1. Descartes. 1. Descartes I PARTIE APPROCHES HISTORIQUES: DE DESCARTES À KANT CHAPITRE I: LE COGITO DE DESCARTES 05/11/2013

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Transcription:

I PARTIE APPROCHES HISTORIQUES: DE DESCARTES À KANT CHAPITRE I: LE COGITO DE DESCARTES Descartes, Hume, Kant et les idéalistes allemands 1 2 1. Descartes L origine du débat moderne concernant la connaissance de soi se situe probablement dans la philosophie de Descartes. Il y a certainement eu d autres auteurs avant Descartes, notamment AugusEn, qui ont proposé des démarches semblables. Mais aujourd hui encore c est bel et bien Descartes auquel on fait référence pour parler d une certaine concep.on de la conaissance de soi: une concepeon qu on pourra ainsi appeler cartesienne. Descartes introduit cele concepeon de connaissance de soi dans sa discussion du cogito dans un passage célèbre de la deuxième Médita.on. Il vaut la peine d étudier de façon détaillée les propriétés que Descartes alribue a ce type de connaissance pour déterminer ce que nous allons justement appeler la concep.on cartesienne de la connaissance de soi. CeLe concepeon peut aller au delà de ce que Descartes lui- même a soutenu. Il s agit d une concepeon qui est partagée, avec quelques modificaeons, par certains auteurs contemporains. 1. Descartes Nous allons nous concentrer sur les Médita.ons métaphysiques (première édieon en laen: 1641, traduceon française 1647). Le texte des MéditaEons se trouve au tome 9 de l'édieon de: Adam & Tanney:Descartes, Œuvres, édieon Charles Adam et Paul Tannery, Léopold Cerf, 1897-1913, 13 volumes; nouvelle édieon complétée, Vrin- CNRS, 1964-1974, 11 vol.). (lien) Descartes 3 Descartes 4 1

1.1. La concepeon cartesienne de la connaissance de soi 1.1. La concepeon cartesienne de la connaissance de soi Deux thèses sont au centre de la concepeon cartésienne de la connaissance de soi: a. La première est une thèse épistémologique: la connaissance de soi est certaine et indubitable (n admet aucun doute). b. La deuxième est une thèse métaphysique qui est établie avec l argument suivant: i. Ce sur quoi porte la CDS est le sujet (ego); ii. Ce sur quoi porte la CDS ne peut pas être une eneté matérielle; iii. Ce sur quoi porte la CDS doit être une substance pensante, une reg cogitans; iv. Donc le sujet est une sustance pensante; v. Donc le sujet n est pas ideneque à un objet matériel (dualisme des substances) Pour comprendre la première thèse, qui dit que la CDS est certaine, il faut rappeler la nature et les étapes principales du doute cartésien. Nous allons donc résumer d abord les points centraux de la méthode cartésienne du doute. Le point central de l argumentaeon de Descartes réside dans le fait d u.liser la thèse épistémologique dans son argument métaphysique. Dans ce qui suit nous allons étudier un peu plus de près la nature et la force de cele argumentaeon. Descartes 5 Descartes 6 1.1. La concepeon cartesienne de la connaissance de soi Rappelons le dessein général de l argumentaeon de Descartes, présente dans la Première Medita.on: Qu'est ce qui rend une croyance certaine et qu'est- ce qui la rend indubitable? Deux noeons épistémologiques: raison et juseficaeon. Une croyance est jus.fiée par une exérience (ou une autre croyance) qui fournit une raison, quand la raison parle en faveur de la vérité de la croyance. La croyance est basée sur la raison fournie par l experience (ou l autre croyance). Cer.tude: une croyance est certaine, quand elle est basée sur une raison qui en garan. la vérité. Indubitabilité: une croyance est indubitable quand elle est basée sur une raison qui parle en faveur de sa vérité et qu'il n'existe pas de raison plus forte qui parle contre sa vérité. Descartes 7 Descartes 8 2

RelaEon entre ceretude et indubitabilité. 1. Bp est certaine Bp est indubitable Si la raison r pour Bp implique la vérité de p alors il n'existe pas de raison plus forte que r qui parle contre la vérité de p. 2. Bp est dubitable Bp n'est pas certaine. S'il existe une raison qui parle contre la vérité de p plus forte que la raison r qui jusefie Bp, alors r n'implique pas la vérité de p. La stratégie argumentaeve de Descartes est la suivante. Il veut déterminer une méthode qui permet de rejeter les croyances qui ne peuvent pas servir de fondement pour la connaissance. Une telle méthode pourrait simplement conduire à déterminer quelles croyances sont fausses. Mais à part le fait que cele méthode serait très lourde (il faudrait passer en revue toutes les croyances) elle est aussi très peu fiable: nous ne sommes pas toujours en mesure de déterminer si nos croyances sont vraies ou fausses. Descartes 9 Descartes 10 Il est donc naturel que Descartes procède de façon différente: il va essayer d'isoler un certain type de croyances sur la base de leur fondement épistémique, de leur jus.fica.on. Il veut déterminer des croyances qui sont certaines en vertu de leur type de juseficaeon. Pour aleindre se but il procède par exclusion: il exclut les croyances qui ne sont pas certaines. Voici une classificaeon des qualités épistémiques des croyances. Il s agit de déterminer quel type de qualité épistémique intéresse Descartes. Descartes 11 Descartes 12 3

Descartes affirme qu'il n'est pas obligé de déterminer toutes les croyances fausses. Sa méthode ne vise donc pas à déterminer si une croyance est du type A ou B. Il ne doit donc pas non plus déterminer si une croyance est nécessairement fausse (E). Le cas C est intéressant: Descartes ne semble pas vouloir déterminer si une croyance porte sur une vérité con.ngente. Le même vaut pour G: Descartes ne veut pas déterminer si une croyance porte sur une vérité qui doit être conengente. Restent donc les cas D et H. Il semble bien que Descartes cherche des croyances dont la jus.fica.on n'exclut pas la fausseté. C'est le cas D. Le cas H est plus lourd: il faudrait être en mesure de déterminer si la juseficaeon est telle qu'il n'existe aucun monde dans lequel elle suffit pour exclure la possibilité d'erreur. Descartes ne semble pas avoir envisagé une telle possibilité, mais c'est une bonne queseon de savoir s'il aurait dû l'envisager, et si dans son argumentaeon il disengue toujours les deux types de situaeon. Descartes 13 Descartes 14 L argument méthodologique de Descartes coneent 3 tapes: i. Analyse de la juseficaeon sensorielle ii. Argument du rêve iii. Hypothèse du Malin génie L argument avance de façon progressive, c est- à- dire que Descartes présente des raisons toujours plus fortes pour douter de la vérité d une croyance. Il va ensuite se demander quel type de croyance résiste à ces dernières raisons. Il va conclure que la seule croyance qui résiste est la croyance que je pense (cogito). Descartes 15 1.1 Descartes 16 4

1.3. La juseficaeon sensorielle 1.3. La juseficaeon sensorielle Descartes disengue 3 thèses: A. Les expériences sensorielles sont des expériences d un type qui admet des instances incorrectes. B. Certaines expériences sensorielles peuvent êtres des illusions. ( x) il est possible que (x est une expérience sensorielle & x est une illusion) C. Toute expérience sensorielle est telle qu elle pourrait être une illusion. (x) il est possible que (x est une expérience sensorielle & x est une illusion) Descartes soueent que A est juste; A implique B; A n implique pas C. 1.1 Descartes 17 1.1 Descartes 18 1.3. La juseficaeon sensorielle Descartes conclut donc que 1. Le fait qu une expérience soit sensorielle ne suffit pas pour exclure que la raison qu elle offre soit dubitable. 2. Mais cela n implique pas qu aucune expérience sensorielle pareculière ne soit en mesure d offrir une raison indubitable. 3. Il peut donc y avoir des expériences sensorielles qui nous offrent des raisons indubitables. 1.4. L argument du rêve 5: Il me semble bien à présent que ce n'est point avec des yeux endormis que je regarde ce papier; que cele tête que le remue n'est point assoupie; que c'est avec dessein et de propos délibére que j'étends cele main, et que je la sens: ce qui arrive dans le sommeil ne semble point si clair ni si disenct que tout ceci. Mais, en y pensant soigneusement, je me ressouviens d'avoir éte souvent trompé, lorsque je dormais, par de semblables illusions. Et m'arrêtant sur cele pensée, je vois si manifestement qu'il n'y a point d'indices concluants, ni de marques assez certaines par ou l'on puisse disenguer nelement la veille d'avec le sommeil, que j'en suis tout étonne ; et mon étonnement est tel, qu'il est presque capable de me persuader que je dors. 1.1 Descartes 19 1.1 Descartes 20 5

1.4.1 Différence entre état de rêve et d éveil Deux affirmaeons différentes: 1. Toute sensaeon est telle qu on ne peut pas établir de façon concluante si elle se produit dans un état d éveil ou de sommeil. a. Peut- être qu il n existe pas de véritables sensaeons dans le sommeil. Dans ce cas la thèse devrait être que pour toute croyance du type «j ai la sensaeon S» il ne m est pas possible (à la première personne!) d établir de façon concluante si elle est établie dans un état de sommeil ou d éveil. 2. Il n est pas possible de disenguer l état de veille de l état de sommeil. a. Toutes nos sensaeons pourraient se produire dans le sommeil sans que nous en ayons conscience. (1) n implique pas (2)! Descartes semble vouloir affirmer (1) plutôt que (2). 1.4.2. JusEficaEon perceptuelle et rêve 1. Ma croyance que j ai deux mains est jusefiée par ma percepeon (visuelle, ou proprioceptuelle) de mes mains. 2. Ma percepeon de mes deux mains ne jusefie ma croyance que j ai deux mains qu à condieon que ne sois pas en train de rêver. 3. Donc je ne rêve pas. 4. Je ne sais pas avec ceretude (sur la base de raisons concluantes) que je ne rêve pas. 5. Donc je ne sais pas avec ceretude que j ai deux mains. Ma percepeon ne garanet pas la vérité de la croyance. Descartes 21 Descartes 22 1.4.3. L impossibilité de fonder les sciences empiriquement 1. L argument peut être généralisé à toute jus.fica.on perceptuelle. 2. Donc: la juseficaeon perceptuelle n offre jamais de de ceretude. Les croyances perceptuelles (basées sur la percepeon) ne sont jamais certaines. 3. Donc: les croyances perceptuelles ne peuvent pas fonder* les sciences empiriques. * Rappel: fonder pour Descartes signifie: jusefier de façon indubitable 1.5. La Malin Génie 8 Car, soit que je veille ou que je dorme, deux et trois joints ensemble formeront toujours le nombre de cinq, et le carre n'aura jamais plus de quatre côtés. 9. Toutefois il y a longtemps que j'ai dans mon esprit une certaine opinion, qu'il y a un Dieu qui peut tout, et par qui j'ai éte crée et produit tel que je suis. Or qui me peut avoir assuré que ce Dieu n'ait point fait qu'il n'y ait aucune terre, aucun ciel, aucun corps étendu, aucune figure, aucune grandeur, aucun lieu, et que néanmoins j'aie les senements de toutes ces choses, et que tout cela ne me semble point exister autrement que je le vois? Et même, comme je juge quelquefois que les autres se méprennent, même dans les choses qu'ils pensent savoir avec le plus de ceretude, il se peut faire qu'il ait voulu que je me trompe toutes les fois que je fais l'addieon de deux et de trois, ou que je nombre les côtés d'un carre, ou que je juge de quelque chose encore plus facile, si l'on se peut imaginer rien de plus facile que cela. 23 24 6

1.5.1. Deux Hypothèses Le texte coneent deux hypothèses différentes: 1. Solipsisme métaphysique: Dieu a crée l univers de façon telle qu il n existe pas de monder extérieur, pas de formes, pas d espace et pas de nombres. Il n existe que moi. 2. CorrupEon de la connaissance a priori: Dieu intervient dans chacune de mes pensées, et me conduit à faire des erreurs. 1.5.1. Deux Hypothèses La première hypothèse garanet la possibilité du doute à propos de tout, sauf l existence du sujet. Mais elle dépend d une prémisse métaphysique très lourde. La deuxième hypothèse est moins radicale, mais elle conduit quand même à la possibilité d erreur dans tout domaine de la connaissance, même dans le domaine des mathémaeques. Il est vraisemblable que Descartes ai voulu fonder son argument sur (b) plutôt que (a). Il n aurait pas eu besoin de conenuer avec l argument, si (a) l avait saesfait. 25 26 Deux types d erreurs dans la juseficaeon: a. Le processus de juseficaeon n est pas irréprochable; b. Le processus de juseficaeon est irréprochable mais ne suffit pas a garaner la vérité. Quel type d erreur est- elle envisagée dans l hypothèse de Descartes à propos de la corrupeon de la connaissance a priori? Descartes n est pas en train de dire que la juseficaeon a priori peut être irréprochable et ne pas garan.r la vérité. Descartes n est pas en train de queseonner une des prémisses de base du raeonalisme classique, à savoir que la juseficaeon a priori engendre la ceretude de la croyance qui en dépend. Quand le Malin Génie intervient de la façon indiquée par Descartes, c est bel et bien notre processus de juseficaeon qui en souffre. Par exemple: notre calcul n est pas correct. L idée de corrupeon de la connaissance a priori que Descartes introduit avec la deuxième hypothèse concerne l erreur (a) et non pas (b). 27 28 7

Mais alors l argument de Descartes ne suffit pas pour montrer la faillibilité de toute connaissance a priori. Différence entre A. Une croyance jusefiée a priori peut être faillible (pas certaine); B. La croyance que je possède une juseficaeon a priori est faillible (ma juseficaeon a priori est corrompue, mais je ne sais pas). Descartes semble vouloir montrer A, mais en fait l hypothèse du Malin Génie ne montre que B. Pour passer de B à A Descartes aurait besoin d une prémisse supplémentaire (principe d itéraeon épistémique): 29 30 L argument serait alors: a) N croit que p sur la base de e (jus.fica.on a priori) b) Pour savoir que p, N dois savoir (de façon certaine?) qu il sait que p. c) N ne peut pas savoir (de façon certaine) qu elle sait que p. d) Donc: N ne sait pas que p. 31 8