Migration en Mauritanie : Document thématique 2009

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Transcription:

Cette publication a été co-financée par l Union européenne Migration en Mauritanie : Document thématique 2009 Migration et développement en Mauritanie 17 route des Morillons, 1211 Genève 19 Suisse Tél : + 41 22 717 91 11 Télécopie : +41 22 798 61 50 Courrier électronique : hq@iom.int Internet : http://www.iom.int Federal Office for Migration FOM

Les opinions exprimées dans la présente publication sont celles des auteurs et ne reflètent pas les positions de l Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les appellations utilisées et la présentation des données dans le rapport n impliquent pas l expression d opinion de la part de l OIM concernant des faits tels que statut légal, pays, territoire, ville ou zone particulière, ou à propos de leurs autorités, ou de leurs frontières ou confins. Toute omission et erreur reste de la seule responsabilité de l auteur. Ce rapport est un document de travail et, par conséquent, il ne se conforme pas nécessairement aux directives de style adoptées par l OIM. L OIM croit fermement que les migrations organisées, s effectuant dans des conditions décentes, profitent à la fois aux migrants et à la société tout entière. En tant qu organisme intergouvernemental, l OIM collabore avec ses partenaires au sein de la communauté internationale afin de résoudre les problèmes pratiques de la migration, de mieux faire comprendre les questions de migration, d encourager le développement économique et social grâce à la migration, et de promouvoir le respect effectif de la dignité humaine et le bien-être des migrants. Ce document a été produit avec le soutien financier de l Union européenne, l Office fédéral des migrations suisse (ODM) et la Coopération belge au développement. Les opinions exprimées ci-après sont celles de l auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de l Union européenne, de l Office fédéral des migrations suisse (ODM) et de la Coopération belge au développement. Editeur : Organisation internationale pour les migrations 17 route des Morillons 1211 Genève 19 Suisse Tél : + 41 22 717 91 11 Télécopie : +41 22 798 61 50 Courrier électronique : hq@iom.int Internet : http://www.iom.int 2009 Organisation internationale pour les migrations (OIM) Tous droits réservés. Aucun élément du présent ouvrage ne peut être reproduit, archivé ou transmis par quelque moyen que ce soit électronique, mécanique, photocopie, enregistrement ou autres sans l autorisation écrite et préalable de l éditeur. 75_09

Migration et développement en Mauritanie Préparé par M. Ould Brahim Ould Jiddou Fah

Avant-propos Grâce au soutien financier de l Union européenne, l Office fédéral des migrations suisse (ODM) et la Coopération belge au développement, l OIM met en œuvre le projet «Migration en Afrique de l Ouest et centrale : profils nationaux pour le développement de politiques stratégiques» dans plusieurs pays d Afrique de l Ouest et centrale (Côte d Ivoire, Ghana, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, République démocratique du Congo et Sénégal), afin de promouvoir une approche politique de la migration cohérente et dynamique, en appui à la planification des politiques stratégiques au niveau national et régional. Les profils migratoires nationaux sont un résultat fondamental de cette recherche et de ce projet de renforcement des capacités. Ils constitueront un outil politique utile pour suivre les tendances migratoires et identifier les domaines nécessitant des développements politiques subséquents. Mais, en étant principalement un outil de suivi, les profils nationaux fournissent des lignes directrices limitées au type de politiques pouvant être développées dans un domaine particulier (i.e. méthodologies et approches politiques). La série de documents thématiques traite cet aspect particulier en aidant les responsables politiques et les praticiens à définir les priorités d action et les options politiques dans les domaines particulièrement pertinents dans le contexte politique national. Sous la direction et avec l appui des groupes de travail techniques nationaux et interministériels (GTTN) ainsi que des sous groupes de travail thématiques, établis dans chaque pays cible au cours du projet, trois documents thématiques ont été rédigés par des experts locaux pour chacun des pays concernés. Le but de ces documents est d accroître les capacités de développement de politiques, par l identification des bonnes pratiques et en évaluant les perspectives de développement politiques sur des éléments présentant un intérêt particulier pour le gouvernement. Abye Makonnen Représentant régional Mission à fonctions régionales Dakar, Sénégal Frank Laczko Chef de la division recherche et publications Siège de l OIM Genève, Suisse Migration en Mauritanie : Document thématique 2009 2

Abréviations BCM CEDEAO CSLP EDSM EMOE EPCV FMI FRONTEX GEFM IDE IDH MEN OIM OIT ONS OSIWA PIB PNUD RGPH RIM TMS Banque Centrale de Mauritanie Communauté Economique des Etats de l Afrique de l Ouest Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté Enquête Démographique et de Santé en Mauritanie Enquête sur la Main d œuvre Etrangère Enquête Permanente sur les Conditions de Vie des Ménages Fonds Monétaire International Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des Etats membres de l Union européenne Groupe d Etudes des Flux Migratoires Investissement Direct Etranger Indicateur de Développement Humain Ministère de l Education Nationale Organisation internationale pour les migrations Organisation Internationale du Travail Office National de la Statistique Open Society Institute for West Africa Produit Intérieur Brut Programme des Nations Unies pour le Développement Recensement Général de la Population et de l Habitat République Islamique de Mauritanie Transit Migration Survey Migration en Mauritanie : Document thématique 2009 3

Tableaux et graphiques Tableau n 1 : Evolution de la population mauritanienne sur la période 1977 2000 Tableau n 2 : Indicateurs macro économiques clés (2005 2007) Tableau n 3 : Indicateurs de développement humain en Mauritanie Tableau n 4 : Comparaison des taux d activité selon le sexe et les sources Tableau n 5 : Données des émigrants mauritaniens résidant à l étranger Tableau n 6 : Répartition des étudiants mauritaniens à l étranger selon les pays d accueil Tableau n 7 : Parts de transferts de fonds dans le PIB de certains pays en développement Graphique n 1 : Evolution de la pauvreté par wilaya Migration en Mauritanie : Document thématique 2009 4

Table des matières Introduction 7 Partie I. Présentation générale du pays 8 A. Données géographiques et démographiques 7 B. Cadre de politiques économiques et lutte contre la pauvreté 9 C. Analyse des politiques et stratégies en matière de migration 13 Partie II. Diaspora mauritanienne de par le monde 16 A. Données sur les caractéristiques socioéconomiques des migrants 16 B. Les émigrants de travail 17 C. Etudiants à l étranger 19 Partie III. Migrations, transferts de fonds et de compétences 21 A. Transferts de fonds 21 B. Transferts de compétences 23 C. Migration et VIH/SIDA 24 Partie IV. Recommandations 25 Bibliographie 26 Annexe 28 Migration en Mauritanie : Document thématique 2009 5

Introduction Le phénomène de la migration constitue de nos jours l une des préoccupations centrales de nombreux gouvernements aussi bien des pays d accueil et de transit que des pays d origine. Les migrants sont estimés en 2007 à plus de 200 millions de personnes dans le monde, soit environ 3 % de la population mondiale. Le nombre d'africains se trouvant hors de leurs frontières a lui aussi diminué, passant de 12 % en 1970 à 9 % en 2000 1. Néanmoins, la contribution des migrations au développement des pays émetteurs des flux, à celui des pays de transit et de destination reste mal connue. Une chose est certaine : les migrations ont toujours eu des impacts positifs ou négatifs, selon les cas, sur les pays de départ et d arrivée. Leurs effets bénéfiques sur le développement en général sont nombreux. Les transferts de fonds effectués par les migrants ont dépassé le chiffre de 337 milliards de dollars américains en 2007, dont 251 milliards destinés aux pays en développement. Les flux migratoires sont souvent dirigés des pays pauvres vers les pays plus prospères à la recherche des conditions de vie meilleures. Il existe d autres migrations pour des raisons politiques ou de sécurité. Les transferts de fonds de résidents à l étranger constituent des parts non négligeables des PIB de certains pays d origine de la migration, ce qui a permis de desserrer les contraintes extérieures. Pour ce qui est du cas de la Mauritanie, les principaux facteurs déterminants la migration peuvent être résumés comme suit : - La sécheresse et la pauvreté que connait le pays surtout les régions agropastorales du pays et principalement la zone du fleuve et du sud ; - Un taux de pauvreté élevé touchant plus de 46 % de la population avec une dominance chez les jeunes ; - Le faible niveau de qualification de la main d œuvre nationale avec un taux de chômage de 32.5 % au sein de la population. La présente étude essaie d apporter une contribution à l analyse de liens entre la migration et le développement en Mauritanie en se limitant aux directives définies dans les termes de référence de l étude. Le rapport s articule autour de trois grandes parties dont la première dresse un aperçu général sur le pays et présente les politiques de développement, la seconde partie étant consacrée au données et profil socioéconomique de la diaspora mauritanienne. La troisième partie porte sur les liens entre migrations, transferts de fonds et de compétence et met l accent aussi sur la question du VIH/SIDA. Enfin, dans une quatrième partie, le rapport dresse quelques pistes de recommandations pour optimiser la relation entre migration et développement en Mauritanie. 1 Sauf indication contraire, toutes les données relatives aux "estimations mondiales" sont extraites du document des Nations Unies "Trends in Total Migrant Stock: The 2005 Revision", http://esa.un.org/migration. Migration en Mauritanie : Document thématique 2009 6

Partie I. Présentation générale du pays A. Données géographiques et démographiques a) Aspects géographiques et administratifs La République Islamique de Mauritanie (RIM) est un vaste pays compris entre les 15 ème et 27 ème degrés de latitude Nord et le 5 ème et 17 ème degrés de longitude Ouest. Le pays occupe une superficie de 1 030 700 km² et constitue une charnière entre le Maghreb arabe et l Afrique subsaharienne. Il possède des frontières communes avec le Sénégal au Sud, le Mali au Sud et à l'est, l'algérie au Nord Est et avec le territoire du Sahara occidental au Nord avec un littoral de 700 kms à l'ouest tout le long de l'océan Atlantique. Le désert occupe environ 80 % de la superficie du pays et les terres arables ne dépassent pas 0,2 % de la superficie totale. Au centre et au nord du pays, le relief est formé par les massifs montagneux de l'assaba, du Tagant et de l Adrar qui culminent à 400 et 500 mètres. A l exception de la plaine alluviale du fleuve Sénégal, appelée "Chemama", large de 10 à 25 kms, le reste du pays est constitué en grande partie d alignements dunaires. Le pays est divisé en treize wilayas (régions) subdivisées à leur tour en moughataas (départements) qui peuvent regrouper des arrondissements. Au plan communal, la Mauritanie compte 216 communes. Le pays est traversé par deux principales routes goudronnées. L une reliant la capitale (Nouakchott) à Dakar (Sénégal) et au Maroc et le second axe assure la jonction entre le pays et Mali. Ces axes routiers facilitent les mouvements migratoires vers l Europe. b) Profil démographique Le pays a réalisé trois Recensements Généraux de Population et de l Habitat (RGPH) au cours des années 1977, 1988 et 2000. Les données issues de ces recensements montrent que la population est passée respectivement au cours des dates précitées de 1 336 830 personnes à 1 864 236 et 2 508 000 personnes (cf. Tableau n 1). En 2006, la population du pays a été estimée à 3 112 912 habitants 2 avec une densité de plus de 2,4 habitants au km². La structure de la population montre qu elle est jeune avec 43,5 % de moins de 15 ans (dont 31,7 % de 0 8 ans) et seulement 3,6 % de plus de 60 ans, créant ainsi des pressions importantes sur les services publics de base. Au cours des années 1970, la population du pays était en majorité nomade avec plus de 80 %. Actuellement on constate un important mouvement de sédentarisation et d urbanisation dans le pays. Le tableau cidessous donne l évolution démographique et les principaux indicateurs démographiques pour la période (1977 à 2000) et projections pour 2006. 2 Office National de la Statistique, RGPH 2000. Migration en Mauritanie : Document thématique 2009 7

Tableau n 1 : Evolution de la population mauritanienne sur la période (1977 2000) Libellées Années 1977 1988 2000 2006 (proj.) Population totale 1 336 830 1 864 236 2 508 000 3 112 912 Population totale féminine (%) 50,8 % 50,5 % 50,5 % Population totale masculine (%) 49,2 % 49,5 % 49,5 % Taux d urbanisation (%) 22,7 % 41 % 40 % 51 % Population moins de 15 ans (%) 44 % 44,2 % 43,5 % Population de 65 ans et plus (%) 3,8 % 3,9 % 3,6 % Population de 15 à 64 ans 52,2 % 51,9 % 52,9 % Populations des plus grandes villes Nouakchott 134 704 393 325 558 195 Nouadhibou 22 365 59 198 72 337 Kiffa 10 703 29 292 32 033 Rosso 48 922 Taux d accroissement de la population 2,5 % 2,9 % 2,4 % 2,9 % Densité de la population (habitant / km2) 1,3 1,8 2,4 3 Sources : RGPH, 1977, 1988 et 2000, ONS Il existe une forte pression sur les centres urbains et particulièrement la capitale Nouakchott dont la population est passée de 134 704 habitants à 558 195 habitants en 2000, soit un peu plus du cinquième de la population totale du pays. La population de Mauritaniens vivant à l étranger était estimée à 235 000 au cours des 1970 et 1980. Cette situation est la conséquence, entre autres, de la sécheresse et la récession économique qui a conduit le pays dans un programme d ajustement structurel au cours des années 1980. Selon les estimations du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération, ce chiffre est passé à 318 382 migrants en 2008, soit une augmentation de 36 % sur une période de trois ans. Malgré l absence de données statistiques actuellement sur la répartition des migrants mauritaniens selon les caractéristiques socioéconomiques, les observateurs estiment que les régions du pays connues être les plus émettrices de migrants vers les pays d Afrique, vers la France, l Espagne ou les pays du Golf sont respectivement, les deux hodhs (El Gharbi et Echarghi), le Trarza, l Assaba, le Guidimakha et Nouadhibou. Relativement à la population d immigrants en Mauritanie, les données du RGPH de 2000 chiffrent la population à 34 481 personnes toutes nationalités confondues. En 2005, la Banque mondiale a évalué le stock d immigrants à 65 889 étrangers 3, soit 2,2 % de la population totale du pays. 3 Recueil des statistiques sur la migration et les envois de fonds, Dilp Ratha et Zhimai XI, www.worldbank.org. Migration en Mauritanie : Document thématique 2009 8

B. Cadre de politiques économiques et lutte contre la pauvreté a) Cadre macroéconomique Entre 1995 et 2005 le taux de croissance économique a été, en moyenne de 4 % avec un rythme plus soutenu au cours des trois dernières années (5,8 %). La croissance économique non pétrolière a enregistré des fluctuations entre 5,4 % en 2005, 4,1 % en 2006 et 5,9 % en 2007. Elle reste, cependant, dans les limites des objectifs visés dans le CSLP (5,7 % sur la période 2006 2010). Tableau n 2 : Indicateurs macro économiques clés (2005 2007) Indicateurs 2005 2006 2007 Taux de croissance réelle du PIB (%) 5,4 11,4 1,0 Taux de croissance réelle du PIB hors pétrole (%) 5,4 4,1 5,9 PIB nominal (Millions UM) 493 725 734 PIB nominal hors pétrole (Millions UM) 493 565 679 PIB nominal (Millions US $) 1.857 2.699 2.819 PIB par tête (en $ US) 658 933 952 Exportations (millions US $) 625 1367 1.454 Importations (millions US $) 781 847 1.145 Taux d inflation (en %) 12,1 6,2 7,3 FMI, Country Report, juillet 2008 Avec l exploitation pétrolière, le taux de croissance économique a été de 11,4 % en 2006. La croissance reste, cependant, en dessous du niveau initialement attendu (19,4 %) suite à une baisse importante de la production pétrolière exposée à des difficultés techniques répétées (36 000 barils par jour en moyenne en 2006 contre 42 000 prévus). La bonne tenue des activités extractives (minerai de fer : 0,8 %), des industries manufacturières (0,3 %), des transports/télécommunications (7,4 %), du commerce et des restaurants/hôtels (6,1 %) n a pas suffi à redresser le ralentissement de la croissance du PIB hors pétrole. Ce dernier est imputable à la contre performance observée au niveau des branches de l agriculture ( 3,3 %), de la pêche ( 2,2 %) et des Bâtiments et Travaux Publics (croissance presque nulle). Pour l année 2007, la production globale est de 725,2 milliards d Ouguiyas. La production non pétrolière a connu une croissance de 5,9 % bénéficiant essentiellement du rebond de la production agricole (14,1 %), de l élevage (11,7 %), des pêches (12,6 %) et du développement des industries d extraction métallique (44 %). L économie nationale a bénéficié en 2006 du démarrage de la production champ pétrolier de Chinguitty. En 2006, l activité du secteur primaire n a progressé que de 0,8 % après avoir enregistré en 2005 une augmentation de près de 8 %. Ce fléchissement s explique essentiellement par le recul de la production des branches de l agriculture et de la pêche respectivement de 3,3 % et 2,2 %. Le sous secteur de l élevage, quant à lui, a connu une progression de 2,5 %. Contrairement à la campagne agricole 2005/2006, celle de 2006/2007 a été marquée par une pluviométrie insuffisante et mal répartie dans le temps et dans l espace. En dépit de l extension des superficies cultivées la production brute des principales céréales (mil/sorgho, paddy, blé, maïs et orge) est estimée à 150 milles Migration en Mauritanie : Document thématique 2009 9

tonnes enregistrant ainsi une baisse de 27,2 % par rapport à la campagne précédente et de plus de 12 % par rapport à la moyenne des trois dernières campagnes agricoles. L approvisionnement du pays en céréales a finalement totalisé 574,5 milles tonnes en 2004 contre 664,9 mille tonnes en 2005, soit une baisse de 13,6 %. La consommation par tête a baissé de 6,3 %. La structure de l économie du pays est fragile et basée essentiellement sur les secteurs de la pêche, de l agriculture, les mines et l élevage. Toutefois, l entrée d exploitation pétrolière de Chingutty a permis de réaliser en 2007 une croissance de 11 % d une part mais aussi un attrait pour les migrants de la sous région pour la recherche d emploi en Mauritanie. La mise en exploitation des mines d or d Akjout et celle Tasiat a attiré une importante population de migration travaillant dans le secteur des mines. Les découvertes et l exploitation pétrolières en 2006 ont fait de la Mauritanie une destination de migration de travail, mais de faible qualification. Par ailleurs, la mise en exploitation de mines d or d Akjout et Tasiat a incité les migrants maliens et ghanéens à venir en Mauritanie pour travailler avec les sociétés sud africaines et australiennes d exploitation des gisements. Les services de travail ont signalé l existence de plusieurs cas d emploi de la main d œuvre étrangère de manière illégale (sans permis d autorisation). b) Pauvreté et indicateurs de développement humain La pauvreté est un phénomène à caractère multidimensionnel, qui se manifeste principalement sous trois formes : (i) la pauvreté monétaire (revenu), (ii) la pauvreté des conditions de vie (accès aux services de base tels que l éducation et la santé), et (iii) la pauvreté des potentialités (patrimoine, environnement, etc.). Les données disponibles montrent que l incidence de pauvreté monétaire 4 a reculé globalement de 4,3 points sur la période 2000 2004, passant de 51 % à 46,7 % ; soit une baisse d environ 1 point par an. Ce recul est accompagné par une baisse plus accentuée des indicateurs d écarts : la profondeur ( 20,7 %) et la sévérité ( 28,2 %). 4 La pauvreté monétaire est mesurée par les indices de Foster Greer Thorbecke qui se rapportent notamment à l incidence de la pauvreté (P0 : proportion de la population ayant un niveau de dépenses inférieur au seuil de pauvreté), à la profondeur de la pauvreté (P1 : écart relatif de la dépense moyenne des pauvres par rapport au seuil de pauvreté) et à la sévérité de la pauvreté (P2 : indicateur d écart similaire à P1 qui donne cependant plus de poids aux dépenses des plus pauvres). Migration en Mauritanie : Document thématique 2009 10

Figure 1 : Evolution de la pauvreté par wilaya Gr : Evolution de la pauvreté par wilaya entre 2000 et 2004 (%) 29,8 59,3 48,7 46,9 68,7 42,4 79,2 67,2 64,0 59,0 54,6 50,8 25,2 38,8 19,5 5,0 49,2 68,7 81,3 62,3 15,7 27,6 31,8 49,0 26,9 25,0 2000 2004 ONS ; EPVC 2000 ET 2004 Des écarts importants sont également observés au niveau de la population urbaine. L incidence de la pauvreté est moins élevée à Nouakchott (25,9 %) que dans les autres villes (33,4 %). Un écart de 10 à 40 points existe entre le groupe constitué des villes de l Assaba, du centre, du Nord et de Nouakchott, d une part, et les villes du fleuve ou du Sud/Sud Est, d'autre part, où l incidence de la pauvreté dépasse 40 %. En outre, en milieu urbain on constate une disparité importante entre les salariés du secteur formel et les autres : les premiers affichent des taux compris entre 20 et 25 %, tandis que les autres groupes (secteur informel) affichent des taux variant entre 32 et 39 %. L incidence de la pauvreté varie selon le genre du chef de famille. Elle est légèrement plus faible chez les ménages dont le chef est de sexe féminin à Nouakchott (26,2 % si le chef de famille est un homme et 25 % si c est une femme) et dans le rural autre (57,9 % contre 52,9 %). Mais, elle est plus forte dans le rural fleuve (65,9 % si le chef de famille est un homme et 70,3 % si c est une femme) et dans les autres villes (31,9 % contre 39,9 %). Les ménages monogames dirigés par des hommes affichent une incidence de la pauvreté plus forte que ceux dirigés par une femme (respectivement 41,1 % et 38,8 %). La zone rurale abrite environ trois quarts (74,8 %) des personnes pauvres du pays. Au sein de celle ci, de nettes disparités sont mises en évidence entre le «Rural Fleuve» (vallée du fleuve Sénégal) où l étendue de la pauvreté est de 66,3 % et le «Rural Autre» (zone aride) où elle est de 57,2 %. Cette dernière zone regroupe à elle seule plus de 57,9 % des personnes pauvres. De façon plus précise, les régions les plus touchées sont la zone de l Aftout, à cheval entre les wilayas de l Assaba, du Gorgol, du Guidimagha et du Brakna, la moughataa de Rkiz (Trarza) et celle de Moudjeria (Tagant) : elles affichent des incidences de la pauvreté de plus de 70 %. Cette situation montre que les wilayas citées plus haut comme étant les plus émettrices de migrants vers l étranger apparaissent parmi les régions les plus touchées par la pauvreté. Analysant l incidence de la pauvreté suivant les wilayas, nous pouvons les classer en trois grands groupes : Migration en Mauritanie : Document thématique 2009 11

- un groupe constitué des wilayas les plus touchées du pays par aussi bien la profondeur que la sévérité ; avec une sévérité supérieure à 10 % (en ordre décroissant : Tagant, Gorgol, Guidimagha et Brakna) ; - un groupe moins touché que le premier avec une sévérité comprise entre 8 % et 6 % (en ordre décroissant : Trarza, Assaba, El Hodh Gharbi et El Hodh Charghi) ; - un groupe constitué des wilayas enregistrant une sévérité de moins de 5 % (en ordre décroissant : Adrar, Inchiri, Nouakchott, Tiris Zemmour et Nouadhibou). Quant à l IDH (Indicateur de développement humain), la Mauritanie est classée en 2007 au 154 ème rang. 5 Tableau n 3 : Indicateurs de développement humain en Mauritanie Indicateurs Année Valeur IDH 2006 0,486 PIB/habitant 2006 933 Espérance de vie (ans) 2006 53,1 Incidence de la pauvreté (%) 2004 46,7 Taux d alphabétisation (%) 2006 51,2 Taux brut de scolarisation (%) 2006 46 Taux d accès à l eau potable (%) 2004 52 Rapport OMD 2008 Face à cette situation, les défis du développement en Mauritanie sont principalement liés au capital humain où les niveaux des indicateurs de développement sont encore faibles comparativement avec les pays de la sous région. A cela s ajoute une économie fortement dominée par le secteur informel et peu diversifiée. Toutefois, les perspectives pétrolières sont prometteuses et constitueront dans les années à venir un attrait de la migration de travail. Les groupes les plus vulnérables sont les femmes chefs de ménages et les enfants. Cette situation a eu entre autres conséquences, la migration des hommes à l étranger à la recherche de l emploi. La promotion d une croissance favorable aux pauvres nécessite le développement d activités productives accessibles aux populations pauvres et adaptées à leurs zones de concentration. Dans ce cadre, l accent sera mis sur la conduite de politiques intégrées et coordonnées permettant un traitement massif et bien séquencé, respectueux de l environnement et mettant à contribution les apports de diaspora mauritanienne vivant à l étranger grâce à l apport de capital financier et de savoir faire. 5 Rapport mondial sur le développement humain 2007, PNUD. Migration en Mauritanie : Document thématique 2009 12

C. Analyse des politiques et stratégies en matière de migration La Mauritanie, bien que le pays soit à la fois d accueil, de transit et d émigration, les questions de migration n étaient pas prises en charge dans les politiques publiques générale ni au niveau des politiques sectorielles. Suite à l expulsion de nombreux Mauritaniens établis au Sénégal en 1989 une Délégation chargée des Mauritaniens à l Etranger fut créée pour s occuper de la diaspora installée dans les différents pays. Cette délégation n avait pas pu organiser un recensement exhaustif mais des estimations des communautés mauritaniennes installées surtout en Afrique. Plusieurs missions ont été effectuées pour sensibiliser les migrants à investir dans le pays et participer activement au développement de leur pays d origine. Certaines mesures incitatives ont été prises à l époque pour faciliter les transferts de fonds des migrants par la création des certaines agences de la Banque Centrale surtout en France et au Emirats Arabes Unis. Cette délégation a été dissoute plus tard et aucune autre institution n avait été créée pour une mission spécifique de gestion de la diaspora mauritanienne. Les services consulaires étaient chargés de suivre les migrants établis dans les pays. En 2007, un Secrétariat d Etat chargé des Mauritaniens à l étranger fut crée et dissout quelques mois après. En plus de l absence de dispositif institutionnel chargé de migrants, il faut noter également l absence d une politique nationale de migration en reconnaissant l'importance des migrations et des diasporas en tant que partie intégrante de la planification du développement n est pas visible dans le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP) ni au niveau des axes prioritaires ni au niveau des stratégiques opérationnelles. La prise de conscience du phénomène par les autorités ne s est manifestée que suite au développement des réseaux clandestins de migrants vers l Espagne avec des grandes vagues d arrestations en 2006. Face à cette situation de plus en plus accentuée, le pays a élaboré avec l appui de l Union européenne et principalement l Espagne, un plan pour la surveillance des frontières ainsi que la mise en place d un groupe d Etude sur la Gestion des Flux Migratoires (GEFM) regroupant l administration, la société civile, la Commission européenne, les Etats membres de l UE, des partenaires techniques et financiers et les ambassades des Etats voisins. Les mesures prises par le pays en matière de migration sont actuellement plus orientée vers les aspects sécuritaires compte tenu de la position géographique du pays que vers une préoccupation de développement socioéconomique. Pour approfondir cette question de politique de migration, nous allons essayer d analyser de manière succincte les politiques de placement de travailleurs mauritaniens à l étranger, la sécurité sociale des travailleurs migrants, les politiques incitatives de la diaspora et les avantages et les garanties prévues dans ce cadre. a) Politique de placement à l étranger La Mauritanie est signataire de plusieurs conventions régionales et sous régionales et certaines bilatérales relatives à la migration de travail. Malgré cela, l absence de politique d encadrement claires et d un cadre institutionnel chargé de la migration fait que le pays n a pas exploité de manière optimale les opportunités de placement de travailleurs à l étranger. En dehors de quelques opportunités générées par les économies des pays arabes pétroliers du Golfe au niveau des Emirats Arabes Unis, du Qatar et du Koweit respectivement au cours des années 1980 1990. Migration en Mauritanie : Document thématique 2009 13

Cela a permis le recrutement des vagues de 500 policiers au Emirats Arabes sur la base des contrats à durée déterminée, des enseignants et Cadis (Juges spécialistes en Charia islamique) recrutés par le Koweit et le Qatar. En 2000, une grande partie de ces travailleurs a regagné le pays suite à la fin de leur contrat. Au cours de l année 2007, le pays a signé avec l Espagne un accord sur la migration saisonnière de la main d œuvre. Ainsi, un contingent de 49 jeunes a été recruté et envoyé en Espagne pour une durée de trois mois. Plus de 40 % d entre eux n ont pas regagné le pays. Il faut signaler que le chômage touche plus de 35 % de la population avec une forte prédominance des jeunes. Tableau n 4 : Comparaison des taux d activité selon le sexe et les sources RGPH EPCV 1988 2000 2000 2004 Taux moyen d activité 50,7 % 46,1 % 59,4 % 59,0 % Hommes 77,8 % 78,6 % 81,9 % Femmes 26,0 % 42,7 % 39 % Sources : RGPH 2000 et EPVC 2004, ONS Malgré certaines initiatives, il est clair que la politique de placement à l étranger n est pas véritablement prise en compte par le gouvernement pour faire profiter les demandeurs d emploi des opportunités offertes dans le cadre de coopération avec les autres pays ayant une demande de main d œuvre occasionnelle afin de résorber une partie de la demande de travail. a) La protection sociale des travailleurs migrants En Mauritanie, l arsenal juridique en matière de protection des migrants est hétéroclite du fait de la multiplicité des acteurs intervenants dans la gestion de la migration et de l absence d une politique claire dans ce domaine. Toutefois, il a l avantage de garantir une protection convenable des migrants en termes d égalité de traitement et d accès égalitaire aux services de la sécurité sociale. Les droits des travailleurs étrangers au cours de leur séjour en Mauritanie sont garantis et protégés par la loi, néanmoins les transferts ou réciprocité entre les institutions de sécurité sociale sont commandés par des conventions bilatérales entre les Etats. L arsenal juridique comporte encore des insuffisances notamment en matière de complémentarité et cohérence pour concilier l impératif sécuritaire avec la protection optimale des migrants. Pour cela, les mesures complémentaires suivantes doivent être prises, à savoir : (i) la ratification des instruments juridiques internationaux du Bureau international du Travail, BIT (C.43, 97 et 150) et leur mise en œuvre ; (ii) la mise en place d un dispositif institutionnel de pilotage de la problématique migration et le complément de l arsenal juridique. Migration en Mauritanie : Document thématique 2009 14

Dans ce domaine, l absence de cadre de coopération entre les institutions de sécurité sociale en Mauritanie et certains pays de destination des migrants mauritaniens constitue un handicap d accès des travailleurs migrants mauritaniens à la sécurité sociale et aux droits de retraite. b) Y a-t-il des politiques incitatives pour la diaspora? En l absence de politique claire de migration prévoyant des mesures spécifiques d incitations pour la diaspora mauritanienne, il faut noter qu actuellement les migrants mauritaniens sont soumis au même traitement que tous les citoyens établis. Quelques mesures spécifiques existent comme le droit aux étudiants d importer un véhicule exonérer à la fin de leur formation à l étranger. Le Code d investissement n accorde pas de facilité aux migrants mauritaniens voulant investir dans le pays de même les politiques d investissement dans l immobilier (SOCOGIM) n ont pas prévu d incitation particulaire aux Mauritaniens de la diaspora désirant investir dans ce secteur. Il est clair que les politiques en Mauritanie n ont pas encore intégré la dimension migration comme dimension clé du développement et porteuse de ressources additionnelles pour le pays. Cela nous amène à étudier la diaspora mauritanienne tout en s intéressant aux aspects relatifs à sa répartition selon les pays de destination et les aspects de migration de travail de la diaspora dans les pays de destination. Migration en Mauritanie : Document thématique 2009 15

Partie II. Diaspora mauritanienne de par le monde Le terme de «travailleurs migrants» désigne les personnes qui vont exercer, exercent ou ont exercé une activité rémunérée dans un Etat dont elles ne sont pas ressortissantes (Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille, 1990). Il sera étudié la migration des Mauritaniens à l étranger en analysant les principales activités exercées au niveau des pays d accueil d une pat et l analyser de la migration des étudiants boursiers à l étranger. A. Données sur les caractéristiques socioéconomiques des migrants La migration est la conséquence d un ensemble de facteurs d ordre économique, social, sécuritaire, politique, etc. La migration en Afrique est principalement liée à des causes d ordre économique ou d ordre sécuritaire. Les groupes sociaux concernés par la migration sont généralement constitués des demandeurs d emploi, des étudiants, des victimes de la traite des personnes, des demandeurs d asile et des réfugiés. La migration de Mauritaniens à l étranger est principalement la conséquence d un ensemble de facteurs liés à la sécheresse, la pauvreté et l absence d opportunité d emploi dans le pays. Les flux d émigration ont été estimés à 250 000 Mauritaniens au cours des 1970 et 1980 sous l effet de sécheresses et la récession économique qui a conduit le pays dans un programme d ajustement structurel et les conséquences en termes de chômage et pauvreté au cours des dernières années. Ces facteurs ont accéléré l émigration des Mauritaniens vers les pays d Afrique, le Golf arabe, et l Europe, et d autres régions du monde avec des nouvelles destinations comme les Etats Unis d Amérique et la Chine. Il faut noter, qu il a fallu attendre les événements de 1989 avec le Sénégal où le pays a accueilli plus de 250 000 de ses ressortissants de retour que les autorités ont mis en place la première institution chargée des Mauritaniens résidant à l étranger (Délégation chargée de l Insertion et des Mauritaniens à l Etranger). La position géographique du pays et la diversité culturelle ont facilité l intégration des communautés mauritaniennes aux peuples des pays d Afrique voisins et surtout que le Mauritanien est connu comme pratiquant le commerce dans toute la sous région. La première destination des Mauritaniens au cours des années 1960 et 1970 était le Sénégal et la Gambie pour les ressortissants de la région du Fleuve jusqu aux événements de 1989. Quant aux ressortissants des régions du Sud (les deux Hohds et l Assaba) les destinations privilégiées sont la Côte d Ivoire, la République Centrafricaine et le Mali. La principale activité exercée dans les pays d Afrique est le commerce de demi grossiste ou de détaillant. Les Mauritaniens exercent très rarement dans les secteurs formels dans les pays d accueil. Le tableau cidessous donne la réparation des Mauritaniens à l étranger Migration en Mauritanie : Document thématique 2009 16

Tableau n 5 : Données des émigrants mauritaniens résidant à l étranger Régions Pays 2 005 2 008 Gambie 20 000 15 000 Guinée Bissau 3 000 3 500 Sénégal 10 000 12 000 Côte d'ivoire 50 000 120 000 Afrique subsaharienne Niger 5 000 5 000 Mali 40 000 40 000 Gabon 2 000 Congo 2 500 15 000 Autres pays Africains 15 000 Sous total 130 500 227 500 Lybie 30 000 Maghreb Soudan 600 Sous total 30 600 France 20 000 15 000 Europe Espagne 2 000 10 000 Sous total 22 000 25 000 Arabie Saoudite 20 000 30 000 Golf Emirats Arabe Unies 4 000 5 000 Koweït 82 Sous total 24 000 35 082 Asie Chine 200 Sous total 200 USA 7 000 Amérique Sous total 7 000 Reste du Monde 58 500 Total Général 235 000 318 382 Source : Ministère des Affaires Etrangères, Données de représentants des Mauritaniens résidant à l'étranger lors des Etats Généraux de la Démocratie, décembre janvier 2009. B. Les émigrants de travail Les données disponibles sont estimatives, elles sont passées de 235 000 migrants en 2005 à 318 382 migrants en 2008, soit une augmentation 36 % sur une période de trois ans, soit 10 % de la population totale du pays en 2006. Dans le développement qui suit, nous allons essayer d analyser des profils socioéconomiques des groupes selon les pays de résidence. Migration en Mauritanie : Document thématique 2009 17

a) En Afrique subsaharienne Les données disponibles, comme indiqué dans le tableau ci dessus, montrent qu en 2008, 71 % des émigrés mauritaniens résident dans la région subsaharienne alors que chiffre était seulement de 55 % en 2005. Les trois premiers pays de concentration sont principalement la Côte d Ivoire, le Mali et la Gambie. Le Sénégal qui était la principale destination des migrants mauritaniens a été lourdement affecté par les événements de 1989. Les caractéristiques socioprofessionnelles de ces migrants est la pratique du commerce et le petit entreprenariat. Le niveau de qualification est faible et la plus part travail comme des indépendants non salariés. En termes de genre, les migrants sont constitués des hommes parfois accompagnés de leur famille une fois installés. b) Au Maghreb Les données de 2008, montrent que 10 % de la population de migrants est y installée au niveau de la Libye et le Soudan ; les données pour la Tunisie et le Maroc, et l Algérie ne sont pas disponibles. Les chiffres pour la Libye s expliquent par le fait du recrutement de la main d œuvre dans les chantiers de travaux publics et de prospections pétrolières. Cette main d œuvre est essentiellement ouvrière avec des niveaux de qualification souvent faibles. On constate également des regroupements familiaux principalement en Libye. Pour le Maroc, l Algérie et la Tunisie, le niveau de développement et la qualification de la main d œuvre dans ces pays ne donnent pas de chance pour les migrants mauritaniens de trouver un emploi étant donné que le niveau de qualification est souvent plus faible que celui des travailleurs nationaux dans ces pays. c) En Europe Le pourcentage des migrants dans cette zone est passé de 8 % en 2005 à 9 % en 2008 de l ensemble de la population des émigrants mauritaniens à l étranger. Cette population principalement en France et en Espagne est constituée de travailleurs à recherche d emplois et parfois des regroupements familiaux. En France, la plus importante communauté est issue de la région du Guidimakha. Les migrants sont organisés en communauté et pratique une migration circulaire avec le retour au pays. Les hommes sont majoritaires. En Espagne, les émigrés sont des employés saisonniers dans les secteurs agricoles alors qu en France ils sont davantage dans les services. Le premier cadre de coopération pour des contrats de travail est celui signé avec le Royaume d Espagne en 2007 au titre de l application de l accord relatif à la régulation et la gestion des migrations entre la Mauritanie et l Espagne. Ainsi, un premier groupe de 40 jeunes mauritaniens a été recruté par l Union de Pagesos de Cataluna pour une période limitée de trois mois avec des salaires mensuels de 886 euros. Ce groupe devrait regagner le pays à la fin de la période de contrat mais les données disponibles au niveau de l Ambassade d Espagne font état de retour d environ 20 personnes parmi les 40 travailleurs émigrés. d) Dans le Golfe Les pays du Golfe ont accueilli en 2008 plus de 11 % de l ensemble des émigrés mauritaniens à l étranger alors ce taux était de 10,2 % en 2005. Selon les pays de résidence, plus de 85,5 % en 2008 des émigrés au Golfe sont l Arabie Saoudite avec plus de 85 %, suivie des Emirats Arabes Unis avec 14,3 % et le Qatar pour 0,2 % en 2008. Migration en Mauritanie : Document thématique 2009 18

La caractéristique principale des émigrés au Golfe est que l attrait est d ordre spirituel auprès des lieux saints de la Médine et de la Mecque. La plupart des migrants sont parfois dans une situation irrégulière et exercent dans le marché noir des métiers à faibles qualifications et précaires. Les migrants font souvent des regroupements familiaux suite à la pratique du pèlerinage ou de l Oumraa, les personnes ne rentrant pas au pays. Les femmes constituent une proportion importante malgré le manque de données statistiques fiables. Les émigrés installés aux Emirats Arabes Unis sont souvent des travailleurs dans le domaine de l enseignement, de la sécurité et des métiers de commerce. e) En Asie La région d Asie a constitué une nouvelle destination suite au développement du commerce avec la Chine au cours des dernières années. En 2008, plus de 200 personnes, soit 0,1 % de la population des émigrés sont en Chine. Il s agit principalement des hommes travaillant dans le secteur du commerce et servent de relais pour les importateurs mauritaniens. f) En Amérique La crise économique des années 1980 et l ouverture des Etats Unis pour la migration de la main d œuvre qualifiée a incité les jeunes mauritaniens à émigrer dans cette région du monde. En 2008, le nombre d émigrés est de 2,2 % des Mauritaniens résidant à l étranger. La majorité de cette population d émigrés travaille dans les services (hôtels, restaurants, transports, etc.). Le profil professionnel renvoie à des diplômés convertis suite à des études de langues pour faciliter l insertion dans le milieu américain. La majorité est constituée de hommes actifs et travail dans le plus part dans des situations irrégulières pour ceux n ayant pas obtenu la nationalité américaine suite à des mariages avec des femmes américaines. C. Etudiants à l étranger Les données des services du Ministère de l Education Nationale pour les trois dernières années montrent que le cumul des migrants étudiants dans le monde est de 7 942 personnes dont 89 % d hommes contre 11 % de femmes. Plus de 80 % des étudiants sont dans les domaines des sciences économiques et sociales, les technologies nouvelles, la médecine et diverses disciplines d ingénieries. Dans cette partie nous portons l analyse sur la répartition par pays et les tendances sur les trois années retenues. Migration en Mauritanie : Document thématique 2009 19

Tableau n 6 : Répartition des étudiants mauritaniens à l étranger selon les pays d accueil Pays d'accueil Effectifs par année 2005 2006 2006 2007 2007 2008 Algérie 576 688 654 Arabie Saoudite 1 1 Belgique 8 4 1 Burkina Faso 9 1 Côte d'ivoire 1 Canada 15 20 9 Chine 12 25 32 Cuba 8 8 8 Egypte 56 61 29 Emirats Arabe Unis 1 3 1 Espagne 5 4 1 France 311 412 241 Grèce 1 1 1 Guinée 6 11 18 Jordanie 73 59 34 Libye 4 5 2 Mali 16 14 5 Maroc 514 613 650 Niger 3 3 Allemagne 83 109 15 Russie 1 3 2 Sénégal 522 555 307 Soudan 6 5 2 Suisse 1 1 Syrie 118 113 64 République Tchèque 1 Tunisie 260 289 213 Turquie 2 7 4 USA 3 7 5 Yémen 3 2 Total 2605 3033 2304 Source : Direction de l enseignement supérieur, MEN, 2009 L analyse des tendances de destination des boursiers sur les années scolaires montre que les cinq premiers pays d accueil des étudiants migrants sont respectivement l Algérie, le Maroc, le Sénégal, la France et la Tunisie. Le tableau montre que le pic sur les trois années a été atteint en 2006 2007 avec un total de 3 028 et le nombre d étudiants à l étranger a diminué d environ 24 % entre 2005 et 2008. Cela s explique par l ouverture du Cycle LMD (Licence Maîtrise Doctorat) à l Université de Nouakchott et la présence de plusieurs universités privées dans les domaines techniques et scientifiques. Migration en Mauritanie : Document thématique 2009 20

Une étude de la répartition de cette population selon les régions du monde a permis de dresser le tableau ci dessous qui montre que les étudiants sont fortement concentrés dans les pays du Maghreb, en Afrique subsaharienne suivi de l Europe. Les pays du Golfe avec une tendance à la baisse restent une destination des étudiants. Malgré la tendance générale à la diminution du nombre, cela est moins prononcé pour les pays du Maghreb que pour les autres régions et principalement l Afrique subsaharienne à cause de la dominance de la filière arabe dans le système éducatif national. On ne dispose pas de données sur le nombre d étudiants qui, à la fin de leurs études, travaillent dans les pays d accueil. L estimation des services de l éducation est faible et cela touche particulièrement les filières technologiques. Migration en Mauritanie : Document thématique 2009 21

Partie III. Migrations, transfert de fonds et de compétences Les liens entre migration et développement sont aujourd hui intimement liés à cause de l ampleur des mouvements des travailleurs et les flux de transferts de fonds qui s en suivent. Il y a également d autres externalités liées aux capacités de transferts de compétences surtout pour les pays en développement ayant un manque de compétences important. A cet effet, les pays doivent mettre en place des politiques de migration pour tirer meilleur parti des capacités de sa diaspora à l étranger en termes de transferts de fonds d une part et transfert de compétences. Toutefois, cela n est pas évident surtout pour les pays qui n ont pas su mettre en place une politique de migration intégrée aux stratégies de développement et accompagner d une forte volonté politique avec faire participer la diaspora au développement du pays. Dans ce cadre, nous allons étudier le cas de la Mauritanie à travers les transferts de fonds et de compétences. A. Transferts de fonds Les données disponibles au niveau mondial, selon la Banque mondiale, indiquent que les fonds envoyés par les travailleurs émigrés constituent la deuxième source de financement externe des pays en développement, juste après l'investissement direct étranger (IDE) car en 2001, ces fonds ont atteint 72,3 milliards de dollars américains soit 1,3 % du PIB de ces pays. Les montants sont supérieurs aux flux financiers publics et aux flux privés autres que les IDE et représente 42 % du total des flux d'ide vers les pays en développement. Les transferts des ressortissants 6 des certains pays contribuent de manière significative au PIB, comme indiqué dans le tableau ci dessous. Tableau n 7 : Parts de transferts de fonds dans le PIB de certains pays en développement Pays % des envois de fonds par les émigrants dans le PIB Tonga 31 % Haïti 25 % Jamaïque 17 % Philippines 14 % Liban 12 % Source : Banque mondiale GEP, 2006 6 Ba, I. : Mauritaniens résidant à l étranger, 2007. Migration en Mauritanie : Document thématique 2009 22

Pour le cas de la Mauritanie, les informations relatives aux transferts de fonds effectués par les diasporas mauritaniennes sont difficiles à appréhender, notamment à cause de l informalité importante des procédures de transferts. Le rapport de la Banque mondiale 2007 7, les transferts des travailleurs mauritaniens à l étranger sont passés de 22 millions USD en moyenne sur la période (1992 1996) à 45 millions USD en moyenne sur la période (1997 2004). Les données par année ne sont pas disponibles. Les données au niveau de services de la Banque Centrale de Mauritanie (BCM) ne concernent que les transferts des résidents mauritaniens en France. Pour les autres pays, la Banque Centrale ne dispose pas de représentations et les transferts opérés par les migrants sont souvent selon les mécanismes informels. A cet effet, les transferts via l agence de la BCM à Paris en 2007 et 2008 sont respectivement de 1,5 millions euros et 886 000 euros. 8 Il faut noter que les transferts opérés par le biais des autres circuits financiers rapides comme Western Union et Money Gram ne sont pas accessibles. Les coûts de transferts via ces institutions sont élevés et avoisinent les 16 à 18 %. D autres formes de transferts informels existent et canalisent le plus de transferts des communautés mauritaniennes résidentes à l étranger, il s agit de transferts basés sur l existence de correspondants locaux au niveau des pays de résidence et qui ordonnent à d autres intermédiaires présents en Mauritanie à verser les sommes de la contre valeur du montant déposé par le migrant. Ce type de transfert n engendre aucun coût de transaction et les délais sont le plus cours possible car l argent est perçu dès la présence du destinataire. En général, ce type de transfert porte sur des montants variables mais qui peuvent parfois atteindre les 10 000 euros. Les transferts servent souvent à couvrir les dépenses de ménages de type immédiat (scolarité, soins, électricité, télévision et dépenses de fête). Il s agit des transferts de dépenses courantes et ne sont pas épargnés ni planifiés pour servir type d investissement bien que certains migrants utilisent les montants transférés soit pour l achat de l immobilier où à la réalisation de nouvelles constructions des bâtiments à usages commerciaux ou d habitation. L impact de la migration sur l amélioration des conditions de vie des familles, dont un membre est migrant, est visible sur le mode d habitat souvent en béton armé, le branchement aux réseaux électriques et d adduction d eau potable. Il faut noter que même si les fonds transferts ne transitent pas par la BCM pour renforcer les réserves en devises, toutefois, elles contribuent significativement au financement de à l approvisionnement du pays en marchandises. Les intermédiaires de transferts installés à l étranger sont des représentants de commerçants et utilisent les fonds déposés en devises pour l achat de marchandises et son exportation vers le pays. Cela montre que malgré le schéma informel des transferts, les fonds en devises contribuent directement à alléger la pression sur les réserves du pays en devises pour financer les besoins en importation de biens. 7 Rapport révision des données économiques (1992 2004) de la Mauritanie, juin 2006. 8 Source : Services de la Banque Centrale de Mauritanie, 2009 ; Sidna Ould N dah, Profil migratoire de la Mauritanie, OIM, 2009. Migration en Mauritanie : Document thématique 2009 23