.co LANCEMENT DE LA CONCERTATION POUR LA CREATION D UN PARC MARIN DE LA MER DE CORAIL Jeudi 22 novembre 2012 14h CPS Harold MARTIN, Président du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie Monsieur le Haut-Commissaire, Mesdames et Messieurs les Elus, Mesdames et Messieurs, Ainsi que j ai déjà pu le dire à l occasion de la tenue de la Conférence Maritime il y a tout juste deux semaines, le Gouvernement de la Nouvelle- Calédonie a la conviction que notre pays doit se tourner vers la mer, autant que vers la terre, pour construire son avenir. Je suis donc très heureux de nous voir nombreux cet après-midi pour échanger sur ce grand projet de création d un Parc Marin de la Mer de Corail, ici, à la CPS, lieu symbolique s il en est de la dimension régionale de notre action dans le domaine maritime. Merci donc au Docteur Jimmie ROGDERS et à ses équipes pour leur accueil. Je tiens également immédiatement à remercier Messieurs Thierry CANTERI, Directeur du parc Marin de la Mer d Iroise et Rowan WYLIE, Directeur au Département du Développement Durable australien, qui nous 1
font l amitié de leur présence et vont nous faire partager leurs expériences en matière de gestion des espaces marins. Comme vous le savez, le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie est mobilisé de longue date déjà pour que notre pays se dote d une politique intégrée qui lui permette de gérer les immenses espaces marins placés sous sa responsabilité selon les principes du développement durable. De fait, la prise de conscience par les acteurs calédoniens de la richesse et de la fragilité de l espace maritime n est pas nouvelle. En attestent les politiques provinciales et territoriales élaborées au cours de la dernière décennie, ainsi que les actions conduites par les opérateurs locaux, qu il s agisse des comités de gestion des zones classées au patrimoine mondial de l UNESCO ou des ONG présentes sur le territoire. En la matière, de nombreuses dispositions ont été prises parmi lesquelles je veux citer, notamment, le réseau efficace des aires marines protégées, les réglementations adoptées pour la protection des espèces emblématiques et pour la pêche, les programmes de conservation des espèces et la prise en compte de la valeur des écosystèmes marins et côtiers dans les projets d aménagement. Je ne veux pas oublier non plus de mentionner la volonté de tous les partenaires de travailler en permanente concertation, une volonté qui s est exprimée au travers de la création récente du Conservatoire des espaces naturels. Sur le plan pratique, la mise en service en octobre 2011 de l Amborella, le nouveau navire multi missions de la Nouvelle-Calédonie, capable de naviguer dans toute la zone économique exclusive calédonienne, permet désormais d assurer au mieux le suivi de cet espace très vaste et très riche en ressources marines et en biodiversité. 2
Nous avons donc aujourd hui, je le crois, les moyens nécessaires pour être à la hauteur des enjeux qui se posent en la matière à notre territoire insulaire du Pacifique Sud, ce territoire dont la ZEE représente plus de quatre fois celle de la France métropolitaine et constitue une source de développement, pour une large part encore inexplorée. La récente Conférence Maritime de la Nouvelle-Calédonie, je le disais en commençant, m a donné l opportunité de décliner les axes de la politique conduite sur ce champ par le Gouvernement et de rappeler que l exploitation raisonnée des ressources maritimes à travers la construction de filières économiques performantes est une chance formidable pour notre pays, une chance en termes de diversification des activités pourvoyeuses d emploi notamment. Mais prendre la mesure de ce potentiel, c est également vouloir le protéger car ce patrimoine naturel est fragile, sa biodiversité parfois menacée. Et c est bien la raison de notre présence à tous cet après-midi : nous devons mettre en place une gouvernance des espaces marins de la Calédonie partagée avec tous les partenaires concernés par ce mode de gestion intégrée, entreprises et société civile, en nous appuyant sur les bases scientifiques les plus solides, comme j en ai rappelé l engagement lors du Sommet du Forum des Iles du Pacifique aux Iles Cook, à la fin du mois d août dernier. Nous constituons donc en cette enceinte aujourd hui une véritable assemblée de la mer calédonienne, l assemblée de toutes les parties intéressées par le projet de création d un parc marin de la Mer de Corail pour lequel j engage officiellement à cette heure une large concertation. Je tiens d ailleurs à insister particulièrement sur ce point : la démarche du Gouvernement est participative, elle ne procède pas de façon verticale, elle s appuie sur des échanges et une maturation qui disposeront du temps 3
nécessaire à une prise de décision argumentée et portée par les parties prenantes. Nous savons tous, en effet, que partout où des parcs marins ont été créés c est avec l adhésion et la participation des acteurs concernés et c est bien de cette façon que nous avons déjà procédé lors de l inscription au Patrimoine Mondial de l Humanité, en 2008, d une partie des sites de récifs coralliens et écosystèmes associés calédoniens. C est donc bien votre participation et vos apports que je sollicite aujourd hui pour qu ensemble nous construisions ce nouveau grand projet. Je sais pouvoir compter sur vous tous, sur les services de l Etat, sur les institutions et collectivités calédoniennes, sur les entreprises du pays, les associations, les organismes scientifiques présents en Nouvelle-Calédonie, ainsi que sur les organisations régionales dont nous sommes membres. Je tiens à cet instant à saluer publiquement la qualité du travail accompli par l IFREMER, l IRD, l Université de la Nouvelle-Calédonie, l Aquarium de Nouméa et le programme ZONECO, ainsi que l implication très forte des bénévoles du WWF, de la Société Calédonienne d Ornithologie et de l Association de Sauvegarde de la Nature Néocalédonienne, auprès desquels le Gouvernement trouve une écoute et un appui constants. Je remercie également l agence des Aires marines protégées avec laquelle j ai établi avec un partenariat dont je me félicite. Mes remerciements vont aussi à l organisation Conservation International avec laquelle j ai signé un accord de coopération et qui nous fait bénéficier de son expertise unique en matière de gestion et de conservation des espaces marins, notamment dans le Pacifique. Je souhaite aussi que cette démarche nous permette de poursuivre sur la voie de l intégration régionale. Notre partenariat avec l Australie sur la 4
gestion concertée de la Mer de Corail est à la fois indispensable et exemplaire des relations fortes que nous nous appliquons à tisser avec nos voisins. C est pourquoi elle s inscrit dans une logique de fonctionnement en réseau dans le cadre du projet «Pacific Oceanscape» soutenu par le Forum des Iles du Pacifique et inscrit dans la déclaration finale de la Conférence des Nations Unies sur le Développement Durable RIO + 20, intitulée «L avenir que nous voulons». Cela nous donnera ainsi l opportunité de tirer partie de l expérience des pays qui nous entourent et d apporter notre contribution à cette opération ambitieuse visant à assurer la gestion intégrée des espaces marins sur une surface de 40 millions de km2, représentant 8% de la surface du globe. Je voudrais enfin souligner le fait que notre travail s inscrit pleinement dans l actualité, tant au niveau régional qu international. Un des engagements majeurs pris au cours de la Conférence RIO + 20 est la décision de définir les règles d une gouvernance des océans d ici 2014, une décision à laquelle nous contribuerons aux côtés de nos partenaires, la France et les Etats et Territoires du Pacifique. Nous le savons, l ONU et l UNESCO s intéressent tout particulièrement à la conservation efficace de l espace marin du Pacifique et ces deux instances organiseront l an prochain, respectivement, un Séminaire d évaluation de l environnement marin dans le Pacifique Sud-Ouest en Nouvelle-Calédonie, et l atelier technique du programme marin du Centre du Patrimoine Mondial à Brisbane. Nous serons bien sur présents à ces rendez-vous. Nos organisations régionales, le PROE, la CPS et la WCPFC sont des partenaires majeurs avec lesquels nous collaborons, dans le cadre d une réflexion à la dimension de la grande région Océanienne. 5
Il s agit notamment pour nous tous de définir des plans stratégiques de gestion des espèces emblématiques migratrices mais aussi de poser les bases de connaissance commune des grands enjeux à l échelle du Pacifique pour soutenir des orientations de politique locale adaptées. Dans ce domaine, ces experts régionaux nous accompagnent notamment pour une meilleure prise en compte de la problématique du changement climatique encore trop peu intégrée à nos stratégies locales. Je vais conclure cette intervention en précisant un dernier point, qui mérite d être abordé explicitement au moment d engager la concertation sur ce projet de Parc Marin : protéger la Mer de Corail ne signifie pas à nos yeux en faire un sanctuaire absolu. Si nous organisons demain un zonage de cette mer, c est justement pour identifier les zones de développement possible de certaines activités et celles, parallèlement, de protection des écosystèmes fragiles. Nous devrons trouver le bon équilibre grâce, par exemple, à la mise en œuvre du principe de «zones à vocation préférentielle» plutôt que de «zone exclusives». Nous savons que c est tout à fait possible, que la pêche en surface est compatible avec l exploitation du fond de la mer ou avec la conservation des écosystèmes du fond de la mer, ou encore que la fréquentation touristique de certains sites fragiles est compatible avec leur protection si elle est organisée et encadrée. Aujourd hui, la Nouvelle-Calédonie est sur la bonne voie en matière de gestion de ses espaces marins, beaucoup a déjà été fait. Mais nous devons conforter le travail accompli et maintenir la dynamique de la concertation et de la participation de tous les acteurs. C est ce à quoi le Gouvernement vous invite une nouvelle fois. Je vous remercie. 6
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