[LE COMPOSTAGE DOMESTIQUE] Les enjeux du compostage d'aujourd'hui



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Transcription:

[LE COMPOSTAGE DOMESTIQUE] Les enjeux du compostage d'aujourd'hui 1. Diminuer le Coût pour la collectivité En France, 5 millions de personnes pratiquent encore le compostage mais ce chiffre est en baisse car les gens apportent de plus en plus les produits de jardin (tailles, tontes, etc.) en déchetterie, ce qui induit des coûts supplémentaires pour les collectivités qui ont la responsabilité du traitement des déchets. En moyenne (en 2007), les Français produisent 390 kg/an/habitant de déchets au niveau de la «poubelle» (donc hors déchetteries et encombrants), déchets qui sont incinérés ou mis en décharge selon les filières existantes. Pourtant, un tiers de ces déchets, que l'on nomme la fraction fermentescible des ordures ménagères (FFOM) pourrait être composté, ce qui représente environ 125 kg de déchets par personne et par an. La prise en charge par les particuliers et les institutions de leurs déchets compostables (déchets des jardins et des cuisines) contribue donc à la réduction des volumes de déchets transportés dans les déchetteries et les usines d'incinération, et permettrait une économie de plus de 20 /an/habitant pour la Collectivité (coût moyen collecte et traitement d'environ 170 /T pour les ordures ménagères résiduelles). La pratique qui montre le meilleur bénéfice (pour la personne ou environnemental) est de faire le compostage chez soi, pour obtenir de façon locale un produit de qualité pour la fertilisation (apport de nutriments) et l'amendement (structuration) de la terre. 2. Nourrir la terre 90% de notre alimentation dépend des terres cultivées, dont la fertilité est atteinte par un processus de dégradation dont une des causes principales est le manque de restitution des déchets végétaux et animaux à la terre. La transformation combinée des déchets ménagers avec les déchets de jardin livrés actuellement en déchetterie (gazon, feuilles, branchages) permet de réaliser un compostage domestique sans que la matière organique produite par le foyer ne sorte de l'habitation. Si les processus sont bien conduits, le produit réalisé est un excellent amendement organique se distinguant des engrais par son contenu plus faible en éléments fertilisants majeurs (NPK) et un apport plus faible des éléments directement utiles aux plantes. C'est une matière fertilisante composée principalement de combinaisons carbonées d'origine végétale, destinée à l'entretien, ou à la reconstitution de la matière organique du sol Les apports de matière organique, d'humus et d'organismes vivants par le compost (qui contient plus d'un milliard de bactéries par gramme) enrichissent le sol et lui permettent de conserver une structure meuble et aérée, favorable à l'enracinement. Le compost améliore la structure du sol, donne du corps aux sols légers (sableux) et allège les terres lourdes en les aérant. Il améliore la terre en augmentant sa capacité à retenir l'humidité, mais aussi à bien se drainer. 3. Maîtriser nos impacts environnementaux La collecte et le traitement des ordures ménagères induisent des pollutions à chaque étape du processus (pollution par des GES, par des composés toxiques). La pratique bien menée du compostage individuel ou semi-collectif contribue donc à la réduction des pollutions liées aux transports, à l'enfouissement et à l'incinération. En outre, la pratique du compostage contribue à la préservation des équilibres naturels : le

compostage respecte les grands cycles naturels du carbone, de l'azote et d'autres éléments majeurs, qui sont rendus à court terme au sol ou à l'atmosphère. Qu'est-ce que le compostage? Le compostage correspond à la décomposition des déchets organiques (végétaux et animaux) par un processus biologique. Il s'agit d'un recyclage naturel de la matière organique, accompli par une multitude de petits organismes vivants (bactéries et champignons microscopiques notamment), en présence d'oxygène et d'eau. Il en résulte un dégagement important de gaz (vapeur d eau et dioxyde de carbone) et la formation d un résidu composé d une matière organique stabilisée (sa décomposition est en grande partie terminée) et de substances minérales : le compost (ou amendement organique) qui est un produit fertile naturel utilisable en agriculture, en jardin, en espaces verts ou sur des sols dégradés à revégétaliser. C'est le même type de transformation que l'on peut observer en forêt, où les feuilles et les brindilles se transforment chaque année en substances nutritives assimilables par les plantes. En milieu naturel, le cycle de dégradation de la matière organique s'opère plus lentement que dans un composteur ou en tas, où les conditions sont réunies pour que la décomposition s'effectue sur une durée plus limitée. Dans le compostage, cette biodégradation est simplement accélérée du fait du brassage régulier des matières qui favorise la montée en température. Le compostage des déchets organiques est une technique très simple, mais qui nécessite une attention régulière, ponctuée de quelques règles impératives qui seront déclinées plus loin. 1) Les matières premières pour le compost En principe, toutes les substances animales et végétales sont compostables. Les matières premières adéquates sont classées en fonction de leur teneur en substance nutritives (riches en azote), de leur structure et de leur degré d humidité. Les matières premières riches en carbone sont des matériaux secs et résistants qui se décomposent très lentement, garantissant ainsi au tas de compost une structure poreuse et un apport d air. On peut citer : le broyat de branches, la paille, les feuilles mortes, les copeaux de bois, les coquilles de noix, les noyaux de fruits... Les matières premières riches en azote contiennent beaucoup d'eau, sont de consistance molle et se décomposent plus rapidement. Afin de prévenir la pourriture et les odeurs désagréables dues à un apport exclusif de ce type de déchet, il est important de procéder à un mélange avec des matériaux structurants. Les matières premières à teneur élevée en azote sont les épluchures de fruits et légumes, les fruits abimés, marc de café et sachets de thé, les restes de repas (viande, poissons, fromages), les gazons et herbes indésirables... 2) Les organismes vivants dans le compost Ce sont les organismes qui fabriquent le compost à partir de la matière organique dont ils se nourrissent. On trouve les micro-organismes (les bactéries, les champignons et les actinomycètes) et les macro-organismes. Les bactéries de tailles et de formes variables sont toujours présentes dans la masse des déchets organiques dès le début du processus et se multiplient très rapidement. Elles

restent actives durant tout le compostage et en particulier à haute température. Les champignons ont un rôle capital car ils agissent surtout sur les matières qui résistent aux bactéries. Ils ne résistent pas à des températures supérieures à 50 C, ce qui explique qu'on les retrouve plus particulièrement en périphérie du compost. Les champignons sont également les seuls à pouvoir encore travailler dans un compost plus sec, là où les autres ont abandonné la partie... Les bactéries et les champignons sont les responsables de la montée en température du tas de compost dès les premiers jours après le mélange. Les actinomycètes sont des sortes de bactéries filamenteuses qui agissent plus tardivement que les bactéries et les champignons, et se multiplient moins rapidement. Ils sont actifs dans les derniers stades du compostage et sont spécialisés dans la dégradation de constituants du bois comme la cellulose et la lignine. A côté de ces trois types de micro-organismes, on retrouve également dans le compost, des algues, des virus, des protozoaires,... Les principaux macro-organismes du compost sont les vers, les larves d'insectes, les acariens, les gastéropodes, les myriapodes et les cloportes. - Le ver de fumier (Eisenia foetida & Eisenia andrei) n apparaît que lorsque la température du tas en cours de compostage est à inférieure à 30 C. Par jour, il dévore l'équivalent de plus de la moitié de son poids corporel. Il en évacue 15 % en déjections et le reste est utilisé pour son métabolisme et sa reproduction. Son appareil digestif produit des substances humiques et une combinaison de particules minérales et organiques, qu'on appelle des complexes argilo-humiques. - Les larves de Cétoine dorée, (à ne pas confondre avec celles du Hanneton commun qui s'attaquent aux racines de presque toutes les plantes) se trouvent dans le compost et ne se nourrissent que de matières végétales mortes. - Les cloportes sont des crustacés terrestres qui atteignent une taille de 3 à 12 mm. Ils nourrissent de restes végétaux et de déjections d'autres organismes. Dans leur tube digestif se forment également des complexes argilohumiques.

3) La conduite du compostage Il est nécessaire d'apporter régulièrement des matières sèches et structurantes, de mélanger les apports entre eux et de surveiller l'humidité du tas. La conduite du

compostage est basée sur quatre règles fondamentales : (a) Diversification des déchets : herbes, gazons, feuilles, branches broyées, épluchures de fruits et légumes, copeaux, sciure, paille, fumiers L'apport au tas de compost doit se faire en alternant couche par couche des déchets secs avec des déchets humides, des matières carbonées avec des matières azotées... L'équilibre entre l'azote et le carbone (rapport C/N) est important pour le développement des organismes décomposeurs dans le compost. Lors de la décomposition, s'il y a trop de déchets riches en azote, celui-ci est gaspillé sous forme de dégagement d'ammoniac malodorant ou de nitrates susceptibles de polluer les eaux. (b) Fragmentation, défibrage/broyage des matières dures et ligneuses, manuellement (sécateur, marteau...) ou mécaniquement à la tondeuse pour les petites tailles et les feuilles, au broyeur pour les branches : aucun déchet ne devrait dépasser une longueur de 10 à 20 cm! (c) Brassage et mélange du tas, régulièrement (toutes les 3 semaines environ) pour les couches alternées en «millefeuille», mais pas pour l'intégralité du tas! Ceci permet une bonne aération de l'ensemble des matières en fermentation et favorise l'aération passive ultérieure des matières en diminuant la densité de l'ensemble. (d) Surveillance de l'humidité, laquelle doit être maintenue autour 40 à 60%, ce qui peut être contrôlé par la vue et le toucher : le compost doit être humide comme une éponge pressée. Le test du poing est une méthode simple et fiable qui permet d apprécier l humidité du tas de compost : le pressage dans la main d'une poignée de mélange en cours de compostage ne doit pas dégager d'eau liquide, ni s'émietter seule à l'ouverture du poing! 4) La qualité du compost On peut évaluer la qualité d'un compostage en cours et son état de maturation en privilégiant l'observation du tas et du produit final, le compost. On peut notamment évaluer la complète transformation du compost par les sens : - Par la vue : En observant la structure, la couleur, le taux d'humidité et la macro-faune du compost, on peut se faire une idée de son degré de maturité et de sa qualité. Un compost mûr se caractérise par un aspect homogène, une couleur sombre et une structure aérée et légère. - Par l'odorat : Un tas de compost dont la décomposition se déroule dans de bonnes conditions ne dégage pas de mauvaises odeurs, seulement une odeur un peu acide. Le compost mûr sent bon le sol forestier. - Par le toucher : Il suffit de prendre une poignée de compost dans sa main pour juger de la qualité des grumeaux, du taux d'humidité et de la température du compost. Arrivé à maturité, le compost doit s'émietter facilement, en particules de petites tailles et les véritables grumeaux doivent se pulvériser dans la main. La qualité du compost augmente avec le nombre de grumeaux. La qualité du compost se traduit principalement par sa valeur agronomique, par l'absence de métaux lourds et/ou de résidus de pesticides, et de graines ou de germes pathogènes. Les pesticides utilisés dans l agriculture et le jardinage aboutissent dans le compost par le

biais des matières premières qui l alimentent, mais la forte activité des micro-organismes associée à la décomposition thermophile et à l humidité, entraîne la dégradation d une partie des ces produits chimiques. Les métaux lourds sont des éléments chimiques comme le zinc, le cuivre, le plomb, le cadmium... Ils se retrouvent en quantité élevée dans des matériaux provenant par exemple des abords de routes fortement fréquentées (feuillage, fauchage de talus ). Il convient donc d éviter d ajouter ce type de déchets dans le tas de compost. S'il n'y a pas de montée en température significative (au-delà de 60 C), les graines de plantes indésirables mais aussi les graines de légumes et de fleurs peuvent résister au processus de compostage. La montée en température s obtient uniquement lorsque les déchets organiques sont apportés en quantité importante sur le tas ou dans le bac et que leur composition équilibrée favorise l activité bactérienne. Utilisation du compost au jardin Produit dans les règles de l'art, le compost remplit de multiples fonctions, pour autant qu'on en fasse bon usage. Le compost est un amendement organique, c est à dire qu il enrichit la vie microbienne du sol et apporte de la matière organique. Il libère également des éléments fertilisants. Les propriétés du compost sont principalement dues à la formation des complexes colloïdaux argilo-humiques. L'utilisation du compost a un effet sur : la structure du sol amélioration de la structure du sol par augmentation des agrégats (pénétration des racines facilitée et exploitation du sol favorisée) meilleure perméabilité à l'air et à l'eau meilleure rétention d'eau (effet éponge) réduction importante de l'effet du gel, de l'érosion (de l'eau et du vent) réchauffement du sol (le compost de couleur foncée, augmente l'absorption des rayons solaires) les caractéristiques physico-chimiques du sol en se minéralisant, le compost fournit des substances nutritives progressivement assimilables par les plantes le compost bien mûr évite une acidification du sol ou corrige l'acidité d'un sol par effet tampon la biologie du sol la présence de micro-organismes divers dans le compost, augmente l'activité biologique du sol qui fixe par exemple l'azote de l'air ou rend assimilable par les plantes du soufre, du phosphore, des oligo-éléments,... contenu dans les roches l'activité microbienne limite le développement d'organismes pathogènes

(directement dans le sol ou dans les plantes par absorption par celle-ci de substances actives, d'hormones ou d'antibiotiques) meilleur développement racinaire (mycorhizes plus actifs) Le compost frais et le compost mûr Le compost frais est jeune (3 à 4 mois), de couleur brun foncé. Il a déjà un aspect terreux, mais des morceaux grossiers sont encore visibles. De plus, il contient encore des vers de fumier. Il doit être utilisé avec précaution car il peut être toxique pour les plantes (risque de brûlures pour les jeunes racines). S'il contient beaucoup de matières carbonées (sciure, copeaux, branchages) mal décomposées, le compost risque de provoquer une faim d azote : cela signifie que le compost jeune puisera alors l azote disponible dans le sol pour terminer sa décomposition et les plantes en seront privées. Quant au compost mûr, âgé de 6 à 12 mois, il se caractérise par un aspect homogène, une couleur sombre, une agréable odeur de terre de forêt et une structure grumeleuse qui s'émiette. Il s'utilise sans restriction en prenant soin de connaître les différents besoins des plantes. Le compost continue à se transformer avec le temps. Sa matière organique se minéralise. Son activité micro-biologique, très riche et stimulante pour la vie du sol se ralentit. Une partie de ses éléments nutritifs se volatilisent ou peuvent être lessivés. Il convient donc d'utiliser le compost avant qu'il ne soit trop âgé (maximum 18 mois). En cas de doute sur la maturité du compost, un «test du cresson» peut être réalisé en semant quelques graines de cresson alénois dans des pots remplis de compost. Elles ne germeront pas ou mal si le compost n'est pas mûr (il est alors dit phytotoxique). Préparation Avec ou sans tamisage? Le compost peut être utilisé brut au potager, mais pour les plantes en pots, les semis et la confection d un terreau, il est préférable de le cribler pour éliminer les plus gros morceaux et faciliter son usage. Le crible le plus simple est constitué de «grillage à poules» à fines mailles, tendu sur un cadre en bois (2 m x 1 m), incliné, sur lequel on lance des pelletées de compost. Les refus sont réutilisables en paillage, ou peuvent être recyclés dans le tas ou le composteur, où ils agissent alors comme activateurs du compost jeune. Comment le stocker? On peut conserver le compost en sac, en bac dans un local frais, ou à l'air libre mais à l'abri des intempéries pour faire en sorte que ses éléments fertilisants soit conservés. Il est recommandé de ne pas stocker le compost mûr trop longtemps (plus de 6 mois) pour qu il conserve ses qualités d amendements. Les domaines d'application Le compost peut être mis au potager, sur les parterres de fleurs, sous les arbres fruitiers, sur le gazon, ou encore en mélange pour la préparation d'un terreau (semis, jardinières et plantes d'intérieur). A l'intérieur Le compost est plus compact que la tourbe. Il faut donc le mélanger à du sable ou à une

matière structurante afin d'éviter l'excès d'humidité et de garantir le passage de l'air. La majorité des plantes en pot acceptent ce type de mélange : 50% de compost mûr, 30% de sable et 20% de terre de jardin. Au jardin Pour les massifs floraux : lors de l'installation d'un parterre, du compost (environ 5 à 8 litres/m 2 ) est incorporé sur les 15 premiers centimètres. Les haies et arbustes supportent les composts frais, uniquement en surface (3 à 5 litres/m 2 et par année). Pour les pelouses : lors de l'installation, le compost (8 à 10 litres/m 2 ) est incorporé sur les 10 premiers centimètres de terre avant de semer. En entretien, au début du printemps et en automne, les pelouses supportent 1 à 2 litres/m 2 de compost mûr tamisé. Pour les arbres fruitiers : à la plantation, le compost est mélangé dans le trou avec de la terre du jardin. En entretien, une couche d'environ 1 centimètre d'épaisseur de compost est déposée en surface au pied de l'arbre. Lors du semis et du repiquage Pour les semis et jeunes plants, seul le compost mûr est préconisé. Au jardin ce dernier est utilisé pour couvrir les sillons ensemencés : sa couleur foncée accélère le réchauffement. Au potager Les composts mûrs s'utilisent de différentes manières : - à l'automne ou fin d'hiver en surface, avec un léger griffage pour l'incorporer à la terre (de préférence sur des sols lourds), - au printemps, entre les rangs de légumes, avant de pailler par-dessus, - toute l'année, dans les trous de plantation en recouvrant de fines couches de terre. Pour les composts frais, il est préférable de les mettre en paillage à l automne. Le compost doit être apporté en fonction des besoins des plantes, certaines étant exigeantes et d autres redoutant au contraire les apports de compost trop jeunes. Plantes exigeantes 3 à 5 litres par m 2 et par an Artichaut, aubergine, bette, cardon, céleri*, choux*, concombre et cornichon, courge et courgette, épinard*, fenouil, maïs, melon, piment, poireau, poivron, pomme de terre, potiron, rhubarbe*, tomate. Pantes moyennement exigeantes 1 à 3 litres par m 2 et par an Asperge, betterave*, carotte*, chicorée*, haricot*, laitue*, panais*, persil*, pissenlit*, pois*, salsifis*. * légumes ne supportant que du compost mûr Plantes peu exigeantes Apport nul Ail, arroche, chou de Bruxelles, cresson, crosne, échalote, endive, fève, mâche, navet, oignon, pourpier, radis Pour les terres de remblai et les terres sableuses, les apports doivent être supérieurs. D après J.-P.Thorez, Le guide du jardinage biologique, Terre vivante

Questions/Réponses sur le compostage Mon compost dégage de mauvaises odeurs, que faire? Votre compost est probablement trop tassé (il manque de structurant) ou trop humide. Cela se produit lorsque l'on apporte trop de déchets riches en eau et/ou en azote comme la pelouse et les déchets de cuisine. La solution : Ajouter des matières sèches : feuilles mortes, paille, broyat, déchets de jardin secs. Variez les déchets et brassez-les à la fourche au moins 1 fois/mois pour aérer le mélange. Pourquoi y a t-il des moucherons dans mon composteur? Rien de grave, cela arrive souvent en été et ne présente aucun inconvénient. Les larves de moucherons participent à la transformation des déchets en compost. On peut limiter leur présence en recouvrant les légumes, les fruits pourris et les reste de repas d'une couche de déchets secs comme les feuilles ou la paille. J'habite en appartement et n'ai pas de possibilité de composter mes déchets de cuisine, que puis-je faire? Aujourd'hui des solutions existent pour les gens qui résident en habitat collectif : Le lombricompostage est une méthode qui consiste à transformer les biodéchets, dans un récipient fermé, grâce à des lombrics. On peut le fabriquer soit-même ou l'acheter dans le commerce. Par ailleurs, de plus en plus de projets de sites de compostage en pied d'immeuble voient le jour en Isère. Le principe : les habitants déposent dans un bac collectif leurs biodéchets et une équipe de bénévoles gère le site et fait le suivi du processus de compostage. Le compost produit est redistribué pour rempoter les plantes d'intérieur ou les jardinières. Comment composter les tontes de gazon? Si vous ne souhaitez pas laisser votre tonte sur la pelouse ou l'utiliser pour pailler, vous pouvez toujours composter vos gazons en prenant soin de les disposer avec de la matière structurante et d'autres déchets, sans dépasser toutefois 10 cm d'épaisseur par couche de gazon. Le compostage, ça prend du temps? Si les bons gestes sont posés dès le départ, s'occuper de son compost ne prend que quelques secondes à chaque fois que l'on dépose des déchets, et quelques minutes régulièrement, toutes les 3 à 4 semaines lorsqu'on brasse le mélange. Le compostage, ça sert à quoi? Le produit final (le compost mûr) est un excellent auxiliaire pour avoir «la main verte» dans toutes les plantations que l'on entreprend (plantes d'appartement, potager, massifs ornementaux, pelouse, etc.) qui remplace avantageusement les engrais et terreaux vendus en jardinerie, parfois à prix d'or!