Chantale Beaucher, Ph.D. Université de Sherbrooke. 4 e congrès de l AQIFGA Avril 2010

Documents pareils
6 JANVIER 2015 REUNION D INFORMATION SUR L ORIENTATION EN CLASSE DE PREMIERE

La Structuration pragmatique de l approche commerciale

l ensemble des ayants droit en situation monoparentale avec enfant(s) de moins de 6 ans.

L immobilier d entreprise artisanale

Le référentiel professionnel du Diplôme d Etat d Aide Médico-Psychologique

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Les Assessment Centers.

BILAN ANALYTIQUE DES QUESTIONNAIRES DE CURIOSITAS

au stage d information professionnelle

Profil B ou profil E? Aide à la décision

CAMPAGNE BOURSIERE 2015/2016 PREMIERE COMMISSION LOCALE. DOSSIERS COMPLETS A DEPOSER AU PLUS TARD LE 25 SEPTEMBRE à 12H

Atelier du Comité 21 Parties Prenantes : les entreprises aux abonnés absents? Mercredi 11 avril 2013

ÉTABLIR VOTRE DOSSIER DE CANDIDATURE

Cabinet d avocat Leduc-Novi. Indemnisation du préjudice corporel des. personnes victimes d un accident de la route

Passeport pour ma réussite : Mentorat Vivez comme si vous mourrez demain. Apprenez comme si vous vivrez éternellement Gandhi

La mobilité professionnelle revêt

eduscol Ressources pour la voie professionnelle Français Ressources pour les classes préparatoires au baccalauréat professionnel

Relation entre deux variables : estimation de la corrélation linéaire

UN 1 ER SEMESTRE EN DEMI-TEINTE

web conversion 2 e édition Améliorer ses taux de Vers la performance des sites web au-delà du webmarketing Roukine Serge

Les Français, l Ecole et le métier d enseignant

Bâtissez-vous un avenir certain

LES ÉLÈVES INSCRITS EN FORMATION PROFESSIONNELLE ET LEURS BESOINS SPÉCIFIQUES DE SOUTIEN À LA PERSÉVÉRANCE ET À LA RÉUSSITE. QUI SONT-ILS VRAIMENT?

Commentaires. Michael Narayan. Les taux de change à terme

Placements sur longue période à fin 2011

Les Français et le pouvoir d achat

Annexe III : Le stage professionnel, réalisés au titre de l ISAP ou de l ISIC, doit permettre l identification de ces différents mécanismes.

le sociologue anglais Paul Willis ouvrait

Le Profiling SwissNova

double fiscalité attention à la trappe

I-zara est un nouveau moyen de fructifier votre argent 1 ACTION DEVIENT 4 ACTIONS

Annonces internes SONATRACH RECHERCHE POUR SON ACTIVITE COMMERCIALISATION :

ESAT Ateliers d'apprivoisement de la tablette tactile

ANNEXE I RÉFÉRENTIELS DU DIPLÔME. Mention complémentaire Maintenance des systèmes embarqués de l automobile 5

Métriques, classements et politique scientifique des Etablissements

24 novembre Présentation des résultats semestriels au 30/09/10

Lilia Parisot, DAEMI académie de Nice Jean-Paul Delbrayelle, Référent CLEMI Alpes-Maritimes académie de Nice

Sièges d auto pour enfants

Un écrivain dans la classe : pour quoi faire?

PREMIERE RUBRIQUE : VOTRE ETAT CIVIL, PRECIS ET COMPLET

Transférer une licence AutoCAD monoposte

7. Exemples de tests pour détecter les différents troubles de la vision.

Tableau de recueil des données concernant l auto évaluation. Nom de la structure :

LA PUISSANCE DES MOTEURS. Avez-vous déjà feuilleté le catalogue d un grand constructeur automobile?

Dossier de presse Holimeet

Enseignements d exploration de seconde. Sciences de l Ingénieur. Création et Innovation Technologiques

CMS. ing GED. Événements. Gestion de projets. Gestion commercial. Réapprovisionnement BPM. Collaboratif. Objectif. Statistique. Equipe.

Faculté des Sciences Mathématiques, Physiques et Naturelles de Tunis

Politique linguistique

VI-5 Les TICE, leviers de nouveaux modèles d évaluation

PROGRAMME BACHELOR BANQUE / FINANCE / ASSURANCE en 3 ans

Mastère spécialisé. «Ingénierie de l innovation et du produit nouveau De l idée à la mise en marché»

BOURSES DU GOUVERNEMENT DU JAPON Questions Fréquemment Posées / Réponses indicatives

NOTICE EXPLICATIVE. relative au cerfa n 14880*01. Contrôle médical de l aptitude à la conduite des conducteurs et des candidats au permis de conduire

Service de l adaptation scolaire et des services complémentaires

Fiche n 1 : Personnel salarié Chargé d enseignement vacataire

Evaluation du module "GESTION COMMERCIALE PARKINGS"

EXIGEZ L IMPOSSIBLE. Venez Partager, Supporter et Révéler votre véritable nature. Celle qui donne envie de gagner avec vous.

l originalité conseil en stratégies médias pour une croissance pérenne Your business technologists. Powering progress

Thème 2 : Cycle de vie des projets d innovation: ambigüité, incertitude, production de savoir et dynamisme

CONTEXTE... 3 PROFIL DES POSTES DE NOUNOUS... 5 AGE DU PLUS JEUNE ENFANT GARDE... 5 TYPE DE GARDE... 5 HORAIRES... 5

Persée.

Les 11 métiers présents dans les Travaux Publics

Thème 5: Les groupes et les réseaux sociaux

Mercredi 10 juin h30-22h30

PROGRAMME DE MENTORAT

Journée technique ARRA Gestion quantitative de la ressource en eau

- la mise en place du contrôle budgétaire est souvent mal vécue, car perçue comme une sanction par le personnel de l entreprise.

Unité 10. Vers la vie active

Chapitre 1 : Introduction au contrôle de gestion. Marie Gies - Contrôle de gestion et gestion prévisionnelle - Chapitre 1

Notice d installation et d entretien HOTTE INDULINE

CONFERENCE DE PRESSE VENDREDI 25 OCTOBRE h 45 à Agneaux (CCI, rue de l Oratoire)

ITIL V3. Objectifs et principes-clés de la conception des services

PROFESSIONNELS. Assurés en réseau avec MMA POUR VOTRE VÉHICULE PROFESSIONNEL

FONCTION DE DEMANDE : REVENU ET PRIX

LE HARCÈLEMENT PSYCHOLOGIQUE AU TRAVAIL AU QUÉBEC

Expertis. Étude Stress. Stress. sur le Éléments statistiques. Dr Brigitte Lanusse-Cazalé. Production : Le Laussat.

Normes de référence. Comparaison. Commande cognitive Sentiments épistémiques Incarnés dépendants de l activité

La santé des jeunes Rhônalpins en insertion

Baromètre Responsabilité Sociale et Environnementale du Secteur Automobile

FORMULAIRE DE DEMANDE DE CLASSEMENT D UN OFFICE DE TOURISME DE CATEGORIE III 1/5

FORMATION ECLAIRAGE PUBLIC

Protection de la ressource et Métiers de l Automobile. Intervention du 12 octobre 2009

ORGANIGRAMME DES ETUDES

Semaine de la finance pour les enfants et les jeunes Journées portes ouvertes du 10 au 14 mars 2014

éclairages QUI SONT LES ALLOCATAIRES INDEMNISÉS PAR L ASSURANCE CHÔMAGE? Près de 3 demandeurs d emploi sur 5 sont couverts par l Assurance chômage

progression premiere et terminale

Gestion et travail en autonomie. Rallye auto nomie

LE PROGRAMME DES CLASSES DE BACCALAURÉAT PROFESSIONNEL EN FRANÇAIS

Séminaires Paris le 14 et 15 mars 2007 Grenoble le 21 et 22 Mars 2007

BTS ASSISTANT DE GESTION PME À RÉFÉRENTIEL EUROPÉEN

Pièces à joindre RENTREE Qui peut bénéficier de la bourse de lycée?

ENCASTREZ UN EVIER ET POSEZ UN MITIGEUR A DOUCHETTE

Etude réalisée en partenariat avec le réseau de CMA et la CRMA de Bretagne, le syndicat Mixte MEGALIS et la Région Bretagne

Votre conférencier. Christian Martineau

Etudier à l'etranger. Informations. Enseignement ETATS UNIS

Le choix des séquences mathématiques et des sciences pour la 4ième et la 5ième secondaire

Le SAV 2.0. Atelier Adetem. 19 mars Emmanuel MIGNOT.

ACTIVITES PROFESSIONNELLES DE FORMATION : BACHELIER EN MARKETING

LES FONCTIONS IMPACTÉES PAR LE DIGITAL AU SEIN DES ENTREPRISES ET SERVICES DE LA DISTRIBUTION AUTOMOBILE // AUDIT #002

DROIT, ÉCONOMIE & GESTION MASTER GESTION DE PRODUCTION, LOGISTIQUE, ACHATS LOGISTIQUE ET TRANSPORT.

Transcription:

Chantale Beaucher, Ph.D. Université de Sherbrooke 4 e congrès de l AQIFGA Avril 2010

Pourquoi se questionner sur le rapport au savoir? Pourquoi il est question ici de relation Rapport au savoir : qu est-ce que c est? Le rapport au savoir: où ça? Des figures de cas Conclusion : la théorie des auto tamponneuses

Avertissement: Je n ai aucun lien de parenté avec Dieu!

Apprendre, c est quand j aime ça»: Les maths, c est pas important. Pourquoi? Parce que ça sert à rien. Pourquoi? Parce que j aime pas ça. C est pas intéressant. Pourquoi? Parce que c est pas important J aime la biologie. C est intéressant. Pourquoi? Parce que c est important Pourquoi? Parce que c est utile.

Sens? Intérêt? Progrès? Mobilisation?

Rapport au savoir

Une relation émotive intime subjective qu un individu entretient avec l apprentissage, le savoir qui traduit le sens ou le non-sens que prend l apprentissage pour une personne

Le rapport au savoir est contextualisé. C est un rapport aux autres, au monde et à soi-apprenant (Charlot, 1997). Il est évolutif: il se forme avec les années et les expériences. Il est le point de jonction vers lequel converge un ensemble de dimensions relatives à l apprendre. Il traduit la dynamique entre ces dimensions et rend compte du sens que l individu y attribue. C est un «rapport subjectif à des contenus objectifs et, plus largement à des pratiques qui le mettent en forme» (Jellab, 2001).

L identification des savoirs (quels types de savoirs sont perçus comme significatifs?) L utilité, l importance et le plaisir retiré (ou l inverse de ces attributs) de l apprentissage Les lieux où sont faits les apprentissages significatifs Les personnes impliquées dans l apprentissage La signification «d apprendre» au sens large L apprentissage dans un contexte scolaire Le soi-apprenant L évolution de la relation avec le savoir (la dégradation, l amélioration ou le maintien de la qualité de la relation) Apprendre plus tard

Enthousiaste Le savoir, levier pour le développement de l humain Persévérant Le savoir, levier vers le progrès Rapport au Savoir Confiant Le savoir, levier vers la culture Le savoir, levier vers l adaptation Paradoxal Le savoir, levier vers l activité humaine Craintif Le savoir, levier vers l avenir Utilitaire

Rapport au Savoir paradoxal Le savoir, levier vers l adaptation Relation ambiguë avec l apprentissage: le goût d apprendre est annoncé, mais il s oppose à une absence d implication personnelle. Ce qui fait sens: les résultats scolaires. L apprentissage lui-même est dénué de sens. Mobilisation sans implication, par conformisme: faire ce qui est attendu. Établir des liens entre l apprentissage et un but professionnel ou un intérêt personnel Valoriser l implication personnelle dans l apprentissage, la mobilisation «pour soi-même» plutôt que pour les autres. Clarifier «l utilité» des apprentissages réalisés.

Rapport au Savoir enthousiaste Le savoir, levier pour le développement de l humain Relation positive et dynamique avec l apprentissage. L apprentissage fait souvent sens. Une mobilisation sur l apprentissage est visible à l école, mais aussi en dehors de l école. L apprentissage est valorisé sous de multiples formes. Apprendre, c est la vie! Encourager la poursuite de buts. Contribuer à canaliser les énergies. Encourager à demeurer aussi ouverts! Féliciter!

Rapport au Savoir confiant Le savoir, levier vers la culture Ce qui fait sens: ce qui permet de comprendre le monde. Mobilisation sur l apprentissage. Même si le sens n est pas visible a priori, les personnes croient que «ça servira bien un jour». L accumulation de savoirs est recherchée. Miser sur la curiosité intellectuelle des sujets. Faire verbaliser sur le sens de l apprentissage. Mettre en relation une visée, un but et l apprentissage. Canaliser les intérêts lorsqu il y a un éparpillement.

Rapport au Savoir utilitaire Le savoir, levier vers l avenir Ce qui fait sens: ce qui a une utilisation concrète, pratique et évidente. Mobilisation sur les contenus rentables : calcul coûts / bénéfices. Ambivalence plaisir / avenir. C est le diplôme qui compte, pas l apprentissage. Éloigner la réflexion du calcul coûts/bénéfices. Miser sur les goûts, aptitudes et qualités. Clarifier le sens des apprentissages lorsqu il n apparaît pas de façon évidente.

Rapport au savoir persévérant Le savoir, levier vers le progrès La relation avec l apprentissage est tendue, marquée par la difficulté. Les efforts sont constants, malgré les résultats qui se font attendre. Les savoirs pratiques, concrets sont valorisés, au contraire du savoir théorique dévalorisé. Faire ressortir l utilité pratique des savoirs théoriques. Encourager la progression, les réussites, même à petite échelle. Situer régulièrement les apprentissages découpés dans un ensemble plus large.

Le rapport au savoir craintif Le savoir, levier vers l activité humaine Très forte opposition théorie / pratique, école / vraie vie. Rejet «officiel» de ce que représente l école. Intérêt nommé et observé pour l apprentissage. Curiosité (dissimulée) pour certains savoirs. Faire ressortir les liens entre la théorie et la pratique. Nommer les liens entre les apprentissages scolaires et la vraie vie. Agir subtilement éviter de brusquer. Miser sur la curiosité qui ne demande qu à émerger (en faisant semblant de ne pas savoir ).

Heurter les voitures, ne donne rien Ouvrir la portière, et donner un «lift» à l autre chauffeur! Le rapport au savoir est une relation. Pour que l apprentissage soit possible, il faut d abord établir la relation.