L année 1956 Date charnière dans les relations internationales, l année 1956 annonce une nouvelle donne dans les rapports est-ouest et dans la hiérarchie des puissances. L arrivée sur la scène internationale du tiers-monde et la défaite franco-britannique dans la crise de Suez montrent bien où se situent les nouveau enjeux. La crise qui ébranle le bloc soviétique, née de la déstalinisation voulue par Khrouchtchev, témoigne, par son dénouement tragique, des principes qui seront ceux de la Détente. I) Une nouvelle donne dans la guerre Froide A) «la coexistence pacifique» la déstalinisation Dès la mort de Staline en 1953 on amorce une phase de «détente» dans les relations Est- Ouest.Mais c est en février 1956 qu elle se concrétise avec le 20 ème Congrès du Parti Communiste d union Soviétique. C est l occasion pour Khrouchtchev d assouplir le fonctionnement du régime. La critique de Staline y est sans appel.mais au delà de Staline, c est l image même du régime soviétique qui est atteint. Retenons en les nouvelles orientations politiques d ouverture vers les Pays de l Est : _ fin du monolithisme _ «amitié et coopération» avec la Yougoslavie _ «pluralisme socialiste» au sens où chaque démocratie populaire doit bénéficier d un socialisme prenant en compte leurs particularités nationales. La «coexistence pacifique» Mais Khrouchtchev ne s arrête pas là ; avec la théorie de la «coexistence pacifique» c est un relâchement des tensions et une politique d apaisement avec l Occident. Voici les cinq principes : _ respect mutuel de l intégrité territoriale et des souverainetés _non- agression _ non- ingérence _ égalité et avantages réciproques _ coexistence pacifique et coopération économique Un concept ambigu Comment expliquer l introduction de ce concept? Il semble que le contexte politique soit nouveau, les communistes sont traditionnellement anti-impérialistes et pensent pouvoir imposer la paix ; les guerres sont pour eux un produit de capitalisme. La «coexistence pacifique» est un tournant dans l histoire de la guerre froide. C est une étape intellectuelle indispensable qui marque la fin de la phase la plus aigue du conflit. Il n en reste pas moins vrai que la détente n exclue en rien la compétition et la vigilance mais pour Krouchtchev le bloc de l Est l emportera, pacifiquement. B) l heure des contestations le coup d état Polonais Avec l assouplissement du régime, les nationalismes resurgissent. Le Kominform est dissout en avril et en Pologne la déstalinisation permet la réhabilitation de nombreux intellectuels opposés au régime. Les troubles ne tardent pas :dés le 28 juin une émeute ouvrière éclate à Poznan, vivement réprimée par les tanks. Gomulka, ancien secrétaire du parti ouvrier fomente un coup d état en octobre 1956. Ainsi la Pologne s émancipe largement
de la tutelle de Moscou bien que la rupture avec l ordre communiste prenne par la suite une allure modérée. La révolution Hongroise Budapest 1956. Le réformateur Imre Nagy tente de profiter de la déstalinisation : il dénonce le pacte de Varsovie et proclame la neutralité de la Hongrie, croyant au soutient des Occidentaux. Mais cet espoir de démocratie est brutalement interrompu par l intervention militaire soviétique. Ni le Américains ni l OTAN n interviennent. Comment expliquer la passivité de la communauté internationale face au drame de la Hongrie? Etats- Unis semblent éviter les mises en causes directes dans la sphère d influence de l adversaire. Ils ne profitent jamais des crises internes à l Europe pour y contester directement le leadership soviétique. En revanche les colonies sont une aire d expansion idéale au conflit Est- Ouest. Colonialisme et guerre froide s entrecroise
II) L émergence du Tiers monde A) La décolonisation du Maghreb L indépendance du Maroc et de la Tunisie Ces deux colonies Françaises sont des enjeux économiques majeurs en tant que routes maritimes méditerranéennes. Ces nations sont engagées dans une lutte totale pour l indépendance. De plus Washington incite Paris à la compréhension. Cependant deux événements vont pousser Paris vers la solution de l indépendance : l intensification de la guerre d Algérie et la pression internationale notamment celle de l ONU. Le cas Algérien L indépendance du Maroc(2 mars 1956) et de la Tunisie (20 mars) est une rapide évolution de la situation géopolitique au Maghreb mais qui laisse de côté le problème Algérien. L affaire est également citée à l ONU. La politique du gouvernement français de Guy Mollet pourrait se résumer dans ce triptyque : 1.Cessez le feu 2.Eléctions libres 3. Négociations. Mais en 1956, c est la guerre à outrance et il décide donc d envoyer le contingent. Les «non- alignés» Les nations africaines et asiatiques refusent de ne sortir de la colonisation que pour devenir un enjeu de la compétition Est- Ouest. Leur objectif est d affirmer leur existence face aux deux blocs. On parle alors de l émergence d un «Tiers- Monde» ( expression d Alfred Sauvy), faisant référence au Tiers- Etat. Cette notion vient créer un clivage Nord- Sud s ajoutant à celui Est- Ouest. Cela est concrétisé par la conférence de Bandoung puis en juillet 1956 avec la conférence de Brioni ( Nasser, Nehru, Tito).
B) La crise de Suez (27 octobre-7 novembre 1956) Le jeu des alliances Le concept de non- alignement est justement le principe explicatif et l élément déclencheur du problème diplomatique. Nasser, président Egyptien, est le nouveau leader du panarabisme et chef de file incontesté des non- alignés, en passe de devenir le héros des peuples Arabes.Il est pourtant toléré par les américains. Les soviétique sont, eux, pro- arabes car Israel pourrait être la tête de pont de l Occident dans la région. Le Royaume- Uni est quant à lui traditionnellement opposé à l Egypte, le sujet des tensions étant le canal de Suez vital pour relier la métropole brittanique à ses colonies. Ceux ci cherchent alors à se rétablir au moyen Orient tandis que la France soupçonne l Egypte d attiser le conflit en Algérie notamment en fournissant des armes au FLN. Une réussite militaire Nasser, soutenu par l URSS et les non- alignés, lance un «défi.» aux occidentaux : il proclame la nationalisation du Canal de Suez pour «effacer la marque infamante du colonialisme».français et Brittaniques, dans un complexe politico- psychologique de non admission de la décolonisation font face à Nasser. Ils créent une alliance à trois France- Grande- Bretagne- Israel. Le 29 octobre Israel prétexte une attaque de l Egypte par le Sinai, ce qui légitime «l envoi de troupes».c est un succès militaire total. Et un fiasco diplomatique C est en revanche sur la scène internationale un échec cuisant. Les Etats- Unis hésitent ;s ils soutiennent les Occidentaux contre Nasser, ils perdent tout crédit dans le monde le Tiers Monde! Washinqton menace alors les puissances colonisatrices de sanctions financières, ce qui a beaucoup plus d impact que l ultimatum soviétique lancé à la Grande- Bretagne. Les troupes se retirent d Egypte. CONCLUSION L année 1956 inaugure réellement la coexisence pacifiue même s il faut attendre 1962 et la crise de Cuba pour voir se développer la Détente. La situation européenne est maintenant celle du statu quo alors que le Moyen-Orient devient une nouvelle zone de tension entre les deux grends dont sont exclues définitivement les puissances européennes qui dominaient cette région depuis les années 20. La crise de Suez occulte en grande partie le drame hongrois mais la leçon ne sera pas oubliée par l Europe de l Est : la déstalinisation s arrête là où commencent les intérêts politiques et
stratégiques de l URSS d une part et d autre part il n y a rien à attendre des Occidentaux. La France, quant, à elle, s enlise dans la guerre d Algérie