CR Dominique Ripert, DEA Ecole Kergomard, complété par les notes de Mireille Rongier, CPC Montpellier Nord

Documents pareils
École : Maternelle. Livret de suivi de l élève. Nom : Prénom : Date de naissance : Année d entrée à l école maternelle :

Document d aide au suivi scolaire

LIVRET PERSONNEL DE COMPÉTENCES

I/ CONSEILS PRATIQUES

NOM : Prénom : Date de naissance : Ecole : CM2 Palier 2

MON LIVRET DE COMPETENCES EN LANGUE (Socle commun) Niveau A1/A2 / B1

Académie de Créteil. Projet présenté autour de l album «Trois souris peintres» d Ellen Stoll Walsh

Attestation de maîtrise des connaissances et compétences au cours moyen deuxième année

Céline Nicolas Cantagrel CPC EPS Grande Section /CP Gérer et faciliter la continuité des apprentissages

PLAN D ÉTUDES. école fondamentale

Programme de la formation. Écrit : 72hdepréparation aux épreuves d admissibilité au CRPE

Formation Août 2013 Michèle Garello, IEN économie gestion Caroline Natta, professeur

Une situation d'apprentissage du lexique en MS Les activités gymniques

VI- Exemples de fiches pédagogiques en 3 ème année primaires

Livret personnel de compétences

S'intégrer à l'école maternelle: indicateurs affectifs et linguistiques pour des enfants allophones en classe ordinaire

Animation pédagogique IUFM de Colmar Mercredi 30 janvier 2013 Anne Gasser (IEN maternelle), Laurence Prévost (PEMF), David Tournier (CPAIEN)

LES NOUVEAUX PROGRAMMES DE L ÉCOLE PRIMAIRE PROJET SOUMIS À CONSULTATION

Et si j étais Marty Mac Fly Ou comment remonter le temps avec une tablette tactile (Ipad)

Le menu du jour, un outil au service de la mise en mémoire

1. Qu est-ce que la conscience phonologique?

majuscu lettres accent voyelles paragraphe L orthographe verbe >>>, mémoire préfixe et son enseignement singulier usage écrire temps copier mot

POSER DES QUESTIONS POUR FAIRE PARLER LES ELEVES? Par Catherine Cugnet, conseillère pédagogique

Expérimentation «Tablettes Tactiles en maternelle» (Octobre Février 2014) Ecole maternelle Les Alouettes, Champhol

Diapo 1. Objet de l atelier. Classe visée. Travail en co-disciplinarité (identité et origine académique des IEN)

N SIMON Anne-Catherine

Projet liaison CM2/6 ème LVE 2014

SOCLE COMMUN: LA CULTURE SCIENTIFIQUE ET TECHNOLOGIQUE. alain salvadori IA IPR Sciences de la vie et de la Terre ALAIN SALVADORI IA-IPR SVT

NUMÉRO HORS-SÉRIE HORAIRES ET PROGRAMMES D ENSEIGNEMENT DE L ÉCOLE PRIMAIRE. Page 1 à 40 N 3 19 JUIN

Comprendre une consigne simple dans une situation non ambiguë. Utiliser le pronom je pour parler de soi.

L'EPS à l'école primaire aucune modification des programmes

DESCRIPTEURS NIVEAU A2 du Cadre européen commun de référence pour les langues

Comprendre un texte fictionnel au cycle 3 : quelques remarques

Rencontres au Castelnau ou.. quand les auteurs s en vont au champ. Sandrine Trochet. Enseignante Castelnau Barbarens.

psychologique Quels enfants entrent dans le système scolaire européen?

AP 2nde G.T : «Organiser l information de manière visuelle et créative»

ACTIVITÉS DE COMMUNICATION LANGAGIÈRE ET STRATÉGIES

ENTRE LES MURS : L entrée en classe

Organiser des groupes de travail en autonomie

PRÉPARER SA CLASSE EN QUELQUES CLICS

Cahier des charges pour le tutorat d un professeur du second degré

3-La théorie de Vygotsky Lev S. VYGOTSKY ( )

PROJET DE PROGRAMME ÉCOLE MATERNELLE

Synthèse «Le Plus Grand Produit»

Projet d école Guide méthodologique

Projet de programme pour le cycle 3

Groupe départemental EPS 1 Rhône Pour une programmation en EPS janvier

Mise en relation : Socle Commun de connaissances et de compétences et Programmes 2008

P R E S E N T A T I O N E T E V A L U A T I O N P R O G R A M M E D E P R E V E N T I O N «P A R L E R»

Formation Pédagogique 3h

LIVRET DE SUIVI DE PROFESSIONNALISATION

Projet de programme pour le cycle 2

RESSOURCES POUR FAIRE LA CLASSE. le langage À

IDEOGRAPHIX, BUREAU De lecture

questions/réponses sur les DYS

Sur la méthodologique et l organisation du travail. Difficultés d ordre méthodologique et d organisation

L écoute ritualisée au cycle 3

Résultats aux évaluations nationales de l élève : CE1 CM2. Lire / Écrire / Vocabulaire / Grammaire / Orthographe /

Exemples de différenciations pédagogiques en classe. Elémentaires Collèges. Ordinaires & ASH

Entraînement, consolidation, structuration... Que mettre derrière ces expressions?

Usages pédagogiques des tablettes

Demande d admission au Centre pédagogique Lucien-Guilbault Secteur primaire

PARCOURS COMPLET AU COURS MOYEN

Compétences en fin de maternelle Comparer des quantités.

REDIGER UN COMPTE RENDU DE TYPE JOURNALISTIQUE

MASTER MEEF Mention Premier Degré. Livret de stage M2 étudiants. Année universitaire 2015/2016

L école maternelle et le socle commun de connaissances et de compétences

AIDE PERSONNALISEE AUX ELEVES DE MATERNELLE. Ce dispositif nécessite un temps de repérage, de concertation, de préparation et de régulation

CAHIER DES CHARGES DE LA FORMATION OUVERTURE D ACTION. Certificat de Qualification Professionnelle des Services de l Automobile

Cohésion d Equipe - Team Building

LA RECHERCHE DOCUMENTAIRE

ENSEIGNER À L ÉCOLE MATERNELLE (2) «PEDAGOGIE DE L ORAL

FORMATION ET SUIVI DES PROFESSEURS DES ECOLES STAGIAIRES

Développement personnel

Baccalauréat technologique

Plan lutte. contre la difficulté scolaire. tout au long de l école du socle

10 REPÈRES «PLUS DE MAÎTRES QUE DE CLASSES» JUIN 2013 POUR LA MISE EN ŒUVRE DU DISPOSITIF

Différencier, d accord oui mais comment organiser sa classe.

MONITEUR-EDUCATEUR ANNEXE I : REFERENTIEL PROFESSIONNEL. Le moniteur-éducateur intervient dans des contextes différents :

Guide d accompagnement à l intention des intervenants

Langue Française. Syllabus A1. Description globale du niveau A1 utilisateur élémentaire

UE11 Phonétique appliquée

S entraîner au calcul mental

La série L est revalorisée

Danseur / Danseuse. Les métiers du spectacle vivant

Bibliothèque des Compétences clés

APPROCHER LES QUANTITES ET LES NOMBRES en Moyenne Section

Les «devoirs à la maison», une question au cœur des pratiques pédagogiques

Organiser des séquences pédagogiques différenciées. Exemples produits en stage Besançon, Juillet 2002.

Master Métiers de l enseignement scolaire. Mémoire professionnel de deuxième année UTILISER ET COMPRENDRE L ORDINATEUR EN MÊME TEMPS :

QUELQUES CONSEILS AU PROFESSEUR STAGIAIRE POUR ASSEOIR SON AUTORITE

Commerce International. à référentiel commun européen

LANGUE : UF1 - NIVEAU ELEMENTAIRE

UE5 Mise en situation professionnelle M1 et M2. Note de cadrage Master MEEF enseignement Mention second degré

L ACCOMPAGNEMENT PERSONNALISE AU LYCEE PICASSO DE PERPIGNAN (Document de travail)

Dispositif : da01 - Animations pédagogiques. Module da-01 : 01 - Apprentissages coopératifs en maternelle

MASTER MEÉF Mention Premier degré Livret de stage M 1. Année universitaire 2014/2015

Comment remplir une demande d AVS Remplir les dossiers administratifs quand on a un enfant autiste et TED (3) : demander une AVS

ARRÊTÉ du. Projet d arrêté fixant le programme d'enseignement de santé et social en classe de seconde générale et technologique

Transcription:

Maîtrise de la langue et prévention de l illettrisme Place de l'école maternelle dans la prévention de l'illettrisme Conférence de Viviane Bouysse, IGEN Séminaire départemental maternelle, 23 novembre 2010, collège Las Cazes Introduction d'olivier Millangue, Inspecteur d'académie Adjoint 150 000 élèves sortent du système éducatif sans qualification 12 à 13 % des élèves de 6 ème rencontrent des difficultés dans la maîtrise de la langue française. Cela montre la responsabilité de l'école primaire et l'importance de la tâche à accomplir. L'école maternelle fait partie de l'école globale du socle commun. Nous devons faire savoir ce qui se fait à l'école maternelle. Plan de l'intervention de Viviane Bouysse: 1. Maîtrise de la langue et prévention de l'illettrisme, mêmes enjeux 2. Faire acquérir une première maîtrise du langage 3. Faire acquérir des attitudes, dispositions favorables au travail scolaire 4. Organiser la continuité de la maternelle au CP 1- MAITRISE DE LA LANGUE ET PREVENTION DE L'ILLETTRISME, MEMES ENJEUX 1-1 L'illettrisme : Phénomène post scolaire, illettrisme c'est à dire le fait d'individus qui sont passés par l école, qui ont quitté l'école, mais qui ne maîtrisent pas l ensemble des compétences de base nécessaires pour mener une vie autonome, autour du langage écrit mais inclut aussi les compétences numériques. Les difficultés à l'école primaire peuvent être à l'origine de l'illettrisme. Agence Nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCL) Conception qualitative complexe: autonomie dans la vie quotidienne vs autonomie dans la société de la connaissance (degré 1 à 4) à relier avec nos référentiels du socle commun. Le palier 2 du socle commun (CM2) est supérieur au niveau d'autonomie de la vie quotidienne, c est à dire au niveau duquel on dit qu une personne est illettrée. Si on atteint le palier 2, on peut «éviter l'illettrisme». La scolarité obligatoire est donc la période de prévention de l'illettrisme (prévention primaire, secondaire, tertiaire) = enjeu de l école élémentaire. - Prévention primaire des difficultés d'apprentissage: connaître les facteurs de difficultés et les empêcher d'advenir. Rôle de l'école maternelle: repérer les besoins pour que les élèves n'aient pas de difficultés. - Prévention secondaire : traiter le problème dès qu'il survient pour éviter des effets collatéraux: la langue écrite (production/réception) est l'outil des autres apprentissages. - Prévention tertiaire: élèves en très grande difficulté: ne jamais cesser de travailler sur ces difficultés pour éviter qu'elles ne s'aggravent. 1-2 Prévention de l'illettrisme La première prévention intervient dans la qualité des pratiques ordinaires (qualité des enseignements et des aides) Objectif: assurer une forme d irréversibilité des acquis pour garantir l'autonomie dans la société actuelle.

Prévention primaire: s'attaquer aux facteurs de vulnérabilité, aux sources potentielles de difficultés. Les difficultés peuvent résulter de sources différentes : troubles ou déficiences qui peuvent agir sur les capacités d apprendre qui touchent les fonctions dites supérieures (attention, mémoire, raisonnement). Peuvent être biologiques ou liées à l éducation. L enseignant n est pas apte pour analyser ces difficultés. conséquences de situations extérieures à l'école : l école peut essayer de réduire les écarts des conséquences négatives liées à la langue, culture, rapport à la langue et à la culture écrites). Réduire le poids des déterminismes sociaux (discours de Xavier Darcos). failles dans les pratiques d'enseignement : obstacles épistémologiques et didactiques non pris en compte, ajustements défectueux des progressions, rythmes inadaptés, précocité inadaptée (ne pas faire trop tôt en maternelle surtout, car faire trop tôt, c'est risquer de décourager les élèves trop tôt). Dans d'autres pays européens, certains apprentissages interviennent plus tard. 1-3 Facteurs de vulnérabilité liés aux effets cognitifs, langagiers et sociaux de la socialisation familiale. Convergences des recherches dans l'analyse de ce qui permet de décrire les conduites des élèves «fragiles» ou en difficulté: Ancrage, références dans l'expérience et la quotidienneté (ici et maintenant) Communication en situation, dans l'action Soulignement des usages du langage relevant de l'élaboration de la culture écrite, cumul des approximations linguistiques (lexique, syntaxe, phonologie) (travaux d'elisabeth Bautier) Peu d'habitude de l'objectivation et de la prise de distance, de la réflexion. Importance des relations affectives dans la mobilisation sur les apprentissages (apprendre pour faire plaisir, prendre une évaluation négative comme un jugement sur sa personne) Confusion entre effectuation des tâches scolaires et apprentissages des contenus de savoir (réussir un exercice// savoir pourquoi on réussit) Exemple de la couronne des rois: certains enfants sauront qu'il s'agit d'exercices graphiques pour apprendre, d'autres penseront que le but est seulement de faire une jolie couronne. 1-4 Deux domaines fondamentaux pour la prévention de l'illettrisme à l'école maternelle En maternelle, nous ne pouvons que travailler avec les acquis extra-scolaires. Nécessité d accorder de l importance à ce qui fait le lien entre d une part l origine des enfants, leurs acquis antérieurs et extérieurs à l école et d autre part leur adaptation et leur réussite à l école qui s observe par : le langage et la langue l'acquisition d'attitudes favorables à l'apprentissage : devenir élève Il n'y pas d'autonomie de ces deux domaines qui sont en interaction avec les autres domaines d'activité: parler sur quelque chose qui intéresse développe la langue et le langage, on ne parle pas sur rien mais on parle des expériences vécues à l'école. (Découverte du monde...) Langage = outil et objet d apprentissage. L'égalité des chances dépend de l'enjeu des échanges ; Le «devenir élève» s acquiert en parlant de ce que l'on a fait, de comment on l'a fait: capacité des enfants à se construire une identité d'élève. On devient élève au cours des activités, pas de leçon spécifique.

2- FAIRE ACQUERIR UNE PREMIERE MAITRISE DU LANGAGE 2-1 Des dérives à réguler dans la mise en œuvre des programmes Travail sur la phonologie au détriment de l oral : on observe des «pratiques» de l oral, rarement un travail de l oral. Attention: pratiques de l'oral ne veut pas dire travail de l'oral. Valorisation des parties du programme relatives à l'entrée dans l'écrit aux dépens de l'oral; le travail sur le langage oral est déficitaire Le maître doit expliciter le travail effectué: «On va apprendre à mieux raconter une histoire, on va apprendre des mots pour parler plus précisément.» Anticipation dangereuse du travail sur le code. Entraine des incompréhensions par rapport au principe alphabétique. Le travail sur le code ne se réduit pas à la connaissance de l'alphabet. A la fin de la maternelle, les enfants doivent avoir compris que dans une langue il y a des sons qui sont notés par des lettres. Attention aux exercices prématurés (manipulation de syllabes): les enfants ne comprennent pas ce qu'ils font et manipulent des images. Ne pas faire travailler les MS avec syllabes écrites, car ils apprennent seulement à reconstituer des formes. Attention aux catégorisations: «le R de Romane» n'est pas le même pour l'enfant que le R de Radia. Approche du vocabulaire centré sur des listes de mots hors scénario (imagiers, dictionnaire de classe), approche plus occasionnelle que structurée sans réelle progressivité. Voir les différentes manières d'acquérir des mots pour les adultes (vocabulaire passif// vocabulaire actif) Évaluations sur des bases écrites mais peu d enseignants évalue la façon de parler des élèves. 2-2 Un élément déterminant: la parole magistrale, le parler professionnel La parole magistrale devrait être modélisante; c'est un langage «travaillé». Richesse du vocabulaire et des structures syntaxiques. Articulation nette, essentiel pour les enfants dont le français n est pas la première langue. Différent du langage spontané utilisé par l enseignant dans la cour avec ses collègues. Importance des feed-backs, des reformulations des propos enfantins; donner une forme correcte aux intentions de l enfant, sans nécessairement le forcer à répéter. Le maître peut donner deux énoncés: l'un près de l'intention de dire, l'autre d'un niveau un peu supérieur. Importance des relances et des modes de questionnement : les questions fermées amènent des réponses en un mot, les questions ouvertes induisent des phrases plus complètes, parfois complexes. Importance du silence: «On réfléchit dans sa tête à ce que l'on va répondre!». Ne pas avoir peur du silence qui permet la réflexion. Importance des liens langagiers effectués par l'enseignant : remobilisation, remémorisation (on l'a déjà vu dans, à la sortie à, c est comme dans tel livre,..) 2-3 Travail de fond sur l'oral L'enjeu est la maîtrise de «l'oral scriptural» (qui se rapproche du langage écrit) Langage oral en situation : nommer en situation ce que l on fait. On se comprend parce qu une partie du sens relève de la situation. On apprend à parler en situation, en partageant des situations, en nommant les actions, les objets qu on manipule. L enseignant doit enrichir la situation, est le commentateur de la situation et apporte langage supplémentaire.

Langage oral décontextualisé, hors situation avec prise de distance Langage d'évocation (2002) Oral scriptural (sociolinguistes) «Parler comme un livre» Récit ou conduite de récit Une forme proche de l'écrit dans l'explicitation, même si se substituent des formes-types orales. Évocation: mémorisation et manière de dire : que les élèves soient capables de parler un langage explicite et structuré de manière à ce que n importe qui puisse comprendre quelque chose qu il n a pas vécu (pas d'éléments de contexte). Il faut faire le lien avec le vécu, nommer les personnes, les actions... Ce qui compte, c est la manière de dire, insister sur la manière de dire et pas seulement sur la mémorisation. Nécessité d voir une représentation organisée de ce que l'on a à dire Importance de faire comprendre aux enfants que ceux qui écoutent ne savent pas ce que celui qui parle a dans la tête. Avoir une capacité de décentration (l'interlocuteur ne sait pas tout) Faut avoir le vocabulaire, les mots pour le dire. Sélectionner les informations nécessaires à la compréhension. Pour réussir cela, le maître donne l'exemple : En fin de séance, il récapitule ce que l'on a fait, il parle de ce que l'on fera A partir des récits courts, etc. langage des histoires inventées. Rappel de récits à partir d'albums de la littérature jeunesse travaillés précédemment; appropriation de la forme d'oral que l'on veut faire acquérir. Les illustrations peuvent servir de repères, de points d appui. On fait du réemploi pour leur faire développer ce langage d évocation. En aide personnalisée, raconter des histoires encore et encore 2-4 Un enseignement raisonné et systématique du lexique De nombreux mots doivent être connus avant d'apprendre à lire: comment identifier le mot écrit lorsque l on n a pas le mot dans son lexique? Lorsque l image acoustique est déjà dans la tête, ça facilite le déchiffrage et l identification. Importance de développer la bibliothèque mentale. Enseigner ce que veulent dire les mots mais aussi comment on se sert des mots. Se servir des mots, connaître leurs possibilités sémantiques, montrer les oppositions en contexte (sec/ mouillé mais fruit sec/ fruit frais). La signification du mot dépend du contexte: polysémie, les contraires. Deux modalités de travail: 1. Apport du lexique en situation, on apprend les mots en situation, tout le temps. 2. Séances spécifiques pour classer, stocker, etc., essentielles pour la structuration, pour la capitalisation (catégorisation, attributs). Intérêts d activités ritualisées : «maintenant on va travailler sur les mots que l'on a appris». Importance des traces (imagiers, dicos de la classe, marguerite, etc.) Progression: Faire utiliser le vocabulaire au plus près des besoins de la communication (comprendre et s exprimer, dire bonjour, etc.), en situation scolaire, Aller du plus familier vers le moins familier. En PS: civilités, objets de la classe et activités scolaires... Importance de la découverte du monde, de la littérature jeunesse (qui permet d'aborder l'univers des sentiments, des états mentaux), des arts visuels.

Ne pas oublier les progressions liées à la nature des mots : d abord les noms, verbes, adjectifs, adverbes (les mots qui précisent, qui nuancent). Les mots grammaticaux posent des problèmes aux enfants : genre, pronoms, déterminants, le «on»et le «nous» 2-5 Un enseignement organisé de la syntaxe Mots phrases pseudo phrases phrases simples phrases complexes : produire des énoncés longs. Rôle clé des «introducteurs de complexité» en découverte du monde: analyse de l'action, causes et conséquences Emmanuelle Canut (linguiste) Attention aux choix des textes à mémoriser, bonnes formes à mémoriser, développement du parler en continu. Modèle du maître, des textes entendus, des textes appris. 2-6 Entrée dans l'écrit: une double facette Acculturation: approche patrimoniale et culturelle mais aussi approche linguistique (faire entendre et comprendre vraie langue écrite, langue du récit) En matière de compréhension des textes, dépasser l imprégnation : le travail se fait dans les échanges (parler avec en parlant sur) En matière de production; faire produire des phrases et des textes destinés à être lus: on n'écrit pas comme on parle. Stabilité de l écrit : il existe un code que tout le monde utilise. 2-7 Objectifs langagiers et linguistiques dans toutes les activités Veiller à ce que toutes les activités soient support d apprentissage langagiers. Toute séance devrait avoir un ou deux objectifs langagiers : un d ordre lexical et un d ordre pragmatique, syntaxique. Jouer sur les vecteurs de communication en vraie grandeur pour développer une vraie communication : cahiers de vie, de classe, affichages, albums lus, blogs... toutes les traces. 2-8 Cohérence et continuité Organiser une progression sur les trois sections pour chaque sous-domaine langage. Promouvoir une approche spiralaire des apprentissages lexicaux et des travaux sur les textes pour pérenniser les acquis : rebrassage, remobilisation, retours en arrière réguliers. On ne fait pas le même travail sur un conte mais on peut le travailler à chaque section : on révise, on réactive et c est très important. 2-9 Information et implication des parents (voire des autres partenaires) Développer des supports en direction des familles: films, réunions... Informer les parents de l'importance des échanges langagiers familiaux, susciter certaines attitudes et pratiques; Ouvrir les classes aux parents

3 - FAIRE ACQUERIR DES ATTITUDES FAVORABLES AU TRAVAIL SCOLAIRE 3-1 L'école maternelle = Période importante du développement de l'enfant. affectif et social: première autonomie, personnalisation, apparition du «je» (guetter l'apparition du «je» en PS), spécificité de l'enfant de PS: la socialisation est un processus. moteur: motricité générale et motricité fine langagier, cognitif: mise en place de la fonction symbolique, passage du monde perceptif au monde représentatif, agir en pensée Interactions entre développement et actions.3-2 Un milieu favorable pour faire évoluer les modalités d'apprentissage Premiers apprentissages par imitation, observation, Les premiers apprentissages (marche) sont des apprentissages incidents (non programmés) dans des situations naturelles et non didactisées (observation/imitation, essais/erreur) A l'école élémentaire: des apprentissages conçus de l'extérieur pour faire apprendre, dans une progressivité. L'école maternelle est un temps de transition entre ces deux modalités d'apprentissage: temps d'initiation aux codes et aux pratiques scolaires, processus du devenir élève En fin de GS, les élèves doivent être capables de s'intéresser à ce que l'on veut leur faire apprendre. 3-3 Socialisation scolaire Les enfants vont à l école pour apprendre avec d autres. Le vivre ensemble est un moyen d apprendre en milieu scolaire, il n'est pas l'objectif premier de l'école. En maternelle, les apprentissages (domaine d activités / domaines d apprentissages) sont faits en situation, par jeu et manipulations. Risque est d en rester là, à de l occupationnel! Faut revenir ensuite à ce qui s est passé : secondarisation. Comment apprendre avec les autres? Se reconnaître en tant que personne Accepter les contraintes et la richesse du groupe Découvrir et respecter les règles d'une collectivité Comprendre les attentes de l'institution Enseignement programmatique et raisonné et non fondé sur les besoins. L'école maternelle a pour mission de permettre cet apprentissage. L'école est une expérience de second niveau où le monde est étudié. Les enfants ne perçoivent pas les finalités qui dépassent ce qu'ils font (secondarisation cf. Élisabeth Bautier). Donc dépasser le stade de l'expérience par la formalisation, formaliser, mettre des mots, savoir pourquoi, savoir quand : on étudie le monde, on dépasse le faire pour être dans le comprendre. Développer des attitudes favorables à l'étude: Apprendre à écouter (rendre l écoute palpable) Apprendre à réguler son attention : on n écoute pas une consigne comme on écoute une histoire Faire évoquer des images mentales Apprendre à demander de l'aide, faire des efforts, s'appliquer, aller au bout d'un travail, recommencer pour faire mieux. Intégrer des procédures liées à l'apprentissage scolaire en collectivité : travailler sur la base de consignes collectives

se synchroniser avec les autres faire un certain usage des outils de la culture écrite Comprendre les attentes (souvent implicites) de l'école : Intégrer des exigences externes («Ce sera fini quand») Prendre conscience de ce que l'on sait faire, de ce que l'on sait (cahier de progrès). Rôle essentiel de l évaluation, des critères de réussite. Rôle de l'évaluation en maternelle: mettre en évidence ce que l'enfant sait faire, pour lui, pour les autres (maîtres, parents). 4 DE LA MATERNELLE AU CP : ORGANISER LA CONTINUITE Ne pas gommer les ruptures mais en adoucir les conséquences 4-1 Favoriser la continuité du parcours scolaire Veiller à la continuité méthodologique concernant l entrée dans la lecture surtout : Transmettre les outils de la GS : importance à l entrée au CP, de prendre en compte les acquis de l école maternelle : harmonisation au niveau des manuels mais si pas de manuel, cahier de sons,... Ce qu il faut viser c est la capacité cognitive de travailler sur les sons. On peut utiliser en appui du manuel le cahier de sons de la maternelle, même si ce n est pas dans le même ordre. Transmettre les informations utiles via le livret scolaire. Cerner les informations utiles pour faire un bilan des acquis utilisable. Se mettre d accord sur quelques critères prioritaires pour vérifier les acquis de l école maternelle. Sélectionner quelques indicateurs prioritaires Transmettre les informations sur les aides apportées en maternelle et sur celles qui paraissent encore nécessaires: prévoir la continuité. (on ne repart pas de zéro) 4-2 Transmettre des informations et des outils Assurer la communication sur les activités réalisées, le bagage d expériences : capital-mots lexique travaillé Parcours réalisé dans les réalités sonores de la langue Comptines, chansons et poèmes appris ouvrages de littérature jeunesse sujet d'étude en sciences : cahier de sciences projets vécus, etc. CONCLUSION Importance triple du langage pour les enfants structuration et enrichissement des capacités de production et de compréhension outil de prise de distance par rapport au vécu, on apprend à parler quand on apprend à penser, relation langage pensée outils d élucidation et d'explicitation des exigences scolaires Responsabilité triple pour l'enseignant médiateur de la communication entre enfants formateur (fait progresser) modèle de pratiques langagières et de langue