Jardins en partage. http://www.developpement-solidaire.org 2 http://www.developpement-solidaire.org/spip.php?rubrique41. http://www.chenelet.



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Didier CHRÉTIEN Artisan de la participation, militant au Mouvement pour le développement solidaire 1 (MDS) Co-inventeur du projet Colportage des savoir-faire citoyens 2 Jardins en partage Activité populaire par excellence, moyen de subsistance pour d innombrables ménages, le jardinage potager avait, ces dernières décennies, perdu peu à peu de ses attraits, de manière inversement proportionnelle à l extension des étals de la grande distribution et au développement d autres activités plus modernes. Et voilà que, depuis quelques années, les jardins sont de retour, s inventent de nouvelles formes, s étendent jusqu au centre des villes, lorgnent même du côté des ronds-points pour prendre racine. Réel besoin de nature, de temps, de respiration comme nous le confiait une dame dans une Rencontre de la curiosité à Paris en mai 2009, impact du temps libéré par les 35 heures, écho aux émissions radiophoniques des Jean-Marie Pelt et consorts, relais des politiques de la Ville, poussée créatrice et planétaire dans le sillage de Gilles Clément 3, effet d entraînement du réseau Le jardin dans tous ses états 4? De multiples raisons expliquent l explosion de cette activité domestique et l éclosion de jardineries en tout genre - mais aussi ce formidable foisonnement de jardins collectifs et associatifs, dont certains connaissent des listes d attentes de plusieurs centaines de personnes. Je ne suis pas moi-même jardinier, seulement auxiliaire à mes heures, ayant la chance de vivre avec une personne passionnée qui nous régale toute l année de ses tableaux légumiers et fleuris, et me tire par la manche pour quelques grossiers travaux. Mais par ailleurs, grâce au projet Colportage, j'ai pu explorer des initiatives passionnantes, en plein cœur de Paris, belles histoires humaines dans des carrés de verdure, pas bien grands vus de la province, mais gigantesques pour des yeux citadins. Pourquoi cette soudaine évolution, ce succès populaire? Je ne prétends pas élucider seul cette question, mais tenterai d y contribuer en recensant quelques vocations de ces espaces verts en partage, au-delà de leur fonction de production de légumes, de fruits ou de fleurs. Je vous propose une promenade dans ces univers passionnants, afin de découvrir avec leurs habitants ce que l on peut voir, entendre, sentir, toucher du doigt ou 1 http://www.developpement-solidaire.org 2 http://www.developpement-solidaire.org/spip.php?rubrique41 3 http://www.gillesclement.com/cat-jardinplanetaire-tit-le-jardin-planetaire 4 http://www.chenelet.com/ 1

des papilles une fois passé leurs portillons. Observons tout d abord que les jardins familiaux (appelés autrefois jardins ouvriers) ou les plus récents jardins partagés sont des univers à part entière : archipels de plantes aux qualités nutritives, aromatiques, médicinales, esthétiques ; zoo-mondes d'oiseaux, de petites bêtes sans lesquelles les plantes ne se porteraient pas aussi bien, voire ne se porteraient pas du tout ; tableaux vivants de couleurs, de parfums, de saveurs, d humus ; et bien sûr rendez-vous d'amoureux de la nature ou du travail des mains, plus ou moins patients, plus ou moins écolos, curieux, créatifs qui apprennent à composer avec le temps et les cycles du temps. Il existe une variété de genres et de formes de ces espaces horticoles en Île-de-France. Au-delà du visuel qui révèle des conceptions différentes des pratiques, on découvre dans leurs histoires respectives des finalités variées, plus ou moins fortes selon les lieux : production vivrière, détente, éducation à l'environnement, lien social, insertion, etc. Dans chacun de ces endroits, selon ceux qui les habitent, on sème toutes sortes de réjouissances immatérielles en doses variables : rencontres, apprentissage de savoir-faire, sensibilisation à l écologie et autres animations, portes ouvertes, fêtes de quartiers, cinéma de plein air, défilés de printemps, ateliers de bricolage, etc. Lieux disputés, discutés Quand un espace foncier se libère en centre ville, il est l'objet de convoitises, sans limites, mettant en jeu des intérêts très puissants qui expliquent en partie la disparition des coins citadins de verdure. Faut-il privilégier des projets immobiliers ordinaires ou le logement social, l'implantation de services, des espaces de servitude, des activités à vocation économique, des espaces publics de détente, la mise sous cloche de conservatoires naturels, ou les projets d'innovation collective, etc.? Tout nouveau projet attise aussi les craintes : même les voisins de futurs potagers ne sont pas toujours accueillants à cette idée, imaginant toutes sortes de pollutions sonores à venir, inquiets d'avoir à supporter des jardiniers bavards ou fêtards, papotant toute la journée sous leurs fenêtres. Les conflits d intérêts posent à tout le moins la question de l appropriation du territoire par ses habitants et incitent à trouver des solutions, parfois à mener de vrais combats. Depuis deux mandats, avec ses élus Verts et PS, la Ville de Paris a développé une politique en faveur de jardins partagés. Chaque arrondissement possède le sien, mais il a fallu pour cela dépasser deux obstacles : les exigences de l administration municipale Parcs et Jardins, soucieuse de préserver les espaces verts dans un esprit conservatoire (j y 2

reviendrai plus loin) et la résistance de certains élus voyant dans la mise à disposition de terrains municipaux le risque de privatiser l'espace public, quand bien même les bénéficiaires seraient des associations d habitants. C'est devant le constat d'une réelle création de sens collectif que ces mêmes élus se sont laissés convaincre de l'intérêt de ce genre d'initiatives. Lieux de construction de soi, de re-pos, de re-création, de ré-éducation Le jardinage permet de se découvrir soi-même, de se situer dans le rapport au temps, à l'espace, à la nature et à l'effort. Il offre la possibilité d éveiller des sens endormis, de retrouver des odeurs oubliées, de se régaler les yeux, de se faire plaisir à regarder le grouillement de la vie, d échapper à la dureté du quotidien, de méditer, de simplement s'asseoir ou, pour les plus nostalgiques, de retrouver des racines, des souvenirs de terre natale. Il est un moyen de cultiver son jardin intérieur, de se re-poser, autrement dit se poser autrement. Mais une telle activité est aussi un moyen actif de création : produire des plantes, de la vie, des formes esthétiques, des savoirs, des questions sur le cycle des plantes, leurs modes de reproduction, leurs qualités, leurs propriétés médicinales, etc. C est jouer avec la nature, s inscrire soi-même dans un cycle biologique respectueux des autres, mettre en pratique certaines valeurs, participer à sa propre autonomie en prenant en main une partie de notre vie d'humain : être acteur-producteur et non seulement consommateur. Lieux d invention en continu de nouvelles relations sociales Dans les jardins collectifs, on échange pêle-mêle des trucs, des savoir-faire, des graines, des idées, des histoires personnelles, des moments de bonheur ou des réflexions. On s offre des compliments. On se sensibilise mutuellement à des questions qui n auraient effleuré personne, à des sensations inconnues. C'est un lieu de brassage entre générations, entre actifs et non-actifs, entre locaux et néo-habitants du quartier, entre écoles, centres de soins, associations de solidarité, etc. Ne nous contentons pas toutefois d une vision bucolique. Dans un jardin (soi-disant) partagé, de nombreuses tensions se révèlent au quotidien. Certains restent insensibles aux messages d alerte sur les dangers de l usage des produits phytosanitaires, d autres, parfois les mêmes, viennent là simplement parce qu ils n'ont pas la possibilité d'avoir un endroit à eux seuls, traduisant partagé par divisé-en-parcelles-individuelles-chacun-chez- 3

soi-les-vaches-sont-mieux-gardées ; du fait de conflits d usage et d éthique, la cohabitation est parfois difficile. La mise en présence d acteurs locaux, aux cultures et aux approches variées, impose des devoirs collectifs, exige de composer entre envies et intérêts, demande un processus cohérent de médiation. La Ville de Paris a mis en place un soutien spécifique, des démarches de suivi-accompagnement (réalisées par des consultants externes) pour aider la mise en place de ces initiatives permettant à certains collectifs de dépasser les clivages, les tensions inter-personnelles ou inter-institutionnelles. Par ailleurs elle a avec les associations élaboré une charte Main verte 5 pour régir l'esprit des jardins partagés en concordance avec l'administration de la Ville et le respect de l environnement. Au quotidien, les collectifs de jardiniers doivent inventer des formes de médiation, sans quoi ils s'exposent à dériver progressivement vers des formes d'appropriation individuelle de l espace commun, et donc à disparaître en tant que collectif. L apprentissage de la gestion des désaccords est fécond, générateur de nouveaux rapports entre société civile et puissance publique. Dans plusieurs jardins parisiens, ce type de conflit a constitué un élément fondateur pour la vie sociale du quartier, permis la création d'un tissu relationnel important qui perdure depuis plusieurs années. Lieux d'éducation à l'alimentation Dans les jardins collectifs il y a des individus gourmands... et aussi des après-midi gourmands, des repas collectifs, des concours de soupe. Je fais l hypothèse qu aujourd hui, dans la plupart de ces lieux en cœur de ville où la surface disponible se résume à quelques mètres carrés, le plaisir est plus fort que la nécessité de disposer de nourriture, ce qui ne signifie pas que les besoins n existent pas. Ces activités et ces animations culinaires constituent à mon sens une vocation éducative qui ne dit pas toujours son nom, et peut amener à davantage de responsabilité sur la question de l alimentation. On ne change pas facilement d'habitudes alimentaires, souvent déterminées par des facteurs sociaux, culturels, religieux ou économiques, mais le jardinage peut y contribuer. Il encourage à manger des légumes, à (re)découvrir des variétés qui résistent bien sans nuire à l environnement ou à notre santé, il offre la possibilité d'ouvrir nos sens. Par leur caractère collectif et le brassage des pratiques, les jardins en partage nous aident à entrer plus facilement dans une logique de compréhension du vivant, des liens entre la terre et l'assiette, la nature, les hommes, les cycles des saisons, les lunaisons, et à sortir des modes de consommation qui nous enferment. Modifier son comportement ne s'opère généralement pas individuellement par 5 http://www.paris.fr/portail/viewmultimediadocument?multimediadocument-id=10193 4

de simples mécanismes intellectuels, nous osons d'autant plus facilement que d'autres nous y initient. Le jardinage à plusieurs, un ferment pour notre société À travers cette visite à laquelle je vous ai conviés, et à défaut d avoir expliqué les causes sociologiques de la success story actuelle des jardins, nous percevons mieux quelquesunes de leurs utilités sociales, en quoi ils participent à faire société. Pousser les murs pour en créer un au milieu de la cité, redonner au végétal sa place dans nos cités minérales, jardiner à plusieurs, dépasser les conflits d intérêts particuliers, tout cela constitue un jeu d'invention de rapports sociaux et institutionnels nécessaires au bon équilibre des personnes et des communautés. Cette activité agri-culturelle féconde nos imaginaires, nous socialise, nous rééduque, nous apprend à expérimenter des chemins de notre propre autonomie. On pourra toujours regretter que ces micro-expériences soient bien trop petites pour changer notre capacité de reprise en mains de notre alimentation, le sens de notre société, notre relation à la planète, mais ils constituent des leviers pour des transformations plus importantes. Nous constatons que les Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne 6, destinées à favoriser l'agriculture paysanne et biologique qui a du mal à subsister face à l'agro-industrie, se développent en Île-de-France. Ne pouvonsnous pas faire l hypothèse que les jardiniers des centres villes et leur florilège d expériences y soient pour quelque chose, que leurs jardins en partage constituent des germes de métamorphoses? À lire : Laurence Baudelet, Frédérique Basset, Alice Le Roy, Jardins partagés Utopie, écologie, conseils pratiques, éd. Terre vivante, 2008. Didier Chrétien, Jacqueline Lorthiois, Laurent Assathiany, Animer un projet entre habitants dans l espace public, Livret Colportage à commander au Mouvement pour le développement solidaire, 2009. 6 http://www.reseau-amap.org/ 5