Chapitre 2 : Le gang à rollers 1 du marché Montorgueil 2 Le message du Chef avait été très clair : ils devaient aller au marché de la rue Montorgueil, à 16h30, pour interpeller le «gang à rollers». Depuis trois jours, en effet, trois jeunes en bonnets de laine et lunettes de soleil, sur des rollers, descendaient la rue Montorgueil, vers 17 heures, et prenaient, sans s arrêter, tout ce qu ils pouvaient atteindre sur les étalages des commerçants. (en riant) : C est quand même assez drôle! Ils ont envie de faire la fête sans payer. Attends, tu connais le proverbe : qui vole un œuf, vole un bœuf!! Oui, mais, quand même, ce n est pas bien grave Regarde la plainte déposée par les commerçants de la rue Montorgueil au commissariat du 2ème arrondissement, rien qu hier ils ont pris : dix saucissons, un jambon entier, deux bouteilles d eau minérale, douze camemberts, cinq sacs d oranges.. et cela dure depuis trois jours. Que font-ils? du recel? Justement, on va aller voir de plus près. Jacques et Jean-Pierre se déplaçaient le plus souvent en scooter. Ils avaient aussi deux vélos à leur disposition et une voiture de police avec gyrophare qui restait le plus souvent au garage. Cependant, ils aimaient beaucoup travailler en rollers et c est sans doute pour cette raison qu on leur avait confié cette mission. A 16 heures 30 exactement nos deux amis, sur leurs rollers, leurs téléphones 1 Les rollers sont assez importants à Paris. Chaque week-end, le soir, ainsi que le dimanche après-midi, des groupes de jeunes et de moins jeunes parcourent, ensemble, les grands axes de Paris. Par contre, en semaine, il y en a peu, sans doute à cause de la circulation. 2 Le marché Montorgueil : Marché populaire dans une rue semi piétonne des Halles. On y trouve de nombreuses vieilles maisons. Cette rue tient son nom d une ancienne voie qui allait vers le Mont Orgueilleux au XIIIème siècle. 1
portables dans l oreille, se tenaient vers le haut de la rue Montorgueil, au coin de la rue Bachaumont. Il y a du monde au marché, comment font-ils? En rollers, tu le sais bien, c est facile de se déplacer. Oui, surtout que cette rue est semi piétonne 3. Je me demande quand même où ils mettent la marchandise A 16h55 exactement un petit groupe s est détaché de la foule du marché. Les voilà, regarde, c est extraordinaire! En effet, les trois membres du «gang» zigzaguaient rapidement, deux d entre eux d un côté de la rue, le troisième, en face. Chacun tenait un grand sac et ils mettaient dedans tout ce qu ils pouvaient prendre. C est fantastique! Les pommes, les bananes. Et l autre, en face, les bouteilles de lait Des rôtis, des poulets.. On les arrête maintenant? Non, il vaut mieux les suivre pour savoir ce qu ils font ensuite. Le «gang» venait de passer devant eux, à toute vitesse, raflant une dizaine baguettes qui se trouvaient sur l étal de la boulangerie. Bon, on les suit, tu vas à droite de la rue et moi à gauche. D accord, allons-y. Les trois jeunes étaient maintenant en bas de la rue Montorgueil. Ils avaient arrêté de remplir leurs sacs qui étaient sans doute déjà pleins. Les deux policiers les suivaient à distance, communiquant ensemble avec le portable que chacun avait dans l oreille. Attention, ils tournent à gauche, on y va. OK, c est la rue Tiquetonne. Ils ralentissent. 3 Il y a, à Paris, des rues piétonnes où les voitures ne peuvent pas aller. Les rues semi piétonnes sont le plus souvent des rues commerçantes où la circulation est interdite à certaines heures de la journée. 2
Oui, je les vois. Attention, ils s arrêtent. Ils sont entrés dans ce vieil immeuble.. Regarde, les fenêtres sont condamnées, il est en démolition.. On y va. Toujours sur leurs rollers, les deux jeunes gens sont donc entrés dans ce qui semblait être un immeuble abandonné. Un couloir vétuste menait à une très petite cour. Là, les trois membres du «gang», étaient en train de changer leurs rollers pour des chaussures normales. Devant eux, souriantes, se tenaient cinq femmes qui, chacune, portait un grand sac vide. (montrant sa carte de policier): Salut, tout le monde! (s adressant aux trois jeunes) : Alors, on a fait une bonne promenade au marché? La pêche a été bonne? Vous pouvez ôter vos bonnets et vos lunettes s il vous plaît? Interloqués les trois jeunes ont donc enlevé leurs lunettes, leurs bonnets et nos deux amis ont été fort surpris de se trouver en présence de trois filles d une vingtaine d années. Et bien, Mesdemoiselles, que se passe-t-il ici? Les trois jeunes filles étaient muettes mais les cinq femmes qu elles avaient rejointes donnaient des signes évidents de malaise et de peur. UNE DAME UNE AUTRE (s approchant d elles) : Mesdames, que faites-vous ici? Vous achetez de la marchandise à ces petites voleuses? Mais non, Monsieur, nous n avons pas d argent, elles sont gentilles, elles nous donnent à manger.. Depuis trois jours, c est cela? Oui, ce sont des anges! 3
DAME (s adressant aux trois jeunes filles) : Mais enfin, vous êtes idiotes ou quoi? Vous vous prenez pour Robin des Bois? Les jeunes filles ne disaient toujours rien. Expliquez-nous ce qui vous a pris. Qui êtes-vous d abord, montrez-nous vos papiers. Avec un soupir une des jeunes filles a donc décidé de parler. FILLE No.1 Bon, d accord. Nous sommes étudiantes en première année de médecine. Par hasard, la semaine dernière, nous avons rencontré ces gens qui squattent 4 ce vieil immeuble en voie de démolition. Ils sont une vingtaine, surtout des femmes et des enfants. On a décidé de les aider. Mais il y a des associations pour cela! Bien sûr : ce n est pas une raison pour devenir des voleuses Bon, vous venez avec nous, toutes les trois et nous allons rendre ce que vous avez pris aujourd hui avant d aller au poste de police. (aux cinq femmes) : Désolé Mesdames, pas de distribution aujourd hui Ayant enlevé leurs rollers, les deux policiers ont alors emmené les trois filles pour aller rendre, dans chaque boutique, ce qui avait été volé. Sur le chemin du Commissariat du 2ème arrondissement, les trois jeunes filles n en menaient pas large. FILLE No.1 FILLE No.2 On va aller en prison? Je ne pense pas mais, quand même, vous aurez un ou deux mois avec sursis. Nos parents seront prévenus? 4 Les «squats». Il n est pas rare en effet que des sans-abri vivent, temporairement, dans des immeubles en voie de démolition. C est vrai à Paris mais aussi dans d autres grandes villes. Les «squats». Il n est pas rare en effet que des sans-abri vivent, temporairement, dans des immeubles en voie de démolition. C est vrai à Paris mais aussi dans d autres grandes villes. 4
Vous avez plus de dix-huit ans, donc, non, ce n est pas obligatoire Je dois pourtant vous dire que le truc des rollers, c est assez bien trouvé!!! Oui mais, quand même, vous devriez savoir que LE CRIME NE PAIE PAS! 5