Il faut vite comprendre les bons ingrédients du marketing mobile

Médias électroniques Cecilia Campbell février 2004 techniques de presse Les journaux européens et la téléphonie mobile Il faut vite comprendre les bons ingrédients du marketing mobile Il s agit ici de développement commercial, de nouvelles sources de revenus et de partenariats, avec une petite touche de technologie. Les services mobiles devraient ouvrir la porte d un monde d opportunités pour l industrie des médias. Les journaux sont assis sur de fortes marques, des masses de contenus et d importantes bases de clients. Ils sont dans la position idéale pour devenir de grands fournisseurs de contenus dans cette nouvelle infrastructure. Pourtant, tout n est pas rose, car une bonne part du pouvoir est hors de portée des fournisseurs individuels et réside dans les mains des gros opérateurs de téléphonie mobile. Mais il y a des possibilités. Commençons par la base : Apprenons les pas du SMS avant de passer à la danse du MMS. Et oublions le tango du 3G, en tout cas pour le moment Le monde des communications mobiles est complexe. Si les communications sont en soi simples et immédiates, le nombre déjà étourdissant et le type d acteurs placés tout au long de la chaîne de valeurs de ce monde des communications mobiles continuent de croître à un rythme phénoménal. Si les journaux ont jugé Internet comme un défi stratégique à relever lorsqu il est arrivé, les opportunités commerciales dans le secteur des services mobiles sont considérablement plus difficiles à approcher. En même temps, les possibilités de générer instantanément des revenus sont plus nombreuses. Il y a néanmoins plusieurs questions sur lesquelles il faut se pencher avant de ce lancer dans ce domaine et cet article a pour objectif de vous éclairer sur les plus importantes. Chaque téléphone mobile sur le marché supporte le SMS, le service de messagerie texte (textos) qui tourne sur le GSM de base. Les opérateurs facturent au message et celui-ci est limité à 160 caractères. En Europe, nous sommes actuellement aux prémices d un changement de génération dans la technologie de la téléphonie mobile. Bien que le passage aux réseaux et téléphones de troisième génération semble prendre plus de temps que prévu. La téléphonie mobile de première génération consistait en des réseaux et téléphones analogues généralement spécifiques à chaque pays/région. Les GSM (Global System for Mobile Communications), ces réseaux actuels de deuxième génération, sont numériques et cette technologie était à l origine une norme européenne qui s est ensuite répandue dans le monde entier. Le plus intéressant dans l immédiat pour les fournisseurs de contenus est ce qui a été baptisé la génération «2,5 G». Celleci utilise les réseaux physiques GSM existants, ainsi qu une actualisation de logiciel appelée GPRS (General Packet Radio Service). Avec un GSM de base, vous payez par unité de temps et étant donnée la méthode de transmission, les réseaux ont une performance assez basse. D un autre côté, la 2,5 G (GPRS) utilise une technologie différente, ce qui signifie que la capacité du réseau est utilisée de manière beaucoup plus efficace pour la transmission de données. Pour le consommateur, cela veut dire qu il peut être constamment en ligne tout en étant uniquement facturé pour les don- nées téléchargées, c est-à-dire qu il paie par kilo-octet (Ko) de données. La vitesse de transmission pour le GSM est actuellement de 9,6 kbits/s, tandis que pour le GPRS vous obtenez une vitesse théorique d environ 115 Kbit/s, même si en pratique le débit se situe entre un tiers et la moitié de ce chiffre. Etant donnée la stagnation actuelle du nombre d appels par téléphone portable, les opérateurs mobiles cherchent de nouveaux moyens d augmenter le trafic de données et c est effectivement ce qui se passe. A l été 2002, l opérateur français Bouygues a augmenté ses revenus tirés du trafic de données en passant de 8,5 à 14 % du revenu moyen par utilisateur. Au cours de la même année 2002, les Pays-Bas ont augmenté leurs revenus de données en passant de 6,8 à 16 %. L Allemagne est le leader européen avec près de 20 % de revenus issus du trafic de données. Bien sûr, pour que les transmissions de données continuent d augmenter, il faut plus de données disponibles auxquelles les consommateurs veulent accéder et c est là où les fournisseurs de contenus et parmi eux de nombreux journaux interviennent. Néanmoins, avant d explorer les opportunités et expériences des fournisseurs de contenus, il est important de comprendre qui sont les opérateurs du marché mobile. Il existe une différence fondamentale entre l Internet statique et les réseaux mobiles. Tandis qu Internet est librement disponible et indépendant du réseau et de l opérateur, les communications mobiles sont liées aux infrastructures logicielles des opérateurs mobiles qui sont en fait propriétaires des réseaux. Pour utiliser un téléphone portable, vous devez installer une carte SIM qui est contrôlée par l opérateur et vous donne accès à son réseau voire à des services supplémentaires. Sur chaque marché européen, il y avait auparavant une compagnie téléphonique, plus ou moins aux mains de l Etat, qui contrôlait l infrastructure téléphonique et donc le marché. Au cours de la dernière décennie, les marchés de la télé- 46

techniques de presse février 2004 Cecilia Campbell Médias électroniques ron 10 % des revenus des activités médias numériques de VG. «Nous ne pensons pas pouvoir vraiment facturer l actualité sur aucun média numérique, y compris la page WAP, affirme Jo Christian Oterhals. Mais nous gagnons de l argent avec les services spéciaux exploités sur la page WAP. Un récent exemple de ceci a été lorsque la liste officielle des revenus, holdings et paiements d impôts est sortie en octobre (comme chaque année en Norvège). Nous avons alors proposé un service où l utilisateur pouvait saisir le nom d une personne pour voir ses revenus. Ce service coûtait à l utilisateur environ 1 euro et il a été très populaire.» Trouver son approche Comme nous l avons vu, pour les journaux les opportunités dans le monde des services mobiles sont aussi nombreuses que les problèmes. Dans une chaîne de valeurs aussi complexe, il est important pour les fournisseurs de contenus de former des partenariats adéquats et de développer des services sur cette base. Peter M. Norman de WIN conseille aux journaux de commencer par les bases, c est-à-dire le SMS : «Le SMS est universel, avec un profil démographique sans cesse croissant qui atteint de plus en plus toutes les catégories d âge. La pénétration du MMS au Royaume-Uni atteint maintenant les 15 %, ce qui suggère que c est un domaine où les offres commencent à devenir pertinentes pour les journaux ; de plus, il y a des opportunités pour la mise sur réseau de ces offres car c est un domaine qu ils cherchent activement à promouvoir actuellement. Ce n est pour l instant pas la peine de se pencher sur le 3G, car peu de lecteurs sont équipés de capacités 3G.» En tout cas, une chose est claire : La communication mobile est un domaine qu aucun journal ne devrait ignorer, car c est un marché en rapide croissance et quiconque disposant de contenus, d une marque et d une base de clients devrait pouvoir capitaliser sur ceci. Lisez les pages suivantes pour découvrir ce que l Association des éditeurs de journaux suédois a fait afin d aider à promouvoir la cause des fournisseurs de contenus auprès des opérateurs. Source Global Mobile Dialogue/GSA 2003. Photo de Josefine Granding-Larsson prise par Johan Jeppsson. Quand le chronomètre est décisif Pour une livraison ponctuelle du journal, l ensemble de la chaîne de façonnage doit offrir disponibilité et qualité. Afin d exploiter au mieux votre capital temps, misez sur une salle d expédition sur mesure et des professionnels capables d optimiser votre flux de production. Müller Martini Marketing AG, CH-4800 Zofingen, Suisse Téléphone ++41-62-745 45 75, Fax ++41-62-751 55 50 Internet http://www.mullermartini.com, E-mail info@mullermartini.com 51

techniques de presse février 2004 Cecilia Campbell Médias électroniques Content provider Core competence Activities Brokers/service providers Portals Virtual operators Mobile operators Terminal manufacturers Content Application Aggregation Portal Network services Network access Terminals Il est important de connaître tous les acteurs de ce marché complexe (à gauche) et quelles sont leurs compétences et activités. Source : Tidningsutgivarna phonie à la fois fixe et mobile ont été libéralisés et les monopoles n existent plus. Néanmoins, les vieux monopoles d Etat ont été transformés en puissants opérateurs sur le nouveau marché, contrôlant en fait souvent les plus gros réseaux. Dans certains pays, ils continuent de dominer largement et dans d autres, de nouveaux opérateurs sont également d importants acteurs. Au Royaume-Uni par exemple, l opérateur auparavant unique BT (désormais BT Cellnet/O2) se partage désormais le marché avec Vodafone, Orange et T-mobile. Chaque opérateur de réseau mobile contrôle complètement son réseau. Et si aujourd hui, tout le monde juge logique de pouvoir envoyer un SMS à n importe quel autre utilisateur et ce, quel que soit son réseau, ce n était pas toujours le cas. Le SMS n a vraiment décollé que lorsque les opérateurs mobiles se sont mis d accord sur l interopérabilité entre les réseaux. De la même manière, l un des problèmes avec les services GPRS est leur manque d interopérabilité, et ceci limite les opportunités pour les fournisseurs de contenus de servir des marchés entiers. En Suède, l Association des éditeurs de journaux a lancé un dialogue avec les opérateurs mobiles pour résoudre ce problème ainsi que d autres (voir article suivant). Par ailleurs, il existe sur le marché plus de portables fonctionnant avec le GPRS que de portables réellement utilisés pour ce service. Ceci s explique par le fait qu il est souvent compliqué pour un utilisateur d activer le GPRS. Ceci s est avéré être une opportunité pour les journaux, comme nous le verrons chez VG (Norvège) plus tard. Pour fournir des services et des contenus sur les réseaux GSM et GPRS, il faut des applications, c est-à-dire des logiciels et ce, à la fois sur les réseaux et les appareils des consommateurs. Commençons par les réseaux : Du point de vue des fournisseurs de contenus, les services les plus intéressants reposant sur les réseaux actuels et contrôlés par les opérateurs sont : > Le SMS (Short Message Service) : Chaque téléphone portable du marché supporte ce service de messagerie texte (textos) tournant sur le GSM de base. Les opérateurs facturent au message et celui-ci est limité à 160 caractères. Les volumes de SMS continuent de croître en Europe, bien que moins rapidement que ceux du MMS (voir ci-dessous). > Le MMS (Multimedia Message Service) : Avec l arrivée des téléphones portables dotés d écrans couleur, la popularité du format MMS a explosé. Le MMS, qui peut être envoyé et reçu via des réseaux GSM ou le GPRS, permet à l utilisateur d attacher en pièce jointe des images et des sons et peut 47 contenir pour sa part plusieurs milliers de caractères, tout comme les e-mails. Ces messages peuvent être envoyés soit à d autres téléphones mobiles, soit à des adresses e-mail. Les premiers réseaux MMS d Europe ont été lancés en mars 2002. Fin juin 2003, il y avait 15 millions d abonnés enregistrés dans le monde entier. Le nombre d utilisateurs du MMS en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique est passé de plus d 1 million à la fin 2002 à près de 3 millions à la fin mars 2003. En octobre 2003, il y avait 167 opérateurs offrant des services MMS commerciaux et plus de 60 % de ceux-ci étaient basés en Europe. Les opérateurs travaillent actuellement à la création d une interopérabilité pour les services MMS et plusieurs alliances sont en cours en Europe. Passons maintenant aux appareils : Parmi les applications tournant sur des téléphones portables indépendamment des réseaux, les plus importantes sont : > Le WAP (Wireless Application Protocol) qui est en fait l équivalent sur téléphone mobile d un navigateur Web. Le logiciel WAP lit des pages WAP écrites en WML (Wireless Markup Language) et reposant sur des serveurs d Internet. Les sites WAP de première génération sont nés en 1998-99 dans un grand engouement. Mais ceuxci utilisaient le réseau GSM de base, étaient lents et ne fonctionnaient pas très bien. Le WAP de deuxième génération a été lancé en 2001 et tourne maintenant sur GPRS, avec une convivialité et une fonctionnalité bien meilleures. Grâce au GPRS, le WAP a décollé. Sur le marché britannique par Avec l arrivée des téléphones portables dotés d écrans couleur, la popularité du format MMS a explosé. Source : GSA, mai 2003.

Médias électroniques Cecilia Campbell février 2004 techniques de presse contenus et nous sommes juste une société de transport qui les aide à exploiter leurs contenus de la manière la plus efficace (mobile) possible.» Les partenaires de contenus de KPN Mobile aux Pays-Bas sont De Telegraaf, De Volkskrant, ANP (l agence de presse hollandaise), Reuters, Dow Jones/Wall Street Journal et CNN. Ce graphique montre la demande des consommateurs pour obtenir du contenu sur les téléphones portables selon une étude de Nokia et Roland Berger effectuée l année dernière. exemple, il y avait en tout 1 million d impressions de pages WAP en 2002 et on a assisté à une croissance de 18 % pour atteindre les 13,5 millions d impressions par jour rien qu au dernier trimestre 2002. Orange France a rapporté une croissance de 130 % en termes de minutes de navigation entre mai et novembre 2002, avec une utilisation moyenne de données par consommateur de 1 Mo par mois. > Java : un langage de programmation introduit à l origine sur les téléphones GSM (puis GPRS) et qui existe également sur les assistants numériques personnels (PDA) et autres appareils de poche. Avec un support Java sur son téléphone, l utilisateur peut télécharger des applications comme par exemple des jeux sur le réseau mobile. Java est également utilisé pour les services de contenus, tels que la toute dernière offre de Stockholm City décrite ci-dessous. Début 2003, on a estimé à entre 80 et 100 millions le nombre de terminaux supportant Java vendus sur le marché mondial. Et il existait environ 100 modèles différents d appareils supportant Java. Les géants des contenus Ainsi, l un des moyens pour un fournisseur de contenus d atteindre le consommateur est de passer par l une des technologies ci-dessus. Un autre est de former un partenariat avec l un des gros fournisseurs de services tels qu i-mode ou Vodafone Live tournant via une marque/un portail lié à un opérateur mobile et requérant des appareils spécifiques. Nous examinerons ici de plus près l i-mode. L i-mode est un concept développé par l opérateur mobile japonais NTT DoCo- Mo. Début 2002, ce service a été lancé en Europe, avec des droits exclusifs d exploitation pour l opérateur KPN Mobile aux Pays-Bas, en Belgique et en Allemagne. Depuis, des licences i-mode ont également été accordées aux opérateurs Bouygues en France, Telefonica en Espagne, Wind en Italie et Cosmote en Grèce. KPN décrit l i-mode comme suit : «un concept consistant en une plate-forme, des contenus, du marketing et des ventes». Les appareils utilisables pour ce service sont spécifiés par les opérateurs de l alliance i-mode, laquelle coopère dans l achat des téléphones et les abonnés obtiennent des réductions de prix sur leurs téléphones. Les trois premiers services les plus populaires sur l i-mode en Europe sont les sonneries de téléphone, le «wallpaper» (l équivalent mobile des fonds d écran) et le service actualité/météo/sports. Selon Jeroen Jansen, chef de projet pour les contenus i-mode chez KPN Mobile, les fournisseurs de contenus partenaires de l i-mode sont essentiels pour le service : «Ils ont le savoir du point de vue des Facturation et fixation des prix Le principal problème pour les fournisseurs de contenus est de générer des revenus à partir des services mobiles qu ils exploitent. De nombreux journaux exploitent des services SMS Premium, c est-à-dire que l utilisateur paie pour le message qu il envoie à un numéro de 5 chiffres commun à tous les utilisateurs et opérateurs du marché. Le fournisseur de contenus, c est-àdire le journal, fixe le prix pour l envoi d un tel message, mais les opérateurs décident de la facturation maximale autorisée. Cette limite de facturation varie énormément : En Suède, elle est d environ 3 euros, en Finlande de 20 euros. Les fournisseurs de contenus préfèrent un prix maximal plus élevé ; ils peuvent alors offrir un éventail bien plus large de services, car ils peuvent facturer davantage. La plus grosse pomme de discorde est la part de revenus que les opérateurs mobiles exigent. Il y a beaucoup de mystère autour du pourcentage exact de revenus incombant à l opérateur. En Suède, le chiffre se situe entre les 20 et 30 %. En Norvège, l opérateur récupère un tiers des revenus. Selon Christian Oterhals de VG Multimedia, qui exploite des services SMS Premium : «Que VG charge 30 centimes d euro ou 3 euros pour un service SMS, le coût pour l opérateur est toujours le même, c est-àdire environ 3 centimes. Il n est pas raisonnable qu il en profite autant lorsque c est la qualité de nos services qui détermine la demande et l utilisation de ceux-ci.» En ce qui concerne le WAP, il n existe pas de mécanisme particulier pour les fournisseurs de contenus pour facturer leurs utilisateurs, sauf s ils exploitent un service SMS Premium via l interface WAP. Mais comme le consommateur utilise son téléphone pour télécharger des Ko depuis le site, tous les revenus vont à l opérateur. L i-mode au Japon est souvent mentionné lorsque les fournisseurs de contenus européens parlent de partage des revenus : 48

techniques de presse février 2004 Cecilia Campbell Médias électroniques Le journal hollandais de Volkskrant travaille comme partenaire de contenus avec i-mode, Vodafon Live et Orange World. NTT DoCoMo n encaisse que 9 % des revenus et les 91 % restants vont au fournisseur de contenus. Le modèle commercial de l i-mode ressemble à cela lorsqu il est exploité par KPN en Europe : Pour le contenu, il y a un abonnement annuel de 0 à 2 euros pour le client, dont 86 % vont au partenaire de contenus et 14 % à KPN (pour les coûts de facturation et les risques liés au crédit, selon l opérateur). Le client paie pour ses appels réguliers plus un forfait séparé pour les données. Les revenus du trafic de données reviennent entièrement à KPN. En moyenne, une page i-mode coûte 3 centimes à l utilisateur. Selon Jeroen Jansen, environ 50 % des 200 sites officiels i-mode sont des services gratuits. C est-à-dire que le fournisseur de contenus ne facture pas l abonnement. Jusqu à présent, nous avons parlé de trois maillons de la chaîne de valeurs des services mobiles : l opérateur, le fournisseur de contenus et l utilisateur final. Néanmoins, ceci ne forme qu une partie du tableau. Il existe également une pléthore d acteurs travaillant entre le contenu pur (le journal) et le consommateur final. Comme nous l avons vu, certains fournisseurs de contenus agissent eux-mêmes comme des fournisseurs de services, exploitant des portails et des services essentiellement destinés à d autres acteurs de la chaîne de valeurs (plutôt qu aux utilisateurs finaux). Un exemple de ceci est Vodafone qui fournit la technologie SMS au journal Stockholm City (voir plus bas). En fait, la chaîne de valeurs des services mobiles est plutôt une toile qu une chaîne : De nombreux acteurs agissent dans plusieurs secteurs, comme on peut le voir dans l illustration (page 47). C est ce qui rend le monde des communications si complexe et qui peut paraître décourageant pour un journal souhaitant se lancer. La solution est de former un partenariat avec des fournisseurs pouvant vous aider d une manière ou d une autre, de la connaissance du marché à la technologie, en passant par l accès aux abonnés. Au Royaume-Uni, Wireless Information Network (WIN) héberge des solutions de services mobiles pour trois journaux (mais travaille indirectement avec la plupart des grands groupes de presse). Les services fournis par WIN aux journaux vont de l interface de texte pour des concours promotionnels aux services de contenus tels que les actualités et alertes du domaine du football et les horoscopes. Son directeur commercial Peter M. Norman souligne deux principaux avantages pour les journaux qui utilisent un fournisseur de services comme WIN : «Tout d abord, cela leur économise le coût et l effort de traiter avec une multitude d opérateurs de réseaux, pour fournir une solution pouvant s adresser à tous leurs lecteurs. Le journal n a techniquement et commercialement parlant qu une seule interface à gérer. Il profite également des tarifs de gros que nous obtenons auprès des réseaux pour les volumes que nous transmettons par leurs services.» [NDLR : Les journaux ne forment qu une partie de la base de clients de WIN]. De Volkskrant et i-mode «Les journaux investissent aussi dans les technologies du futur et peuvent avoir l occasion de jouer avec le MMS, le WAP et Java à une fraction du coût, comparé à ce que cela leur coûterait s ils le faisaient directement. L analogie qui s impose ici est la question de savoir si le journal doit être propriétaire de la rotative ou non. Il y a beaucoup de très bonnes raisons pour lesquelles il devrait sous-traiter», poursuit Peter M. Norman. Bien sûr, n importe quel fournisseur de services auquel s associe un journal prendra une part du revenu, mais la question est de savoir combien et si le journal gagnerait autant sans le partenaire. Le journal hollandais De Volkskrant est probablement unique dans le sens où il travaille comme partenaire de contenus avec à la fois Vodafone Live et i-mode, et depuis peu également avec Orange World. Les trois services combinés recueillent plusieurs milliers de visiteurs quotidiens. Ceux-ci paient 1 euro/mois pour l abonnement. Rob Jan de Heer, responsable des nouveaux médias chez De Volkskrant, décrit la différence entre travailler avec i-mode et Vodafone Live : «KPN se concentre sur le contenu, tandis que Vodafone se focalise sur la technologie (MMS, messagerie photo). KPN fournit des plans de comarketing et de co-distribution, Vodafone ne fait pas ce genre de choses. Avec KPN, nous avons mis au point plusieurs plans, par exemple une campagne d affichage dans tous les Pays-Bas. Vodafone n a pas voulu faire cela jusqu à présent. KPN dispose également d un site Web extranet avec des informations détaillées sur le nombre d abonnés dont nous disposons sur une base quotidienne, etc.» Pourquoi De Volkskrant a-t-il décidé de coopérer avec ces fournisseurs plutôt que d installer lui-même des services SMS ou WAP? Réponse de Rob Jan de Heer : «Tout d abord, nous voulons faire de l argent immédiatement. Avec uniquement une page WAP, nous ne pourrions pas le faire. Nous avons des services SMS Premium, mais dans un message SMS nous ne pouvons placer que quelques caractères d actualités, tandis qu avec l i-mode, nous pouvons fournir de véritables articles sur une base pull & push.». Rob Jan de Heer est satisfait du modèle de partage des revenus utilisé par i-mode/kpn : «Bien sûr, nous aimerions gagner de l argent pour le trafic, mais nous n avons pas besoin d obtenir cela immédiatement ; i-mode est tellement nouveau et KPN doit encore beaucoup investir, donc je pense que pour cette phase d introduction dans le cycle de vie du produit, ce n est pas très important.» Stockholm City et les SMS Stockholm City est un quotidien gratuit (diffusion : 381 000 exemplaires) qui a été lancé le 21 octobre 2002. Le même jour, le journal a également lancé quatre services SMS : pour l envoi de réponses à un jeu-concours ; un vote ; un jeu de mots- 49

Médias électroniques Cecilia Campbell février 2004 techniques de presse Josefine Granding-Larsson, services SMS Stockholm City : «Ne vous inquiétez pas trop de la technologie. Le succès repose plus sur le fait de proposer des services que les lecteurs aiment.» croisés et des lettres au rédacteur en chef. Il a reçu 10 000 messages SMS dès le premier jour. Actuellement, Stockholm City exploite environ 50 services SMS réguliers. Dès le début, le message était très clair : Toutes les communications des lecteurs avec le journal doivent se faire par SMS. La journaliste responsable de la rubrique des médias numériques, Josefine Granding-Larsson, qui dirige les services SMS de Stockholm City, affirme que cette approche présente plusieurs avantages, dont le fait qu elle économise le personnel nécessaire à l ouverture des mails, le tri des réponses aux jeux, etc. car tout cela est fait automatiquement par la technologie. Ceci inclut aussi les annonces classées : Les clients les envoient sous forme de messages SMS qui sont alors automatiquement adaptés pour l imprimé. La seule tâche manuelle est de les lire pour s assurer que le contenu est acceptable pour une publication. Pour l utilisateur, le > L avenir du sans-fil : le Wi-Fi coût d envoi d un message fixé par les opérateurs mobiles varie de 0,6 à 3 euros environ. Selon Josefine Granding-Larsson, le prix ne semble pas affecter la popularité des services. Le tout dernier s appelle Citykoll Mobil et est un service basé sur abonnement tournant sur GPRS. En envoyant un SMS coûtant environ 3 euros, le client démarre un abonnement de 30 jours lui donnant accès à différentes informations telles que des critiques de cinéma, de l actualité, des expositions, des critiques de livres, etc. Il accède à l information via un programme Java installé dans le téléphone. Malgré le fait qu il soit assez compliqué de retrouver les réglages GPRS (l utilisateur doit contacter son opérateur et il faut parfois jusqu à 24 heures pour les recevoir), le service a attiré dès le premier jour cinq fois le nombre de visiteurs prévu par mois. Le nombre exact n a pas été rendu public. Le conseil de Josefine Granding-Larsson à d autres journaux envisageant de se lancer dans les services SMS est simple : «Ne vous inquiétez pas trop de la technologie. Le succès repose plus sur le fait de proposer des services que les lecteurs aiment. Nous avons observé quelques succès inattendus, où nous pensions que la longueur requise de la réponse SMS pourrait Si les journaux sont généralement bien conseillés pour se concentrer sur les services mobiles à destination des marchés de masse actuels que forment les technologies GSM et GPRS, il existe tout un nouveau monde sans fil en formation, sur lequel il vaut la peine de se pencher. Il est basé sur l Internet disponible partout, à travers ce qu on appelle des «hot spots» permettant des connexions sans fil à Internet via un émetteur radio atteignant environ 100 mètres au plus. Ce type de communication est construit autour d une technologie radio bidirectionnelle appelée Wi-Fi (pour «wireless fidelity»). Celle-ci est en forte croissance, en particulier aux Etats-Unis, et pourrait être une évolution après les réseaux mobiles d aujourd hui. En fait, certains analystes pensent que le modèle d aujourd hui, avec des réseaux appartenant aux opérateurs, pourrait devenir obsolète et être remplacé par une communication sans infrastructure où vous n avez pas besoin d un réseau physique votre téléphone/pda/laptop pourrait communiquer directement avec les autres ou Internet. Néanmoins, la technologie doit encore surmonter de gros obstacles avant de pouvoir, d une manière ou d une autre, menacer les réseaux mobiles existants pour ne pas mentionner les réseaux 3G à venir. L un d eux est : Comment payer pour l accès? Un problème de sécurité Un autre problème encore non résolu est : Comment localiser ces hotspots? Pour que le Wi-Fi prenne le relais, il devra atteindre une sorte de masse critique. Pour plus d informations sur le Wi-Fi, consultez: www.wi-fi.org ; www.wi-fiplanet.com ; www.wifinetnews.com. décourager les gens mais où nous avions visiblement tort. L un consistait à trouver des suggestions de noms pour trois jeunes crocodiles qui venaient de naître au zoo de Stockholm. Il fallait taper City_crocodile _name1_name2_name3 et 1800 personnes ont répondu.» Verdens Gang et le WAP Le quotidien norvégien VG exploite une page WAP tournant à la fois sur GSM et GPRS. Selon le développeur commercial de VG Multimedia, Jo Christian Oterhals, environ deux tiers des près de 10 000 visiteurs quotidiens uniques y accèdent via GPRS : «Le taux de changement de téléphone portable est très élevé en Norvège : Les gens achètent un nouvel appareil en moyenne tous les 18 mois et je pense que cette fréquence est encore plus élevée pour les utilisateurs du WAP.» VG fournit à ses utilisateurs WAP des alertes SMS Premium pour l actualité et les résultats de football, mais ce volume n est pas très important. «Nous fournissons des alertes pour l actualité car nous sommes dans cette activité, explique Jo Christian Oterhals, mais le plus gros volume et de loin vient du téléchargement de logos, sonneries de téléphone et fonds d écran. Il est intéressant de constater que même les jeunes adultes redeviennent des enfants lorsqu ils ont dans les mains un téléphone avec écran couleur!» Un autre service populaire est pour les utilisateurs l obtention des réglages WAP pour leur téléphone en envoyant un SMS, car saisir manuellement ces réglages WAP sur leur téléphone est assez compliqué. Le service est bon marché seulement 0,3 euro environ et ne rapporte pas beaucoup d argent à VG, mais c est un bon outil de marketing pour la page WAP du journal, que l utilisateur peut aussi choisir de régler comme page d accueil sur leur téléphone (quelques centaines le font chaque semaine). Si VG n a aucun moyen d obtenir des revenus de ses utilisateurs par la simple visite de la page WAP, la structure de paiement pour les services SMS Premium est en revanche très simple : Si quelqu un commande une sonnerie de téléphone pour 2 euros, cette somme est incluse dans la facture de téléphone. Selon Jo Christian Oterhals, l opérateur encaisse environ un tiers de cette somme. Les services mobiles représentent envi- 50