BILAN DE LA CASE DES ENFANTS 15/03/10 Le projet de la Case des Enfants est une forme de réponse à une situation de l enfance très précaire en termes de santé, d éducation, et plus généralement en termes de condition de vie. Pour ce faire, un certain nombre d objectifs ont été définis : - des objectifs ludoéducatifs, par le biais d activités ludiques et originales - des objectifs scolaires - des objectifs en matière de santé et d hygiène, dans le cadre d un travail de sensibilisation et d éducation dans ces domaines - des objectifs de suivi spécifique des enfants, en ce qui concerne quelques cas particuliers. La mise en place du projet s est concrétisée au maximum dans le respect de ces objectifs fondamentaux. La Case des Enfants a ouvert ses portes le lundi 11 janvier 2010, et a été inaugurée officiellement de 18 février en présence des autorités locales. Voici un bilan de la tournure du projet, deux mois après son ouverture. Organisation du temps de travail : Présentation du fonctionnement général L équipe d animation est constituée de : - deux animateurs : Rodrigue ADJE, responsable de la Case, et Constance ZANNOU - une aide : Marguerite GNONLONFOUN Les deux animateurs travaillent à tour de rôle une semaine sur deux. Marguerite est présente chaque semaine, ce qui est d un grand apport pour faire du lien entre chaque semaine et garder ainsi une certaine cohérence dans les activités. Les animateurs sont chargés de la préparation et de la mise en place des activités. Le rôle de leur aide est de les soutenir et de les assister dans leur travail d animation, ainsi que de prendre en charge les éventuels soins médicaux à apporter aux enfants (réalisation des premiers soins de secours et accompagnement des enfants au dispensaire en cas de besoin). Marguerite se charge également de tout ce qui concerne l entretien de la Case des Enfants. L organisation de la Case des Enfants s organise autour de deux types d activités : les temps pour les enfants non scolarisés et ceux pour les enfants scolarisés. Il y a, en tout, 144 1
inscrits, dont 56 non scolarisés et 88 scolarisés, répartis en groupe d environ 12 enfants, selon cette répartition : - 4 groupes d enfants non scolarisés allant de 3 à environ 10 ans, chaque groupe étant accueilli 3h30 par semaine. - 7 groupes d enfants scolarisés allant du CI au collège, accueillis 1h30 par semaine. Les matinées et début d après-midi sont consacrés aux enfants non scolarisés. Les fins d après-midi sont pour les enfants scolarisés, afin de mettre en place des temps de soutien scolaire. Voici le planning d une semaine-type : heures Lundi mardi mercredi jeudi vendredi samedi non non non non 9h scolarisés scolarisés scolarisés scolarisés non scolarisés collégiens groupe A groupe B groupe C groupe D groupe A 11h30 parrainage/femme 14h Pause pause pause pause pause pause 15h non non non scolarisés scolarisés scolarisés scolarisés scolarisés parrainage/femme groupe 7 15h30 groupe D groupe C groupe 3 groupe B CM2 16h30 scolarisés scolarisés scolarisés scolarisés scolarisés groupe 17h30 groupe1 groupe2 groupe 4 groupe5 6 Activités réalisées : En général, les temps d animation pour les non scolarisés s organisent de la façon suivante : - quelques chants pour commencer - apprentissage des objets : observation de l objet, puis répétition du nom de l objet en le mettant en contexte. - graphisme : apprendre à tenir un crayon et à dessiner avec - jeux, temps libre - quelques chants - sensibilisation à l hygiène et à l environnement : un thème par semaine, abordé de diverse façons. - dernier chant avant de partir Ainsi, dans le cadre du travail de sensibilisation, les enfants se sont rendus plusieurs fois au bord du fleuve pour aborder les problèmes d hygiène causés par l eau. De même, grâce à la présence de volontaires en mission de protection du Zinkaka, les enfants ont pu bénéficier d un jeu sensibilisant à la protection du singe Zinkaka. Pour les scolarisés, le soutien scolaire a été instauré à chaque fin d après-midi. De plus, une volontaire venue durant les dernières vacances scolaires de février s est attachée à mettre en place des temps de soutien tous les jours, pour les élèves les plus motivés. De plus, des temps d échange avec les parents d élèves ont également été prévus. Constance Zannou a débuté ce travail de sensibilisation en se concentrant sur les problèmes d hygiène. 2
Ces activités sont lentes à mettre en place, mais cela devrait porter de plus en plus de fruit puisque l assiduité des parents à ces temps est déjà notable. Enfin, le lien entre la Case des Enfants et les parrainages a pu être fait grâce à la venue d Anne-Marie, responsable des parrainages en France. Rodrigue Adje, qui prend en charge ce volet, a rencontré avec elle l ensemble des familles parrainées pour prendre contact avec elles. Il a d ailleurs déjà commencé à repérer des nouveaux cas d enfants répondant aux critères fixés. Des nouveaux dossiers vont donc être constitués. Difficultés rencontrées Observations relevées par les animateurs : - problème d absence totale de notion du temps par la population du village : les enfants ont beaucoup de mal à respecter les horaires. Ils viennent, en général, en fonction du départ aux champs de leurs parents mais cet horaire n est pas fixe. Ils ont également du mal à assimiler la répartition en groupes qui a été faite au moment des inscriptions. Rares sont donc ceux qui viennent au jour qui leur a été fixé. Certains sont même là presque tous les jours! D autres viennent de temps en temps, que ce soit leur horaire ou un autre. Les animateurs tentent donc d y remédier et font l appel avant chaque séance pour respecter au maximum les groupes qui ont été fixés. Mais il est délicat de refuser des enfants quand il reste de la place. - assimilation de la Case des Enfants à l école par la population : cet amalgame entre les deux structures est perturbant pour le fonctionnement de la Case. En effet, les enseignants de l école ne sont présents, au maximum, que 3 jours par semaine. Lorsque l école est fermée, la population pense que c est également le cas de la Case, et les enfants ne viennent pas aux activités. Il y a donc beaucoup d absentéisme de la part des inscrits. - surcharge d inscrits : il y a, en tout, plus de 140 enfants inscrits. Il est vrai que, à cause des problèmes énoncés, les enfants sont rarement tous présents à chaque séance. En moyenne, il y a un peu moins de 10 enfants par groupe, même s il arrive qu il y en ait plutôt 15. Mais d une manière générale, les animateurs ont énormément d enfants à gérer, ce qui rend difficile le contact personnalisé avec chaque enfant qu on avait souhaité à la base. Difficultés sur le plan organisationnel : - le rôle de Marguerite : les animateurs ont eu du mal à saisir l importance du rôle de leur aide, Marguerite. En effet, ils n ont pas compris qu ils devaient travailler en collaboration 3
avec elle, puisqu elle était le meilleur moyen de faire le lien entre les deux animateurs. Ils n ont pas non plus profité de sa présence pour diviser les groupes en mettant en place deux activités parallèles, et approfondir ainsi le travail avec une plus petite quantité d enfants. - présence à la Case : trop souvent des habitants du village se permettent de venir à la Case en dehors des temps d ouverture et les animateurs n ont pas su, jusque-là, être assez fermes pour faire respecter une seule règle pour tout le monde et de façon continue. Si bien que l autorisation d être présent à la Case varie en fonction des jours et des affinités. Ceci est perturbant, notamment pour les volontaires de passage. Problèmes de fond dans le fonctionnement : - fonctionnement trop scolaire : les animateurs manquent d expérience dans l animation et ont du mal à se détacher d un rapport avec les enfants similaire à celui observé dans les écoles. Le fonctionnement est donc selon le schéma scolaire : les enfants assis écoutent, et le maître parle. Il y a peu d interaction. Les animateurs recherchent l apprentissage, qui se fait donc beaucoup par la répétition, plutôt que de mettre en place un véritable éveil pour les enfants de façon ludique et originale, comme nous l avions pensé au départ. - manque de diversification des activités : les animateurs ont très peu d imagination en matière d animation et ont donc du mal à diversifier les activités proposées aux enfants. Ceuxci font donc souvent la même chose : les même jeux, les même chants, Rodrigue comme Constance ont du mal à mettre en place des activités originales, en attirant l attention des enfants et en faisant travailler leur imaginaire. Par exemple, il n y a, hormis le graphisme, aucune activités manuelles qui leurs sont proposées alors que nous pensions nous baser principalement sur ce types d activités. Et surtout, chaque animation dure beaucoup trop longtemps. Pour que la concentration des enfants soit effective sur une longue durée, il faudrait faire bien plus varier les animations en privilégiant des activités plus courtes. Perspectives Point avec les animateurs : Une réunion avec l ensemble de l équipe de la Case des Enfants s est tenue le 11 mars dernier, en présence d Eugène, Mélanie et Nolwenn. Le but était d échanger sur l évolution du projet, après deux mois d ouverture. Les animateurs nous ont ainsi fait part des principales difficultés auxquelles ils sont confrontés. De notre côté, nous leur avons ré expliqué notre vision du projet, en leur montrant 4
en quoi ils n y étaient pas conformes. Nous leur avons exposé l ensemble des observations faites lors de nos passages à la Case et l ensemble des problèmes qui ont été énoncés précédemment, en leur montrant ce qu il faudrait changer. Même s il a fallu être un peu ferme, cette réunion a permis de mettre les choses au clair, de redéfinir les objectifs et les enjeux, et de proposer des nouvelles manières de procéder. Le résultat ne pourra en être que bénéfique pour les enfants de la Case. Proposition d une petite «formation» complémentaire : Il est important que les animateurs voient d autres manières de prendre en charge l animation. Nous allons donc prendre contact avec une structure expérimentée dans ce domaine, afin que les animateurs puissent observer des nouvelles techniques durant leur semaine de repos. Cela permettra d insérer d autres types d activités dans le programme d animation de la Case. Prochaines missions de volontaires : La présence de volontaires expérimentés dans l animation semble être le meilleur moyen d approfondir le travail de la Case des Enfants. En effet, le travail de collaboration entre les volontaires et les animateurs permet d introduire une nouvelle façon d animer en douceur et de la faire intégrer dans la durée par les animateurs de la Case des Enfants. Ainsi, plusieurs arrivées sont programmées : - la présence de Tiphaine Defive actuellement à la Case, et ce pour les deux prochains mois, va permettre d accentuer les activités sur des travaux manuels. En effet, Tiphaine a un certain bagage dans le domaine de la peinture et de l art plastique, ce qui est très intéressant pour les enfants qui vont pouvoir apprendre à manipuler des nouveaux supports. - l arrivée début avril de Rafael Sziporta va également faire avancer le projet. Expérimenté dans le domaine de l animation, il pourra proposer des nouvelles idées d activités et combler ainsi le manque de créativité des animateurs. - Clara Guerin, prévue pour le mois de septembre, est diplômée dans le domaine de l animation. Elle reste sur une très longue période (9 mois) et va donc pouvoir travailler en profondeur avec les animateurs sur un véritable projet éducatif et mettre en place un programme d animation sur plusieurs mois. Le fonctionnement de la Case des Enfants est encore un peu bancal, mais ces diverses perspectives vont permettre d apporter des premières réponses aux lacunes que nous avons pu observer jusque-là. Les mois qui arrivent auront donc comme objectif de continuer à construire ce projet qui est loin d être terminé, pour qu il porte un maximum de fruits. C est un projet qui s inscrit dans la durée, dont les résultats seront visibles à long terme et dont la mise en place se poursuivra petit à petit si elle est suivie de près. Il faudrait donc qu un nouveau bilan soit dressé d ici quelques mois, pour pouvoir apprécier l évolution du projet et apporter des nouvelles solutions. 5