II ne faut pas manquer de signaler l'eistence de la «Mutuelle incendie des sylviculteurs du Sud-Ouest» créée en 1947 pour répondre au souci des propriétaires désirant assurer leurs peuplements contre l'incendie. L'idée d'assurance mutuelle les propriétaires était née en 1869 par suite de la difficulté ou de l'impossibilité de souscrire des assurances ordinaires. Cette mutuelle, dite «Union forestière» resta en suspens à cause des grands incendies des années 1870. La Mutuelle incendie des sylviculteurs du Sud-Ouest assure actuellement environ 135 000 ha dans des conditions intéressantes. Tous ces efforts, cette mobilisation générale contre le feu ont porté leurs fruits. On citera, en eemple, les chiffres concernant le département de la Gironde, en ecluant l'année 1949 de caractère eceptionnel : 1945 à 1948 1950 à 1973 Nombre de feu 1 092 4 183 s détruites 166 814 hectares 21 020 hectares Moyenne par incendie.... 153 hectares 5 hectares L'organisation des moyens de secours et leur utilisation rapide ont abouti à un abaissement spectaculaire de la moyenne des pertes par incendie. Cependant, il ne faut pas désarmer, la veille de tous doit continuer, car en matière de feu de forêt, rien n'est jamais terminé. On l'a bien remarqué, en 1972, lorsque deu seuls incendies le même jour, en Gironde, très éloignés l'un de l'autre, et attaqués un peu en retard alors que les foyers bénéficiaient d'un vent violent, ont fait monter le chiffre des surfaces détruites à plus de 4 000 hectares, contre les 2 ou 300 ha auquels on s'était habitué les années précédentes. De même, le 2 août 1970, il y eut 38 foyers et la situation aurait pu facilement devenir dramatique si les conditions climatiques avaient été défavorables. Il faut donc continuer, ou améliorer si besoin l'tien de la forêt et de son infrastructure, maintenir l'organisation de lutte qui a fait ses preuves et, ce qui est moins facile, rendre chacun conscient de ses responsabilités en la matière. Ainsi, le jour où on se sera rendu maitre de ces facteurs, il ne restera à combattre que contre les conditions météorologiques défavorables suffisantes, à elles seules, comme en 1949, pour rendre ce combat particulièrement difficile. Charles MERCIER Ingénieur en chef du G.R.E.F. Adjoint du Directeur OFFICE NATIONAL DES FORETS Région Aquitaine 31, rue de l'arsenal 33081 BORDEAUX CEDEX La répartition des incendies dans le département de la Gironde Cette étude a pour but de définir les communes forestières le plus souvent ou le plus durement touchées par les incendies de forêts durant ces di dernières années. Réalisée à partir des comptes rendus de feu et des fiches de renseignements tenues à jour au P.C. départemental du Bouscat, cette étude est limitée au seules communes forestières du département (156 sur 555), ce qui eplique que nous ne tiendrons compte que de 2 885 sinistres sur les 4 178 recensés officiellement. Elle est également limitée dans le temps à une période de di ans (1963-1972), correspondant sensiblement à la durée d'eploitation des fiches de renseignements utilisées. 25 R.F.F. N o SP. 1974
RÉPARTITION DES INCENDIES EN GIRONDE 771 zone humide ~,i1 zone propice au incendies zone moins propice au incendies SUPERFICIES INCENDIÉES En fonction des superficies incendiées les communes forestières ont été réparties en si classes : 500 ha et plus de 10 ha à 50 ha de 100 ha à 500 ha de 1 ha à 10 ha de 50 ha à 100 ha moins de 1 ha Trois communes ont le triste privilège d'avoir eu en di ans plus de 500 ha de superficie brûlée. Il s'agit de (par ordre décroissant) : - Saint-Jean-d'Illac : 2 887,61 ha Saint-Symphorien : 1 154,37 ha Lacanau : 723 ha En outre, pour 23 communes, autres que les trois précédentes, la surface totale détruite ecède 100 ha. 26
II faut reconnaître pour une parfaite signification du phénomène constaté que ces superficies incendiées ont été le plus souvent le fait d'un ou deu incendies de très grande importance plutôt que celui de nombreu feu de faible et moyenne importance. Sur la carte n 1, on peut reconnaître que : toutes ces communes sont le plus souvent situées dans la zone humide et la zone argileuse (cas le plus fréquent) ; -- dans la zone siliceuse, les surfaces parcourues par le feu sont bien moins importantes, sauf deu eceptions; les pôles sinistrables semblent être ceu qui sont indiqués en grisé; statistiquement, la zone la plus dangereuse pourrait se circonscrire dans le triangle Lacanau, Arcachon, Saint-Symphorien. NOMBRE TOTAL D'INCENDIES Cinq communes ont été le siège d'un nombre total d'incendies supérieur à 100. Sept d'un nombre compris 50 et 100. Le classement pour les cinq premières communes s'établit comme suit Mérignac : 187 La Teste-de-Buch : 178 - Pessac : 128 - Lacanau et Saint-Médard-en-Jalles : 113 Remarque : Il s'agit dans la plupart des cas de collectivités comportant un très important tissu urbanisé. Cette particularité débouche sur une évidence : à une augmentation du nombre des individus dans un espace déterminé correspond une augmentation des risques. Deu secteurs sont particulièrement touchés : la zone littorale : Carcans, Hourtin, Lège, Lanton et La Teste; -- les environs de Bordeau (rive gauche de la Garonne) : Saint-Médard-en-Jalles, Martignas, Mérignac, Saint-Jean-d'Illac, Pessac et Cestas. Remarque : Les zones privilégiées au paragraphe précédent le demeurent ici (incendies ayant détruit moins d'un hectare en di ans). En effet, il aurait pu se produire le phénomène suivant en ce qui concerne ces zones : un grand nombre d'incendies de très petite surface (quelques mètres carrés), dont le total donne malgré tout un chiffre global inférieur à un hectare, ce qui n'a pas été le cas ici. SUPERFICIES UNITAIRES Des cartes représentant le nombre des incendies de superficie supérieure à 100 ha et 10 et 100 ha ont été établies ; elles soulignent toujours les mêmes zones intéressantes. CLASSEMENT DES COMMUNES LES PLUS TOUCHÉES PAR L'INCENDIE Un classement a permis de déterminer les 25 communes les plus perméables au incendies de surfaces. Les critères suivants ont été retenus, dans cet ordre totale incendiée, Nombre total d'incendies, détruite. 27 R.F.F. N. SP. 1974
Communes totale à 500 ha totale 499 et 100 ha Nombre total à 100 ha Nombre total compris 99 et 50 ha à 500 ha 500 et 100 ha 100 et 10 ha Saint-Jean-d'Illac. Saint-Symphorien Lacanau Hourtin Origne Listrac Le Pian Saint-Magne Audenge Cestas Saint-Médard-en-Jalles. Saint-Laurent Lanton Carcans Le Porge La Teste Avensan Martignas Louchats Hostens Mios Arsac Le Barp Saint-Aubin-Médoc. Gujan-Mestras... CONCLUSION Ces considérations permettent : de justifier, s'il en était besoin, la création du c de secours de la Teste-de-Buch (création récente en 1971), de justifier, dans le même ordre d'idées, la demande de création de nouveau cs de secours aptes à resserrer efficacement le maillage du dispositif de défense, à savoir : Carcans et Sainte-Hélène qui sont situés sur le territoire même de communes très vulnérables ; Marcheprime, Salles et Le Temple, communes situées à des noeuds routiers importants, permettant une intervention rapide en renfort des secteurs voisins les plus menacés. Ce sont presque toujours les mêmes communes qui ont le fâcheu privilège de se classer en tête, qu'il s'agisse de la superficie totale détruite, du nombre d'incendies ou de l'importance instantanée de ces sinistres... Ces communes, toujours à très forte densité de population (l'été en particulier), sont soit des stations balnéaires, soit des communes limitrophes de la zone urbanisée de Bordeau. Afin de mieu cerner le problème, une période plus large de 1950 à 1972 a été considérée en deuième analyse, pour des superficies s de 25 ha et plus. II n'est pas moins intéressant de constater alors, que si quelques communes dont il n'avait pas ou peu été question dans le premier bilan, font leur apparition ici, pratiquement toutes celles qui figuraient en tête de liste dans le premier cas, se retrouvent également dans la période antérieure à 1963. La conclusion se présente naturellement à l'esprit, que les efforts conjugués d'un assainissement progressif et continu, d'une pénétration améliorée grâce à la création de nouvelles pistes forestières, de la construction de ponts permettant un meilleur franchissement des fossés les plus profonds, feront qu'il deviendra alors possible de réduire sinon le nombre, trop contingent d'éléments humains, du moins l'étendue des incendies de forêt. 28
Tout le monde devrait y trouver son compte : les propriétaires forestiers, qui n'auraient pas à déplorer la perte de plusieurs centaines d'hectares de pins d'un coup, comme cela est trop souvent arrivé, l'autorité responsable de la lutte qui pourra mettre plus rapidement et plus efficacement le matériel de défense en action, et finalement, l'organisation générale des moyens qui, en devenant ponctuellement plus efficiente, coûtera finalement moins cher. A titre indicatif, et pour avoir une idée plus concrète de ce que peuvent bien représenter comme perte les superficies détruites, pour les trois communes les plus touchées du département, il est utile de faire la remarque suivante : Communes totale ha Tau de boisement en % détruite en % Saint-Jean-d'Illac 9 864,91 83,63 35 Saint-Symphorien. 10 438,26 85,82 12,88 Lacanau 21 386,77 79,44 I 4,25 Lieutenant Christian NICOT CORPS DÉPARTEMENTAL DES SAPEURS-POMPIERS FORESTIERS PROFESSIONNELS DE LA GIRONDE Poste de commandement opérationnel 33770 SALLES 29 R.F.F. N o SP. 1974