L écrivain Il se trouvait devant la porte. Il était arrivé là sans vraiment savoir comment. Mais il est clair que ce vieux portique en bois lui barrait la route. Faire demi-tour il ne le pouvait! Pourquoi? Tout simplement parce que derrière lui c était les ténèbres. Rien dans son dos! Et puis il faisait glacial dans cette pièce. Mais d ailleurs s agissait-il réellement d une pièce Une angoisse particulière l étreignit Mais où était-il exactement? Et pourquoi? - «Ho, il y a quelqu un?» s écria Ahmed. Sa voix semblait confinée. Aucun écho. Il se demandait s il n allait pas étouffer ici même, sur place! Mais bon Dieu, mince! Comment était-il arrivé là? Aucun souvenir en lui C était terrible de ne plus savoir. En fait de ne rien savoir du tout! Et comment s appelait-il? Rien, pas une bribe d image en son cerveau, pas un quelconque souvenir Il était là c est tout Avec une certaine angoisse, Ahmed souleva son bras en direction de la poignée, y posa la main, et se surprit à ne pas vouloir l ouvrir. Mais avait-il seulement le choix? Tout autour de lui, et au-delà de cette porte, il y régnait un silence profond. Et s il fallait qu il la décrive, Ahmed aurait dit qu elle était d un style gothique, ancienne et malgré tout en bon état.
Il n était pas le genre de personne à avoir peur. De plus, tout ce qui lui paraissait mystérieux et hors norme le laissait de marbre en règle générale. Par ailleurs, il n était pas assidu aux histoires fantastiques. Mais cette fois-ci, il pouvait se poser des questions! Au premier coup d essai, la porte ne résista pas et il put, sans aucun problème, l ouvrir. Ne sachant pas ce qui l attendait de l autre côté, il la poussa d un pied léger et discret. Celle-ci s ouvrit sans aucun souci et sans crissement. Toujours ce silence pesant. Il avait maintenant vue sur un couloir. Pas très grand, mais néanmoins suffisamment spacieux pour s y tenir à plusieurs. Il n aurait su dire de quel couleur étaient les murs. En fait qu est-ce que cela pouvait importer? Peut-être s agissait-il d une nouvelle pièce, mais d après l aperçu qu il en avait, celle-ci était plutôt rectangulaire et profonde. Ahmed s avança de quelques pas et s introduit à l entrée de cette salle. A ce moment là, la porte derrière lui se referma toute seule en un claquement et il fit un bond. Il se retourna et tenta bien de l ouvrir, mais c était impossible. Il lui fallait se rendre à l évidence, il était à nouveau «cloîtré». - «Mais qu est-ce que je fiche ici dans ces locaux? Je n y comprends rien de rien!» Petit à petit, ses yeux s accoutumaient à la pénombre. De part et d autre de ce couloir se trouvaient de nouvelles portes. Une à sa gauche, une à sa droite, et plus loin encore une de chaque côté. Ce qui portait leur nombre à quatre. Ahmed se précipita vers la première avec espoir. Celle-ci était fermée! Puis vers la seconde! Fermée elle aussi. - «C est pas possible! Ho ho, il y a quelqu un? Vous vous amusez bien à ce que je remarque? «Il essaya les deux dernières portes, jusqu à ce qu effectivement celle du fond à droite s ouvrit. - «Ah quand même!» La nouvelle pièce était illuminée de l intérieur et pourtant Ahmed n y découvrit aucune lampe. D où provenait cette luminosité? De plus, et cette nouveauté le surprit, il n y avait rien du tout à l intérieur. C est à ce moment là qu il remarqua que depuis son arrivée, il n y avait aucune fenêtre autour de lui. Et toujours ce silence total. Pas un brin de vie ne lui parvenant d où que ce soit. Ahmed observa la pièce où il se trouvait. C est alors qu il remarqua une petite chose placée en son centre. Petite et discrète. Il s en approcha doucement et se baissa. - «Mince, dit-il, une gomme!?»
Il la prit sur lui, et, c est alors que ses yeux se mirent à piquer. Le temps de les fermer un instant et de les rouvrir, il se trouvait ailleurs! En fait non, il avait la nette impression d être de retour devant cette vieille porte gothique. - «Non mais attendez là?! C est quoi ce cirque?» A nouveau ce froid glacial et cette pénombre lui pénétrait le corps. D une main décidée, il ouvrit pour la seconde fois le portique en bois et se retrouva dans le même espèce de couloir. Il glissa la gomme dans sa poche et retourna vers l entrée de tout à l heure. Celle qui était ouverte. Malheureusement, cette fois-ci, il se rendit bien vite compte qu il lui était impossible de l ouvrir. En désespoir de cause, Ahmed se rua sur celle d en face. Celle-ci ne lui résista pas et un nouveau mystère l attendait derrière. La porte s ouvrit sans aucun souci et, une fois de plus, une pièce! Vide de tout! - «Je crois devenir fou. A quoi ça rime?» Pour la seconde fois, il n y avait rien, si ce n est un petit objet placé au centre. Ahmed s en approcha et se pencha. - «Ben voyons, dit-il, je me marre. Voilà un crayon maintenant!» Il le ramassa et eut au même instant un trouble au niveau de la vision. L antique porte en bois était à nouveau devant lui! - «Et bien voilà que l on recommence!» N y tenant plus, il l ouvrit. De la sueur commençait à perler sur son front et dans son dos. Une sueur froide, très pénible, qui faisait coller son T-shirt à sa peau. Il traversa en courant le couloir, le crayon à la main de façon à pouvoir se défendre au cas où, et se dirigea vers les deux portes du fond. Il s avéra qu à présent celles-ci étaient fermées. Impossible pour lui de faire quoi que ce soit. Ahmed se retourna vers les deux dernières avant de se diriger vers elles. L une des portes s ouvrit. Il poussa un léger cri de désespoir : la pièce était vide. Mis à part, en son milieu, un paquet de feuilles de papier. - «Si je comprends bien, dit-il à voix haute, il me suffit de prendre ce papier et je devrai me retrouver à nouveau d office devant cette vieille porte!! Ca va là-haut, qui que vous soyez, vous vous amusez bien? Mince et puis d abord, qu est-ce que je fiche ici? Que me voulez-vous?» Bien sûr, personne ne lui répondit. Mis à part ce lourd silence qui s éternisait. - «C est bon, vous gagnez encore un point et je vais bien voir quelle sera la suite de cette histoire de fou! «
Ahmed, une fois de plus et sans grande conviction, s accroupit et pris avec lui le tas de feuilles bien rangée au milieu de la salle vide. Et, sans surprise, il se rendit compte après un léger trouble, qu il était à nouveau devant cette porte tant redoutée. - «On recommence la partie alors? Et si je réfléchi bien, il ne me reste plus qu à ouvrir la porte de droite en rentrant. Je suppose que les autres seront fermées.» Il ne s était pas trompé! Cette quatrième et dernière porte lui permit de s engager dans une nouvelle pièce vide avec pour seul objet en son milieu, une chaise. Ahmed, prit de fatigue, et aussi un peu de désespoir, s assit et s endormit rapidement. Depuis combien de temps errait-il dans ce vase clos? Ce fût sans grande surprise qu il se réveilla à nouveau devant le vieux portique. Bien qu en son fort intérieur il espérait avoir rêvé tout cela, la situation lui prouva le contraire. - «Mince, j en peux plus là! Et d ailleurs que dois-je faire maintenant? J ai ouvert les quatre portes! «Fatigué de tout, il prit sa chaise, roula le papier et s avança à nouveau dans le couloir. C est alors qu il remarqua une cinquième porte apparue tout au fond du couloir, comme par enchantement. Prudemment, et tout en testant les poignées de chacune des autres portes qui bien sur étaient fermées, il se rapprocha du fond. Arrivé au bout du couloir, il resta planté là un moment. Puis, d un geste à la fois décidé et de dépit, ouvrit cette dernière entrée. La pièce était spacieuse et il y avait sur le côté du mur droit, un bureau. Rien d autre. Ahmed s en approcha, complètement désespéré, posa la chaise en la contemplant et jeta un coup d œil rapide sur le bureau. Il n y avait rien! Celui-ci était très propre. Il s assit et d un geste machinal, sortit la gomme, le crayon, les feuilles et les posa sur le petit meuble. Par automatisme, il reprit le stylo et se pencha sur ses feuilles. Mais il ne savait pas pourquoi! Il le fallait, c est tout. Ahmed leva la tête avant d entamer la moindre phrase écrite et, soudain, aperçu un tableau sur le mur d en face. La scène représentait un homme jeune, assis à son bureau, s essayant à l écriture. Derrière lui un personnage plus âgé, avec une belle et longue barbe, lisait par dessus son épaule. On aurait pus croire une représentation peint par Jan Vermeer, l artiste hollandais. Ahmed, de désespoir et complètement perdu, coucha sur le papier ses premiers mots :
«Je me trouvais devant la porte. J étais arrivé là sans vraiment savoir comment. Mais il est clair que cette vieille porte en bois me barrait la route. Faire demi-tour je ne le pouvais Pourquoi?.» Copyright Olivier Fischer 23 avril 2007 Conformément au Code de la propriété intellectuelle, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage et ses illustrations, et ce, par quelque moyen que ce soit, sans l'autorisation préalable de l'auteur.