Catholique FRANCE. Colombie la fin de la violencia?pages 8 à 15. Le credo œcuménique du cardinal Kasper. «L 1visible» Les évêques belges à Rome



Documents pareils
Tétanisés par la spirale de la violence? Non!

Visita ad limina Apostolorum dei Presuli della Conferenza Episcopale del Benin

COMMENT DÉCOUVRIR SA VOCATION

Que fait l Église pour le monde?

NOTRE PERE JESUS ME PARLE DE SON PERE. idees-cate

La Neuvaine de l'assomption

Le Baptême de notre enfant

Ne vas pas en enfer!

En la fête de l Assomption de la Vierge Marie, Homélie pour une profession perpétuelle 1

Du 6 au 14 août Neuvaine de préparation à la fête de l Assomption

Le jeu «Si le monde était un village» Source : Afric Impact

programme connect Mars 2015 ICF-Léman

HISTOIRE / FRANCAIS CYCLE 3 TITRE : L UNION FAIT LA FORCE (1915), LA FRANCE ET SES ALLIÉS

Quelques exemples de croyants célibataires

22 Nous Reconnaissons la force du pardon

Je viens vous préparer à cet évènement : L illumination des consciences

AZ A^kgZi Yj 8^idnZc

Feuille de route

«Si quelqu un veut venir après moi qu il renonce à lui-même, qu il se charge chaque jour de sa croix et qu il me suive» Luc 9 : 23.

Vive le jour de Pâques

mission Le conflit des «gars de Lapalme»,

CHANT AVEC TOI NOUS IRONS AU DÉSERT (G 229)

TRAIT D UNION. Temps de Pâques, temps de Renouveau ÉDITORIAL. Paroisse Ste Marie de Batbielle. Sommaire

Comité des produits Discours du Directeur général. 29 mai DISCOURS D OUVERTURE DU DIRECTEUR GÉNÉRAL AU COMITÉ DES PRODUITS.

Discours 1 er mai 2014 Fleurier et Yverdon

Paroisses réformées de la Prévôté - Tramelan. Album de baptême

Conseil Diocésain de Solidarité et de la Diaconie. 27 juin «Partager l essentiel» Le partage est un élément vital.

Garth LARCEN, Directeur du Positive Vibe Cafe à Richmond (Etats Unis Virginie)

Les rapports du chrétien avec les autres

Jouer, c'est vivre! Repères sur le jeu en Action Catholique des Enfants

Assises de l Enseignement Catholique Intervention de Paul MALARTRE Paris Cité des Sciences de La Villette 8 juin 2007

LAURENT FABIUS, MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES

«En avant les p tits gars» Chanté Par Fragson Mais que chantait-on en Décembre 1913, à quelques mois du déclenchement de la grande tragédie?

Campagne DENIER Campagne Denier 2015 Diocèse de Fréjus-Toulon Page 1

Tiken Jah Fakoly : Je dis non!

été 1914 dans la guerre 15/02-21/09/2014 exposition au Musée Lorrain livret jeune public 8/12 ans

L Eglise dans ses dimensions religieuse, économique, sociale et intellectuelle

Le droit d espérer. Didier Chastagnier

Les ministères dans l église Ephésiens

La plateforme de micro-dons du CCFD-Terre solidaire

Épreuve de Compréhension orale

Le Baptême des petits enfants en 25 questions

ENTRETIEN AVEC BOB RUGURIKA

Camus l a joliment formulé : le seul. introduction

NOUVEAU TEST DE PLACEMENT. Niveau A1

Mais revenons à ces deux textes du sermon sur la montagne dans l évangile de Matthieu.

Projet de loi de régulation et de séparation des activités bancaires Intervention générale

LA LETTRE D UN COACH

CORRECTION BREVET BLANC 2015 PREMIER PARTIE/HISTOIRE

Subordonnée circonstancielle de cause, de conséquence et de but

Monsieur l Adjoint délégué à la Culture et à la Tauromachie,

Donner, léguer... pour la vie et les projets de l Église Réformée à Lyon. Parlons-en!

Que chaque instant de cette journée contribue à faire régner la joie dans ton coeur

LES FRANÇAIS ET LA QUESTION DE LA

Le rôle du syndic. Introduction

Service de presse novembre 2014

Conseil Municipal des Enfants à Thionville. Livret de l électeur et du candidat

Le nouvel espace politique européen

1. La famille d accueil de Nadja est composée de combien de personnes? 2. Un membre de la famille de Mme Millet n est pas Français. Qui est-ce?

M. Jean-Yves Le Drian, Ministre de la défense. Discours pour les vingt ans du lancement du satellite Hélios IA

Très chers amis, Merci de nous aider, vous êtes toujours bien présents dans nos prières quotidiennes. Dans le Cœur de Jésus,

Emmanuel, Dieu avec nous

Où et quand cette photo a-t-elle été prise? Comment le devinez-vous?

Ça me panique, pas question de le nier. Mais c est ma seule carence, le dernier point encore sensible entre elle et moi, ce fait que, dès qu elle

Bonsoir, Mesdames et Messieurs,

1 ère partie - Avant la libération, le contexte historique

CLUB 2/3 Division jeunesse d Oxfam-Québec 1259, rue Berri, bureau 510 Montréal (Québec) H2L 4C7

De la Guerre Froide à un nouvel ordre mondial?( )

Mémoire présenté. Comité de l Assemblée législative pour un régime d assurance automobile public abordable, équitable et accessible

LA RÉPUBLIQUE DE L ENTRE-DEUX- GUERRES : VICTORIEUSE ET FRAGILISÉE

Introduction Quels défis pour l Administration Publique face àla crise? Crise et leadership : quelles relations? Quels défis pour les dirigeants?

L ÉGLISE AU MOYEN ÂGE

La seconde guerre mondiale

Réussir sa vie ce n est pas toujours réussir dans la vie.

Un contrat de respect mutuel au collège

LE CHEMIN DE CROIX DE NOTRE DAME DE ROCHEFORT

13 Quelle est l église du Nouveau Testament?

JE NE SUIS PAS PSYCHOTIQUE!

C était la guerre des tranchées

Histoire de Manuel Arenas

SOMMAIRE. Présentation du projet Programmation 3 ème édition. Le Mot du Producteur. Informations pratiques. Demande d accréditation

Ensemble, soutenons le Bleuet de France!

Distinction entre le pronom leur et le déterminant leur

PROGRAMME VI-SA-VI VIvre SAns VIolence. Justice alternative Lac-Saint-Jean

Nom : Prénom : Date :

NOS ENGAGEMENTS COMMUNS Programmation du mouvement ATD Quart Monde en Belgique

1. SCRUTINS. Du premier au dernier scrutin, les futurs baptisés approfondissent leur désir de salut et la découverte de tout ce qui s y oppose.

Document Pourquoi ce discours de 1995 marque-t-il un moment important?

Sacerdoce commun et vie consacrée 1

Les pratiques des 9-16 ans sur Internet

Trait et ligne. La ligne avance, Elle indique une direction, Elle déroule une histoire, Le haut ou le bas, la gauche et la droite Une évolution.

Discours d Anne Hidalgo, Maire de Paris

Préparation de la visite. Visite symbolique et spirituelle Groupes: 6 e, 5 e, 4 e et 3 e (collège) Visites éducatives de la Sagrada Família

Sondage sur le travail de conseiller d arrondissement et de conseiller municipal

Et avant, c était comment?

Quelles ressources pour vivre seul, en 2014, dans une commune du Doubs? Essai d évaluation

De l Etat français à la IVème République ( )

Quelqu un qui t attend

Chap. 5 : la 2 nd guerre mondiale : une guerre d anéantissement Pourquoi parle-t-on de la 2 nd guerre mondiale comme d une guerre d anéantissement

El Tres de Mayo, GOYA

Transcription:

france-catholique.fr FRANCE Catholique 86 e année - Hebdomadaire n 3212-14 mai 2010 3 ISSN 0015-9506 Aide à L Église en détresse : rapport annuel pages 19 à 22 Les évêques belges à Rome page 18 «L 1visible» un mensuel gratuit catholique pages 26-27 Colombie la fin de la violencia?pages 8 à 15 Le credo œcuménique du cardinal Kasper pages 24-25

BRÈVES FRancE 8 mai : Le président de la République a célébré les 65 ans de la victoire sur l Allemagne nazie à Colmar où il a rendu hommage aux «malgré nous», ces Alsaciens et Mosellans in corporés de force dans l armée allemande. DéFicit : À la suite d un séminaire gouvernemental consacré à la lutte contre le déficit public, le Premier ministre a annoncé le 6 mai le gel des dépenses publiques pendant trois ans, ce qui implique la baisse du pouvoir d achat de l État en cas d inflation. Il avait annoncé la veille 5 milliards d économies sur les niches fiscales. FiScalité : Le Conseil des prélèvements obligatoires associé à la Cour des comptes a publié le 6 mai un rapport sur la fiscalité locale qui met l accent sur sa faible lisibilité, sa faible efficacité économique et son manque d équité. EnViRonnEmEnt : Les députés ont débattu du 4 au 7 mai de la loi Grenelle 2 destinée à appliquer les engagements négociés en octobre 2007 ; les écologistes dénoncent un «rabotage» par le gouvernement de ses ambitions initiales. intempéries : Des vagues atteignant jusqu à 10 mètres de haut ont occasionné d importants dégâts le 4 mai dans les Alpes-Maritimes. Dans l Ariège, 23 000 foyers ont été privés d électricité en raison des chutes de neige ; des averses accompagnées de vents violents ont atteint le Languedoc-Roussillon, interrompant le trafic aérien à Perpignan et Montpellier. profanations : Sept tombes musulmanes du cimetière militaire de Tarascon ont été profanées le 7 mai ; le ministre de l Intérieur devait participer le 9 à une cérémonie de recueillement au côté du président du Conseil français du culte musulman. chiens : Un enfant d un an et demi est décédé le 4 mai après avoir été attaqué par son chien, un berger malinois, au domicile familial à Lucé (Eure-et-Loir) ; une autre agression du même genre a eu lieu le lendemain en Normandie avec un berger allemand. SoliDaRité : L Assemblée nationale a adopté le 4 mai le plan français d aide d urgence à la Grèce, soit 16,8 milliards d euros sur trois ans, dont près de 4 en 2010 ; l UMP et le PS ont voté pour, le Parti communiste et le Parti de Gauche contre. Social : Les syndicats ont annoncé le 6 mai l organisation d une journée nationale d action avec grèves le 27 mai pour défendre l emploi et les retraites. EnquêtE judiciaire : Vingtcinq ans après l assassinat du petit Gregory, les premiers résultats des analyses génétiques n ont mené jusqu ici à aucune piste ; de nouvelles techniques pourraient cependant être mises en œuvre à partir des enregistrements des voix des «corbeaux». DiVoRcE : Le ministère de la Justice prépare un projet de loi qui fixerait un tarif maximum des honoraires des avocats et ne rendrait plus automatique le passage devant un juge en cas de divorce par consentement mutuel d un couple sans enfant. FootBall : L Olympique de Marseille a mis fin le 5 mai à une attente de 18 ans en remportant son 9 e titre de champion de France avant même la fin du championnat puisqu il ne peut plus être rejoint par ses concurrents. monde DéSaRmEmEnt : Plusieurs délégations dont celles de la France, des États-Unis et de la Grande-Bretagne, ont boycotté le discours du président iranien le 3 mai à l ouverture de la Conférence sur la non-prolifération de l arme nucléaire ; Ahmadinejad s en est pris aux pays dotés de l arme, notamment les États- Unis ; il a demandé la fixation d une date butoir pour l élimination totale de cette arme. Le Pentagone avait prévu de dévoiler la composition détaillée de son arsenal nucléaire le jour de l ouverture à New York de cette Conférence. GRÈcE : À Athènes, les manifestations du 5 mai contre les mesures d'austérité ont fait trois morts, des employés d'une banque incendiée par des cocktails Molotov. crise : La Banque centrale européenne a annoncé son intention de soutenir les États les plus en difficulté de l'union Européenne dans le cadre d'un plan de 750 milliards d'euros, décidé à Bruxelles dans la nuit du 9 au 10 mai, et rendu public par la ministre de l'écono mie espagnole, Elena Salgado, dont le pays assure actuellement la présidence de l'union. Les bourses asiatiques ont aussitôt salué cette initiative gigantesque en remontant significativement. allemagne : Le parti d'angela Merkel et son allié libéral ont été lourdement sanctionnés par les électeurs lors d'élections lo cales en Rhénanie-du-Nord-Westpha lie le 9 mai. En conséquence, la chancelière perd sa majorité absolue au Bundesrat, la chambre haute allemande. transport aérien : United Airlines et Continental Airlines ont annoncé le 3 mai leur union qui donne nais sance à la plus grande compagnie aérienne du monde devant Delta Airlines. L Irlande a fermé ses aéroports le 3 mai en raison de l arrivée d un nuage de cendres sur les îles britanniques ; les vols ont pu reprendre le lendemain, mais l espace aérien de l Écosse et de l Irlande du nord est resté fermé le 5 mai en raison de la concentration de cendres dans l atmosphère. Plusieurs aéroports portugais et espagnols, dont celui de SUITe en page 7 2 FRANCECatholique n 3212 14 mai 2010

SOMMAIRE ACTUALITÉ 4 PRÉSIDENTIELLE Opération DSK Alice Tulle 5 GRANDE-BRETAGNE Westminster en suspens Yves La Marck 6 SOCIÉTÉ Toujours les jeunes Tugdual Derville 7 SOCIÉTÉ Des idoles déboulonnées Gabriel Delacour DOSSIER 8 COLOMBIE La fin de la violencia? Noak et Corine Lacrampe Le Bar Floréal ESPRIT 16 LECTURES 7 e semaine de Pâques Père Michel Gitton 18 CHRONIQUE ROMAINE Les évêques belges à Rome Natalia Bottineau 19 A.E.D. Rapport annuel AED France - 2009 Marc Fromager 23 ECCLÉSIA Prière pour la Coupe du monde Cardinal Wilfrid Napier 24 ÉGLISE Le crédo œcuménique du cardinal Kasper Denis Lensel MAGAZINE 26 PRESSE Un gratuit catholique dans la rue Marc Bruel / J.-B. Maillard 28 MUSIQUE Piano viennois François-Xavier Lacroux 29 CINÉMA "Robin des bois", "Iron Man 2", "Crazy night", "Don Giovanni" Marie-Christine Renaud d'andré, Georges Collar 30 EXPOSITIONS La chapelle royale de Versailles Alain Solari 34 THÉÂTRE "Parloir", "Brouillages" Pierre François 35 TÉLÉVISION "La faille", "Le mystère de la disparition des abeilles" "Sur les pas de Nansen", "Histoire de l'afrique du Sud" M.-C. Renaud d'andré, J.-P. Marie, Fr. Maupin 36 TÉLÉVISION Sélection début de soirée M.-C. R. d'a. 38 BLOC-NOTES Vie associative et d Église Brigitte Pondaven Couverture : Noak / Le Bar Floreal Écoutez la chronique de Gérard Leclerc, chaque semaine sur : ÉDITORIAL Le chemin d'ars QUELQUE 10 000 pèlerins venus d'une dizaine de diocèses de la région de Lyon se sont retrouvés le 8 mai à Ars afin de prier pour les vocations. Ce rassemblement organisé autour de la figure de saint Jean-Marie Vianney prenait un sens singulier dans une période difficile pour l'église et pénible pour les prêtres. Pourtant, la sérénité de la foule ne semblait pas entamée par l'actualité. Ce qui apparaissait au contraire, c'était l'attachement et la reconnaissance que le monde des paroisses voue à son clergé très aimé, dont on voudrait qu'il se perpétue pour continuer sa tâche indispensable à la vie chrétienne. Le souci d'un renouveau des vocations étant peut-être encore plus manifeste pour un petit diocèse comme celui de Viviers (Ardèche) dont la délégation était particulièrement importante (900 fidèles). C'est dans le paysage rural, là où les prêtres viennent le plus à manquer, que l'on prend conscience d'une absence irréparable et que l'on commence à se mobiliser spirituellement. Mgr Guy Bagnard, l'évêque de Belley-Ars, a su, dans son homélie caractériser le secret de Jean- Marie Vianney ; pourquoi ce prêtre si humble avait su faire de son église le lieu d'un rayonnement qui par Gérard LECLERC s'étend au monde entier. Jean-Paul II avait dit lors de son passage à Ars en 1976 : «Le Christ s'est bien arrêté ici à Ars, du temps où Jean-Marie Vianney y était curé ; oui, il s'est arrêté, il a vu les foules des hommes et des femmes du siècle dernier qui étaient fatiguées et abattues comme des brebis sans berger.» Et il leur a donné la joie intérieure qui vient de la confiance établie avec Dieu. Ce n'était pas une révolution morale qui s'accomplissait à Ars mais une mise en chemin vers l'amour divin. Citant Madeleine Delbrel, Mgr Bagnard ajoutait : «Le plus grand cadeau qu'on puisse faire, la plus grande charité qu'on puisse apporter, c'est un prêtre qui soit un vrai prêtre ; c'est l'approximation la plus grande qu'on puisse réaliser ici-bas de la présence visible du Christ.» Les prochaines ordinations sacerdotales en juin seront l'occasion de rassembler à nouveau le peuple chrétien autour du sacerdoce. À Paris et à Lyon, des dispositions sont prises à cet effet, comme ce sera le couronnement d'une année spécialement vouée aux prêtres. La gratitude pour ce qu'ils nous donnent accompagnera la plus fervente des prières pour que se renouvelle la grâce inaltérable de l'engagement total pour Dieu et au service des hommes. FRANCECatholique N 3212 14 MAI 2010 3

ACTUALITÉ présidentielle Opération DSK par Alice TULLE Toute la presse parle de Dominique Strauss-Kahn : souvent jugé trop dilettante, le président du FMI est aujourd hui un candidat possible, probable, presque certain... D es informations données par des sources sérieuses circulaient depuis trois mois : la candidature de Dominique Strauss-Kahn était décidée et ses partisans mettaient au point les diverses étapes d une promotion médiatique de grande ampleur, pour bousculer et défaire rapidement les rivaux du président du Fonds monétaire international à l intérieur du Parti socialiste. On avait cependant peine à croire à l existence d un tel scénario : le dirigeant socialiste, naguère professeur d économie, ne cache pas son plaisir d être à la tête d une grande institution internationale qui joue un rôle de tout premier plan depuis le début de la crise. Nul n ignore qu il vit dans le luxe, qu il aime ce que nous appellerons pudiquement les plaisirs de la vie peu compatibles avec les rudesses d une campagne présidentielle ni même avec l austérité de la fonction présidentielle. Pourtant, il faut se rendre à l évidence : il y a un concert médiatique en faveur de Dominique Strauss-Kahn qui ne peut pas être tout à ( fait spontané. Le 5 mai, le dirigeant socialiste était en première page du Parisien et de Libération, des livres sont annoncés et les sondages lui sont favorables. On célèbre son intelligence, ses compétences, l étendue de ses relations, sa réussite à la direction du FMI, sa séduction et les talents de l équipe qui l entoure, l aide inestimable que lui apporte son épouse, Anne Sinclair... N y aurait-il point d obstacles? Les commentateurs les énumèrent et tous portent le nom d un dirigeant socialiste : Martine Aubry, François Hollande, Ségolène Royal, candidats déclarés ou potentiels aux «primaires» socialistes. Mais aucun ne peut rivaliser avec DSK, quant à la stature internationale et à l expérience des situations de crise et tout le monde se doute que la France entre dans une période très agitée, au sein d une Union européenne menacée dans sa cohérence. De plus, les milieux bien informés affirment que Martine Aubry est d accord pour s effacer devant son camarade et qu elle deviendrait son Premier ministre en cas de victoire. Un homme, une femme, mais surtout Une période très agitée au sein d'une Union européenne menacée deux sensibilités socialistes qui auraient une formidable capacité de mobilisation si elles décidaient de s allier. Toutes ces démonstrations sont intéressantes mais elles portent sur les stratégies, non sur la politique elle-même. Or la vie politique, qui est aussi faite de citoyens en colère, de spéculateurs cupides, de gouvernements indécis, risque d être lourde de surprises dans les prochains mois. Le «plan médias» de Dominique Strauss-Kahn s est déployé le jour où le gouvernement grec faisait face aux violentes manifestations d une population hostile aux sacrifices imposés par le FMI (entre autres) et il n est pas sûr que DSK ap paraisse encore comme un sauveur si la Grèce connaît une récession sévère et si d autres pays sont victimes de la crise monétaire. En France même, DSK est sans doute populaire chez les élites de gauche et dans une partie des élites de droite. Mais les salariés moyens ou modestes, les agriculteurs, les retraités qui décident du sort des candidats peuvent avoir une opinion différente si une politique de déflation (baisse des salaires, réduction de la consommation) est appliquée à notre pays. En cette période de crise généralisée, qui dévalorise les élites européennes, rien n est joué pour le président du FMI. n 4 FRANCECatholique n 3212 14 mai 2010

GRANDE-BRETAGNE ACTUALITÉ par Yves LA MARCK Westminster en suspens L'absence de majorité absolue aux élections britanniques du 6 mai ne doit pas cacher l'ampleur de la victoire du parti conservateur, mettant un terme à 13 ans de travaillisme. Il est toujours difficile d'analyser des élections non par rapport à des sondages mais aux réalités préexistantes. En l'occurrence, les observateurs ont été égarés par la montée du troisième parti, le parti libéraldémocrate, et de son chef, Nick Clegg. De la campagne électorale, on n'aura donc retenu qu'une évolution vers le multipartisme qui finit par être radicalement démentie par les faits. Le tiers-parti n'a pas dépassé les 23% alors qu'on le créditait de 30% et a perdu six sièges pour terminer à 57 sièges. Au parti conservateur, les mêmes commentateurs avaient fixé l'objectif incroyable d'un gain de 126 sièges sur les travaillistes. Le fait de n'en avoir conquis que 113 excusez du peu a transformé en quasi-défaite ce qui est un résultat inespéré et jamais atteint depuis 1931. Le parti travailliste perd un peu moins de cent sièges sur les 345 qu'il détenait et chacun considère que du coup il n'a pas perdu les élections. À quelles aberrations n'en est-on pas arrivé et pourquoi? Il manque une dizaine de sièges au parti conservateur et à son allié (le parti unioniste nord-irlandais) pour atteindre la majorité absolue et on crie à la défaite, avec près de sept points d'avance dans les votes. Si une réforme électorale est nécessaire outre- Manche, c'est d'abord celle du découpage électoral qui, avec le même pourcentage de voix (36%), donnait au parti travailliste la fois précédente une claire majorité. Il n'y a pas d'appétit particulier pour la représentation proportionnelle ni de manière générale pour le multipartisme et les coalitions gouvernementales. Les Britanniques sont attachés à l'idée de mandat qui permet d'engager la responsabilité. Il est normal que, dans les circonstances présentes, le parti conservateur recherche les conditions d'une majorité stable à la Chambre des Communes. Mais David Cameron a tout intérêt à de nouvelles élections après un délai raisonnable qui révèlera qu'il n'y a pas de contrat d'alliance durable entre Tories et Lib-Dem. La jeunesse, le changement, un certain libéralisme civil et politique, c'est plus un fait de génération que de doctrine qui les rapproche. Mais tout le reste les sépare quand on sait que ce parti est plus souvent à la gauche du parti travailliste spécialement au temps du blairisme - qu'au centre parce qu'européen. Il professe des opinions avancées sur l'immigration ou le désarmement. Il fut un temps où David Cameron se référait à Tony Blair et attirait quelques néo-travaillistes rebutés par l'austérité de Gordon Brown. Il a personnellement adopté quelques idées du conservatisme social, dit compassionnel, et de la troisième voie. Mais le parti conservateur dans ses profondeurs penche plutôt vers des solutions néolibérales à la crise, prône des coupes sombres dans l'étatprovidence auxquelles même M me Thatcher n'avait pu s'attaquer, et se situe résolument à droite. Cette ambiguïté, qui contraignait David Cameron à ce qui s'apparentait à de l'opportunisme, a pu coûter aux Tories les quelques sièges qui leur manquent. Un retour devant les électeurs mené tambour battant favorisera le retournement de situation visiblement souhaité par une majorité de Britanniques même si chacun en devine les coûts face à l'expérience grecque. Or la taille de la dette publique britannique est équivalente à celle de la Grèce en rapport à leurs économies respectives. Si David Cameron veut acquérir la dimension nationale qui lui manque encore, il faut qu'il sorte de sa réserve et s'affirme en homme de rupture et non de consensus. L'électorat britannique ne comprendrait pas les accommodements dont s'entourerait un accord de coalition, trop semblable à ceux des partis continentaux qu'il méprise... n Il manque une dizaine de sièges ) au parti conservateur et à son allié FRANCECatholique n 3212 14 mai 2010 5

ACTUALITÉ Toujours les jeunes par Tugdual DERVILLE C 'est SOCIÉTÉ Il y a en France une jeunesse désorientée, qu'aucune institution n'a su préparer à l'avenir et qui fait peur. Le phénomène doit être pris très au sérieux, même s'il mérite d'être relativisé. une crise de début de siècle. À Paris et dans sa banlieue comme dans les grandes villes de France, les jeunes, en bandes, font peur. Les incidents se multiplient : rixes entre groupes rivaux, provocations face aux forces de l ordre, délinquance allant jusqu au viol collectif, en pas sant par toutes sortes de trafics. Inévitablement, les médias se focalisent sur les incidents les plus spectaculaires. Leur médiatisation provoque de nouvelles flambées de vio lence, par un phénomène d émulation entre les quartiers et les villes. Débordés, les pouvoirs publics échafaudent la riposte. Le dispositif répressif se durcit tandis qu on stigmatise l indulgence de la justice. Les jeunes font peur : on n en finit pas d en débattre. Qu ont fait les parents, l école, l État? Ces jeunes gens ont de 15 à 20 ans ; ils ont des codes vestimentaires qui leur tiennent à cœur : ils s identifient par certains tatouages, une façon de porter la casquette et leur coupe de cheveux. Ce début de siècle, c est celui du siècle dernier. Car ( c est en 1902 que ces bandes de jeunes ont semé la panique à partir de Ménilmontant et de Belleville, à l est de Paris. Ils ont été nommés Apaches. Le mot aurait fusé chez un policier stupéfait par l arrogance d un chef de bande. Puis il a été revendiqué par tous les délinquants. On les estime à 30 000. L irruption de cette crise est souvent attribuée à la régression de la religion. La Grande Guerre fera passer la société à d autres peurs, et des drames bien plus terribles. Il faudra attendre ensuite les blousons noirs pour retrouver ces vieux fan tômes et de nouveaux dé bats sur, par exemple, l in terdiction du Rock n roll, avant les sulfureuses Rave parties puis les apéros géants. L épopée des Apaches a donné le célèbre film Casque d or, avec Simone Signoret. Aujourd hui ce ne sont pas des fiacres qu on caillasse, mais des autobus. C est même un train entier dont 60 jeunes ont terrorisé les voyageurs entre Fréjus et Cannes en septembre dernier. Les bandes qui font peur sont plus colorées que celles du début du XX e siècle, et leurs codes vestimentaires ont évolué, mais elles nous placent devant le même sentiment d impuissance. Le phénomène n'est pas propre à la France ni à notre époque Avouons que pour la génération dorée du jeunisme (celle des quadra et quinqua d'aujourd'hui : une génération à laquelle on demandait avec respect son avis, comme si le jeune âge conférait alors la science infuse) la situation de la nouvelle génération n est guère enviable. Faire peur n est pas un programme pour la vie. Hélas, dans les enquêtes d opinion, c est «la rencontre avec une bande de jeunes excités» qui fait le plus peur à une majorité de Français, bien avant les promeneurs de Pit-Bulls et les ivrognes. Qu une tranche d âge soit quasiment assimilée à un rebut de la société sous la désignation de «racaille» pose bien sûr, d abord, la question de la responsabilité des adultes. Les éducateurs qui osent rencontrer ces jeunes ne cessent de nous alerter : «Qui les écoute? Qui leur fixe des limites? Qui les aime?» Le phénomène n est pas propre à la France ni à notre époque : les Britanniques, plus encore, voient dans cette jeunesse particulière une menace, et on trouve sur Internet beaucoup de citations très anciennes (trop souvent apocryphes cependant) sur l'éternelle incivilité des jeunes gens. Ce serait le propre d'une société vieillissante d'avoir peur de ses jeunes. Quant à ces jeunes eux-mêmes, selon les sondages, ils disent avoir peur principalement de l avenir! n 6 FRANCECatholique n 3212 14 mai 2010

Suite de la page 2 Barcelone, ont à leur tour été fermés le 8 mai, menacés par un nuage qui a atteint dans la soirée le sud de la France. On s'interrogeait en début de semaine sur les conséquences pour le voyage du Pape au Portugal autour du 13 mai... Le ministère français de la Défense a confirmé le 6 mai que les boîtes noires du vol Rio Paris qui s est abîmé en mer le 1 er juin 2009 ont été localisées avec une incertitude de 5 km, grâce à une nouvelle analyse des enregistrements sonores réalisés après le crash par des robots sous-marins. Marée noire : La compagnie BP a mis en place le 7 mai dans le Golfe du Mexique un coffre en ciment et acier de 100 tonnes capable de collecter 85% du pétrole pour le remonter en surface à bord de péniches ; mais ce dôme a dû être retiré le lendemain en raison de la formation de cristaux semblables à de la glace ; plusieurs solutions étaient alors envisagées dont la mise en œuvre exigeait plu sieurs jours, ou semaines... Sur les côtes, 400 km de boudins flottants et absorbants ont été installés ; la facture du nettoyage du littoral atteindrait d ores et déjà 2 à 3 milliards de dollars. Marché de l art : Un ta bleau de Picasso, Nu au plateau de sculpteur (1932), a battu un record mondial le 4 mai chez Christie s à New York au prix de 106,4 millions de dollars. États-Unis : Soupçonné d avoir organisé l attentat manqué de Times Square, un Américain d origine pakistanaise a été interpellé le 3 mai à l aéroport Kennedy alors qu il s apprêtait à prendre un vol pour Dubaï. La Sport : Des idoles déboulonnées Àpropos de ce qu il est convenu d appeler l affaire Ribéry, l écrivain Denis Tillinac, qui connaît le monde du ballon rond et ovale aussi bien que celui de l information, a relevé la «nausée» qui atteint de plus en plus les Français vis-à-vis de ces «gamins pitoyables» dont «les frasques sexuelles» ne font que provoquer «une aggravation du désamour» à l égard des Bleus (Valeurs actuelles, 29 avril). Mais il a également mis en cause des médias qui, à longueur d année, «propagent le culte des stars du foot», dont les «divinités ne sont que des gosses capricieux, immatures, milliardaires certes, mais esclaves d un système qui les manipule comme des pantins». Pour reprendre les termes d un observateur suisse, leur vie fait souvent penser à «un clip de rap pour la trilogie cul-fric-bagnole» (L Illustré, 28 avril). On peut d ailleurs se demander si les réactions de plus en plus vives face à des projets pharaoniques comme la construction d un immense stade à Lyon ne tiennent pas aussi à ce détachement vis-à-vis des nouveaux dieux, couplé aux craintes de contribuables inquiets du financement réel de ces opérations. Ce monde du sport d'élite, surmédiatisé, transforme ses membres en acteurs permanents de L île de la Tentation. Finalement, il relève d une nouvelle forme de polythéisme : les «dieux du stade» ont droit à tous les superlatifs et ces idoles deviennent des modèles. Mais, comme tout ce qui apparaît sur l écran, on ne sait plus très bien où se situe la frontière entre la réalité et la fiction, entre la «vraie vie» et le virtuel des jeux vidéo et des séries télévisées pour ne rien dire de la télé-réalité qui crée également un univers factice. Par certains côtés, comme les gladiateurs de l Antiquité, les acteurs jouent aussi le rôle de victimes. Non seulement parce qu ils n ont à attendre aucune pitié d une presse qui les écrasera dès lors que cela fera vendre ses articles, mais parce que c est leur destin : en étant sacrifiés, ils deviennent de nouvelles formes de héros et acquièrent un certain statut d immortalité. Il est significatif que la fameuse Zahia ait fait la couverture de deux magazines qui se situent à la limite du people et de l information, Paris-Match et Vsd. Elle a d ailleurs été déboutée de l assignation en référé lancée contre le second, le tribunal de grande instance de Paris ayant jugé que son image «semble en rapport étroit avec la procédure la concernant», notamment avec ses «tenues mettant en valeur sa plastique et ses capacités de séduction dans un contexte de sociabilité festive». Pour rester dans le domaine des boîtes de nuit, relevons aussi que le petit frère, François Ribéry pas converti à l islam et joueur de troisième division à Calais doit répondre, devant le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer, de violences aggravées, après avoir connu vingt-quatre heures de garde à vue. Ah, que la vie est dure pour nos champions! à moins qu ils ne soient tout simplement rattrapés par elle et ramenés dans le quotidien. Gabriel DELACOUR Acip police pakistanaise a opéré des arres tations en lien avec l'enquête. La Bourse de New York a connu le 6 mai un krach pendant 20 minutes à la suite d un décrochage très excessif de certains titres, décrochage qui serait dû à l erreur d un trader ou à une panne informatique... Somalie : Les rebelles islamistes se sont emparés de Harardere le 2 mai sans rencontrer de résistance ; ce port de pêche est la plus grande base des pirates somaliens. Russie : Des soldats de l OTAN ont défilé pour la première fois sur la place Rouge à Moscou le 9 mai à l occasion du 65 e anniversaire de la victoire sur l Allemagne nazie. Belgique : Le parlement belge a prononcé le 6 mai sa dissolution, ouvrant la voie à des élections anticipées le 13 juin prochain. Proche-Orient : L OLP a approuvé le 8 mai l organisation de pourparlers «indirects» avec les Israéliens. Indonésie : Un séisme de magnitude 7,2 a secoué le 9 mai la province indonésienne d Aceh. irak : Une vague d'attentats à frappé notamment des objectifs économiques le 10 mai, faisant au moins 80 morts et des centaines de blessés. L'attentat le plus sanglant a été perpétré à Al-Hilla, capitale chiite de la province de Babil (Babylone), sur le parking de la compagnie d'état des usines textiles. L'ex plosion de deux voitures a tué au moins 20 personnes. Le résultat des dernières élections législatives n'a toujours pas été validé par la Cour suprême et le gouvernement du Premier ministre sortant, Nouri al-maliki, continue d'expédier les affaires courantes, avec tout de même de beaux succès militaires contre Al-Quaïda dont deux chefs importants, Abou Omar al- Bagdadi et Abou Ayyoub al- Masri, ont été tués en avril. J.L. FRANCECatholique n 3212 14 mai 2010 7

DOSSIER Colombie : Textes : Noak et Corine LaCrampe photos : Noak/Le Bar Floréal la fin de la vio Ce pays des narcos et des paramilitaires est aussi celui des Indiens, des déplacés, des travailleuses des fleurs et des recycleurs d'ordures. Ici prospèrent de très riches. D'autres se battent aux côtés des plus pauvres. Ici s'est développée la théologie de la libération et cette église pour les pauvres chère à Don Helder Camara. La Colombie ne se réduit pas à la violence et au narco-trafic, aux prises d'otages et aux attentats. Cette image persistante colle de moins en moins avec la réalité du pays et attriste une population avant tout travailleuse, hospitalière et attachante. Depuis 2000, dans le cadre du Plan Colombie, les États-Unis fournissent une aide exceptionnelle et musclée pour la lutte contre le trafic de drogue. Dans le même temps, le gouvernement n'a pas ménagé ses efforts pour Dites-le avec des fleurs... Les fleuristes, ouvrières. trouver une solution politique au conflit armé l'opposant aux deux principales guérillas : les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) et l'eln (Armée de libération nationale). Le président Álvaro Uribe élu en 2002, réélu en 2006, a poursuivi sa politique sécuritaire et libérale. On lui a reproché des manquements aux droits de l homme, voire son implication dans des trafics douteux, mais sa popularité demeure immense. On est reconnaissant à cet homme, dont le propre père a été exécuté par les FARC et qui a survécu à une vingtaine d'attentats meurtriers, d avoir ramené une sérénité visible, et pas seulement dans les quartiers privilégiés. On peut se promener sans garde du corps à Medellin, même si la moyenne bourgeoisie reste particulièrement vulnérable aux enlèvements crapuleux. La fermeté du président Uribe s'est accompagnée d'une certaine retenue et ses offres d'amnisties se sont révélées sérieuses et durables. Quant aux accusations de «populisme», voire de «messianisme», complaisamment relayées sur Internet, elles feraient presque sourire quand on sait ce qui se passe dans les pays les plus proches Mais, d'après la constitution, Uribe ne pouvait pas se représenter ce 30 mai 2010, date du premier tour de l'élection présidentielle. Si l'on en croit les sondages, le ministre de la Défense du gouvernement actuel, Juan Manuel Santos, candidat choisi par le Parti social d'unité nationale, n'aurait que 35% d'intentions de vote au Les fleuristes, pendant une pause premier tour, alors que l'ancien maire de Bogota, Antanas Mockus, candidat du Parti vert, en aurait 34% (et 50% dans le cas d'un second tour) L'avenir est ouvert, sinon incertain Ce pays, riche d'importantes ressources naturelles, exporte ca fé (2 e rang mondial), huile de palme (5 e ), sucre de canne (8 e ), cacao (9 e ), coton, fleurs (2 e ), fruits tropicaux La Colombie est aussi

Bogota, en Colombie. lencia? le premier producteur mondial d émeraudes et extrait du pétrole. L économie colombienne a aussi sa part d'ombre : trafics clandestins de cocaïne, d émeraudes, d animaux sauvages En dépit des ressources, près de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté. La corruption est endémique et la société reste très inégalitaire : une poignée de grandes familles détient d immenses fortunes et 2% des propriétaires possèdent 80% des terres. À une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Bogota, les hauts plateaux de la Sabana, savane fertile de la capitale, déploient des centaines d hectares dédiés aux fleurs à couper. La Colombie alimente le marché américain tout au long de l année. Les 450 entreprises de fleurs de la Sabana emploient 50 000 salariés. À l'orée de Mosquera, une piste de terre dessert un quadrillage de serres et d ateliers. Les travailleuses arrivent à pied, en vélo ou en mobylette. Sous la canicule des serres de CI Sardines acata, les cultivatrices récoltent leur production par brassées. Chacune est responsable de sa plate-bande, de la plantation jusqu à la récolte, soit 5 000 pieds pour environ 50 000 fleurs en tiges Les fleurs coupées rejoignent l atelier Vistaflor où 140 ouvrières composent 15 000 bouquets par jour. Alignées par rangées, les femmes en uniforme bleu, debout devant leur petite table de travail, manient le sécateur, assemblent roses, lys, œillets, asters et branchages selon le modèle imposé, empaquettent leur création dans du crépon coloré et du papier cristal. Des camions réfrigérés relient l aéroport voisin : quatre jours entre la fleur coupée en Colombie et le bouquet en vente à New York. Curé des ouvrières de Vistaflor, Bernard Claireau appartient à la congrégation des Hijos de la Caridad, Fils de la Charité, spécialisés dans la pastorale des travailleurs. Heureux au milieu des pauvres, cet ancien prêtre-ouvrier, sidérurgiste et syndicaliste de Fos-sur-Mer, a résidé durant 15 ans au Mexique avant de rejoindre la Colombie et Mosquera où il dirige le séminaire de sa congrégation pour l'amérique latine : «Au Mexique, j étais pasteur des enfants de la rue et des drogués. Nous arrivions à faire du bon travail. C était moins complexe qu ici. Il y avait beaucoup de violence et de trafics, mais plus d humanité. En Colombie, surtout dans les quartiers pauvres, avec la guérilla et les paramilitaires, la peur reste infiltrée dans la rue. On se méfie de tout le monde. Il y a des menaces, des intimidations. Les gens se recroquevillent sur eux-mêmes. La police, les milices FRANCECatholique n 3212 14 mai 2010 9

Bogota. Manifestation, place Simon Bolivar, à Bogota. San Juan del Rioseco. San Juan del Rioseco. Transport de sacs de café. privées, les militaires, occupent le terrain. C est une guerre. Mais en renforçant la répression et les systèmes de surveillance, en montant des murs et en posant des alarmes, on se protège certes plus ou moins efficacement, mais on renforce aussi la peur et la violence. Comment vivre l évangile si on a peur? Nous voulons aller à contre-courant, développer la paix, la confiance, l espoir. Clamons fort qu il ne faut pas tuer, ni les innocents, ni les criminels. Si tu fermes les yeux, tu prends un chemin de mort. Le chemin de la vie, ce n est pas seulement lutter contre l avortement, c est aussi lutter contre la violence. Nous manquons de prophètes de paix aujourd hui.» Jairo, curé de la paroisse de Mosquera, apporte son soutien aux plus pauvres. Il est notamment connu pour son charisme auprès des jeunes. Sa marche nocturne avec les adolescents durant la Semaine Sainte connaît toujours plus de succès : «Nous marchons toute la nuit à travers champs et dans la montagne, vers Bogota, à la gloire de Dieu. Nous avons chacun un bâton de pèlerin où nous avons inscrit ce qui nous aide à vivre au quotidien : famille, amour, travail, argent, foi Nous parlons de la paix, la religion, la drogue, la sexualité» Beaucoup de jeunes vivent la violence dans leur propre famille. Avec Jairo, ils apprennent le dépassement de soi et la solidarité. À tour de rôle, ils aident les Recycleurs, à Bogota. Recycler les ordures ou nettoyer le quartier? bénévoles de la paroisse dans une bibliothèque et un restaurant du cœur pour enfants. À Mosquera vivent aussi deux sœurs de la Croix de Chavanod, congrégation d origine savoyarde, d inspiration ignacienne et salésienne. Leur modeste maison est située au cœur du quartier El diamente (qui n a rien d un diamant!) où vivent des centaines de familles de recicladores qui trient des tonnes d ordures, papiers, ferrailles ou plastiques, produites dans le grand Bogota. Leurs ateliers s alignent le long du rio Bogota, cours d eau embourbé et pollué par leurs rejets, où grouillent les rats et pullulent les moustiques. Les enfants acheminent à vélo des sacs d ordures géants, les adultes arrivent en camion, benne débordante. Ce recyclage est un bienfait pour l environnement et pour l économie qui gagne des matières premières à bas prix. Mais pour les recicladeros c'est un travail éreintant et dégradant pour quelques pesos par jour. Sister Molly et sister Irena sont originaires du sud de l Inde : «Notre mission est de révéler l amour et la miséricorde de Dieu. Nous vivons la joie du mystère pascal auprès des personnes en situation de précarité et d exclusion, en aidant particulièrement les femmes et les enfants.» Molly et Irina pratiquent la médecine traditionnelle indienne : réflexologie plantaire et massages. Leurs soins ne sont pas gratuits, car elles vivent de leur travail, mais restent accessibles 10 FRANCECatholique n 3212 14 mai 2010

Protection urbaine. Campements des déplacés lors d'une manifestation à Bogota. Bogota. San Vicente de Caguan, à Caqueta. aux plus pauvres : «Nos voisins sont des déplacés, souvent sans papiers ni couverture sociale.» Les sœurs et quatre bénévoles animent trois fois par semaine une école pour une vingtaine d enfants exclus du système scolaire. Pour aider les femmes, les sœurs ont aussi créé un petit atelier qui a lieu dans l église de tôle du quartier et dans leur arrièrecuisine. Cinq femmes se font un petit revenu en écrasant des fruits frais achetés au marché de gros dont elles extraient la pulpe avant de la congeler par petits paquets commercialisés. Lolita frappe à la porte et s'engouffre discrètement chez les sœurs. Elle se fend d un sourire radieux lorsque Molly la prend par le cou. Cette très jeune fille en cavale tente de sortir de la drogue et d'échapper aux dealers, aux exploiteurs, à la police. «Je ne consomme plus de drogue! Je suis libre!» affirme-t-elle en triturant une blessure à la cheville qui tarde à cicatriser. Un coup de couteau. Lolita exprime sa peur du Limpieza social, le nettoyage social : «Ils vont me tuer, je suis sur leur liste.» Lolita est terrorisée par ces groupes anonymes de type fasciste qui menacent de mort et liquident, sans scrupule et le plus souvent impunément, les marginaux, voleurs, drogués ou homosexuels. Lolita court pour échapper aux violences ou à la police et se terre... entre deux vols à l arraché. Molly et Irena offrent un havre à cette enfant de la rue qui a déjà un enfant et se sent toujours traquée, comme en perpétuel sursis. Un peuple qui se voue à tous les saints Sœur Consolata, à San Vicente de Caguan, à Caqueta. Les Colombiens, à 94% catholiques, sont fervents. Ils assistent à la messe dominicale, vont en pèlerinage, allument des cierges, savent toujours à quel saint se vouer. Ils ont beaucoup à demander à Dieu. On rend hommage à sainte Rita et au café, à l enfant Jésus et à saint Valentin, aux mères, aux fleurs, au travail et à tous les saints. La fête des Rameaux est parmi les plus populaires des fêtes religieuses. Durant la Semaine Sainte, de Santa Fé de Bogota à San Vicente del Caguan, le pays suspend ses activités. Les familles se rassemblent. Les citadins rejoignent leurs villages d'origine. Les fidèles vont en procession vers la cathédrale de sel de Zipaquira, la basilique du 20 juillet de l enfant Jésus ou la chapelle en tôle de Caracoli, dans l'immense bidonville de la cité Bolivar près de Bogota. Comme d'autres capitales, Bogota dégage une incroyable vitalité. Du haut de la montagne de Montserrate, on prend la mesure de cette belle ville qui s étend à perte de vue sur son plateau d altitude et sur les pentes des montagnes. Sur le sommet d à côté, l immense statue blanche du Christ de la Guadeloupe, les bras en croix, miroite au soleil. Puis, d'un coup, le ciel noircit et l orage déverse ces trombes d eau qui transforment les rues en torrent couleur terre. Les voitures lancent des gerbes d eau, les piétons se réfugient sous les avancées de toits, les cyclistes continuent à rouler pour éviter de tomber dans l eau L eau s engouffre, tournoie, gicle. L inondation gagne le sud de la ville, là FRANCECatholique n 3212 14 mai 2010 11

San Vicente de Caguan, à Caqueta. CaRtE D'IDEntIté Située au nord-ouest de l'amérique du Sud, la Colombie déploie des frontières avec le Panama, le Venezuela, le Brésil, le Pérou et l Équateur. De la haute montagne à l Amazonie avec ses 40 millions d hectares de forêt vierge, en passant par des plages de paradis, ce pays riche d'une extraordinaire biodiversité abrite 10 % des espèces végétales et animales du monde. Géographie Trois régions : la côte Caraïbe, au nord, les Andes, à l'ouest, avec la capitale Bogota, et l'amazonie qui représente presque la moitié du territoire. Les trois cordillères des Andes, Bogota. occidentale, centrale, orientale, traversent le pays du sud au nord avec des sommets culminant à plus de 5 800 m, des volcans et des neiges éternelles. Entre chacune s'élèvent de hauts plateaux (2 000/2 800 m d altitude) et de longues vallées. Histoire Les recherches archéologiques continuent à lever le voile sur les civilisations précolombiennes d'une grande richesse artistique et mystique. À leur arrivée, les Conquistadors pillèrent et exterminèrent les Indiens. Aujourd'hui, certaines tribus dans les forêts les plus reculées témoignent toujours d une vie ancestrale en contact intime avec les éléments naturels et leurs esprits. 1500 : découverte de la Colombie par Alonso de Ojeda, compagnon de Christophe Colomb qui donna son nom à sa nouvelle conquête devenue dès lors une colonie espagnole. 1818 : Simon Bolivar, le libérateur, proclame la Grande Colombie. 1863 : début des guerres civiles. 1899-1902 : la guerre des mille jours entre libéraux et conservateurs fait 100 000 morts, soit 3,5% de la population de l époque. 1948-1957 : nouvelle guerre civile entre libéraux et conservateurs. 1960 : libéraux et conservateurs célèbrent la fin de la violencia, mais apparaissent les premiers groupes de guérillas d extrême-gauche. Les plus puissants restent aujourd hui les FARC (forces armées révolutionnaires de Colombie), ces guérillas marxistes s opposent aux militaires, à la police et aux paramilitaires d extrême-droite, il s agit surtout désormais d une mafia généralisée où chacun se bat pour dominer la terre et le narco-trafic, ayant depuis longtemps oublié l idéologie qui anima les pionniers. 2002 : Uribe arrive au pouvoir, rupture des négociations avec les FARC, diminution de la violence et du sentiment d insécurité, réélu en 2006. Population : 45,6 millions d habitants, les Colombiens sont à 74% urbains et vivent à 95 % dans les hautes terres de l ouest. Composition : Métis (Indiens et Européens) 50 %, Européens 24 %, Mulâtres (Noirs et Européens) 20 %, Noirs 4 %, Indiens 2 %. Superficie : 1139000 km2 (deux fois la superficie de la France). Capitale : Bogota (7,3 millions), perchée à 2 600 m d altitude, la ville et les bidonvilles de sa périphérie qui grimpent à l assaut des montagnes s étend toujours plus. Espérance de vie : 72,2 ans. Fécondité : 2,6 (nombre moyen d'enfants/femme). Taux d'alphabétisation : 92 %. Langue officielle : espagnol. Langues indiennes : paez, wayuu, langues des familles chibcha, caribe, arauca. Religions : Catholiques 96 %, autres 4 %. San Juan del Rioseco. À lire «Le Petit Futé» consacré à la Colombie donne un éclairage utile sur les différentes régions du pays. «Cent ans de solitude» de Gabriel García Márquez, romancier colombien, journaliste et activiste politique mondialement connu. «Les gamins de Bogota» de Jacques Meunier, passionnante enquête sur les enfants des rues parue en 1977. 12 FRANCECatholique n 3212 14 mai 2010 Bogota.

où vivent les pauvres dans des maisons insalubres, menacées par les éboulements. L orage ne déloge pas les Indiens spoliés de leur terre qui campent depuis des mois sur la place de la cathédrale pour dénoncer l injustice. Au cours des dix dernières années, plus de trois millions de personnes ont été arrachées par les militaires ou les guérilleros ou les grosses exploitations agricoles ou les planteurs de coca, à leur terre natale et nourricière. Des Indiens, des paysans, des villageois s entassent à la périphérie des métropoles, sans emploi, sans ressources, inadaptés à la vie citadine. Même si le gouvernement, les ONG et plusieurs congrégations religieuses apportent un soutien à cette population traumatisée, la majorité de ces déracinés vivent dans des abris rudimentaires accrochés aux collines abruptes de la périphérie de Bogota. Quatre-vingt-dix km de routes sinueuses et cabossées relient Bo gota à San Juan de Rioseco, bourgade vivante au cœur des montagnes. En ce dimanche des Rameaux, la procession est bruissante des centaines de palmes géantes agitées par les fidèles. Les religieux et les figurants dont Marie sur son âne mènent la danse. La population converge vers la belle église de style colonial de San Juan et c'est un grand moment de cantiques fervents et de dévotion. Puis les familles se dispersent, les enfants jouent sur la grand-place, les hommes se rassemblent aux cafés. C'est jour de marché à San Juan. Les paysans ont acheminé leurs récoltes de légumes et de fruits à Vent d'espoir malgré tout San Vicente de Caguan, à Caqueta. dos de mule et les hommes à chapeau de cuir se rendent au bistrot à cheval. Les petits producteurs rejoignent la coopérative de café sur la place centrale portant à l épaule leur récolte dans des sacs de plastique blanc recyclé qui ont depuis longtemps remplacé les sacs de jute. L ambiance est bon enfant. La guérilla ne s affiche plus à San Juan comme dans bien d'autres contrées du pays. L'embellie sur la Colombie est-elle une chimère? De grosses fortunes s affichent toujours plus, alors que les quartiers pauvres s étendent toujours plus. La guérilla sommeille, mais n est pas éteinte. Les groupes paramilitaires se reconvertissent en sociétés de sécurité. Le narco-trafic continue. L environnement est malmené, par la déforestation, les tonnes de défoliants sur les cultures de coca, la pollution liée à la floriculture Toutefois, après des décennies de violence et de désespérance, un vent d optimisme souffle sur le pays. Le gouvernement développe une politique sanitaire et des programmes de réinsertion des enfants des rues. Les Colombiens de la diaspora, qui avaient fui la violence, reviennent en visite. La rumeur s amplifie : la Colombie est à nouveau fréquentable! Un tourisme timide s amorce. La société civile reprend du poil de la bête. Des chefs d entreprises, des artistes, des associations humanitaires et des particuliers de tous bords et de tous milieux, sans oublier l'église de Colombie, se mobilisent pour aider le pays à sortir de la violence, de la corruption et des trafics illicites, bien décidés à valoriser les nombreuses richesses colombiennes au profit du plus grand nombre et non plus d'une poignée qui exploite et maintient dans la terreur une large frange de la population. n Jardin botanique de Bogota. Bogota. FRANCECatholique n 3212 14 mai 2010 13

DOSSIER Rencontre avec le Père anto Défenseur des Indiens et de l Père italien de la congrégation de la Consolata, Antonio Bonami vit depuis 30 ans en Colombie. Il a passé 21 ans auprès des communautés indigènes du Cauca, prenant la relève du père Alvaro Ulque Chocue, prêtre indien militant pour la cause indienne assassiné en 1984. Antonio Bonami témoigne de cette période où fructifièrent la théologie de la libération et cette Église des pauvres révélées, dès 1968, lors de la conférence du Celam (Conférence épiscopale de l Amérique latine et des Caraïbes) de Medellin. San Juan del rio Seco. Les Rameaux. Le Père Antonio Bonami de la n En 1984, vous avez repris le combat du père Alvaro. Padre Antonio Bonanomi : À la fin des années 1970, le père Alvaro s'est employé à mobiliser les Indiens afin qu on ne puisse plus impunément les spolier de leur terre, les déplacer ou les réduire en esclavage. Il fallait passer outre les intimidations dans un Cauca soumis à la violence des cartels de la drogue et des militaires. Le but du père Alvaro était de créer du lien social. La communauté indienne ancestrale n'est pas fondée sur la solidarité mais sur la collectivité. Les jeunes, traditionnellement contraints au silence, ont fait bouger les choses et fourni des leaders plein d énergie. Les femmes aussi. Alvaro avait tracé la voie en lançant des CEB, communautés ecclésiales de base. Nous étions une équipe d'une vingtaine de personnes, religieux et laïcs. Il y avait deux sœurs colombiennes de la Madre Laura et deux religieuses françaises, filles de Jésus de Kermaria, congrégation bretonne. Nous avions en charge 100 000 paroissiens. L archevêché nous a bien soutenus. Nous allions dire la messe le jour des réunions communautaires. Nous travaillions avec les leaders des CEB, chevilles ouvrières du mouvement indien. Nous étions en pleine tourmente, entre les villages paramilitaires et ceux des guérilleros. En fait, nous étions considérés comme les religieux des Indiens et personne ne trouvait rien à redire. Nous allions en voiture, en moto et à dos de mule dans les coins les plus isolés, dormions sur des nattes... Les communautés nous faisaient un accueil formidable. C était une période exaltante. Nous étions portés par la foi. n Pouvez-vous nous rappeler l origine de la théologie de la libération? C'est un mouvement social, religieux et théologique, issu de l'église catholique, apparu en Amérique latine, à la fin des années 1950. Des catholiques progressistes, se démarquant du catholicisme conservateur, se sont engagés dans une action politique considérée comme un corollaire à l'engagement religieux dans la lutte contre 14 FRANCECatholique n 3212 14 mai 2010 Basilique,du Petit-Jésus (pèlerinage du 20 juillet).

nio Bonami a théologie libération la pauvreté. Théorisé par Gustavo Gutiérrez, à partir de 1972, ce courant théologique, parfois proche du marxisme, prône la libération des peuples. Ses représentants les plus célèbres sont les archevêques Helder Camara et Oscar Romero. n Le père Alvaro fut lui aussi une sacrée bombe à retardement L'ampleur de la Minga sur Bogota l aurait empli de joie! D'ailleurs, symboliquement, cette marche est partie du Cauca le jour anniversaire de sa mort. Un autre épisode, toujours en 2008, a dû le réjouir de là-haut : la révolte des Noirs qui vivent dans les terres basses du Cauca et travaillent dans les champs de cannes à sucre dans des conditions inhumaines. Alors qu'ils étaient des milliers en grève, au bout du rouleau, des communautés indiennes leur ont apporté de la nourriture. C était un geste fort. Non seulement ils n allaient pas mourir de faim, mais en plus ils reprenaient courage. Une solidarité n'aurait jamais eu lieu au début des années 1980. Cela montre le chemin parcouru en trente ans. La solidarité s est enracinée et s étend désormais à tous, sans considération ethnique. n Vous sentez-vous proche de Dieu à travers ce travail militant? Il faut être dans la marche du monde, l amour de Dieu doit être visible dans des actes concrets. Notre travail social et celui d évangélisation sont en accord. Il ne sert à rien de crier Jésus, Jésus, Jésus. Jésus n est pas venu pour célébrer la messe mais pour établir une communauté. La vie de l Esprit-Saint est partout, dans la foi comme dans l action sociale Noir, indien, blanc, chacun célèbre Dieu à sa façon. Les rituels changent, le fondement reste le même. Peu après la mort d Alvaro, dans la montagne, une femme m a révélé que le padre était venu dans mon corps, que j avais désormais un visage de blanc mais un cœur indien. Ainsi, c est la main de Dieu qui m a permis de poursuivre le travail d'alvaro n Centre-ville de Bogota, église Notre-Dame de Lourdes. Cathédrale de Zipaquira, mine de sel, à Condinamarca. église San-Francisco, au centre de Bogota, XVI e siècle. Centre-ville de Bogota, quartier de Lourdes. FRANCECatholique n 3212 14 mai 2010 15

lectures 7 e dimanche de Pâques (année C) par le Père Michel Gitton Entre un départ et une arrivée 17. 20 «Je ne prie pas seulement pour eux mais pour ceux qui croiront en moi grâce à leur parole. 21 Qu ils soient tous Un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi. Qu ils soient eux aussi en nous, pour que le monde croie que tu m as envoyé. 22 Je leur ai donné la Gloire que tu m as donnée, pour qu ils soient Un comme nous sommes Un : 23 moi en eux, et toi en moi : ainsi ils atteindront l unité parfaite, et le monde connaîtra que tu m as envoyé et que tu les as aimés comme tu m as aimé. 24 Père, si tu me les as donnés, je veux qu ils soient avec moi là où je suis : je veux qu ils voient ma Gloire, que déjà tu me donnes parce que tu m as aimé dès avant la fondation du monde. 25 Père juste, le monde ne t a pas connu, mais moi je t ai connu, et ceux-ci ont reconnu que tu m as envoyé. 26 Je leur ai fait connaître ton Nom, et je le ferai encore, pour que l amour que tu as pour moi soit en eux, et que je sois moi aussi en eux.» La particularité de ce septième dimanche de Pâques, c est qu il nous fait vivre la situation des Apôtres entre le moment où ils ont vu le Seigneur s élever dans les cieux et les quitter, au moins au plan de sa manifestation visible, et celui où ils ont été revêtus d une force d en haut, comme le leur avait annoncé Jésus luimême, c est-à-dire quand le Saint-Esprit les a pris dans son souffle. Il faut d abord nous interroger sur la raison pour laquelle les choses doivent se faire dans cet ordre. La présence de Jésus n est pas contradictoire avec celle de l Esprit, bien au contraire. Jésus a été «conçu du Saint-Esprit»; au Baptême c est le Saint-Esprit qui, sous l aspect d une colombe, a manifesté qu il était le Fils bien-aimé du Père ; l Esprit l a poussé au désert, animé sa prière, etc. Sur la croix, il l a exhalé, comme l ultime don qu il nous fait (Jean 19,30) ; après la Résurrection, il a soufflé sur ses Apôtres en leur disant : «Recevez l Esprit Saint» (Jean 20,22). Pourquoi déclare-t-il donc : «c est votre intérêt que je m en aille, si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas à vous» (Jean 16,7), étant entendu que le Paraclet (le Consolateur) est clairement un des noms de l Esprit? La réponse est simple : la Trinité se déploie dans notre histoire selon un certain ordre, pour que nous saisissions bien le rôle de chacun, en même temps que leur unité : le Fils a accompli son œuvre en portant témoignage au Père et il s est endormi dans la mort, le Père après le troisième jour a glorifié son Fils en le ressuscitant, et voilà maintenant que le Fils se retire juste assez pour faire toute la place à l Esprit divin. Les trois, à n en pas douter, agissent dans une union totale, comme le dit Jésus : «Tout ce que possède mon Père est à moi ; c'est pourquoi j'ai dit qu'il [le Saint-Esprit] vous communiquera ce qu'il reçoit de moi» (Jean 16,21). Mais, pour que nous ne confondions pas tout, pour que nous voyions dans l Esprit plus qu une force anonyme, que nous comprenions qu il s agit bien d une personne divine qui nous aime, on lui aménage une entrée distincte. Ses passages antérieurs étaient discrets et plutôt privés. Désormais il agit au grand jour, spécialement à travers l Église qui est le terrain de sa manifestation. De même que l Esprit était déjà là quand Jésus parlait et agissait, ce dernier n est pas moins présent alors même qu il se dérobe à nos regards. D une certaine manière il est même plus présent que jamais. N étant plus dans un rapport extérieur avec nous, comme les choses visibles qui nous entourent, il peut nous entraîner hors de nous-mêmes pour le rejoindre là où il est, près de son Père. Comme le dit excellemment saint 7 e SEMAINE Suite de la Grande «Neuvaine» jusqu à la vigile de la Pentecôte. par le Père Michel Gitton 7 e Dimanche de Pâques 1. Jésus qui se montre à ceux qui portent témoignage de lui et sont prêts à souffrir pour lui (lecture des Actes des Apôtres). Adorons Celui qui est la force des martyrs. Point spi : Ne nous contentons pas d ouïdire, demandons au Seigneur de nous montrer son visage. 2. Jésus qui nous accompagne depuis le début et qui nous accueillera à la fin (lecture de l Apocalypse de saint Jean). Adorons Celui qui peut dire : «Je suis l Alpha et l Oméga.» Point spi : Ne soyons pas oublieux de ceux que Dieu nous a confiés. 3. Jésus qui prie pour tous ceux qui seront touchés par la prédication de ses Apôtres, Augustin : «Pourquoi ne travaillons-nous pas, nous aussi, sur la terre, de telle sorte que par la foi, l'espérance et la charité, grâce auxquelles nous nous relions à lui, nous reposions déjà maintenant avec lui dans le ciel? Lui, alors qu'il est là-bas, est aussi avec nous ; et nous, alors que nous sommes ici, sommes aussi avec lui. Lui fait cela par sa divinité, sa puissance, son amour ; et nous, si nous ne pouvons pas le faire comme lui par la divinité, nous le pouvons cependant par l'amour, mais en lui». La joie paradoxale qu affichent les disciples après l Ascension, au moment où ils sont séparés de leur Maître ne peut venir que d une chose : la certitude de ne plus pouvoir jamais être séparés de lui. Les gens mariés savent bien cette tristesse, qui flotte sur tout amour humain, la peur de la séparation possible dans la disparition de l être aimé. Avec Jésus au moins, rien de tel : «le Christ ressuscité ne meurt plus!» s exclame saint Paul. Notre bien-aimé sera toujours à nous, tout ce que nous vivrons, il le vivra avec nous. Le premier gage de cela c est son Esprit, l Esprit qui l anime et qui devient notre Esprit. Viens, Esprit Saint! n Dimanche 16 mai - Première Lecture : Actes 7.55-60 - Psaume 97.1-2, 6-7, 9 - Deuxième Lecture : Apocalypse 22.12-14, 16-17, 20 - Évangile : Jean 17.20-26. 16 FRANCECatholique n 3212 14 mai 2010

DE PÂQUES qui vient les rejoindre eux aussi (lecture de l Évangile selon Saint Jean). Adorons Celui qui domine tous les temps et tous les lieux. Point spi : Sentons-nous chargés de ceux auprès desquels nous avons commencé à faire briller la lumière de l Évangile. Lundi : Fin des discours après la Cène (Jean 16, 29-33) + 4 e jour de la Neuvaine 1. «Voici l heure où vous me laisserez seul» ; Jésus sans illusion, malgré ses déclarations précédentes, sur notre solidité, mais il ne s arrête pas à cela. Adorons la clairvoyance de Celui qui sait, qui voit le fond des cœurs. Point spi : Ne nous cachons pas nos faiblesses, nos peurs et nos inhibitions. Confions-les lui. 2. «Je ne suis pas seul» ; Jésus abandonné des hommes, soutenu par Dieu, Jésus habité du feu qui ne s éteint pas. Adorons le Fils Bien Aimé, tout abandonné à l amour du Père. Point spi : Sachons que nous non plus, nous ne sommes jamais seuls. 3. «J ai vaincu le monde». Et comment! Jésus bientôt affronté à la Passion, impuissant devant le mal du monde et pourtant vainqueur. Adorons le Lion de Juda, l Agneau devenu lion, Dieu a mis tous ses ennemis sous ses pieds. Point spi : Forgeons-nous une âme de vainqueur : le monde ne peut rien contre nous. Mardi : Prière sacerdotale (Jean 17, 1-11) + 5 e jour de la Neuvaine 1. «Glorifie ton Fils» ; Jésus qui prie pour lui, Jésus qui aspire à l accomplissement de sa mission. Adorons Celui qui «dans un grand cri et dans les larmes» a supplié le Père pour être arraché à la mort, et qui a été exaucé. Point spi : Osons demander à Dieu de réussir notre vie. 2. «Moi, je t ai glorifié en accomplissant la tâche que tu m avais donnée». Jésus qui a conscience du travail accompli, de n avoir pas œuvré en vain. Adorons le Serviteur, le bon travailleur, dans la vigne du Père. Point spi : Ne perdons pas notre temps, accomplissons aujourd hui la tâche qui nous est fixée. 3. «En eux, j ai trouvé ma gloire» ; Jésus qui veut être fier de nous, Jésus qui nous a confié son honneur. Adorons notre Tête, celui qui nous a réunis et s est uni à nous pour ne plus former qu un corps avec nous. Point spi : Faisons honneur à Jésus Christ, oublions nos intérêts particuliers. Mercredi : Prière sacerdotale (Jean 17, 11-19) + 6 e jour de la Neuvaine 1. «Je les gardais dans la fidélité» ; Jésus qui revient sur son travail à notre service, qui nous révèle ses veilles, ses précautions. Adorons le gardien fidèle, celui qui ne dort ni ne sommeille. Point spi : Prenons soin de nos frères, sentons-nous chargés de leur salut. 2. «Je leur ai fait don de Ta parole» ; Jésus qui sait qu il a allumé le feu sur terre, qu il laisse une trace indélébile. Adorons celui qui ne laisse rien d intact dans notre chair, celui qui nous marqués de son sceau. Point spi : Passons et repassons dans notre cœur les mots incandescents que nous a laissés Jésus. 3. «Pour eux, je me consacre moimême». Il prend le plus dur, il se laisse marquer par la souffrance et la mort pour nous. Adorons l Agneau immolé qui prend sur lui notre mal. Point spi : Offrons-nous avec Jésus, prenons notre part de souffrance. Jeudi : Prière sacerdotale (Jean 17, 20-26) + 7 e jour de la Neuvaine 1. «Pas seulement pour les disciples» ; Jésus qui songe à tous ceux qui viendront et qui implore le Père de les garder unis à lui et entre eux. Adorons le Berger d un troupeau immense, de tous ceux qui sont encore à venir ; «J ai d autres brebis.» Point spi : Aimons tout ce qui contribue à nous unir les uns aux autres, rejetons ce qui nous sépare. 2. «Comme nous sommes Un.» Rien que cela! Pas n importe quelle unité, mais celle, précieuse, que Jésus a avec son Père. Adorons le Fils uni éternellement au Père, et faisant rejaillir cette unité en don généreux sur tous les hommes. Point spi : Cherchons dans la communion eucharistique le secret de notre harmonie ecclésiale. lectures 3. «J ai fait connaître ton Nom et le ferai connaître encore.» Toute la tâche de Jésus est là et pour l éternité. Adorons le Fils écho parfait de l être du Père, le rendant audible aux oreilles humaines. Point spi : Cherchons à nous avancer au cœur du mystère avec Jésus. Vendredi : après l apparition au bord du lac (Jean 21, 15-19) + 8 e jour de la Neuvaine 1. «M aimes-tu plus que ceux-ci?» ; Jésus qui interroge sur l amour, qui ne demande rien d autre. Adorons celui qui, tout amour, a voulu être aimé. Point spi : Renouvelons dans notre vie notre choix pour Jésus seul. 2. «Sois le Pasteur» ; Jésus qui communique à Pierre ce qui fait sa mission de bon Berger. Adorons notre Pasteur présent à travers les pasteurs qu il nous donne. Point spi : Exerçons avec crainte et tremblement les responsabilités qui nous sont confiées. 3. «Suis-moi.» Pas d autre chemin que celui que Jésus lui-même a pris pour nous. Adorons le Dieu qui appelle, qui intervient dans nos vies, qui ne nous laisse pas à nous-mêmes. Point spi : Acceptons de marcher à la suite de Jésus, même si c est au milieu des ronces et des orties. Samedi : après l apparition au bord du lac (Jean 21, 20-25) + 9 e jour de la Neuvaine et Vigile de la Pentecôte 1. Jésus qui entraîne Pierre derrière lui («Toi, suis-moi!»). Adorons le Guide qui entraîne ses amis derrière lui vers les cimes. Point spi : Ne lambinons pas quand Jésus montre la direction. 2. Jésus qui demande à Jean de «demeurer» jusqu à son retour. Adorons l Amant divin qui nous établit solidement dans son amour. Point spi : Ne nous agitons pas quand Jésus nous entraîne à l écart. 3. Jésus qui demande à Paul de témoigner de lui dans la grande cité païenne (cf. Actes). Adorons le Chef de son Église qui met chacun à son poste et lui confie une part de Sa mission. Point spi : Ne cherchons pas une autre place que celle qui nous est confiée aujourd hui. n FRANCECatholique n 3212 14 mai 2010 17

ÉGLISE CHRONIQUE ROMAINE par Natalia BOTTINEAU Message aux Belges Les membres de la Conférence épiscopale belge ont été reçus individuellement les 6 et 7 mai par le Pape, et en audience générale le 8 mai à midi. Mgr Léonard a ensuite tenu une conférence de presse L'archevêque a commenté pour la presse, en flamand et en français, le message que le Pape a remis aux évêques belges à l'issue de leur visite ad limina (du 3 au 8 mai). L archevêque a d'abord redit (il l'avait exprimée dans une interview à l'osservatore Romano publiée le 6 mai) la douleur éprouvée par l Église belge après la démission de l évêque de Bruges pour son implication dans une affaire de pédophilie des années 80. Dans son message, Benoît XVI fait une brève allu sion à cette crise - de confiance surtout - : «votre Église elle-même a été éprouvée par le péché». Rien de plus? Parce que, répond Mgr Léonard : la «chose est entendue», entre «lui et nous», il n y avait rien de nouveau à dire. La question a été évoquée par la visite à la congrégation pour la Doctrine de la Foi, compétente en la matière depuis 2001. Les évêques de Belgique rappellent leur exigence de «tolérance zéro». Dans leur gestion de la crise, ils se trouvent sur «la même longueur d ondes» que la Doctrine de la foi et Benoît XVI. «Qui s est rendu coupable de pédophilie ne peut être ordonné prêtre ni évêque», rappelle Mgr Léonard. Cette brève allusion «nous aide aussi, ajoute-t-il, à ne pas voir que ce problème-là». Benoît XVI a fait le tour des autres questions : il «connaît les dossiers», constate l évêque d Anvers, Mgr Johan Bonny. Mgr Léonard souligne le «contraste éloquent» entre cette brève allusion et le choix du Pape de parler longuement de saint Damien de Veuster : pour l archevêque, c est par la sainteté que l Église retrouvera sa «crédibilité». «Ce nouveau saint, dit le Pape, parle à la conscience des Belges», il a été «désigné comme le fils de la nation le plus illustre de tous les temps». Pourquoi? «Sa grandeur, vécue dans le don total de lui-même à ses frères lépreux, au point d être contaminé et d en mourir, réside dans sa richesse intérieure, dans sa prière constante, dans son union au Christ qu il voyait présent dans ses frères et à qui, comme lui, il se donnait sans réserve». La Saint-Damien a été fêtée pour la première fois le 10 mai : Damien «de Molokaï» a en effet été canonisé le 11 octobre 2009. «En cette Année sacerdotale, ajoute le Pape dans son lessage, il est bon de proposer son exemple sacerdotal et missionnaire, particulièrement aux prêtres et aux religieux». Mgr Léonard relève les encouragements de Benoît XVI pour les prêtres - éprouvés par les «amalgames» et les «généralisations» - et pour la pastorale des vocations. Les évêques vont regrouper leurs séminaristes de façon à ce qu ils ne soient pas isolés au cours de leur formation. Pour l évêque de Liège, Mgr Aloys Jousten, qui s exprime en allemand, «le Pape encourage aussi les laïcs, pour qu ils vivent l Évangile et le transmettent dans la société». L évêque de Tournai, Mgr Guy Harpigny, relève l invitation à «l annonce du Cette semaine, je soutiens Benoît XVI par «SMS» Dire sa proximité au pape Benoît XVI en lui adressant un SMS par téléphone portable : c est l initiative lancée le 9 mai par des associations et mouvements ecclésiaux italiens, avec le soutien de l émission religieuse dominicale «A sua Immagine» («A son Image») de la chaîne nationale RAI UNO. J ai envoyé : «Merci, Très Saint-Père, d avoir dit «oui» le 19 avril 2005», au numéro de portable italien : ++ 39-335 18 63 091 Tous les messages seront remis au pape d ici la fin du mois. Un rendez-vous de soutien au Pape a en effet été lancé pour le Regina Caeli de dimanche prochain, 16 mai, place Saint-Pierre (fête de l Ascension en Italie). Ceux qui ne peuvent pas être physiquement présents peuvent dire quand même leur participation par un «messaggino» («petit message»). La RAI transmet en direct chaque dimanche l Angélus ou le Regina Caeli. L animateur de l émission, Rosario Carello, a souligné que «c est une occasion unique de manifester sa solidarité au Pape». Voilà une réponse à ce que le cardinal Vingt-Trois dénonçait début avril comme «une campagne de dénigrement qui vise à salir le Pape». L initiative de ce SMS et du rendez-vous du 16 mai vient de la «Consultation nationale des groupements laïcs» («Consulta nazionale delle aggregazioni laicali», CNAL), représentant quelque 67 mouvements et associations catholiques italiens, de l Apostolat de la Prière à l UNITALSI bien connue à Lourdes. N.B. contenu objectif de la foi», de façon à favoriser «le contact personnel avec le Christ», dans l écoute de sa parole et dans les sacrements de l Église, d où l importance de la liturgie. Comme la Lettre pastorale des évêques de Belgique, Benoît XVI situe le défi au cœur de la foi : «la foi ne consiste pas uniquement à accepter un ensemble de vérités et de valeurs, mais d abord à se confier à Quelqu un, à Dieu, à L écouter, à L aimer, et à Lui parler, enfin à s engager à son service». n 18 FRANCECatholique n 3212 14 mai 2010

29 rue du Louvre, 78750 Mareil-Marly, tél. 01.39.17.30.10, aed@aed-france.org / www.aed-france.org Publi-partenariat FRANCECatholique n 3212 14 mai 2010 19

20 FRANCECatholique n 3212 14 mai 2010