RÉUNION INTERNATIONALE DES NATIONS UNIES SUR LA QUESTION DE PALESTINE L urgence de remédier à la situation des prisonniers politiques palestiniens dans les prisons et les centres de détention israéliens Office des Nations Unies à Vienne, les 7 et 8 mars 2011 VÉRIFIER À L AUDITION SÉANCE D OUVERTURE déclaration de S. E. M. Abdou Salam Diallo Président du Comité pour l exercice des droits inaliénables du peuple palestinien CPR/IMQP/2011/1
- 2 - Mesdames et Messieurs, J ai le plaisir de vous accueillir à la Réunion internationale des Nations Unies sur la question de Palestine, tenue sous les auspices du Comité pour l exercice des droits inaliénables du peuple palestinien. La Réunion que nous ouvrons aujourd hui est la première organisée par le Comité qui soit consacrée exclusivement à la question sensible, cruciale et émotionnellement chargée des prisonniers politiques palestiniens incarcérés dans les prisons et les centres de détention israéliens. Cette question a néanmoins toujours été au centre de nos préoccupations. En effet, dans son tout premier rapport présenté au Conseil de sécurité, en 1975, le Comité recommandait, je cite : «En attendant son retrait des zones occupées en juin 1967, Israël devrait libérer tous les prisonniers politiques».fin de citation Cette importante recommandation demeure aujourd hui d une brûlante actualité. Nous savons également que les dirigeants palestiniens attachent à cette lancinante question autant d importance qu à celles liées au statut permanent. Il nous souviendra que la communauté internationale a récemment accordé une attention renouvelée à la question des prisonniers politiques palestiniens. A cet égard, je voudrais noter que des conférences ont été tenues en Algérie et au Maroc. De même, en 2008, cette question a fait l objet d une résolution spéciale du Parlement européen. Mme Catherine Ashton, Haut-Représentante de l Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a récemment parlé de l incarcération continue d Abdallah Abu Rahmah, militant palestinien qui avait organisé des manifestations pacifiques contre le mur illégal de séparation d Israël. Nous espérons que notre réunion, elle aussi, appellera une attention renouvelée de la communauté internationale sur la question des prisonniers palestiniens et contribuera à créer un climat propice à la libération rapide des prisonniers, à la réunification des familles et à la réintégration dans la société.
- 3 - On estime que plus de 700 000 Palestiniens ont été arrêtés par Israël depuis le début de l occupation en 1967. Il n y a guère plus de familles palestiniennes qui n aient été touchées par la campagne continue d arrestation, de harcèlement et d intimidation menée par les soldats, les forces de sécurité et les colons israéliens dans le seul but de briser la résistance du peuple palestinien. Notre réunion ne concerne pas uniquement les prisonniers; elle concerne tous les Palestiniens qui vivent sous l occupation israélienne. Selon diverses estimations, plus de 7 000 Palestiniens sont toujours incarcérés dans des prisons et des centres de détention israéliens, en dehors du territoire palestinien occupé, en violation de la quatrième Convention de Genève. Les Palestiniens dans le territoire occupé vivent dans la peur, sous le coup de lois militaires israéliennes arbitraires, qui sont loin de respecter les normes juridiques internationales minimales, car elles criminalisent des manifestations légitimes et l expression d une volonté politique, en qualifiant tout, sans la moindre nuance, d «infractions à la sécurité», alors qu elles ne sont pas clairement définies. Un système de décrets militaires permet aux soldats des Forces de défense israéliennes d arrêter les Palestiniens sans la moindrejustification.. Les Palestiniens sont jugés par des tribunaux militaires qui ne respectent pas les normes internationales minimales d équité, d indépendance et d impartialité. Ils sont souvent accusés sur la base de preuves extorquées sous la contrainte ou la torture, n ont pas droit à un avocat et les enfants sont jugés comme des adultes, en violation du droit international. De nombreux Palestiniens n ont même pas droit à un procès.. Ils souffrent en détention, parfois pendant des années, sans être accusés d infraction précise. Ces actes de la Puissance occupante vont directement à l encontre de l article 71 de la quatrième Convention de Genève. Au traitement brutal infligé aux Palestiniens s oppose l indulgence dont bénéficient les colons israéliens violents et souvent armés, qui attaquent et brutalisent systématiquement les Palestiniens avec une impunité étonnante. Les conditions de détention des Palestiniens dans les prisons israéliennes continuent d être une grave source de préoccupation pour notre comité. Les prisonniers
- 4 - sont entassés dans des prisons surpeuplées et insalubres, n ont pas accès à des services de santé, sont maltraités par les gardes, sont placés en régime cellulaire et peuvent rarement recevoir des visites de leur famille. Tout cela va à l encontre des dispositions de plusieurs dispositions de la quatrième Convention de Genève concernant le traitement des personnes protégées. Nous sommes particulièrement préoccupés par les informations continues faisant état de torture et d autres formes de mauvais traitements. La situation des personnes particulièrement vulnérables les enfants, les femmes et les personnes âgées et celle des parlementaires palestiniens emprisonnés, dont plusieurs risquent maintenant d être expulsés, sont particulièrement préoccupantes. À cet égard, nous nous associons aux appels lancés par la communauté internationale pour demander à Israël de respecter le droit international humanitaire et de mettre fin à la torture et aux mauvais traitements, aux arrestations de mineurs, aux détentions sans procès et aux sévices infligés aux prisonniers. Le motif de la «lutte contre le terrorisme» n excuse pas les violations flagrantes des droits des prisonniers. Et l occupation ne justifie pas non plus les attaques dirigées contre des civils israéliens. C est d ailleurs le lieu de rappeler que notre Comité condamne sans équivoque les attaques contre les civils israéliens. Mesdames et Messieurs, Aujourd hui, la communauté internationale s emploie activement à ramener les parties à la table des négociations pour réaliser l objectif de deux États, Israël et la Palestine, vivant dans la paix et la sécurité. Dans sa déclaration du 5 février, le Quatuor s est de nouveau dit favorable à l aboutissement des négociations au plus tard en septembre 2011. Un règlement satisfaisant, équitable et juste de la question des prisonniers politiques palestiniens est un élément clef de ces efforts. Ce problème qui dure depuis des décennies a un effet dévastateur sur la société palestinienne. S il n est pas réglé, il ne fera qu exacerber un sentiment d anxiété, de méfiance et de colère déjà profondément ancré chez les Palestiniens.. La libération par Israël de prisonniers politiques dont la plupart n ont jamais été associées à des actes de violence serait
- 5 - une mesure de confiance minimale pour promouvoir le succès des négociations relatives au statut permanent. Le Comité, pour sa part, continuera à s acquitter du mandat qui lui a été confié par l Assemblée générale des Nations Unies pour mettre fin aux décennies d occupation et parvenir au règlement prévoyant deux États grâce à l établissement d un État palestinien indépendant, souverain viable sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, vivant côte à côte avec Israël dans la paix et la sécurité, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, au droit international, aux accords précédents et à l Initiative de paix arabe. Je souhaite plein succés et vous remercie de votre aimable attention. * * *