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La fertilisation des prairies 48

La fertilisation des prairies Phosphore Azote Azote Sol humide + + Phosphore Azote?? PH Phosphore Potassium Azote Type de sol Pour avoir une prairie fertile, il faut bien connaître : - son sol - ses disponibilités (CEC + PH + élément nutritifs) Acidité du sol Sol Sec Comme pour toute culture, la fertilisation des prairies doit permettre de couvrir au mieux les besoins des plantes en veillant à ne pas appauvrir les sols, ni à exagérer les apports. Il faut viser l autonomie alimentaire comportant la production de fourrages dont la quantité et la qualité doivent être en adéquation avec les besoins du cheptel et ce, tout en préservant l environnement. Un excès d azote n est pas sans risque pour le bétail : baisse de l appétit besoins énergétiques accrus voire intoxication et mortalité en particulier au printemps et en automne, lorsque les températures sont basses et l ensoleillement réduit. La fertilisation azotée de la prairie doit être raisonnée, tout comme celle des cultures annuelles. La situation est cependant plus complexe en raison d une multitude de caractéristiques telles que : plusieurs récoltes successives, la présence éventuelle de légumineuses capables de fixer l azote atmosphérique, des rendements et une qualité très variables, notamment la teneur en protéines qui dépend non seulement de la fertilisation mais aussi du rythme d exploitation, le caractère pluriannuel et la diversité des écosystèmes prairiaux, les divers modes d exploitation: la fauche, le pâturage ou la combinaison des deux. La fauche exporte de grandes quantités d éléments minéraux qu il faudra restituer notamment par les engrais de ferme, alors que, par le pâturage, les ruminants en restitueront une partie. 49

La CEC La CEC : C est la capacité d Echange cationique (CEC ou T pour capacité totale) qui correspond à la taille du réservoir du sol. C est la quantité de cations que celui-ci peut retenir sur son complexe absorbant à un ph donné. La CEC est utilisée comme mesure de la fertilité d un sol en indiquant la capacité de rétention des éléments nutritifs d un sol donné. C est un paramètre fixe qui ne varie pas dans le temps. CEC faible : Apports fractionnés, en rapport avec les besoins de la prairie. Ils doivent se faire au printemps en condition de pousses. Les légumineuses vont combler les manques azotés liés au lessivage. 1 5 10 15 20 25 35 SABLEUX SABLO LIMONEUX LIMONEUX LIMONEUX ARGILEUX ARGILO LIMONEUX ARGILEUX CEC faible CEC élevée Lessivage Blocage CEC élevée : Risque de blocage important en phosphore et potasse (pouvoir tampon) les apports devront être anticipés (engrais de fond sur l automne) pour être utilisable par la prairie au printemps. Source: Agro Systèmes 50

Le PH Le ph : Pour l agriculteur ou l agronome, il dépend de plusieurs facteurs : de l analyse du sol elle-même : en général on cherche à maintenir le ph un peu en-dessous de la neutralité, vers 6,5. des exigences des cultures pratiquées : les besoins des plantes sont assez variables, certaines supportant une large gamme de ph, d autres ayant des besoins plus précis. À titre d exemple, la pomme de terre, le seigle, l avoine poussent sur des sols légèrement acides (ph 6), le blé et le maïs «préfèrent» la neutralité, tandis que la betterave, le haricot, la luzerne poussent mieux avec un ph supérieur à 7. Le chaulage a un effet sur : le ressuyage et la praticabilité du sol la flore (plus de légumineuses) la minéralisation la vie microbienne l absorption des engrais Le chaulage des sols : Le chaulage des sols est une technique agricole qui consiste à apporter des amendements calciques ou calco-magnésiens à un sol pour en corriger l acidité car la trop grande acidité d un sol l empêche de libérer ses nutriments pour nourrir les plantes. N Azote P Phosphore K Potassium ph = 4,5 5 5,5 6 7 80 95 100 40 50 25 46 70 95 75 33 52 77 100 100 SOL Ce qu on devrait amener pour redresser le ph d une unité (Kg Cao / Ha) Apport maximun par an (Kg Cao/ Ha) Sables 800 750 Limons légers 800 750 Limons 1300 750 Sables et limons 1800 900 Argiles 2000 1000 Si le ph et de 5 : seulement 50 % des engrais apportés sont utilisables par la prairie. ph optimal sur prairie : 5,8 à 6 Si le ph < 5,5 : le chaulage est la priorité. Les apports doivent être raisonnés sur deux années consécutives pour corriger le ph. 51

POTASSE Active la photosynthèse. Résistance au froid. Pour avoir une efficacité maximum de l azote la plante doit être bien pourvue en potasse. Disponibilité de la potasse liée au pouvoir fixateur du sol : KgK 2 O/ha/an 60 Pouvoir fixateur K 2 O 50 40 30 20 10 0 5 10 15 20 25 30 35 CEC Lessivage Blocage Variation du pouvoir fixateur du sol vis-à-vis du Phosphore : PHOSPHORE Photosynthèse, fixateur et transporteur d'énergie. Croissance : action conjugée à celle de l'azote. Développement des racines (facteur de croissance et de précocité). Rigidité des tissus. Reproduction : fécondation et fructification % 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 4 4,5 5 5,5 6 6,5 7 7,5 8 8,5 ph Sol non calcaire Sol calcaire Présence d'aluminium Source: Agro Systèmes 52

Recouvrement en trèfle blanc : 10 % 25 % 40 % Peuplement de légumineuses en % par rapport aux graminées dans une parcelle pour réduire les apports azotés si besoin Apports annuels nécéssaires, selon le peuplement de légumineuses : NAzote 10 à 120 Unités/ Ha - 50 % Pour préserver les légumineuses, il faut diviser par deux l apport total d azote par rapport à une graminée seule dans (10 le à cadre 120 Unités/ d une fauche Ha) voire le supprimer dans le cadre d une pâture et le plus souvent limiter cet apport à la 1 ère coupe. P Phosphore (10 à 60 Unités/ Ha) + 10 à 20 unités/ha K Potassium (20 à 160 Unités/ Ha) + 20 à 40 unités/ha Il faut renforcer les apports de phosphore (+10 à 20 unités/ha) et de potassium (+ 20 à 40 unités/ha). 53

Apport d azote des légumineuses : NAzote Peu de nitrification en période sèche N organique N uréique N ammonium Nitrate Assimilation 54

On estime que chaque % de recouvrement en trèfle blanc correspond à environ 2 kg d azote fixés par ha. Contribution du trèfle blanc à la fertilisation azotée des prairies (kg N/ha.an) : Production annuelle totale de la prairie Proportion visuelle de trèfle blanc en début d été (recouvrement) 10 % 25 % 40 % 6 t MS/ha 20 50 80 8 t MS/ha 25 65 105 10 t MS/ha 30 80 125 Source: Chambre d'agriculture 55

Exemple d'apport annuel en N.P.K : Utilisation de la prairie Niveau d'intensification Chargement moyen (UGB-haSFP) Apport annuels (en unités/ha) Azote Phosphore Potasse Pâture seule Foin + pâture Enrubanage + pâture Enrubanage + pâture Ensilage + Regain + pâture faible (3 à 4 T MS/an) 0,7 à 0,9 0-30 0-10 0-20 moyen (4 à 5 T MS/an) 0,9 à 1,1 40-50 20 40 élevé (5 à 6 T MS/an) 1,2 à 1,4 60-90 25 50 très élevé (6 à 7 T MS/an) 1,6 à 1,8 70-100 avec légu. 30 60 120-150 30 60 faible (4 à 5 T MS/an) 0,7 à 0,9 0-30 20 50 moyen (5 à 6 T MS/an) 0,9 à 1,1 30-50 30 70 moyen (5 à 6 T MS/an) 0,8 à 1 50-70 35 80 élevé (6 à 7 T MS/an) 1 à 0,2 20-50 avec légu. 40 100 70-90 40 100 moyen (5 à 6 T MS/an) 0,8 à 1 60-80 40 90 élevé (6 à 7 T MS/an) 1 à 1,2 30-70 45 110 80-120 45 110 moyen (6 à 7 T MS/an) 0,9 à 1,1 80-120 50 120 élevé (7 à 8 T MS/an) 1,2 à 1,4 100-140 55 130 très élevé (8 à 10 T MS/an) 1,6 à 1,8 70-110 60 150 120-160 60 150 Source : Chambre d'agriculture 56