L énergie en Wallonie et à Bruxelles Yves Marenne - ICEDD Forum étopia «Kyoto 2» du 16 février 2005
étopia_ 1 Introduction : L état des lieux de la situation énergétique en Wallonie et à Bruxelles donne une idée précise de la production des émissions de CO2 dans ces deux régions. Il est fondamental de connaître l évolution des différents vecteurs d énergie et des principaux secteurs consommateurs si on veut mettre en place des politiques efficaces de réduction des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES). Toutes les informations présentées dans le présent document sont le fruit de travaux effectués pour le compte de la DGTRE et de l IBGE 1. Qui consomme quoi? 30.0 25.0 20.0 15.0 10.0 5.0 0.0 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 Gaz nat Electricité Prod pétr Autres Evolution de la consommation finale d énergie en Région de Bruxelles-Capitale L importance du gaz naturel est plus grande à Bruxelles qu en Wallonie. 1 Pour en savoir plus : http://energie.wallonie.be http://www.ibgebim.be
étopia_ 2 A Bruxelles, la consommation de produits pétroliers est relativement plus importante qu en Wallonie, notamment en raison de l importance de la consommation des transports. La part de l électricité est également conséquente dans la capitale. Le panier wallon est marqué par le poids de l industrie. Les combustibles solides forment encore un gros paquet. En filigrane de la répartition entre les différents vecteurs wallons d énergie, on trouve la structure économique et industrielle de la région. Qui consomme quoi? Les différents secteurs consommateurs : 30 25 20 15 10 5 0 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 Industrie Tertiaire Logem ent Transport A Bruxelles, on trouve un trio de tête : 1. Le tertiaire 2. Le logement 3. Le transport au coude à coude en terme d importance La part industrielle est excessivement faible (en noir). Les pics de consommation correspondent aux aléas climatiques (1996 est l année la plus froide de la décennie)
étopia_ 3 180 160 140 120 100 80 60 40 20 0 1985 1990 1995 2000 Industrie Logement Tertiaire Transport Agriculture En Wallonie, l industrie représente près de 50% des consommations. Mais cette part est en diminution relative. Globalement, la consommation énergétique de l industrie wallonne est stable. Le creux conjoncturel de 1993 est perceptible au niveau de la consommation. Toujours en termes de consommation, on voit aussi le poids infiniment supérieur de l industrie wallonne par rapport à l industrie bruxelloise. La première consomme de l ordre de 75 TWh tandis que la deuxième se «contente» d 1 TWh. Mais globalement, l orientation énergétique de l industrie est bonne parce que dans le même temps, elle produit plus de valeur ajoutée. Les autres secteurs continuent d augmenter : le logement et surtout les transports. En Wallonie, l influence des variations climatiques s exerce également mais elle n apparaît pas de manière aussi nette qu à Bruxelles.
étopia_ 4 Un zoom sur les industries régionales 1.2 1 0.8 0.6 0.4 0.2 0 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 Fabrications métaliques Imprimerie Alimentation Autres Sidérurgie inéraux non m éta liques Chimie Autres scteurs L industrie en Région de Bruxelles-Capitale L industrie en Région wallonne A Bruxelles, le secteur des fabrications métalliques forme un gros consommateur industriel. C est notamment dû à la présence de VW à Forest. En Wallonie, on voit le poids de la sidérurgie. Mais elle est en baisse structurelle et elle le sera encore plus après la fermeture en juin 2005 du premier haut fourneau de Seraing suivie en 2009 de la fermeture de celui d Ougrée. La chute des consommations sera donc tout à fait sensible.
étopia_ 5 L industrie wallonne en mutation en 2002:74-3 % par rapportà 1990-4 % parrapportà 2001 140 130 1990 = 100 120 110 100 90 80 70 1985 1990 1995 2000 2005 Sidérurgie Chimie Minér.non méta liques utres secteurs Sidérurgie Chimie M inéraux non m éta liques Autres secteurs Total Même si les tonnages d acier produits sont relativement constants depuis 20 ans, les consommations sont en baisse. Notamment du fait du basculement de la filière haut fourneau vers la filière électrique qui entraîne une diminution des consommations. Cette baisse est «compensée» par la croissance de la consommation de la chimie et de tous les autres secteurs industriels. Ces évolutions donnent une image du redéploiement industriel wallon. Les grands secteurs traditionnels, au mieux se maintiennent, au pire diminuent tandis que d autres secteurs sont en train d apparaître. Les consommations du logement Une fois encore on retrouve dans les deux régions l incidence des deux pics climatiques de 1996. A BXL, le gaz naturel est beaucoup plus présent. C est certes favorable en termes d émissions, mais cela veut aussi dire que les possibilités de substitution sont moindres.
étopia_ 6 12.0 10.0 8.0 6.0 4.0 2.0 0.0 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 Electricité Gaz naturel Produits pétroliers Autres 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 1985 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 Electricité Gaz naturel Produits pétroliers Comb solides Autres En région wallonne : Les produits pétroliers (gasoil de chauffage) sont nettement plus présents qu à Bruxelles. Le gaz a donc une belle marge potentielle de progression. Mais cela pose la question de la possibilité d étendre le réseau d alimentation en gaz. Parce que c est moins évident d avoir un tel réseau dans des zones moins densément peuplées.
étopia_ 7 Les combustibles solides (charbon) sont en train de s écraser, mais il en reste quand même encore. La consommation du logement est en croissance mais elle reste quand même relativement stable. L électricité dans le logement 1990 = 100 145 140 135 130 125 120 115 110 105 100 95 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 Total G az naturel Electricité Autres combustibles (Les consommations du logement bruxellois) Dans le secteur du logement, la consommation d électricité est en nette croissance. C est le cas en Wallonie comme à Bruxelles. Mais l électricité est en croissance constante dans tous les secteurs. Dans l industrie comme dans le tertiaire et dans le logement.
étopia_ 8 140 135 130 125 1990 = 100 120 115 110 105 100 95 90 1985 1990 1995 2000 2005 Total Electricité Totalcom bustibles (Les consommations du logement wallon) La croissance du secteur tertiaire 135 130 125 120 1992 = 100 115 110 105 100 95 90 85 1990 1995 2000 2005 Electricité Em ploi La consommation d électricité et l emploi à Bruxelles (indice 1992=100) (ici aussi mettre le graph à côté du précédent)
étopia_ 9 150 140 144 130 1990 = 100 120 110 100 90 119 80 70 60 1980 1985 1990 1995 2000 2005 Consommation d'électricité EmploiONSS La consommation d électricité et l emploi en Wallonie (indice 1990=100) Les consommations du tertiaire ont tendance à progresser ce qui est logique puisque c est un secteur lui-même en pleine croissance. La baisse de l emploi industriel est compensée par une augmentation de l emploi tertiaire. Il est donc logique que la consommation d électricité du tertiaire soit à la hausse. Mais les consommations d électricité croissent plus vite que l emploi dans le secteur tertiaire. C est sans doute la conséquence du fait que l ensemble des équipements (informatique, climatisation) du secteur tertiaire augmentent. Consommation des transports
étopia_ 10 Les transports en Région wallonne en 2002: 35 TWh Les transports en Région de Bruxelles-Capitale en 2002: 6 TWh Evolution du trafic routier en Belgique Les transports en Région wallonne en 2002: 35 TWh Les transports en Région de Bruxelles-Capitale en 2002: 6 Les chiffres de l évolution du trafic en Flandre indiquent une stabilisation au cours des deux dernières années. A Bruxelles, elle n est constatée qu au cours de la dernière année. En Wallonie, le trafic routier continue d augmenter. On n a pas assez de recul pour en tirer des conclusions, mais une des hypothèses est que l état de saturation des réseaux oblige l usager de la route à changer son mode de consommation de mobilité. L hypothèse est à la fois rassurante et alarmante. Elle impliquerait que ce qui est le plus déterminant dans les changements de comportements, ce ne sont pas les politiques de prix, ou les incitants, mais bien l état de congestion du réseau.
étopia_ 11 Un siècle de production électrique On s imagine généralement que la production colle plus ou moins à la consommation. C était vrai au début de l électrification mais cela ne l est plus depuis ces dernières années où la Belgique a importé une part importante de son électricité (de l ordre de 5 à 10 %). La consommation approche le niveau des 90 TWh en Belgique en 2004. Alors que la production plafonne vers les 80 TWh. Il est frappant de voir que malgré tous les efforts fournis, la consommation d électricité continue de croître de façon inexorable. 90 80 1950-1975: production multipliée par4.7 76.1 80.8 70 60 50 1925-1950: production multipliée par3.8 38.9 2000-2003: production en hausse de 0.8% 40 30 20 1975-2000: production multipliée par 2.1 9.2 10 2.2 E 1910 1920 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010
étopia_ 12 Il est vrai que comme consommateurs individuels nous sommes de plus en plus sollicités par la publicité. Par exemple pour de la climatisation, des saunas. Cela n incite pas à faire preuve d un optimisme débordant au sujet de notre capacité à maîtriser nos consommations électriques. Le débat sur l énergie ne se limite pas à sa dimension de maîtrise de la consommation et à ses aspects environnementaux. Il y a également la question de l indépendance énergétique dont nous devons tenir compte en Wallonie et à Bruxelles. La Wallonie est actuellement à 3 % d indépendance énergétique. La Belgique est à 2 %. Bruxelles, pour sa part, est dépendante presqu en totalité de l extérieur. Le solde est importé de l étranger. Il s agit principalement de charbon, de pétrole, de gaz naturel et d uranium. Si on passe de plus en plus vers le gaz naturel, la dépendance aux variations des prix de celui-ci n en sera que plus grande. Cela donne une place tout à fait importante aux énergies renouvelables qui améliorent notre indépendance énergétique et nous mettent à l abri des aléas géopolitiques. Conclusions : Ce sont actuellement l électricité et le secteur du transport dont les consommations augmentent le plus. Même s il semble bien que la congestion amène à terme à un plafonnement de la croissance du secteur du transport routier. Nous devons donc d abord travailler sur la maîtrise de la demande. Même si c est sans doute moins visible et moins attrayant que d autres politiques comme celle des énergies renouvelables. Le rôle des prix est déterminant. Les années 80 au cours desquelles les prix de l énergie ont très fortement augmenté ont été également des années de stabilisation des consommations. L industrie est souvent montrée du doigt mais le citoyen a une responsabilité très importante dans la réduction des consommations. Les industries qui sont des grosses consommatrices ont intérêt à baisser leurs consommations et elles le font même si l objectif premier n est pas nécessairement la protection de l environnement. Chacun de nous a un rôle à jouer en matière d environnement. Ce n est pas seulement le cas en énergie. En politique de l eau également, les pollutions diffuses deviennent de plus en plus problématiques par rapport aux pollutions ponctuelles importantes. Il ne faut pas négliger la question de l allocation des ressources spatiales. Dans un territoire exigu comme celui de la Belgique, le développement à très large échelle du renouvelable pourrait bien à un moment se heurter à un problème de compétition d espace. Ce problème de l allocation des ressources spatiales se pose également au logement, à l agriculture et au développement économique industriel