Jugement No 790. b) D'ordonner que la candidature du requérant à une promotion au niveau D-2 soit dûment examinée;

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Transcription:

- 1 - TRIBUNAL ADMINISTRATIF Jugement No 790 Affaire No 873 : AKIL Contre : Le Secrétaire général de l'organisation des Nations Unies LE TRIBUNAL ADMINISTRATIF DES NATIONS UNIES, Composé de M. Luis de Posadas Montero, Vice-Président, assurant la présidence; M. Francis Spain; Mme Deborah Taylor Ashford; Attendu qu'à la demande d'akil Eisa M. Akil, ancien fonctionnaire de l'organisation des Nations Unies, le Président du Tribunal a, avec l'assentiment du défendeur, prorogé jusqu'au 31 août 1995 le délai fixé pour l'introduction d'une requête devant le Tribunal; Attendu que, le 24 août 1995, le requérant a introduit une requête demandant notamment au Tribunal : "... a) D'annuler la décision du Secrétaire général rejetant la candidature du requérant au poste D-2 de Secrétaire exécutif adjoint de la CESAO [Commission économique et sociale des Nations Unies pour l'asie occidentale]; b) D'ordonner que la candidature du requérant à une promotion au niveau D-2 soit dûment examinée;... f) De dire et juger que le processus de sélection visant à pourvoir le poste D-2 de Secrétaire exécutif adjoint a été dicté par des motifs illicites,

- 2 - vicié par des considérations étrangères au service et entaché d'irrégularités de procédure; g) D'allouer au requérant une indemnité adéquate et appropriée, du montant que fixera le Tribunal, pour le préjudice actuel, corrélatif et moral qu'il a subi du fait du comportement actif et passif du défendeur; h) De fixer, [conformément] au paragraphe 1 de l'article 9 du statut et du règlement du Tribunal, le montant de l'indemnité à verser en lieu et place d'exécution à trois ans de traitement de base net, eu égard aux circonstances spéciales entourant l'affaire; i) D'allouer au requérant un montant égal aux frais encourus par lui, soit 6 000 dollars d'honoraires et 500 dollars de dépenses diverses." Attendu que le défendeur a déposé sa réplique le 15 décembre 1995; Attendu que le requérant a déposé des observations écrites le 22 janvier 1996; Attendu que, le 21 octobre 1996, le membre présidant a décidé que l'affaire ne ferait pas l'objet d'une procédure orale; Attendu que, le 28 octobre 1996, le Tribunal a demandé au défendeur de répondre à certaines questions, ce qui a été fait le 31 octobre et les 5 et 6 novembre 1996; Attendu que les faits de la cause sont les suivants : Le requérant est entré au service de l'organisation le 1er avril 1974, en vertu d'un engagement pour une durée déterminée de trois mois en qualité d'assistant de recherche au Groupe de l'agriculture de la Commission économique et sociale pour l'asie occidentale (CESAO), au Liban, au niveau GS-6, échelon I. Son engagement a été prolongé de trois mois en trois mois jusqu'au 1er janvier 1975, date à laquelle il a été affecté au poste d'administrateur adjoint aux affaires sociales, au niveau P-2, échelon I, au sein de la Division du développement social et des établissements humains de la CESAO. Le 1er juin 1975, son engagement a été converti en un engagement pour une période de stage et, le 1er janvier 1977, en un engagement à titre permanent. Le 1er avril 1978, il a pris le titre fonctionnel de spécialiste des questions sociales et, le 1er avril 1981, a été promu au niveau P-4. Il a été muté en Iraq au 1er mai 1982. Le 1er octobre 1986, il a été

- 3 - promu au niveau P-5 et, le 1er avril 1991, il a été muté à Amman (Jordanie) et réaffecté à la Division de la planification et de la coordination des programmes. Le 1er septembre 1992, le requérant a été promu au poste D-1 de Chef de cette même division. Le 31 mars 1994, il est devenu Chef de la Division du développement social de la CESAO. Le 16 novembre 1991, le poste de Secrétaire exécutif adjoint de la CESAO est devenu vacant. Un avis de vacance de poste portant le No 91-E-ECW-067-BG a été distribué en vue de recueillir des candidatures internes et externes, à déposer au plus tard le 27 janvier 1992. L'avis portait la mention "Les femmes qualifiées sont encouragées à postuler." Le 28 juillet 1993, le Chef du personnel par intérim a transmis au Chef de l'administration de la CESAO "la liste des candidats éventuels au poste de Secrétaire exécutif adjoint". Cette liste contenait les noms des fonctionnaires D-1 de la CESAO classés par ordre d'ancienneté et était accompagnée de copies de leurs fiches récapitulatives. Elle se présentait comme suit : Nom Au niveau D-1 depuis Niveau et échelon actuels "... 10/1987 D-1/VI... 10/1987 D-1/VII - atteindra l'âge de la retraite en décembre... 10/1989 D-1/IV... 9/1991 D-1/VIII [le requérant] 9/1992 D-1/IV [Mme X] 1/1993 D-1/IV" Était également mentionné le nom d'un fonctionnaire D-1 de l'organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui occupait le poste de Chef de la Division mixte FAO/CESAO de l'agriculture. Le 5 août 1993, le Secrétaire exécutif de la CESAO a envoyé au Secrétaire général un mémorandum dans lequel il proposait trois candidats pour le poste D-2 énumérés par ordre de préférence : le requérant (D-1, échelon IV), Mme (X) (D-1, échelon IV) et M. (Y) (D-1, échelon II). Une évaluation du requérant était jointe au mémorandum.

- 4 - Le 5 septembre 1993, suite à une demande du Bureau de la gestion des ressources humaines, le Chef du personnel par intérim a transmis des évaluations de Mme (X) et de M. (Y), ainsi qu'une évaluation de l'ancien Secrétaire exécutif adjoint, dont le Secrétaire exécutif souhaitait voir figurer le nom dans la liste. Le 20 septembre 1993, suite à une nouvelle demande, le Chef du personnel par intérim a transmis au Bureau de la gestion des ressources humaines les fiches récapitulatives, rapports d'évaluation du comportement professionnel et autres extraits pertinents des dossiers de Mme (X) et du requérant, ainsi que la fiche récapitulative, la notice personnelle (P-11) et le curriculum vitae de l'ancien Secrétaire exécutif adjoint et des copies du rapport d'évaluation du comportement professionnel et du curriculum vitae de M. (Y). Le jour suivant, elle a transmis au Siège une nouvelle évaluation du requérant. Par un télégramme du 7 octobre 1993, la Directrice du personnel (Bureau de la gestion des ressources humaines) a informé le Secrétaire exécutif que le Secrétaire général avait décidé de nommer Mme (X) au poste de Secrétaire exécutif adjoint. Entre-temps était venue en la possession du requérant une note manuscrite non datée, apparemment rédigée par le Chef du personnel par intérim. La note intitulée "Mme X" indiquait que la fiche récapitulative de Mme (X) devrait porter comme date de sa promotion au niveau D-1 la date du 1er février 1993 au lieu de celle du 16 janvier 1993 et que d'autres rectifications devraient être faites touchant ses échelons d'avancement. La note conclut : "revoir tout cela après sa sélection à D-2...". Le 3 novembre 1993, le requérant a demandé au Secrétaire général de réexaminer la décision du 7 octobre 1993 de ne pas retenir sa candidature au poste D-2 de Secrétaire exécutif adjoint de la CESAO. Le 4 février 1994, le requérant a formé un recours devant la Commission paritaire de recours. La Commission a adopté son rapport le 2 février 1995. Les sections du rapport contenant l'exposé des motifs, les conclusions et les recommandations de la Commission se lisaient en partie comme suit :

- 5 - "Exposé des motifs... 15. Dans ce contexte, la Chambre a d'abord recherché s'il existait des signes de parti pris ou de discrimination à l'encontre du requérant. Il lui est apparu qu'un décalage patent entre les qualifications de Mme (X) et celles du requérant aurait pu étayer les allégations du requérant. La Chambre n'a pas constaté de décalage de ce genre; sur le vu du dossier, les deux candidats semblaient qualifiés. La Chambre n'a rien trouvé dans les documents soumis par le requérant ou en son nom qui corrobore les allégations de parti pris ou de discrimination fondée sur le sexe ou la nationalité. 16. La Chambre a toutefois estimé que, si le critère du sexe devait jouer un rôle dans la sélection du candidat à retenir, l'administration aurait dû le signaler en précisant qu'elle avait décidé de nommer une femme, eu égard à la politique arrêtée par le Secrétaire général touchant la promotion des femmes à des postes de niveau supérieur. 17. La Chambre s'est penchée plus longuement sur le rôle de [nom du Chef du personnel par intérim] et de sa note manuscrite. Elle a constaté que l'information fallacieuse' fournie au Secrétaire exécutif et, en dernière analyse, au Siège par [le Chef par intérim de la Section du personnel] concernait la date de la promotion de Mme [X] au niveau D-1 et ses congés sans traitement. La promotion était présentée dans les dossiers de la CESAO comme antérieure d'un mois à sa date réelle et c'était la date la plus ancienne qui avait été retenue par [nom du Chef adjoint de la Section du personnel]. La Chambre a estimé qu'un décalage d'un mois et un congé sans traitement de brève durée étaient trop insignifiants pour que l'évaluation des qualifications d'un candidat à un poste de niveau supérieur ait pu en être affectée. 18. Quant à la portée à donner à la dernière phrase de la note de [nom du Chef adjoint de la Section du personnel], la Chambre a fait sienne la conclusion que dictait le bon sens, à savoir que [le Chef adjoint de la Section du personnel] n'était pas à un grade assez élevé pour être en mesure de prédire l'issue de l'examen du Secrétaire général. La Chambre n'a donc trouvé aucune preuve que le processus ait été orchestré comme le prétendait le requérant, aucun indice que des considérations étrangères au service soient intervenues dans le processus d'évaluation et aucune raison d'imputer au Secrétaire général un abus de son pouvoir discrétionnaire. La Chambre a également analysé le dossier soumis au Groupe consultatif de haut niveau sous couvert du mémorandum de [la Directrice du personnel (Bureau de la gestion des ressources humaines)] en date du 24 septembre 1993 et n'a relevé aucune preuve que les renseignements concernant le requérant et les autres candidats aient été tronqués ou dénaturés.

- 6 -... Recommandations 20. La Chambre a été surprise non seulement par l'objet du recours mais aussi par la manière dont il a été présenté par le requérant et en son nom. Elle a noté la véhémence inhabituelle de la réponse du défendeur et recommande que le Secrétaire général prenne les mesures voulues pour éviter que pareille chose ne se renouvelle. 21. La Chambre ne fait pas d'autre recommandation en faveur du recours." Le 2 mars 1995, le Secrétaire général adjoint à l'administration et à la gestion a informé le requérant de ce qui suit : "Le Secrétaire général a examiné votre cas à la lumière du rapport de la Commission paritaire de recours. Le Secrétaire général a pris acte des conclusions de la Chambre sur le fond de votre recours et a décidé en conséquence de maintenir la décision contestée et de ne pas prendre d'autre mesure comme suite à votre recours. Le Secrétaire général fait siennes les préoccupations exprimées par la Chambre au paragraphe 20 de son rapport; il les portera à l'attention des services compétents pour que soient prises les dispositions nécessaires." haut. Le 24 août 1995, le requérant a introduit devant le Tribunal la requête visée plus Attendu que les principaux arguments du requérant sont les suivants : 1. La candidature du requérant à une promotion n'a pas fait l'objet d'un examen complet et équitable. 2. Le processus de sélection suivi pour pourvoir le poste en cause a été dicté par des motifs illicites, vicié par des considérations étrangères au service et entaché d'irrégularités de procédure.

- 7 - Attendu que les principaux arguments du défendeur sont les suivants : 1. Le requérant n'avait pas de droit à être promu mais seulement le droit de voir examiner sa candidature à une promotion. La candidature du requérant à une promotion a été dûment examinée et le fait qu'elle n'a pas été retenue n'a pas porté atteinte à ses droits. 2. La décision de ne pas retenir la candidature du requérant n'a pas été vicié par des considérations étrangères au service. jugement suivant : Le Tribunal, ayant délibéré du 24 octobre au 21 novembre 1996, rend le I. Le requérant prétend que sa candidature au poste de Secrétaire exécutif adjoint de la CESAO n'a pas fait l'objet d'un examen complet et équitable et demande l'annulation de la décision de nommer quelqu'un d'autre à ce poste. Le requérant soutient également que dès avant la mise en mouvement du processus de sélection, l'administration avait décidé de nommer quelqu'un qui ne satisfaisait pas aux exigences du poste identifiées dans l'avis de vacance. Le Tribunal a demandé communication des "comptes rendus, minutes ou rapports du Groupe consultatif de haut niveau qui a fait des recommandations au Secrétaire général sur la candidature à retenir pour le poste de Secrétaire exécutif adjoint" de la CESAO. L'examen de ces documents a convaincu le Tribunal que la candidature du requérant avait fait l'objet d'un examen complet et équitable. Le Tribunal a notamment pris acte du rapport du Groupe consultatif de haut niveau en date du 24 septembre 1993, où il est dit que "[le requérant] et Mme [X] sont l'un et l'autre qualifiés pour le poste", phrase qui indique clairement que la candidature du requérant a été dûment prise en compte. II. Dans son jugement No 447, Abbas (1989), le Tribunal a jugé que la charge de la preuve qu'une candidature déterminée avait fait l'objet d'un examen complet et équitable

- 8 - incombait à l'administration. Le Tribunal constate qu'en l'occurrence, l'administration a satisfait à son obligation en tant que partie ayant la charge de la preuve. Le rapport du Groupe consultatif de haut niveau recommande la candidature féminine eu égard à la nécessité d'"accroître la représentation des femmes aux échelons supérieurs du Secrétariat". Le Tribunal constate que cette recommandation va dans le sens de la politique générale des Nations Unies. Le requérant n'est donc pas fondé à prétendre que ses droits ont été violés. III. Le requérant soutient en outre que dès avril 1993, le Secrétaire général avait formé le projet de nommer une femme arabe au poste en cause et que "le projet du Secrétaire général a été porté à la connaissance du Chef de la Division de l'administration de la CESAO et du Secrétaire exécutif de la CESAO". Le Tribunal a également relevé l'assertion que "... [le Directeur du personnel (Bureau de la gestion des ressources humaines)] en fonction à l'époque avait déclaré à [nom du Secrétaire exécutif] en présence de... [nom du responsable de l'information de la CESAO, alors en fonction] avoir entre-temps identifié... [le Chef de la Division du développement social et de la population de la CESAO] comme étant la femme arabe remplissant le mieux les conditions requises". Pour établir la véracité de ces allégations, le Tribunal a demandé le témoignage écrit des personnes mentionnées par le requérant. L'ex-Directeur du personnel a nié avoir assisté à la réunion évoquée par le requérant. Le responsable de l'information à la CESAO a déclaré n'avoir pas souvenir de l'événement. Le Secrétaire exécutif affirme que le Directeur du personnel n'a jamais transmis de suggestion venant du Secrétaire général. Enfin, le Directeur du personnel déclare : "Il n'est pas exact que j'ai 'fait savoir' à [nom du Secrétaire exécutif] que 'le Secrétaire général souhaitait voir nommer une femme arabe au poste D-2'", ajoutant néanmoins qu'il a souligné que "pour pourvoir la vacance au niveau D-2, il fallait d'abord tout mettre en oeuvre pour identifier une candidature féminine...".

- 9 - IV. Le Tribunal considère comme assez solidement établi que la candidature du requérant a fait l'objet d'un examen complet et équitable pour ne pas faire grand cas de ces déclarations, même si elles révèlent une préférence pour une candidature féminine. Lesdites déclarations montrent au demeurant que le choix de la candidature féminine n'a pas été dicté par le parti pris ou quelque autre motif étranger au service. V. Le requérant prétend en outre que la candidate qui a été retenue ne satisfaisait pas aux exigences de l'avis de vacance de poste vu que son curriculum vitae n'indiquait pas qu'elle fût titulaire d'"un diplôme universitaire de haut niveau en économie ou gestion d'entreprise". À cet égard, le Tribunal note qu'au diplôme universitaire de haut niveau peut être substituée, selon les termes de l'avis de vacance de poste, une expérience pertinente, par exemple en relations internationales avec spécialisation en science économique, et que la candidate qui a été retenue satisfaisait, d'après son curriculum vitae, à cette exigence. VI. Par ces motifs, le Tribunal rejette la requête dans sa totalité, y compris la demande d'octroi d'une somme correspondant aux frais de l'affaire. (Signatures) Luis de POSADAS MONTERO Vice-Président, assurant la présidence Francis SPAIN Membre Deborah Taylor ASHFORD Membre New York, le 21 novembre 1996 R. Maria VICIEN-MILBURN Secrétaire