateur)
Orson Welles utilise des focales courtes à très courtes
C) LE PLAN 1 Définition Le plan désigne l unité de montage, le morceau de pellicule minimal (unité signifiante). Le plan se définit en terme de taille (échelles de plan), de mobilité et de durée, trois caractéristiques qui témoignent d un certain point de vue sur l événement.
2 Mouvement L image filmique est en mouvement : - Succession d images fixes - Mouvement, dans le cadre, d objets et de personnages - Mouvement du cadre par rapport au champ (qui trahit l instance narrative) : Le travelling (déplacement du pied de la caméra) Le panoramique (pivotement de la caméra) Le zoom (passage d une focale courte à une focale longue) Exception. La jetée
3 Ponctuation Les plans peuvent se succéder de différentes manières : Le fondu au noir Le fondu enchaîné enchaînement doux qui favorise le flux du récit Le cut est plus brutal, il rythme le récit. Ex. Citizen Kane, Orson Welles, 1941
LE CINEMA II CINEMA ET NARRATION
A) LE CINEMA NARRATIF 1 La narratologie et le cinéma Influencé par la littérature, le cinéma reproduit des traits caractéristiques du récit écrit : - titre (promesse), - séquences (chapitres, fonctions), - évolution de la situation et des caractères,
2 La diégèse, le récit et la narration La diégèse est le signifié, le contenu narratif du film. C est l univers imaginaire auquel appartient l histoire et ce que celuici provoque chez le spectateur. Le récit est le signifiant, la forme que prend l expression de l histoire. Le film est un système de signes, l organisation du sens y est plus complexe. La narration est l acte narratif producteur qui concerne les rapports existant entre l énoncé et l énonciation.
Le film de fiction classique est un discours : il est le fait d une instance narrative réelle (bien que celle-ci s efface derrière une instance narrative fictive.)
2 Les rapports entre diégèse, récit et narration L ordre recouvre les différences entre le déroulement du récit et celui de l histoire (récit chronologique, flash back ) La durée concerne les rapport entre la durée de l action diégétique et celle du moment du récit qui lui est consacré (le récit est souvent plus court que l histoire). Le mode est relatif au point de vue qui régule la quantité d information données sur l histoire par le récit.
Tout récit implique une organisation des événements dans le temps. Narration ultérieure Narration antérieure Narration contemporaine Toutefois, le film produit un effet de contemporanéité. Ex. Dans Citizen Kane, la narration est ultérieure aux faits, chronologique mais non linéaire.
B) LES PERSONNAGES Le personnage est une représentation, un signe global. L énoncé filmique nous informe sur l être, le faire et l importance du personnage. 1 Les rôles thématiques Ce que sont les personnages définit leurs rôles thématiques, leur statut diégétique dans le récit (justicier, assassin). Ces rôles évoluent avec la trame de l action. 2 Les fonctions actancielles Ce que font les personnages définit leur fonction actancielle. GREIMAS propose six fonctions essentielles : le sujet, l objet, le destinataire, le destinateur, l opposant, et l adjuvant.
3 Le statut narratif L importance du personnage est liée au degré de focalisation du récit sur lui.
C) LA FOCALISATION 1 Qui voit? Qui oriente la perspective narrative? Focalisation avec Focalisation par Ex. Dans Citizen Kane, c est le journaliste qui oriente la perspective narrative (focalisation avec)
2 Qui parle? Qui est le narrateur fictif qui prend en charge le récit? Un narrateur qui en sait plus que les personnages : récits non focalisés ; Un narrateur qui ne dit que ce que voit un ou des personnages : focalisation interne (fixe, variable ou multiple) ; Un narrateur qui en dit moins que ce que sait le personnage : focalisation externe.
LE CINEMA III LA CONTRIBUTION DU SPECTATEUR
Différentes lectures d un film sont possibles (R. Odin) Le mode spectaculaire consiste à voir un film comme un spectacle, Le mode fictionnalisant consiste à voir un film pour vibrer au rythme des événements fictifs racontés, Le mode fabulisant consiste à voir un film pour tirer une leçon du récit qu il propose, Le mode documentaire consiste à voir un film pour s informer sur la réalité des choses du monde,
Le mode argumentatif ou persuasif consiste à voir un film pour en tirer un discours, Le mode artistique qui consiste à voir un film comme la production d un auteur, Le mode esthétique qui consiste à voir le film en s intéres- -sant au travail des images ou des sons, Le mode énergétique consiste à voir un film pour vibrer au rythme des images et des sons, Le mode privé consiste à voir le film en faisant retour sur son vécu et celui du groupe auquel on appartient.
Interrogations à formuler pour analyser une séquence cinématographique Quel type film est-ce (narratif, documentaire,...)? Quelles promesses formule-t-il (titre, genre)? Quel mode de lecture encourage-t-il? 1 Présentation du film Identifier l instance narrative et le narrateur fictif Distinguer le récit filmique de la diégèse, des événements racontés. 2 Isoler une séquence pertinente, la situer dans la diégèse, présenter les personnages. Les événements sont-ils racontés dans l ordre,
Leur durée est-elle respectée? Quel est le mode de narration, la focalisation? Quelle est la temporalité de la narration (antérieure, ultérieure, contemporaine)? La diégèse se compose également du hors-champ, comment celui-ci est-il cité? 3 Analyse d une séquence Les plans : combien y en a-t-il? Que montrent-ils? A quel type de séquence renvoient-ils?
La composition des plans, le point de vue sur l événement (cadrage, focalisation, profondeur de champ, etc.), le mouvement (dans le champ et de la caméra) La ponctuation : ouverture et fermeture de la séquence, enchaînement des plans (cut, fondu) Les signes linguistiques écrits (sous-titres, intertitres, etc.) ou parlés (dialogue) Couleur, musique, gestuelle, bruitage, éclairage devront également être évoqués.