Régime français Population et peuplement
1. Des débuts difficiles
Les débuts de la Nouvelle-Francee Les débuts de la Nouvelle-France se font lentement. Le commerce des fourrures y est très important, mais la colonisation est plutôt lente et concentrée au même endroit.
L occupation de la Nouvelle-France De nombreux voyages d exploration vont permettre aux Français de mieux connaître l Amérique du Nord et d en occuper une très grande partie. En 1663, la Nouvelle France comprend 4 colonies : le Canada, l Acadie, Terre-Neuve et la Louisiane.
L occupation de la Nouvelle-France À partir de 1608, les Français vont occuper un vaste territoire en Amérique du Nord, du Labrador jusqu à la Louisianne. Les colons français vont principalement habiter la vallée du Saint-Laurent. Suite à la création de Québec par Samuel de Champlain, la colonie va se développer, aux côtés des milliers d Amérindiens qui occupent aussi ce territoire.
Le projet de Champlain Samuel de Champlain participe grandement au développement de la Nouvelle-France. Il participe à la fondation de l Acadie, de Québec et crée des alliances avec les Amérindiens, notamment les Montagnais et les Hurons. Il retourne souvent en France, pour convaincre le roi et de riches hommes d affaire d investir dans le développement et le peuplement de la colonie du Canada.
Le projet de Champlain Ses propositions : - faire immigrer des familles au Canada - fonder des villes - construire des forts (pour la défense) - évangéliser les Amérindiens et développer une colonie catholique - envoyer des administrateurs royaux gérer la colonie
Le projet de Champlain Malgré les effort de Champlain, la colonie reste peu développée. Le roi de France n investit pas vraiment dans le Canada et la colonisation se fait sur une base individuelle. Les commerçants de la fourrure s enrichissent, mais ne s installent pas de façon permanente sur le territoire.
Un lent développement Avant 1630, moins de 100 colons habitent de façon permanente au Canada. À partir de Québec, des terres sont concédées le long du fleuve. Puis, en 1634, Trois-Rivières est fondé par le Sieur de Laviolette.
Un lent développement En 1642, Paul Chomedey de Maisonneuve fonde Ville-Marie (Montréal) dans le but d évangéliser les Amérindiens. Les autorités françaises, craignant les attaques iroquoises, sont d abord contre le projet : ils croient aussi que la colonie est trop petite pour assurer la défense de cette zone éloignée.
Une population concentrée Malgré des premières années difficiles, l expérience de Ville-Marie sera un succès et la colonie prend de l expansion, tout en restant très concentrée sur les abords du fleuve Saint-Laurent.
Une population concentrée Le reste du territoire du Canada est peu habitée. Des postes de traite des fourrures et des forts de défense montrent l occupation du territoire par les Français. Certains villages de pêcheurs vont aussi se développer le long des côtes du Saint-Laurent et de la Gaspésie.
Le monopole des compagnies Le roi de France accorde certains monopoles aux commerçants de la fourrure au Canada. En échange, ces compagnies ont la responsabilité de peupler et d évangéliser le nouveau territoire.
Le monopole des compagnies Mais peupler et développer un nouveau territoire coûte cher : il faut faire venir des gens par bateau, leur fournir une terre, développer des infrastructures (maisons, église, moulin, routes, etc.). Tous ces coûts réduisent les profits des compagnies. Elles vont donc préférer ignorer leur engagement face au peuplement et se concentrer sur la traite des fourrures.
La compagnie des Cents-Associés En 1627, le roi Louis XIII décide de créer la compagnie de la Nouvelle-France, mieux connue sous le nom de compagnie des Cents-Associés. Elle reçoit le monopole du commerce des fourrures, mais doit peupler la colonie.
La compagnie des Cents-Associés La compagnie des Cents-Associés a de bonnes intentions et fera légèrement augmenter la population du Canada après 1630, mais elle connaît rapidement des ennuis financiers : peupler et développer la colonie coûte plus cher que prévu. Aussi, l Angleterre tente de s emparer de la colonie du Canada et attaque les bateaux français qui transportent les colons, rendant le peuplement plus difficile.
Une faible population Malgré la création de la compagnie des Cents-Associés et les tentatives de peuplements, les investissements sont insuffisants et la population de la N-F reste très basse avant 1663.
Une population majoritairement masculine Les compagnies vont aussi favoriser l immigration masculine car cela coûte moins cher et les hommes peuvent travailler au défrichement et développement de la colonie. Cependant, cela va créer un déséquilibre dans la population de la colonie, qui manque grandement de femmes.
2. Une lente évolution
Le gouvernement royal de 1663 Le nouveau roi de France, Louis XIV décide d investir dans son empire colonial. Il dissout la compagnie des Cents-Associés et prend en charge sa colonie. Il nomme un gouverneur et un intendant pour le représenter.
L arrivée de Jean Talon L intendant est en charge du peuplement et de l organisation de la colonie. C est aussi lui qui distribue les terres. Le premier intendant nommé par le roi est Jean Talon. À son arrivée dans la colonie en 1665, un recensement lui révèle qu il n y a que 3215 habitants.
L arrivée de Jean Talon La population de la N-F est trop basse pour défendre la colonie, la développer et exploiter ses ressources naturelles. La France voudrait aussi que la N-F devienne un marché pour vendre ses produits fabriqués dans la métropole = il faut AUGMENTER la population de la colonie.
Les mesures de peuplement Les engagés: travailleurs qui acceptent de venir travailler en N-F pour 3 ans. Ils sont logés, nourris, payés et transportés en échange de leur travail. Ils participent au développement de la colonie, défriche des terres, construisent des bâtiments, etc.
Les mesures de peuplement Les Filles du Roy : pour augmenter les naissances, le roi envoie des filles pauvres ou orphelines. L objectif est de les marier à des colons de la N-F, le plus rapidement possible, et de fonder des familles nombreuses.
Les mesures de peuplement Entre 1665 et 1667, des soldats du régiment de Carignan-Salières sont envoyés dans la colonie pour la défendre contre les Iroquois. Le roi tente de les encourager à rester en N-F en leur offrant des terres ou des seigneuries.
Une augmentation de la population En 1745, la population de la N-F atteint 55 000 personnes (elle était de 1000 en 1645). Cette augmentation de population peut s expliquer par 2 phénomènes : l immigration et la natalité.
Une augmentation de la population L immigration vers la N-F reste assez faible pendant tout le régime français. Entre 27 000 et 35 000 personnes auraient immigrés dans la colonie. Ce sont surtout des célibataires. Seulement 250 familles auraient immigrés. Les immigrants viennent surtout de France, de pays d Europe voisins, d Acadiens et des colonies britanniques.
Une augmentation de la population L immigration est peu importante et une grande partie des immigrants retournent en France après quelques années (+ de la moitié!!) Seulement 14 000 seraient restés de façon permanente. Aux familles, engagés, filles du Roy et soldats, s ajoutent aussi des esclaves et des prisonniers de guerre. Le climat difficile et les guerres atroces contre les Iroquois peuvent expliquer la faible immigration vers la N-F.
Une augmentation de la population La natalité est ce qui fait vraiment augmenter la population de la colonie. À la fin du régime français, la population de la colonie est d environ 70 000 personnes. Les femmes du Canada sont encouragées, par l Église et les dirigeants de la colonie, à avoir des familles nombreuses et ont en moyenne 7 enfants.
Une augmentation de la population Les familles sont plus nombreuses en N-F qu en Europe. Les conditions de vie plus saine, l accès à l eau potable et le grand espace disponible diminue les maladies et les risques d épidémies. Cela réduit donc la mortalité infantile.
Le régime seigneurial La majorité des habitants de la N-F pratiquent l agriculture. Les terres agricoles sont distribués selon le régime seigneurial. Un seigneur (homme riche, noble ou influent) ou les communautés religieuses possèdent habituellement les seigneuries (étendue de terre).
Le régime seigneurial Le seigneur sépare ensuite sa terre en lots (censive) qu il loue à un agriculteur (censitaire). L agriculteur doit défricher et entretenir son lot, après quoi il récolte ce qu il a semé pour nourrir sa famille.
Le régime seigneurial Chaque agriculteur est responsable de son lot de terre. Il peut aussi utiliser le moulin et les terres communes pour la chasse ou l accès à l eau. Les seigneurs vont aussi fabriquer des routes pour le transport.
Le régime seigneurial En échange de la location de la terre, les agriculteurs paient le cens (une taxe au seigneur = une partie de la récolte) et doivent faire des corvées (temps de travail pour le seigneur).
Création de villages Les seigneuries vont rapidement se peupler et devenir des villages, tout le long du St-Laurent. Ils sont assez isolés les uns des autres. À travers cela, Québec, Montréal et Trois-Rivières sont des villes de plus grande importance.
La population canadienne le long du Saint-Laurent
Les paroisses Dans les villages suffisamment peuplés, les communautés religieuses construisent des églises et répandent la foi catholique. L Église organise donc sa propre division du territoire et ces villages sont aussi des paroisses, sous le contrôle du curé du village.
L exploration du territoire Après la vallée du Saint-Laurent, les Français vont chercher à explorer une plus grande partie du territoire de la colonie. Des voyageurs et des explorateurs vont se rendre jusqu à la Baie d Hudson (au nord), jusqu à la Louisiane (au sud) et jusqu aux Grands Lacs et au fleuve Mississippi à l ouest.
L exploration du territoire Ces explorations permettent de mieux connaître le territoire, de créer des alliances avec les Amérindiens et de construire des forts de défense ou des postes de traite des fourrures.
3. Un territoire partagé
Le développement des 13 colonies britaniques Plus au sud, les Britanniques vont aussi s installer en Amérique du Nord. Ils s installent sur la côte et forment les 13 colonies britanniques. La population de ces colonies grandit beaucoup plus rapidement que celle de la N-F.
Le développement des 13 colonies britaniques Les Britanniques aimeraient bien avoir plus de territoire en Amérique du Nord. Ils se rendent jusqu à la baie d Hudson et Terre-Neuve pour la traite des fourrures. Cela crée des conflits avec les Français. Plusieurs territoires sont contestés, ce qui mène à des affrontements armés entre la France et l Angleterre.
Le traité d Utrecht - 1713 En 1713, un conflit entre la France et la Grande-Bretagne est réglée par la signature du traité d Utrecht. La France perd une partie de Terre-Neuve, de l Acadie et la baie d Hudson.
La déportation des Acadiens - 1755 Suite à ce traité, les conflits entre la France et l Angleterre en Amérique ne sont pas terminés. En Acadie, la population française ne se rebelle pas, mais refuse de prêter fidélité et allégeance au roi d Angleterre. En 1755, un nouveau conflit éclate entre la France et l Angleterre et c est les Acadiens qui en souffriront le plus.
La déportation des Acadiens - 1755 Pour briser les liens des Acadiens avec la France et les assimiler au reste de l empire britannique, on déporte les Acadiens vers les 13 colonie britanniques. Des familles sont séparées et ils doivent quitter leur maison et village pour une vie forcée dans ces colonies.
La déportation des Acadiens - 1755 Certains Acadiens vont tenter de fuir vers les colonies de la Nouvelle-France. Plusieurs meurent en tentant de fuir ou de résister aux Britanniques.
La population autochtone La majorité des populations autochtones nomades du nord du Québec ne sont pas vraiment affectés par l arrivée des Européens au Canada. Ils vont faire du commerce avec eux et l installation de villages européens sur la rive nord du fleuve repousse les animaux et les territoires de chasse vers le nord. À part cela, le mode de vie de ces amérindiens reste inchangé.
La population autochtone Dans la vallée du Saint-Laurent, l arrivée des Européens transforment profondément les communautés amérindiennes. Certaines nations iroquoises sont décimés par les Européens.
La population autochtone Le nombre d Amérindiens va grandement diminué suite à l arrivée des Européens en Amérique, surtout en raison des maladies comme la variole, le typhus, le choléra ou la varicelle. Les Amérindiens vont progressivement s immuniser contre ces maladies et certains vont s éloigner vers le nord-est, mais dans les premières années, ils meurent en grand nombre des maladies amenées par les Européens.
La population autochtone Certains groupes sont convertis au catholicisme et s installe de façon permanente dans des villages près des Européens. C est le cas des Iroquois, Hurons, Abénaquis, Algonquins, etc. On les appelle les amérindiens domiciliés.
La population autochtone Ces Amérindiens domiciliés vont aussi adopter la langue française et pratiquent un mode de vie européen sédentaire. Ils commencent à pratiquer l élevage et abandonnent les maisons longues pour des maison de types canadiennes.
Les guerres iroquoises La domination pour la traite des fourrures avec les Européens cause des conflits dans les nations amérindiennes. Les Français, alliés avec les Hurons et les Algonquins, devront combattre les Iroquois, ennemis de leurs alliés. Les Iroquois vont s allier avec les Hollandais, puis les Anglais.
4. La société de la Nouvelle-France
L organisation sociale La société de la N-F est organisée comme celle de France. C est une société hiérarchisée, mais moins stricte que dans la métropole.
L organisation sociale Il y a peu de gens riches ou nobles en Nouvelle-France. Ce sont surtout les hauts dirigeants (intendant et gouverneur) et des membres du clergé comme l évêque. Certains marchands ou paysans vont s enrichir dans la colonie et gravir les échelons de la société, parfois même être anoblis.
L organisation sociale Plus de 90% de la population forme le tiers-état (paysans, artisans, commerçants). Une bourgeoisie d affaires va se créer. Ce sont de riches hommes d affaires, marchands et négociants. Ils sont très influents et certains vont même devenir seigneurs (propriétaires de terres).
Les exclus de la société canadienne L esclavage est une pratique courante dans les colonies d Amériques du nord. On comptait entre 2000 et 3000 esclaves durant le régime français. Ces esclaves sont surtout des Amérindiens en provenance des nations ennemies des Français ou des noirs d Afrique. La majorité des ces esclaves travailleront pour les nobles ou riches habitants, comme des domestiques.
Les exclus de la société canadienne Si la Nouvelle-France est une terre d accueil pour plusieurs personnes (prisonniers, familles pauvres qui veulent refaire leur vie, orphelines, etc.), ce n est pas tout le monde qui est le bienvenue. En effet, les autorités françaises veulent faire de cette colonie, une colonie CATHOLIQUE. Plusieurs protestants vont fuir les persécutions en Europe et tenter leur chance en Amérique, mais ils ne seront pas autorisés en N-F. Ils vont devoir cacher leurs croyances ou se convertir au catholicisme.
De Français à Canadiens Les habitants du Canada vont développer un sentiment d appartenance à ce nouveau territoire. S ils adoptent des pratiques et un mode de vie similaire à celui de la métropole (France), la cohabitation avec les Amérindiens et les particularités du territoire et du climat canadien vont les forcer à développer leur autonomie et un sentiment d indépendance.
De Français à Canadiens Tous les habitants partagent ce désir de réussir sur ce nouveau territoire aux conditions plutôt difficiles même s ils viennent de différentes régions de France. Un esprit de communauté et d entraide va naître (malgré l isolement et l éloignement de certaines fermes). Aussi, les habitants vont abandonner leur dialectes locaux pour adopter le français des dirigeants. Après plusieurs décennies, ces Français seront appelés Canadiens.