Deuxième Colloque Africain sur le Travail Décent. «Construire un socle de protection sociale avec le Pacte mondial pour l emploi»

Documents pareils
Couverture du risque maladie dans les pays en développement: qui doit payer? (Paris, 7 mai 2008)

Groupe de la Banque africaine de développement. ALLOCUTION D OUVERTURE DE M. OMAR KABBAJ Président du Groupe de la Banque africaine de développement

Intervention de M. Assane DIOP Directeur exécutif, Protection sociale Bureau international du Travail, Genève ***

demain Aujourd hui ACDIC A. PRESENTATION DE L ACDIC B. 10 ANS D ACTIONS. Des actes concrets, des effets, des impacts C. DES ACQUIS ET ATOUTS CERTAINS

CHARLES DAN Candidat du Bénin pour le poste de Directeur général du Bureau international du Travail (BIT)

«seul le prononcé fait foi»

Secrétariat d Etat auprès du Premier Ministre chargé des Technologies Nouvelles

Surmonter la crise: Un Pacte mondial pour l emploi

En Afrique, les opportunités d emploi offertes aux femmes proviennent à 92 % de l économie informelle (estimation). JORGEN SCHYTTE/Still Pictures

Conseil d administration Genève, mars 2000 ESP. Relations de l OIT avec les institutions de Bretton Woods BUREAU INTERNATIONAL DU TRAVAIL

PARTENARIAT ENTRE LE SYSTEME DES NATIONS UNIES ET LE SENEGAL POUR UN DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL INCLUSIF ET DURABLE

Stratégie de la Banque africaine de développement pour l intégration de l Afrique australe

Comité monétaire et financier international

Deuxième Examen global de l Aide pour le commerce

FORUM INTERNATIONAL DU DAKAR-AGRICOLE

La crise de l emploi des jeunes: Appel à l action

ALLOCUTION DE LA 2 ème PROMOTION MBA-IP / SENEGAL «SOUMAÏLA CISSE, PRESIDENT DE LA COMMISSION DE L UNION ECONOMIQUE MONETAIRE OUEST AFRICAINE» A L

& Melinda Gates et Gavi, qui permettra d améliorer la santé des populations des six pays ciblés et de contribuer à la sécurité sanitaire régionale.

Le FMI et son rôle en Afrique

CONVENTION PORTANT CREATION DE L'AGENCE PANAFRICAINE DE LA GRANDE MURAILLE VERTE

Observatoire des Fonctions Publiques Africaines (OFPA)

REGLEMENT N 07/2006/CM/UEMOA PORTANT ADOPTION DES MODALITES DE CALCUL DU SOLDE BUDGETAIRE DE BASE CORRIGE DES RESSOURCES PPTE ET DES DONS BUDGETAIRES

Rôle des Associations et Organismes Internationaux en matière de Sécurité et Santé au Travail

SOMMAIRE. Allocution du Directeur Général de la CNSS Bénin. Allocution du Représentant du BIT

Discours à la communauté d affaires française Montréal, 6 février 2014 Résidence du Consul général

Comité des produits Discours du Directeur général. 29 mai DISCOURS D OUVERTURE DU DIRECTEUR GÉNÉRAL AU COMITÉ DES PRODUITS.

Présenté par Jean Claude Ngbwa, Secrétaire Général de la CIMA. DAKAR, les 3-4 et 5 novembre 2009

Formation des Partenaires en Fundraising/Récolte de fonds. Termes de référence

NOTE DE PRESENTATION DU PROGRAMME STATISTIQUE DE L UEMOA

Protocole d Accord de Coopération. Entre. Le Comité Permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS)

DÉCLARATION SUR LES PROBLEMES ET ENJEUX FONCIERS EN AFRIQUE

Communiqué. Emmaüs sans frontières. 31 mai Centre socio culturel. Thann EMMAÜS CERNAY. Rendez vous le 31 mai à 14h. Centre socio culturel

ALLOCUTION DE CLOTURE DE MONSIEUR LE PREMIER MINISTRE, MINISTRE DE L ECONOMIE, DES FINANCES ET DU BUDGET

APPEL A COMMUNICATIONS

Discours d ouverture de Sem Alassane Ouattara

la confiance dans l économie de l information

Résumé. 1 Les chiffres du recensement général de la population et de l habitat (RGPH2) de 2009 sont en cours exploitation. Les données seront rendues

Elaboration de tableaux de bord sur l emploi (éditions 2011, 2012 et 2013)

RENFORCEMENT DES CAPACITES DES INSPECTEURS DE TRAVAIL DANS LA PROTECTION DES TRAVAILLEURS MIGRANTS EN MAURITANIE, MALI ET SÉNÉGAL

Burkina Faso. Une approche intégrée d extension de la protection sociale et de promotion de l emploi productif

L Assurance agricole au Sénégal

et à Hammamet (en Tunisie) 4, en mars Ces consultations ont été complétées par une enquête en ligne 5 amorcée en 2011.

THEME 5: CONDITIONS DE VIABILITE FINANCIERE DE LA MICROFINANCE AGRICOLE

Retrouver une marge d action

Programme d Activités pour l Emploi des Jeunes dans la Province du Katanga (PAEJK)

Plan d Action de Ouagadougou contre la traite des êtres humains, en particulier des femmes et des enfants, tel qu adopté par la Conférence

Comprendre les négociations internationales sur le climat. Contexte, historique et enjeux

Déclaration des Parlementaires africains sur les Objectifs du Millénaire pour le développement et l'ordre du jour du développement post 2015

PROGRAMME D APPUI AUX ORGANISATIONS PAYSANNES AFRICAINES (PAOPA) PHASE PRINCIPALE DOCUMENT DE PROGRAMME REGIONAL

Définition et exécution des mandats : analyse et recommandations aux fins de l examen des mandats

Enjeux et Perspectives de la composante «Environnement Santé» du Plan d Action de l Initiative Environnement du NEPAD

Plan d orientations stratégiques

Sommet de Los Cabos Déclaration des chefs d État et de gouvernement

Intervention de Marisol TOURAINE. Ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des. femmes. Maison de Santé Pluridisciplinaire

NATIONS UNIES COMMISSION ECONOMIQUE POUR L AFRIQUE Bureau Sous-Régional pour l Afrique Centrale

LES FONDS EUROPÉENS STRUCTURELS ET D INVESTISSEMENT EN FRANCE CONNAÎTRE LES FONDS EUROPÉENS STRUCTURELS

OFFICE TOGOLAIS DES RECETTES Commissariat Général REPUBLIQUE TOGOLAISE. Travail Liberté Patrie

Accès des populations rurales au capital en Agroland

AVANT-PROPOS. Directeur de la Division de la statistique de la FAO

N 1236 ASSEMBLÉE NATIONALE

CO SEIL DE L'U IO EUROPÉE E. Bruxelles, le 1 er décembre 2011 (OR. fr) 16946/11 Dossier interinstitutionnel: 2011/0343 ( LE)

POURQUOI LE GABON A-T-IL BESOIN DE STATISTIQUES FIABLES?

PRESENTATION DU PROGRAMME D ACTION NATIONAL DE LUTTE CONTRE LA DEGRADATION DES TERRES ET DES FORETS EN RDC

Les réformes se poursuivent en faveur d une économie française plus compétitive et d un appui renforcé aux entreprises à l export

Notice de sélection pour Consultant Individuel IC-UPS/021/2013

résumé un développement riche en emplois

Remise de l Ordre National du Mérite à M. David LASFARGUE (Résidence de France 7 novembre 2014)

politique de la France en matière de cybersécurité

La question sociale globale et les migrations. Présentation de Jean Michel Severino aux semaines sociales, 28 Novembre 2010

CONTRIBUTION DU RÉGIME D ASSURANCE MALADIE, MATERNITÉ DE L OFATMA AU FINANCEMENT DE LA SANTÉ EN HAÏTI

ASSOCIATION DES BANQUES CENTRALES AFRICAINES (ABCA) 36 ème REUNION ORDINAIRE DU CONSEIL DES GOUVERNEURS LISTE DE DECISIONS

Institut National de la Statistique - Annuaire Statistique du Cameroun Chapitre 26 : LE CAMEROUN DANS LA ZONE CEMAC

Comité monétaire et financier international

TABLE RONDE DES MINISTRES AFRICAINS CHARGÉS DES TIC EN PRÉLUDE À LA 42 ÈME RÉUNION DE L ICANN. Hôtel Méridien Dakar, SENEGAL.

Activité n du PAA 2014

M. Jean-Yves Le Drian, Ministre de la défense. Discours pour les vingt ans du lancement du satellite Hélios IA

Centre Régional Africain d Administration du Travail (CRADAT) BP 1055 Yaoundé Tél Fax : cradat@ilo.

INTERPRETER UN RAPPORT ACTUARIEL Sélection des hypothèses actuarielles dans le contexte africain Par Papa Babou NDIAYE, Directeur des Etudes

Le modèle de croissance marocain : opportunités et vulnérabilités

Extension de la couverture de la sécurité sociale en Afrique

Nouvellesperspectives politiqueset économiques en Europe

POUVOIR D ACHAT : la condition de vie des travailleurs

S engager à agir pour le développement durable dans une période de changement

Ordre du jour et programme

La montagne n aura pas accouché d une souris à Bruxelles, tant étaient

Macroéconomie. Monnaie et taux de change

ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE 25 AVRIL Pour l unité, pour le progrès, pour le Togo, je vote

VISUAL STUDIO ET LES ANCIENS ETUDIANTS DE L IAI

«Économie sociale et solidaire: notre chemin commun vers le travail décent»

LES RELATIONS ENTRE LE TRESOR PUBLIC ET LA BCEAO

COMMUNIQUÉ DE PRESSE Pour diffusion immédiate

Thème 2 : Le rôle du «secteur informel» dans l intégration régionale

L AGENCE FRANÇAISE DE DÉVELOPPEMENT AU CAMEROUN. Le secteur privé

Intervention de Marisol Touraine. Ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes

SEMINAIRE REGIONAL AFRICAIN SUR LA GOUVERNANCE LOCALE Octobre 2008 a Saly Portudal - Senegal L initiative d Apprentissage Mutuel entre Pairs

[«LA COUVERTURE MALADIE UNIVERSELLE: RÔLE DES MUTUELLES SOCIALES»]

Programme statistique du Secrétariat Exécutif de la CEDEAO

ETUDE AFRIQUE AUPRES DU RESEAU BPIFRANCE EXCELLENCE

Progressons vers l internet de demain

United Nations (8) Nations Unies

Transcription:

Deuxième Colloque Africain sur le Travail Décent «Construire un socle de protection sociale avec le Pacte mondial pour l emploi» (Yaoundé, 6-8 octobre 2010) Discours d ouverture de M. Charles Dan Directeur régional pour l Afrique du BIT - Son Excellence, Monsieur le Premier Ministre, - Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement du Cameroun, - Mesdames et Messieurs les Ministres du Travail, - Monsieur le Président de la Commission du travail et des affaires Sociales de l Union africaine, - Monsieur le Vice Président Travailleur du Conseil d administration du BIT, - Monsieur le Président de l Organisation internationale des employeurs, - Monsieur le Représentant de la Commission de l Union africaine, - Chers mandants tripartites de l OIT en Afrique, - Mesdames et Messieurs les Membres du Corps Diplomatique, - Chers collègues de la famille des Nations Unies et des institutions régionales d Afrique, - Messieurs les Directeurs exécutifs du BIT pour les Secteurs de l Emploi et de la Protection Sociale, - Madame la Directrice de l Equipe d Appui au Travail Décent de l OIT à Yaoundé, - Honorables invités, - Chers amis, Au nom de notre Directeur général, Monsieur Juan Somavia, je voudrais vous prier, Monsieur le Premier Ministre, de transmettre la gratitude du BIT à Son Excellence, Monsieur Paul Biya, Président de la République du Cameroun, pour son très haut patronage du Colloque qui nous réunit à Yaoundé. 1

Merci de tout cœur à la population du Cameroun pour la chaleur de l accueil et la générosité de l hospitalité. A travers vous, Monsieur le Premier Ministre, nous saluons la vision 2035 du Cameroun et l engagement du Gouvernement à lier dans un cadre stratégique la croissance et l emploi. Vous me permettrez de saluer l action exemplaire du Ministre Nkili à la tête de la Commission du Travail et des Affaires Sociales de l Union africaine. Félicitations aussi Monsieur le Ministre pour votre engagement personnel dans la qualité de l organisation de cet évènement. Merci et bravo à votre équipe. Puis-je souligner tout particulièrement la présence de Sir Roy Trotman, Vice Président Travailleur du Conseil d administration du BIT. Votre participation, Sir Trotman, témoigne une fois encore avec éclat de votre attachement à vos racines. Merci pour votre engagement au développement de l Afrique. Je voudrais dire mon amitié et mon admiration pour la contribution du Professeur Wiseman Nkuhlu au service de la renaissance du continent. Bravo Professeur Nkuhlu pour votre action - hier comme Secrétaire exécutif du NEPAD - aujourd hui comme Président de l Organisation internationale des employeurs. Mon respect à la Commission de l Union africaine pour sa lutte contre l exclusion, la pauvreté et la vulnérabilité et ma reconnaissance pour notre fructueuse coopération. Merci infiniment à Assane Diop et à José-Manuel Salazar, respectivement Directeur exécutif des Secteurs de la protection sociale et de l emploi, qui se sont personnellement investis avec les collègues du siège à Genève, du Bureau régional à Addis Ababa et des Equipes sur le terrain pour vous proposer les scénarios du possible d une Afrique sociale. Cette Afrique sociale - une Afrique productive - une Afrique équitable - une Afrique protégée- nous y croyons plus fort que jamais à l OIT. Nous y croyons car nous croyons en vous. Dans cette salle, ce que nous voyons à travers le tripartisme que vous représentez, c est la puissance d une Afrique qui monte - l Afrique résiliente du secteur rural - l Afrique agile de l économie informelle - l Afrique solidaire de l économie sociale - l Afrique imaginative des services - l Afrique exportatrice qui lutte dans une mondialisation encore trop inéquitable - l Afrique des femmes au travail qui portent sur leur dos l avenir du développement de l Afrique -. Aujourd hui, c est le coeur de cette Afrique sociale en marche que le monde entend battre à Yaoundé. L Afrique ne manque pas de vision : - Septembre 2004 - Ouagadougou - Déclaration des Chefs d Etat et de gouvernement de l Union africaine faisant de l Agenda du travail décent une priorité du développement ; - Avril 2007 - Addis Abeba - Adoption tripartite de l Agenda pour le travail décent en Afrique 2007-2015 ; 2

- Décembre 2009 - Ouagadougou - Décision tripartite de faire des Programmes par pays pour le travail décent l instrument majeur de mise en œuvre du Pacte mondial pour l emploi en Afrique en réponse à la crise mondiale financière et économique. - Octobre 2010 - Yaoundé - L Afrique tripartite persiste et signe pour «construire ensemble un socle de protection sociale avec le Pacte mondial pour l emploi». L Afrique ne manque pas d atouts. Aujourd hui, l Afrique c est : - 1,6 trillion de Dollars de PIB collectif ; - 860 milliard de Dollars de dépenses combinés de consommateurs ; - 60% du total mondial des terres arables non encore cultivées ; Et demain l Afrique, ce sera : - 2,6 trillion de Dollars de PIB collectif et, - 1,4 trillion de Dollars de dépenses de consommation en 2020 ; et - ce sera 1,1 milliard d Africaines et d Africains en âge de travailler en 2040 - un marché - une puissance -. L Afrique ne manque pas de vision - L Afrique ne manque pas d atouts - Et l Afrique ne manque pas de ressorts -. Elle l a montré en répondant mieux que prédit à la grande récession mondiale. Le recours à des politiques budgétaires pour faire face à l impact de la récession mondiale a été un nouveau pas très important dans la région. En effet, trente-deux pays africains ont connu un ralentissement de l activité économique en 2009 en raison de la crise mondiale. Parmi eux une vingtaine - soit pratiquement les deuxtiers - ont été en mesure de prendre des positions budgétaires anticycliques sans que cela n ait d impact, dans la plupart des cas, sur le caractère soutenable des trajectoires des dettes publiques. Ceci témoigne de l amélioration des positions budgétaires dans un nombre croissant de pays. En 2010, la croissance sur le continent devrait s établir à 4,5 % - contre 2% en 2009 - avec des projections pour 2011 et au-delà de 5,5 à 6% de croissance. Mais l on sait tous que les taux de croissance élevés sur le continent dans la décennie précédant la crise mondiale ne se sont pas traduits en termes de réduction de la pauvreté et de création d emplois. Or, d ici 2015, il est projeté que le taux de croissance de la population active sera plus élevé en Afrique sub-saharienne que dans toute autre région du monde. 3

Selon nos estimations au BIT, ceci demandera la création de quelque 61 millions de nouveaux emplois dans la région pour s assurer notamment que les jeunes entrant sur le marché du travail trouveront un emploi décent. Afin de réussir ce formidable pari, l Afrique devra faire la transition vers un cadre macroéconomique favorable à l emploi. Elle devra aussi réussir à libérer l intégralité de son potentiel productif, en particulier dans l agriculture. Pour nos pays, il n y aura pas de développement économique sans une meilleure productivité. Mais il n y aura pas de meilleure productivité sans une meilleure protection sociale pour nos populations. Notre message est simple : pas de sécurité économique sans sécurité sociale pour l Afrique. C est dans ce contexte que nous nous reconnaissons pleinement dans le Cadre de politique sociale de l Union africaine adopté en 2008. Et c est pour appuyer cette vision que nous sommes parties prenantes à l initiative que les Nations Unies ont lancé pour un socle de protection sociale. Ce socle vise à garantir un accès aux services essentiels et des transferts à tous ceux qui ont besoin de protection sociale pour sortir de la pauvreté ou ne pas y basculer. Le Pacte Mondial pour l Emploi entérine cette démarche. N est-il pas audacieux de parler d un socle de protection sociale pour l Afrique? Non - Ni audacieux - Ni prématuré -. Comme le souligne le Rapport «Construire un socle de protection sociale avec le pacte mondial pour l emploi» soumis par le BIT à ce Colloque, il ne faut pas considérer la sécurité sociale comme un coût, mais comme un investissement dans le développement humain. La part des ressources disponibles consacrée à la sécurité sociale ne dépend pas tant de la richesse d un pays que de la volonté politique - laquelle détermine la marge budgétaire disponible. Alors qu en Europe 20 à 30 pour cent du PIB sont investis dans la sécurité sociale, en Afrique, 4 à 6 pour cent du PIB seulement sont consacrés aux prestations de sécurité sociale. A condition d être placée suffisamment haut sur la liste des priorités politiques africaines - mais aussi des priorités de la communauté internationale - l instauration progressive et généralisée d un socle de protection sociale est possible. Possible. Et surtout indispensable -. Si on veut, on peut faire beaucoup de choses. En 2009, au niveau international on a su protégé les institutions financières qui étaient à l origine de la crise systémique et globale qui a commencé en septembre 2008 - les fameuses banques «too big too fail»-. 4

A l avenir, le système devra aussi savoir protéger les plus petits - les plus vulnérables -. Le moment est venu de s intéresser aux conséquences humaines et sociales de la crise à travers l emploi et la protection sociale. Pour faire reconnaître ses priorités, l Afrique tripartite devra se mobiliser grâce au dialogue social. Depuis décembre 2009, vous avez prouvé qu une telle mobilisation est possible pour mettre en œuvre le Pacte mondial pour l emploi dans le cadre des Programmes par pays pour le travail décent. Aujourd hui, à Yaoundé, notre fierté est que vous n êtes pas venus à ce Colloque pour regarder les choses comme elles sont - mais pour regarder les choses comme elles peuvent être -. Oui, si nous croyons que l Afrique sociale est possible, c est parce que nous croyons profondément en vous. Merci de tout cœur pour votre attention. 5