BIOGRAPHIES DE GRANDS SAVANTS ANDALOUS Abu Zuhr, alias Avenzoar (1091-1162) Desonvrainom,AbuMarwanAbdel-MalekIbnAbial-AlaaZuhr,estnéàSévillevers1091. Issu d'une famille baignée dans la médecine, c'est dans cette continuitéqu'ilétudiaàl'universitémédicaledecordoueaprèsavoir faitdesétudesislamiquesetdelettres. Scientifique d'abord, persécuté durant le règne des Almoravides et emprisonné pendant 10 ans à Marrakech, il obtint le soutien nécessaire unefois lerègnede ladynastiedesalmohades établie. C'estdurantcettepériode,qu'ilrédigeasesplusgrandsouvrages. Ses travaux portant principalement sur la médecine étaient caractérisés par l'importance qu'il donnait à l'expérimentation et l'observation. Il a d'ailleurs parfait ses connaissances de l'anatomie par l'exploration du cadavre humain, procédé innovant de son temps. Sarigueurscientifiqueluipermitd'aboutiràladécouvertedemaladiesalorsinconnuesouàdes procédés chirurgicaux inexplorée jusque là. Il étudia entre autres les maladies pulmonaires et parvint à une connaissance détaillée de la trachée au point où il fut le premier à expérimenter "l'alimentationartificielle"parinjectiondesérumnutritif. Sil'ondevaitretenirunouvrageparmil'ensembledesonœuvre,"Kitabal-TayssirfilMudawatwal Tadbir»traduitparLivredelasimplificationconcernantlathérapeutiqueetladiététique,sembleêtre celuiparlequelilmarqualaplusforteempreinte.considéréecommeunevéritableencyclopédie médicale,l'œuvreinspiraibnruchdquiproduisitparlasuiteuneétudecomplémentairesousle nomde«kitabal-kulliyyatfiltibb»(généralitéssurlamédecine) Considéré comme l'un des plus grands médecins andalous, il exerça principalement à Séville jusqu'à sa mort en 1162. Il laissa derrière lui l'empreinte de son œuvre très influente, et ce jusqu'auxviiesiècle.
Ibn Rochd, allias Averroès (1126-1198) «L aveugle se détourne de la fosse où le clairvoyant se laisse tomber». Ibn Rochd. Abou al-walid Muhammad ibn Ahmed ibn Rochd, alias Averroès,appartientàunegrandefamilledelettrésparmilesquels desjuristesetdesthéologiens.songrand-pèreétaitungrandcadi (juge)àcordoue.ilétudiaauseindelacellulefamilialelecoran, latraditionetledroitmusulman.ayantacquissonautonomieet son indépendance, il se mit à étudier les mathématiques, la physiqueetlamédecine. A45ans,ilexerça,àsontour,lafonctiondecadiàSévilleen 1169puisàCordoueen1171.Ilapuréformerl administrationde la justice à Marrakech où il mourut en 1198. En 1182, il devient le médecin attitré du calife Abou YakoubYousoufdeCordoue.Trèspassionnéparlaphilosophie,illuiconsacral essentieldesesétudes, particulièrementaristotedontilfutunadmirateuretungrandcommentateuretquiafaitsarenommée. Pour Thomas d Aquin(Théologien et philosophe occidental), Averroès est le seul Arabe qui a pu donnersonnomàuncourantphilosophiqueeuropéen:«l averroïsme». Samaîtrisedelaculturearabo-islamiqueetsonsavoirencyclopédiquedelapenséeantique(grecque, latine, persane) ont fait de lui une grande figure intellectuelle de son époque. Il a marqué, de son empreinteetdemanièredurable,uneintellectualitéquiarayonnéeneuropeoccidentale. IbnRochdestàl originedutransfertd unvéritabletrésorcognitifdelaphilosophieetdelascience,en général, des Penseurs grecs. Beaucoup affirment qu Aristote n est connu en Europe que grâce à la traductionlatinefaitesurlatraductionarabed Averroès. L espritrationneld IbnRochd IbnRochdavoulumontreretdémontrerlacompatibilitéentrelaphilosophieetlareligion quisont toutes deux sources de sagesse. La première(philosophie) est une théorie spéculative qui va à la découvertedubeau,dubienetdelavéritédivine.ilrelèvequelecoranmêmerecommandeaufidèle une connaissance rationnelle de l univers. Il se réfère, pour cela, au verset coranique:«dis: sont-ils égaux ceux qui savent et ceux qui ne savent pas? Seuls les doués d intelligence se rappellent». Ce verset,àluiseul,montrelasuprématiedeceuxquidétiennentlesavoirparrapportauxautres,àtous lesautres. «LisaunomdetonSeigneurquiacréétoutechose,quiacréél hommed uneadhérence.lis!etton Seigneuresttrèsnoble,Quiaenseignéparlaplume,aenseignéàl hommecequ ilnesavaitpas».ce versetetbiend autresrappellentlefidèleàacquérirplusdeconnaissancespouradorerdieuavecplus de luminescence. Pour Ibn Rochd, la vraie religion consiste à adorer Dieu dans la luminescence du savoir qu Il a toujours prôné et exhorté les fidèles à l acquérir. Il a créé l univers selon des lois mathématiquement immuables, donc accessibles à l intellect actif et, par voie de conséquence, à la raison capable de comprendre, de mesurer, de classer les phénomènes naturels afin de rendre l univers intelligible. C est, peut-être, cela qui a conduitibnrochdàs intéresserauxmathématiquesetàlaphysique. Mémoires d Al Andalous En-haut, Toile du XIV siècle représentant Averroès, par Andrea di Bonaiuto
Ibn Khaldoun (1332-1406) Ibn Khaldoun, de son nom complet Abou Zeid Abdou-Rahman Ibn MuhammadIbnKhaldounal-Hadrami,néle27mai1332àTuniset mortle17mars1406aucaire,estunhistorien,philosophe,diplomate homme politique d'afrique du Nord. Ibn Khaldoun est issu d'une famillenobleetraffinée,lesbanikhaldoun,quivécutdanslarégionde Séville(Andalousie)pendantplusieursgénérations. et Sa façon d'analyser les changements sociaux et politiques qu'il a observés dans le Maghreb et l'espagne de son époque a conduit Abdelaziz Daoulatli (grand historien contemporain arabe) à le considérercommeun«précurseurdelasociologiemoderne.maisibn Khaldoun est surtout un historien de premier plan auquel on doit la Muqaddima (traduite par les Prolégomènes et qui est en fait son Introductionàl'histoireuniverselle)etLeLivredesexemplesouLivre Statue d Ibn Khaldoun à Tunis desconsidérationssurl'histoiredesarabes,despersansetdesberbères. Cesontdeuxouvragesrésolumentmodernesdansleurméthode,IbnKhaldouninsistantdèsledébut sur l'importance des sources, de leur authenticité et de leur vérification à l'aune de critères purement rationnels.georgesalfredmarçais(orientalistefrançais)affirmeque«l'œuvred'ibnkhaldounestun desouvrageslesplussubstantielsetlesplusintéressantsqu'aitproduitl'esprithumain». Abu Al-Qasim (940-1013) Desonnomcompletenarabe,Aboual-QasimKhalafibnAbbasal-Zahrawi connuenoccidentsouslenomd'albucasis,néàmadinatal-zahra Espagne en 940 et mort à Cordoue en 1013, est l'un des plus grands chirurgiens musulmans,considérécommeundespèresfondateursdelachirurgiemoderne AbuAl-QasimétaitunmédecinàlacourducalifeAl-HakamII.Ildévouasa vieentièreàl avancementdelamédecine,enparticulierlachirurgie.sagrande œuvre,al-tasrif(lapratique)estuneencyclopédiemédicaledetrentevolumes quifaitlebilandesconnaissancesmédicalesdesonépoqueetlesconfronteà sonexpériencepersonnelle. AbuAl-Qasimaréalisé,décritetcomplétédenombreuxgesteschirurgicauxcomme: latrépanation(ouverturecrânienne) lesamputations le traitement des fistules, des hernies, de l'imperforationanale Le traitement chirurgical des ostéoarthrites tuberculeuses notamment vertébrales(maldepott)septsièclesavant Pott lacured'anévrisme l'opérationdugoitre lalithotomie l'excisiondesvarices L utilisation de cautères pour faire l'hémostase. ( )
Ibn Hazm (994-1064) De son vrai nom Abû Muhammad Alî b. Ahmad B. Sa îd, Ibn HazmestnéàCordouele30en994.Enparfaitandaloudeson temps, il fut à la fois poète, historien, juriste, philosophe et théologienetconnutuneviemouvementéepardesdéplacements liésàl'instabilitéducontextepolitiqued'alors. En effet, après une enfance imprégnée par une éducation très raffinéeaupalaisdecordoue,ilfutcontraintdequittercetteville pouralmeria,oùsaprésuméesympathiepourlesumayyadeslui value plus tard l'emprisonnement puis le bannissement. Il rejoint alors Valence et se mit au service du prince omeyyade Abd RahmanIV,pourensuiterejoindreànouveauCordouesuiteàla défaiteetl'assassinatdecedernier. DésormaisIbnHazms'adonnaàlaScienceexclusivementetmis finàtouteviepolitique.cequinemitpourtantpasuntermeà Statue d Ibn Hazm à Cordoue cetteexistenceagitéepourautant. En effet, il adopta les pensées de l'école musulmane Zâhirite, caractérisée entre autres par la condamnation formelle de tout raisonnement par analogie (Qiyas) et le seul attachement aux sources de déduction que sont le Coran et la Sunna prophétique en matière de dogme et de jurisprudence. IlécritsonKitabalIhkamfiUsulialahkam(Livresurlesfondementsdesproblèmesjuridiques)ou encore son Kitab al fisal fil milal wal ahwa, une sorte d'histoire polémique religieuse critique à l'égarddecequ'ilconsidèrecommedifférentessectesetritesmusulmans. On peut donc aisément concevoir que de telles théories se soient heurtées aux théologiens orthodoxes et aux autorités politiques qui les soutenaient. A nouveau, il subit nombreuses persécutions, vit ses ouvrages publiquement brulées, subit l'interdiction de professer à la Grande Mosquée de Cordoue, banni de province en province jusqu'à finir ses jours à Casa Montija en 1064. Outresondegrédesavoirenmatièrereligieuse,onretientdelui,sonsensaiguedesbelleslettres arabes, de la grammaire qui lui permit de s'épanouir dans la poésie. De cette érudition dans le domainedelalittérature,nousconnaissonssaplusgrandeœuvretawqalhamama(lecollierde la colombe), recueil de poésie sur l'amour, au caractère vivant, original et surtout personnel car aucuneréférenceàunécritouunmytheantérieurnes'ytrouve. L'auteur nous parle ici de l'amour, de ce qui fait naitre cet amour, de son processus de développement. Il oppose les caractéristiques de ce sentiment amoureux et leur contraire(de la discrétionenamour,ilpasseparladivulgationdesessecretsetc..),cequienrichitsonœuvred'un aspectpsychologique. Deparsarigueurreligieuse,IbnHazm,achèvesonœuvrepardeuxchapitresmorauxtraitantdes limitesànepasdépasserenamour,desvertusdelachasteté,traitedel'abominationdupéché,le toutencitantlesparolesduprophète(hadiths)accompagnésdeleurchainedetransmission.
Maïmonide (1135-1204) Maïmonide est un Savant juif andalou. De son nom arabe, Abou Omrane Moussa ibn Maïmoun ibn Abdallah al-kourtoubi al- Yahoudi naquit et vécut à Cordoue en Andalousie jusqu'à l arrivée des Almohades, où il accompagna sa famille dans de nombreuses villes du royaume d Al Andalous dont Alméria, puis Fez ou encore l'egypteoùildevintconseillerdusultan. Théologien du Judaïsme et grand médecin de son temps, ce sont principalement ses travaux philosophiques qui lui valurent la postérité. Danssonouvrage,Dalâlatal-hâ irin(guidedeségarés),iltentede concilier la pensée philosophique d'aristote à la pensée biblique. Il procède à une analyse minutieuse des textes bibliques en essayant d'en découvrir et d'en cerner la signification exacte, à travers les Statue de Maïmonide à Cordoue symbolismes et les allégories du texte sacré. Pour cela, il puise son inspiration du rationalisme et de la logique d'aristote, au même titre que beaucoup des ses contemporainséruditsetphilosophesarabes. Desesconnaissancesmédicinales,onretientdeluisavolontédenepasdissocierlecorpsetl'âme. Ilpuisaitdanslesnotionsdemédecinehébraïque,s'inspirerdelamédecinepratiquéeàsonépoque et des connaissances de médecins arabes, et enfin sur ses proches recherches et expérimentations, toutenbannissantformellementtoutesuperstition. Unedizainedelivresdemédecineluisontattribuésquiontétéécritsenarabeavantd'êtretraduit enhébreudontsontraitédesaphorismesmédicaux.baséenpartiesurlesécritsdesmédecins grecs,cetouvrageenglobeplusieursaspectsdelamédecine:lessymptômes,lediagnosticetle traitementdesmaladies. Ibn Baja (1085-1138) Ibn Baja ou Abu Bakr Mohammed ben Yahya ben as-sayegh, dont le nom latinisé est Avempace, philosophe, médecin, astronome, géomètre, musicien et poète andalou, né à Saragosse vers 1085, et mort empoisonné à Fès vers 1138 après un passage paroran,ileutpourmaîtreavenzoar. Esprituniversel,musicien,compositeur,poète,scientifiqueetvizir, auteurdelalettred adieu,l Epîtredelaconjonctiondel Intellect agent avec l Homme et le Régime du solitaire. Il compose également des chansons et des poèmes populaires et s adonne à l étude des mathématiques, de l astronomie et de la botanique. Auteur d'ouvrages de mathématiques, de métaphysique et de morale fort estimés des Arabes et souvent cités avec éloge par Ibn Tofaïl, il professait une philosophiemystiquequilefitaccuserd'hérésieparsescoreligionnaires.
Al Idrisi (environ 1100-1165) Onconnaîtpeudechosessurlavied'Al-Idrisi, desonnomcompletabuabdallahmuhammadibn MuhammadIbnAbdallahIbnIdrissal-Qurtubial-Hassani,connuaussisouslenomlatindeDrees. IlseraitnéàCeutavers1100,quifaisaitàl'époquepartiedel'empiredesAlmoravides,dansune famille noble d'al-andalous, pays où il semble aussi avoir étudié, à la ville califale de Cordoue (d'où le nom Qurtubi), et serait mort vers 1165. Sa famille provenait certainement de Malaga, dominéeparladynastiedesdriss.ilauraitvoyagéaumaghreb,enpéninsuleibérique,etpeut-être même en Asie mineure, rapportant de ses voyages des notes sur la géographie et la flore des régionsvisitées.onconnaîtmalles circonstancesdesavenueensicile oùilarriveàpalermeen 1138. Le roi normand Roger II de Sicile l'aurait appelé à sa cour pour y réaliser un grand planisphèreenargentetsurtoutpourécrirelecommentairegéographiquecorrespondant.cetravail luiprendra18annéesdesavie.onperdsatraceen1158,aprèsqu'ileuteffectuécetravail. Al-Idrisiamisaupointuneautreencyclopédiegéographique,pluscomplèteencore,quel'auteura intitulée Rawd-Unnas wa-nuzhat al-nafs(plaisir des hommes et joie de l'âme), livre également connucommekitabal-mamalikwaal-masalik(livredesroyaumesetdesroutes). Al-IdrisiasoutenulathéoriedelasphéricitédelaTerreetbienquesescartesaientlaformed'un disque, il a expliqué que le disque symbolisait uniquement la manière du monde:" La terre est ronde comme une sphère, et l'eau s'y tient et y resteparlebiaisdel'équilibrenaturelquinesubit pas de changement". Comme il l'a suggéré par sesobservations,al-idrisipensequelemondeest rond, n'étant pas le seul à insister sur ce fait: contrairementàl'idéefausseselonlaquelletoutle mondecroyaitjusqu'àchristophecolomb,quela Terre était plate, de nombreux chercheurs et astronomes pensaient que la Terre était une planèteaumoinsdepuislev e siècleav.j.c Àcôtédelabotaniqueetlagéographie,Al-Idrisi aaussiécritsurlafaune,lazoologieetlesaspects thérapeutiques. Son œuvre écrite en arabe a été traduite rapidement en latin. Ses livres sur la géographiesontrestéspopulairesplusieurssiècles en Orient et en Occident, et sont considérés commelabasedelagéographiemoderne CartedumondeselonalIdrisi,orientéNord/Sud