ADLFI. Archéologie de la France - Informations une revue Gallia Languedoc-Roussillon Éditeur Ministère de la culture

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Transcription:

ADLFI. Archéologie de la France - Informations une revue Gallia Languedoc-Roussillon 1995 Montferrand «Elusio» Michel Passelac Édition électronique URL : http://adlfi.revues.org/11936 DOI : 10.4000/adlfi.11936 ISSN : 2114-0502 Éditeur Ministère de la culture Référence électronique Michel Passelac, «Montferrand», ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Languedoc- Roussillon, mis en ligne le 01 mars 2004, consulté le 02 octobre 2016. URL : http:// adlfi.revues.org/11936 ; DOI : 10.4000/adlfi.11936 Ce document est un fac-similé de l'édition imprimée. Ministère de la Culture et de la Communication, CNRS

1 Montferrand «Elusio» Michel Passelac Identifiant de l'opération archéologique : Date de l'opération : 1996 (SU) ; 1995 (SU) Inventeur(s) : Passelac Michel (CNRS) 1 En 1995 et 1996, un chantier d'aménagement des bas-côtés de la RN 113 a mis au jour de nombreuses structures antiques de la mansio d Elusio. La route nationale, en effet, perpétue exactement le tracé de l antique voie d Aquitaine. Elle traversait d est en ouest ce site qui n est pas seulement une station routière, mais une véritable agglomération. Les observations effectuées à cette occasion ne résultent donc pas d une fouille préventive, mais d un nettoyage et d un relevé des vestiges apparus sur une longueur de 350 m dans le talus au nord de la route (Fig. n 1 : Situation des découvertes dans le chantier de la RN 113 et des bâtiments révélés par les prospections aériennes). Selon les dossiers communiqués au service de l Archéologie avant les travaux, ceux-ci ne devaient pas entraîner de destructions. Sur le terrain cependant, les terrassements n ont pas été réalisés conformément au projet initial, et ont atteint les espaces bordant immédiatement la voie au nord de celle-ci, ainsi que la partie antérieure de plusieurs bâtiments. Au total, les observations ont porté sur une soixantaine de points et ont donné lieu à de nombreux relevés d architecture et de stratigraphie. Les principaux résultats concernent la topographie de l'agglomération, sa chronologie, l'organisation du bâti près de la voie, les potentialités du site. Ils apportent un complément précieux aux données des surveillances aériennes, des sondages et des prospections au sol réalisés depuis de nombreuses années sur le site.

2 Les bâtiments de la mansio de l'antiquité antique 2 Les prospections aériennes de 1981 puis 1986 avaient apporté l image de plusieurs grands bâtiments situés en bordure de la voie. L un d eux correspond à la construction de plan basilical repérée par sondages en 1960 par Jean Audy. La partie antérieure de ces bâtiments est apparue dans le chantier. 3 Sur les points 6 à 9 plusieurs murs parallèles à la voie appartiennent à la façade du bâtiment est. L un d eux possède une fondation et une élévation construites en moellons de moyen appareil assemblés au mortier en assises régulières (Fig. n 2 : Mur de façade du bâtiment est, entre les points 8 et 9). Une canalisation d évacuation débouche à l angle de cette façade. La présence de sols en béton visible sur les photographies aériennes et celle de la canalisation peut signaler un bâtiment doté de thermes. 4 Les vestiges du bâtiment de plan basilical publié par Jean Audy, mais alors non localisé avec précision, ont été reconnus (points 11 à 14). Les murs extérieurs reposent sur de puissantes fondations larges de 1,20 m à 1,30 m. bâties au mortier de chaux. Les fondations des murs intérieurs sont larges de 0,80 m à 0,90 m. Le sol de la pièce centrale est formé d une mince couche de béton maigre posée sur un hérisson épais de 0,05 m à 0,10 m. Un égout longe la façade ouest. Nos observations ont montré que les élévations ont subi de forts épierrements. Après ces destructions effectuées dès l Antiquité, une réoccupation est accompagnée d activités de forge. Elles ont permis en outre de préciser les dimensions des trois pièces donnant sur la voie. Le plan apparaît ainsi plus régulier que celui qui avait été proposé par Jean Audy. En revanche, aucun élément de décoration n est apparu et rien, bien entendu, ne permet de confirmer l interprétation de «basilique judiciaire» proposée par ce dernier. Enfin, par sa position dans la stratigraphie, cette construction se situe dans une phase plutôt tardive de l occupation du site. 5 À la même période appartiennent, plus à l ouest, les restes d une toiture effondrée sur un niveau renfermant de nombreux charbons de bois, graines carbonisées, et un foyer aménagé en tegulae. 6 Les vestiges de l Antiquité tardive ont été reconnus sur toute la longueur du chantier, dans la parcelle. Leur densité et leur répartition montrent que cette occupation ne se limite pas seulement aux trois bâtiments révélés par les prospections aériennes. Les vestiges du Haut-Empire 7 Partout, les stratigraphies observées ont montré la présence de plusieurs états d occupation, de nombreux épierrements suivis de reconstructions. Sur le point 23, où la stratigraphie est la plus complète, une succession de vingt-sept sols et remblais a été relevée, jusqu à 2,10 m de profondeur. Le chantier n a pas atteint les niveaux les plus profonds, ceux du I er s. avant notre ère. 8 Dans ces niveaux du Haut-Empire, les restes de constructions sont moins nombreux, on observe surtout des successions de sols aménagés avec des graviers damés séparés par des stratifications cendreuses. On y a distingué des ornières (Fig. n 3 : Stratigraphie d un espace de circulation (passage) au bord de la voie, entre les points 18 et 19). Sans doute les bâtiments étaient-ils plus en retrait par rapport à la voie. La présence de dés de pierre alignés et régulièrement espacés peut être retenue en faveur de cette interprétation (Fig.

3 n 4 : Soubassement de mur en terre et bois et dé de pierre au point 21). Plusieurs d entre eux ont été observés dans la partie ouest du chantier. La partie est en a livré une forte série (points 30 à 43), séparés par des intervalles de 2,5 m et 3 m. Il s agit sans aucun doute de soubassements de poteau appartenant à une série de portiques bordant la voie et ses bas-côtés. 9 Ces niveaux anciens ont également livré les vestiges d activités de forge, en bordure de la voie. Au point 27, plusieurs unités stratigraphiques superposées renfermaient des scories et des charbons de bois, attestant le travail du fer dès le début du I er s. de notre ère. Comme les vestiges du Bas-Empire, ceux des I er s. et II e s. sont présents sur toute l étendue du chantier et confirment l extension de l agglomération déterminée par les prospections de surface. 10 Il apparaît que la partie centrale et dense de l'agglomération gallo-romaine est située dans la parcelle ZB 57 au nord de la voie, et en regard, dans les parcelles 10 et 11 au sud. Les vestiges du I er s. avant notre ère. paraissent plus dispersés et dépassent cette localisation. Le sanctuaire à deux fana repéré en 1986 et la basilique paléochrétienne sont situés en marge de l'agglomération et la dominent. Ces observations de terrain permettent de mieux interpréter les résultats des prospections aériennes. Les trois grands bâtiments révélés par ces prospections apparaissent comme tardifs et correspondent très certainement à la mansio portée sur l'itinéraire de Bordeaux à Jérusalem. L'un de ces bâtiments, sondé et publié par Jean Audy en 1960, mais non localisé, a été clairement reconnu et implanté avec précision. Par ailleurs, la mise en évidence de portiques en bordure de la voie et d activités de forge permet de rapprocher l aspect d Elusio de celui de multiples agglomérations routières, et en particulier de la proche Eburomagus. 11 L'occupation antique a livré, lors de cette opération, des matériels datés du I er s. avant notre ère jusqu au V e s. après notre ère. Sur une aire limitée, plusieurs silos médiévaux ont été rencontrés, qui appartiennent à une extension, certainement marginale, du village regroupé dans le haut Moyen Âge autour de l église de Saint-Pierre-d Alzonne. 12 L'effet de talus provoqué par la voie et l'accumulation des remblais anthropiques a favorisé l'enfouissement et la conservation de ces vestiges qui se superposent par endroits en une stratigraphie de plus de 2,10 m de puissance. Ainsi la partie de l'agglomération située immédiatement en amont de la voie est-elle bien conservée, alors que celle qui s'étend au sud de l'axe routier est beaucoup plus dégradée. (Passelac, Michel. 2002.). BIBLIOGRAPHIE Passelac, Michel. 2002 : «Elesiodunum ou Elusio, (Montferrand, Aude)», in Fiches J.-L. (dir.) Les agglomérations gallo-romaines en Languedoc-Roussillon, Lattes, Monographies d'archéologie méditerranéenne, 13, p. 151-170.

4 ANNEXES Fig. n 1 : Situation des découvertes dans le chantier de la RN 113 et des bâtiments révélés par les prospections aériennes Auteur(s) : Passelac, Michel. Crédits : ADLFI - Passelac, Michel (2003)

5 Fig. n 2 : Mur de façade du bâtiment est, entre les points 8 et 9 Auteur(s) : Passelac, Michel. Crédits : ADLFI - Passelac, Michel (2003)

6 Fig. n 3 : Stratigraphie d un espace de circulation (passage) au bord de la voie, entre les points 18 et 19 Auteur(s) : Passelac, Michel. Crédits : ADLFI - Passelac, Michel (2003)

7 Fig. n 4 : Soubassement de mur en terre et bois et dé de pierre au point 21 Auteur(s) : Passelac, Michel. Crédits : ADLFI - Passelac, Michel (2003) INDEX Index chronologique : Antiquité tardive, Haut-Empire Index géographique : Languedoc-Roussillon, Aude, Montferrand operation sauvetage urgent (SU) AUTEURS MICHEL PASSELAC CNRS