5 ème Forum International de la Finance - Alger 12 13 mai 2009

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5 ème Forum International de la Finance - Alger 12 13 mai 2009 Rapport - FIF 5 «Stratégies bancaires et financières maghrébines» Les conséquences de la crise financière pour le Maghreb et les voies de sortie par Dhafer SAIDANE Dhafer SAIDANE (dhafer.saidane@univ-lille3.fr) est Docteur en sciences économiques, Habilité à diriger des recherches de l Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et chercheur au centre EQUIPPE et au Lille School of Management Research Center. Il est Maître de conférences en sciences économiques, à l Université Charles-De-Gaulle Lille 3. Il intervient au Centre de formation de la profession bancaire (CFPB - Paris) et est membre du comité éditorial de la revue Techniques financières et développement (Paris). Il est expert auprès des Nations Unies - CEA (Commission économique pour l Afrique). Il est l auteur de plusieurs articles et ouvrages sur les stratégies et l industrie bancaire. Il a publié récemment quatre ouvrages : - La finance islamique à l heure de la mondialisation, Editions de la Revue Banque, 2009. - L industrie bancaire : mondialisation des activités et des marchés, Revue banque Edition, 2007. - La nouvelle banque : métiers et stratégies, Revue banque Edition, 2006. - Les banques, acteurs de la globalisation financière, La Documentation française, 2006. Introduction Dans ce rapport, nous allons essayer d examiner les manifestations de la crise actuelle et ses répercussions sur les économies du Maghreb. On peut tout d abord noter que cette crise était, à certains égards, prévisible du fait de l accumulation de mauvaises pratiques financières notoires. L économie financière devenait de moins en moins ancrée à l économie réelle. Durant l automne 2008, l économie mondiale était à deux doigts de la catastrophe car au «Credit Crunch» allait se rajouter un «Banking Run». Les solutions arrêtées demeurent au-dessous des espérances. L industrie bancaire mondiale est gravement malade. Des modèles bancaires séculaires sont balayés par la crise. De plus la finance internationale doute de ses capacités. Les crises récurrentes commencent à faire germer l idée qu il est temps d évoluer vers un nouveau capitalisme financier. De grandes inquiétudes et une impression de vide stratégique ou de pilotage à vue présentent une menace réelle pour les économies du Maghreb. Comment amortir le coût de la crise au Maghreb? Nous suggérons dans le rapport qui suit quelques pistes basées sur une analyse préalable de la crise bancaire actuelle. 1

I. Une crise prévisible du fait de l accumulation de mauvaises pratiques notoires Toutes les grandes crises des dix-neuvièmes et vingtième siècles ont résulté du développement excessif du crédit et de la spéculation. De plus cela fait plus de vingt ans que l économie réelle se trouve déconnectée de l économie monétaire. D après certains experts, entre 1950 et 1980, 1 dollar supplémentaire de croissance du PIB des pays de l'ocde créait 1,5 dollar de crédit. En 1990, cet effet de levier avait atteint 3 dollars. En 2007, 4,5 dollars grâce notamment aux marchés de la titrisation. Le plus dangereux dans tout cela était que le marché était largement ouvert à des clients américains «Ninja» 1 dont la solvabilité est plus que douteuse. Via le «subprime» certains banquiers n ont pas observé le «premier commandement de tout bon banquier» : le crédit se mérite. Son octroi doit reposer sur des critères économiques tangibles. Or sur point il y a eu défaillance grave. Une économie financière de moins en moins réelle Maurice Allais, prix Nobel d économie en 1988, avait déjà fait remarquer qu en 1989, les flux monétaires, essentiellement spéculatifs dans les pays riches sont de trente quatre fois plus élevés que ceux correspondants aux transactions sur les biens et services. Ce mouvement spéculatif s est poursuivi. Ce rapport était de 73 en 1998 et est passé à 102 en l an 2004. D après les chiffres de 2007 de la BRI (Banque des Règlements Internationaux), la valeur notionnelle des produits dérivés sur les marchés financiers internationaux, c'est-à-dire la valeur théorique, est passée de 10 000 milliards de dollars en 1986 à 80 300 milliards en 1998. Or la valeur «effective marchande» des sous-jacents ne représentait que 3 230 milliards, soit 4% de ce total. Dominique Lacoue-labarthe 2 rappelle qu on considère généralement qu un levier de 10 à 12 pour 1 est compatible avec un risque raisonnable. Or le leverage ratio (actif total/fonds propres) des grandes banques d investissement dépassé en 2007 les normes convenues : UBS, 63,9 pour 1 ; Royal Bank of Scotland, 60 ; Barclays, 52,7 ; Deutsch Bank, 52,5 ; Crédit Agricole, 34,8 ; BNP Paribas, 31,5, etc. Il y a presque trente ans, Maurice Allais, regrettait déjà que le monde soit devenu un vaste casino où les tables de jeu sont réparties sur toutes les longitudes et toutes les latitudes avec des millions de joueurs qui ne s'arrêtent jamais. Le soleil ne se couche jamais sur les salles de marché. Ainsi aux cotations américaines se succèdent les cotations à Tokyo, Hong Kong et Singapour puis Londres, Francfort et Paris. Allais ajoute, «partout la spéculation est favorisée par le crédit, puisque l'on peut acheter sans payer et vendre sans détenir». A deux doigts de la catastrophe Les premiers signes dramatiques étaient déjà apparus il y a plus d un an. Souvenons nous, le samedi 15 septembre 2007, une dépêche annonçait, en catastrophe, que des centaines d'épargnants paniqués se sont rués dans les agences de la banque britannique Northern Rock, le cinquième plus grand prêteur hypothécaire de Grande-Bretagne, pour fermer leurs comptes. Des files d'attente se sont formées devant les agences de l'établissement. Les déboires de la Northern Rock faisaient la une de nombreux 1 «No income, no job or asset». 2 Dominique Lacoue-Labarthe (2009), La crise offre des occasions de refondre la supervision bancaire, Banque Stratégie, n 267 février 2009. 2

journaux avec des titres alarmistes comme "Panique dans les rues de Grande-Bretagne". La confiance des clients britanniques a été ainsi affectée et l intervention de la Banque d Angleterre, au lieu de calmer le jeu, n a fait attiser les inquiétudes. II. Des solutions au-dessous des espérances Les plans de sauvetage pour refinancer les banques, du fait de l ampleur des dégats, relèvent plus de la recherche de l apaisement psychologique que de véritables solutions techniques. Le plan Paulson, du nom du secrétaire au Trésor américain, du 20 septembre 2008 consiste à «mutualiser les risques et les pertes». Le gouvernement américain rachète les créances douteuses des banques pour stopper la crise de confiance et de liquidité qui a fait disparaître des géants : Bear Stearns (30 milliards de dollars à JPMorgan Chase), Fannie Mae, Freddie Mac (nationalisation des deux agences pour éviter un cataclysme sur le marché immobilier coûtera 200 milliards de dollars), Lehman Brothers (80 milliards de dollars), Merrill Lynch (rachetée par Bank of America pour 50 milliards de dollars), AIG... En Europe, c est l inquiétude. Les banques centrales ont agi dans un premier temps en injectant des liquidités mais elles n ont pas réussi à restaurer la confiance. La Banque centrale européenne ne peut pas aller plus loin. Son action s est avérée insuffisante. A ce stade de la crise il faut passer à la vitesse supérieure c est-à-dire à un remède de cheval. Il faut une thérapie de choc. C est le but du plan européen coordonné et «massif» du 12 octobre 2007. Il vise à circonscrire les défaillances avant qu elles n affectent la totalité du système de la zone euro. Dans ce plan, outre sa dimension financière, il a une dimension psychologique très importante. Les chiffres qui circulent, plus de 1700 milliards d euros, ne vont pas être tout de suite déversés dans le «système». Il s agit de sommes potentiellement mobilisables en cas de risque de faillite de banques. Il s agit aussi de garanties d Etat à des banques qui ont besoin d être rassurées car elles se méfient les unes des autres. Par conséquent le montant précis de liquidité à injecter est par définition difficile à déterminer à l avance puisqu on ne connait pas le montant réel des dégâts. Pour la France, il peut être supérieur au plafond fixé à 360 milliards d euros, il peut être aussi inférieur. L augmentation de la garantie des dépôts du 7 octobre 2008 ne résout pas le problème au contraire Les vingt-sept ministres des Finances ont augmenté le 7 octobre 2008 le seuil minimal de garantis des dépôts des particuliers, en cas de faillite des banques, d'un montant au moins égal à 50 000 euros. Sage décision mais ne risque t-on pas de jeter de l huile sur le feu? Des annonces de cette nature peuvent être en effet à double tranchant. Augmenter le seuil minimal de garantis des dépôts repose sur de bonnes intentions mais l origine du problème reste intact. Réunions du G20 du 15 novembre 2008 et du 2 avril 2009 : vers un nouveau Bretton Woods larvé ou «la montagne qui accouche d une souri» Les banques ne se font plus confiance, les bourses mondiales continuent à vaciller malgré les injections de milliards de la part des banques centrales et des Etats. Quels scénarios de sortie peut-on envisager? La question est donc de savoir comment rétablir la confiance? Cela ne passera pas par un nouveau Bretton Woods, car le monde du XXIe siècle n'est plus celui de 1944. Nous sommes dans un monde 3

globalisé où il n'y a plus de barrières aux flux des capitaux. On réitère à chaque réunion, et notamment lors de celle du 2 avril 2009, les mêmes vœux pieux : - Une régulation financière accrue. L instauration d un conseil de la stabilité financière doté d un dispositif d alerte précoce pour mieux contrôler les «Hedges Funds». - Rôle et soutien accru pour le FMI. - Fin du secret bancaire et des paradis fiscaux. - Un code de bonne conduite pour les Agences de notations et la fin des conflits d intérêt. - Encadrement de la rémunération des dirigeants indexée sur les résultats réels et non sur les prises de risque. - Augmenter les réserves et les fonds propres. - Rejeter le protectionnisme et favoriser le commerce mondial. III. Une industrie bancaire mondiale qui doute de ses capacités Des crises récurrentes Les cas de paniques sont plus nombreux qu on le pense dans l histoire contemporaine : krach des marchés d actions de 1987, krach des «Junk bonds», crise des Caisses d épargne aux Etats-Unis et des banques en Norvège, en Suède et en Finlande en 1990, crise mexicaine de 1992, défaillance de la Baring en 1995, krach asiatique de 1997, crise Russe de 1998, crise Brésilienne de 1999, crises Turque et Argentine de 2001, explosion de la «bulle internet» de 2001-2003. crise des «Subprime mortgages» aux États-Unis de l été 2007, crise de la Northern Rock au Royaume-Uni en septembre 2007 Une chose est sûr, la fréquence des crises financières serait deux fois plus élevée depuis le début des années 1980. Le coût de ces crises est très élevé. Par exemple, celui des pays nordique s'est établi entre 4 % et 11 % de leur PIB. La crise du Mexique a coûté aux contribuables mexicains une charge de 20 % du PIB. L'assainissement du secteur financier de l'indonésie, suite à la crise asiatique de 1997, devrait coûter plus de 50 % du PIB. Quant à la crise des prêts immobiliers à risque américains («subprime») elle coûterait selon le FMI au minimum 1000 milliards de dollars aux investisseurs dans le monde. Les premières banques touchées sont Citigroup, Merrill Lynch, UBS, Deutsche Bank, Goldman Sachs, Morgan Stanley, Bear Stearns, Lehman Brothers. Les principales banques françaises semblent tirer leur épingle du jeu grâce à la mutualisation des résultats et des pertes qu offre le modèle de la banque universelle. En effet, les grandes banques françaises ont adopté depuis quelques années approximativement le même business model basé sur la multispécialiation. Il en résulte aujourd hui que la banque de détail supporte le recul de la banque de financement et d investissement. La mondialisation rapide de l industrie bancaire pose donc de manière urgente le problème de l amélioration au plan international des techniques de contrôle des comptes et de suivi des innovations financières. L affaire Enron, durant l automne 2001, la crise des «Subprime mortgages» de l été 2007 de même que la fragilisation de la Northern Rock, durant l automne 2007, montrent une fois de plus que les ondes de choc ont une dimension planétaire et que, finalement, la régulation et la surveillance du «monde des affaires» va toujours moins vite que la mondialisation et l innovation financière. 4

Vers un nouveau capitalisme financier La mondialisation financière a été élaborée sur la base de quatre changements majeurs. - Changement de contexte. Désormais dans le monde sens de l histoire va vers plus de «Marché». C est la «Globalisation». - Changement de logique. Les systèmes financiers migrent du schéma «Stakeholder» au schéma «Shareholder». - Changement de mécanisme. Le marché sanctionne est le mécanisme central. Il sanctionne les «non créateurs» de valeur. - Changements de règles. Les nouvelles normes comptables internationales IAS/IFRS en vigueur le 1er janvier 2005 permettent d évoluer vers un modèle unique de normes comptables internationales. Ils permettent d insérer les banques dans une dynamique concurrentielle mondiale. Avant l avènement de la crise, la mondialisation avait développé des certitudes et avait conduit à l adoption de modèles et de schémas bancaires aujourd hui remis en cause. Parmi les «certitudes» de l ancien paradigme ont trouvait le principe «Big is Beautiful» générateur d économie d échelle. Ce principe serait-il aujourd hui dépassé? Rappelons qu à l origine il reposait sur deux fondements : l industrialisation du processus de production bancaire en vue d une plus grande compétitivité et les restructurations en vue d une plus grande efficacité. Le processus d industrialisation des banques est en cours depuis plus de vingt ans. Il repose sur une logique de fonctionnement qui vise à rapprocher la banque d une firme compétitive. L industrie bancaire est alors entrée dans une concurrence de plus en plus vive à une échelle planétaire. Le processus de restructuration qui en résulte se fonde sur les regroupements bancaires. Ils deviennent un impératif une stratégie gagnante. C est la meilleure réponse à la logique «prédateur-proie» celle du marché. Etre en position de «First Mover Winner» devient le réflexe des banques des pays de l OCDE face à cette mondialisation financière. Doit-on voir dans cette mutation «industrielle» de la banque les origines des excès qui ont conduit à la crise actuelle? Le terme «firme bancaire» ou même «entreprise bancaire» ne conduisent-il pas à des assimilations abusives entre secteur bancaire et secteur industriel? Une mondialisation contrastée En matière d organisation du marché bancaire, les évolutions mondiales sont contrastées. En matière de déréglementation on note un retard très clair des banques américaines par rapport aux banques européennes. Les banques américaines sont restées cloisonnées sous l influence des Glass- Steagall Act de 1933 une véritable «Murailles de Chine» ou «Firewall» entre les métiers bancaires. Le Gramm-Leach-Bliley Act, libérant les banques n a été adopté qu en 2000. Peut-être est-ce trop tard. Le mal est fait : Lehman Brothers, véritable mastodonte mono-produit, n est plus. Les banques européennes ont été plus alertes. La France, par exemple, a commencé déjà à partir des années 1980 à «toiletter» son système bancaire. La déréglementation a conduit progressivement à instaurer le modèle de la «Banque universelle». Le même mouvement a été observé à la même époque en Italie ou en Espagne. D une manière générale, les banques européennes ont été plus dynamiques en matière de restructuration. Elles ont adopté une stratégie à deux phases. Une première 5

phase a consisté à procéder à des restructurations domestiques suivie d une deuxième phase centrée autour de restructurations transfrontières. Ces mouvements de consolidation ont donné naissance à une industrie bancaire européenne de plus en plus concentrée. La part du total des actifs détenus entre les mains des cinq premières banques a considérablement augmenté depuis vingt ans. Cela a été le cas aux Pays-Bas et en Scandinavie où le marché est saturé (90% du total de l actif). En revanche l Italie et l Allemagne ont encore des marchés bancaires plus morcelés (20%). Enfin la France se trouve dans une situation intermédiaire (>50%). Le marché bancaire américain est encore très morcelé puisque la taille moyenne des banques américaines en termes de total du bilan, est encore inférieure à la moyenne des banques européennes. Des modèles bancaires balayés par la crise Il y a encore quelques mois la Banque de financement et d investissement (BFI) était considérée comme le modèle à suivre. Ce modèle vient d être remis en cause par la crise Les «brokers» américains et les analystes ont le sentiment que le ciel leur tombe sur la tête. Un monde de vérités et d archétypes s écroule. Rappelons qu aux Etats-Unis les restructurations ont pris beaucoup de retard. En la matière, au moins dix ans séparent l Europe des Etats-Unis. Il en a résulté le développement de BFI «pures» consécutif aux retards pris dans l application du Gramm-Leach-Bliley Act et aux mauvaises habitudes induites par la monoproduction bancaire du Glass Steagall Act. C est comme cela que sont nés ces montres financiers que sont les «Global Players» et autres «Bulge Brakets» dont les «Big Five US» récemment disparus ou rachetés (Merryll Lynch rachetée par Bank of America, Goldman Sachs et Morgan Stanley transformées en banque universelle (Holding), Bear Stearns rachetée par JP Morgan avec l aide de l Etat américain, Lehman Brothers faillite sous la protection du chapitre 11 ) En Europe la BFI souffre mais résiste (NATIXIS, Calyon.UBS, Deutch Bank, Crédit Suisse). De grandes inquiétudes et une impression de vide stratégique ou de pilotage à vue La crise a remis en cause certaines croyances. Beaucoup de doutes sur ce qui était unanimement admis. Le principe «Too Big to Fail» a été touché car Lehman Brothers après 158 ans d existence n est plus. Cette banque pesait 640 milliards de dollars d actifs et 25 000 collaborateurs. Quel avenir alors pour la Banque universelle? Le modèle de la «Banque universelle» ou du «one stop shop» semble aussi affecté par la crise. En effet le démantèlement de Citigroup qui se défait de sa branche «courtage» Smith Barney au profit de Morgan Stanley ex-bfi est révélateur d un malaise dans la conception même du métier de la banque. Que vont devenir les «champions européens»? Vont-ils être revendus à la découpe comme certaines «american success stories». Vont-ils subir le sort des ex-champions US? 6

IV. Une menace réelle pour les économies du Maghreb A court terme les pays en développement dont les pays du Maghreb peuvent se sentir à l abri. Leur système financier est en effet relativement déconnecté des systèmes financiers des pays dits développés ; monnaies non encore totalement convertibles, marchés financiers relativement moins exposé, globalement peu d entreprises cotées. Paradoxalement, tous ces retards peuvent apparaître à l heure actuelle comme une chance. A moyen termes, soit à l horizon de 6 à 12 mois, les conséquences seront plus douloureuses. En cela on rejoint l opinion de Dominique Strauss-Khan Directeur général du FMI qui déclaré en mars 2008 «Je ne crois pas à la thèse du découplage. Personne n'est immunisé. Je parle plutôt de décalage dans le temps recul des perspectives de croissance des pays émergents Chine et Inde qui seront néanmoins affectés par la crise la transmission de la crise financière au secteur réel commence à être sensible». Techniquement, outre la baisse des recettes touristiques et des transferts des émigrés, il y a au moins deux autres canaux par lesquels la crise mondiale touchera les banques des pays du Maghreb. L investissement direct étranger : un ralentissement On s appuie sur les données les plus récentes, sur longue période fournies par la CNUCED. Il apparaît que le total de l IDE de la zone croît régulièrement depuis 1970 mais semble subir un ralentissement à sur la période 2005-2007 (cf tableau et graphique 1). Tableau 1 - UMA : Flux d IDE entrant en millions de dollars (1970 2007) 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 Algérie 80 119 349 0 0 0 438 1196 1065 634 882 1081 1795 1665 Jamahiriya arabe libyenne 317-576 -1089 119 159-88 141-113 145 143 357 1038 2013 2541 Maroc 20 5 89 20 165 332 422 2808 481 2314 895 1653 2450 2577 Mauritanie 1-123 27 7 7 7 40 77 67 102 392 814 155 153 Tunisie 16 45 246 139 89 378 779 486 821 584 639 782 3312 1618 Total UMA 434-530 -378 286 420 628 1820 4454 2580 3777 3164 5369 9725 8553 Moyenne UMA 87-106 -76 57 84 126 364 891 516 755 633 1074 1945 1711 Source : traitement de l auteur d après données CNUCED. Graphique 1 - UMA : Flux d IDE entrant en millions de dollars (1970 2007) 7

L Union Européenne (UE) va connaître une récession en 2009, avec quasiment -2 % de croissance du PIB. Or l UE est le premier investisseur direct étranger (IDE) au Maghreb. D après les derniers chiffres disponibles de la CNUCED, la situation par pays est la suivante. En 2001, en Algérie, on note une prépondérance des IDE en provenance des pays de l Union Européenne pour 35% du total. En Europe l Espagne arrive au premier rang avec 13% du total. Le deuxième fournisseur d IDE est l Egypte avec environ 30% du total suivi des Etats-Unis pour environ 30% du total. En 2004, au Maroc, on note une prépondérance des IDE en provenance des pays de l Union Européenne pour plus de 70% du total. La France arrive au premier rang avec 50% du total, suivie de la Suisse et l Espagne, de l Allemagne et des Etats-Unis avec respectivement environ 5% du total. Enfin en 2003, en Tunisie, on note une prépondérance d IDE en provenance des pays de l Union Européenne pour plus de 70% du total. Au sein de l UE, le Royaume Uni arrive au premier rang avec 30% du total. On trouve ensuite le Koweït et les Etats-Unis avec respectivement environ 8% et 7% du total. Le commerce régional : un essoufflement N oublions une donnée importante : 80% des échanges du Maghreb s effectuent avec l union européenne. Si la demande chute dans le continent européen, ce qui est attendu, les entreprises maghrébines se retrouveront avec des carnets de commandes alléger voir vides dans certains secteurs. Or le crédit aux sociétés mais aussi aux ménages ne cesse de baisser en Europe parallèlement à la baisse des taux de la Banque centrale européenne (cf. tableau 2).. Tableau 2 - Crédits : taux de croissance annuel brut Crédits en France Sept-08 Octo-08 Nov-08 Déc-08 Janv-09 aux sociétés non financières 12,3 12,7 11,7 9,4 9,1 Investissement 13,9 13,7 13,2 11,8 12,1 Trésorerie 13,1 13,5 13,4 8,2 5,2 aux ménages 8,6 7,8 7,4 6,9 6,4 Habitat 10,0 9,3 8,6 8,1 7,4 Trésorerie 4,2 3,0 2,8 2,5 2,3 Zone euro : crédit au secteur privé 8,5 7,8 7,1 5,8 5,0 Source : banque de France Des secteurs clés comme le tourisme vont connaître une sévère contraction durant l été 2009. Par conséquent et sans trop rentrer dans les mécanismes, mathématiquement, si la croissance est touchée en Europe, elle le sera nécessairement au Maghreb via, entre autres, la baisse de l IDE et du commerce. Or en Europe la crise est déjà installée dans les esprits. Nous assistons déjà à un «credit crunch» c est-à-dire à des restrictions de grande ampleur de la distribution du crédit (cf. tableau 2). La distribution du crédit par les banques en Europe a donc été affectée. Son ralentissement est net. Une chose est sûr, le coût de la crise pour le pays du Maghreb sera plus élevé dans la configuration actuelle c est-à-dire celle d une «UMA abstraite» non encore opérationnelle. Ce coût aurait était nettement moindre, car mutualisé, dans le cas d une «UMA concrète» et effective. 8

V. Comment amortir le coût de la crise au Maghreb? : quelques pistes Comment doivent réagir les pays du Maghreb pour amortir les effets de la crise? Dans le contexte actuel, en matière de solution à la crise, aucun expert ne peut être exhaustif ni omniscient. La crise actuelle est systémique et global. Elle est aussi très complexe car elle renferme une forte dimension de blocages psychologiques aussi bien du côté de l offre que de la demande. Examinons quelques pistes de réflexion permettant à court et moyen terme d amortir le coût de la crise au Maghreb. Il y a deux stratégies à poursuivre et à consolider de manière urgente. A/ La poursuite de la libéralisation financière et des privatisations. Les pays du Maghreb doivent poursuivre leur stratégie prudente de libéralisation financière à l instar de ce qu avez fait la Corée du Sud dans les années 1980. Les privatisations bancaires maghrébines doivent se poursuivre. Ce n'est pas parce que l'europe et l'amérique nationalisent leurs banques (tableau 3) que le Maghreb doit stopper son processus de privatisation. Tableau 3 - Recapitalisation, aides massives, assistance en capital nationalisation des banques 2008-2009 Etats-Unis Allemagne Royaume-Uni Pays-Bas Islande France Belgique AIG (79%) Citigroup (36%) Hypo Real Estate (aide massive) Bank of America (en cours) Source : d après l auteur. Royal Bank of Scotland (70%) Lloyds Banking Group (43%) Barclays (en cours) ABN Amro/Fortis (100%) Glitnir Landsbanki Kaupthing, Straumur Burdaras Dexia (50% France et Belgique) Caisse d épargne/banque populaire/ Natixis (20%) Fortis (100%) D'ailleurs revenons sur ce concept de nationalisation. Les nationalisations bancaires actuelles ne signifient en aucun cas un retour à une forme de socialisme. D ailleurs très souvent on leur associe les concepts de capitalisation, d aides massives, d assistance en capital. Là encore il importe de corriger certaine interprétations hâtives de la banque faites en dehors du champ de l économique et de rappeler que la banque est une entreprise spécifique. Par conséquent, la nationalisation d'une banque n'a pratiquement rien à avoir avec celle d'une entreprise quelconque (non bancaire). Nationaliser une banque est un acte par lequel les autorités monétaires se réapproprient provisoirement le pouvoir de création monétaire c est-à-dire le fonctionnement de la planche à billets afin de revenir à des «effets de levier» économiquement acceptables. Ce n'est donc absolument pas un «retour en arrière» c est-à-dire à un socialisme d Etat. 9

La nationalisation bancaire n'est donc pas antinomique de libéralisme. Au contraire c'est un élément inhérent à l'économie de marché qui lui permet d'auto-corriger ses propres dysfonctionnements. Il est donc imprudent de «surffer» sur cette vague en dehors de cette dimension économique autorégulatrice et de s'aventurer dans une forme de nostalgie politique. C est pourquoi les privatisations bancaires maghrébines doivent se poursuivre de manière sereine mais prompte. L heure n est pas aux doutes ni aux hésitations. La crise actuelle ne doit pas être une remise en cause du système capitaliste. Il est maintenant trop tard pour jeter le bébé avec l eau du bain et de remettre en cause le système. Reculer coûterait infiniment plus cher. Le vent du libéralisme et de la déréglementation souffle depuis les années 1980. Nous allons toujours vers plus de marché, c'est le sens de l'histoire. Ce n'est pas parce que des banquiers ont mal fait leur travail aux Etats-Unis qu'il faut pénaliser tout le système mondial. Par contre, il est nécessaire de disposer d une force de régulation de l'activité financière qui rappelle les règles de bon fonctionnement de la création monétaire. Bref, il est indispensable de renouveler le contrat de confiance qui lie la finance au monde de l'entreprise et à l'économie réelle. A ce titre, il est légitime que l'etat intervienne quand il s'agit de la chose publique, et la monnaie en fait partie. Les banques qui gèrent notre monnaie, ne sont pas des entreprises comme les autres. L'Etat est dans son droit le plus légitime d'intervenir et de réguler et d'imposer une discipline de marché. Durant les prochains mois, ce sont entre autres ces niches et ces pistes que nous devront explorer pour sauver une croissance menacée au Maghreb. Mais la tache aurait été autrement plus facile et le choc infiniment moins traumatisant si une dynamique entrepreneurial avait déjà pris corps autour de l UMA. B/ Augmenter la résilience des banques Maghrébines. Les banques maghrébines doivent demeurer au service du développement de l économie réelle. Elles doivent poursuivre leur mission d'animation, de conseil et de financement de leur tissu entrepreneurial. Elles ne doivent pas succomber aux sirènes d'une industrialisation démesurée de leur processus de production et continuer à servir la croissance réelle. L une des erreurs des banques des pays riches ces dernières années est une industrialisation et une externalisation trop poussée d une fonction essentielle celle de la gestion des risques. L outsourcing peut porter sur les fonctions commerciales. Cette stratégie ne peut pas être utilisée s agissant des centres névralgiques de la banque et de leur cœur de métier c est-à-dire l analyse du risque. En d autres termes, les banquiers ne sont donc pas des entrepreneurs comme les autres. Ils assurent une fonction essentielle qui leur a été déléguée par les autorités monétaires : la création et la gestion monétaire. De par le principe «Too Big To fail» ils sont confrontés à une fonction de production qui n est pas triviale. Cette fonction de production est à la fois microéconomique et macroéconomique. C est une fonction qui engage le système économique dans son ensemble par les «effets de domino». Ces principes de base doivent être rappelés afin d'éviter le pire. Ils doivent être rappelé en matière de restructuration et de F-A bancaire maghrébine. 10

Efficacité technique globale Les espaces bancaires maghrébins domestiques sont en cours de restructuration. Certains peuvent regretter les lenteurs de ce processus. Or ces regroupements sont aujourd hui indispensables pour mieux faire face à cette crise des structures financières. Les regroupements sont incontournables : domestiques et transfrontaliers. Ils ont commencé au Maroc. Ils se poursuivent en Tunisie. La crise ne doit freiner ce processus, au contraire elle devrait l accélérer. Grâce aux politiques menées ces dernières années, les pays du Maghreb et d Afrique semblent s être dotés de systèmes bancaires dont l efficacité progresse (cf. graphique 2). L efficacité des banques maghrébines croît. Elle est passée de 55% en 2005 à 65% en 2007. Cela signifie que leur inefficacité est passée de 45% en 2005 à 35% en 2007. En d autres termes, afin de se rapprocher des meilleures pratiques c est-à-dire de 100% d efficacité (Benchmark), elles doivent encore améliorer leur gestion factorielle et économiser 35% de moyens de production. L inefficacité des banques africaines en général a également baissée. Elle est passée sur la même période de 54% à 41%, soit une amélioration de l efficacité de 46% à 59%. Graphique 2 Efficacité technique globale des banques africaines et maghrébines 2005 à 2007 0,7 0,65 0,6 0,5 0,46 0,55 0,5 0,57 0,59 0,4 0,3 Afrique Maghreb 0,2 0,1 0 2005 2006 2007 Source : calcul effectués avec l aide de Mehrez BEN SLAMA à partir de la base de données Bankscope - Lille School of Management Research Center. Méthode de calcul utilisée - Approche DEA (Data Envelopment Analysis) - On mesure l efficience technique globale (ETG) - ETG mesure l économie de moyens et de coûts possible permettant d éviter les gaspillages. Cette mesure est relative aux meilleurs pratiques observées (Benchmark). - Les moyens sont mesurer par : Dépenses de personnel, Immobilisations et intérêts versés. 11