En Syrie, une clinique ambulante pour soigner les dents des déplacés Par afp, le 24/11/2016 à 07h44
Le dentiste syrien Mouhannad Qabtour opère une patiente dans sa clinique ambulante, le 15 novembre 2016 dans le secteur d'azaz, une région rebelle de la province d'alep / AFP Dans la clinique où il soigne des déplacés syriens près de la frontière turque, le dentiste Mouhannad Qabtour peut à peine bouger: son établissement n'est en fait qu'une petite caravane où se presse chaque jour nombre de patients. Cet Syrien de 36 ans ne compte pas les heures dans cette clinique ambulante où il prend en charge certaines des 350.000 personnes vivant dans le secteur d'azaz, une région rebelle de la province d'alep (nord) ravagée par la guerre. Le rythme n'a rien à voir avec son ancienne clinique à Azaz, avant le début en 2011 de la guerre dans son pays, lorsque les patients arrivaient à des heures précises, qu'il leur consacrait à chacun 45 minutes et qu'il avait la possibilité de prendre des pauses. "Maintenant, chacun donne son nom et passe à tour de rôle. Je termine à peine avec un patient qu un autre arrive", explique Mouhannad Qabtour. "C'est le chaos, il n'y a pas d organisation... Il n'y a aucun répit du début de la journée jusqu'à la fin", ajoute-t-il. Devant la caravane, une vingtaine de personnes, en majorité des femmes et des enfants, attendent leur tour. Ils y entrent un par un, l'assistante de Mouhannad Qabtour prenant le nom de chacun.
Le dentiste, vêtu d'une blouse blanche, a l'air ravi et raconte des blagues pour détendre l'atmosphère, notamment à l'adresse des enfants un peu craintifs. Une des premières patientes à s'installer dans la chaise vert clair est une fillette portant un voile fleuri. Des patients syriens devant la clinique ambulante du dentiste Mouhannad Qabtour, le 15 novembre 2016 dans le secteur d'azaz, une région rebelle de la province d'alep / AFP Malgré les conditions de travail, M. Qabtour se dit content d'offrir gratuitement des soins à des civils pris dans l'engrenage d'un conflit dévastateur, qui a fait plus de 300.000 morts, contraint plus de la moitié de la population à quitter son foyer et engendré une grave crise humanitaire. "J'aurais pu émigrer et vivre tranquillement comme d'autres médecins mais j'ai décidé de rester pour vivre et mourir dans mon pays", dit-il. "Je voulais aider mes compatriotes, qui ont besoin de moi", poursuit-il. - 'Comme ma famille' -
Le dentiste syrien Mouhannad Qabtour soigne une patiente dans sa clinique ambulante, le 15 novembre 2016 dans le secteur d'azaz, une région rebelle de la province d'alep / AFP Avant l'ouverture de la clinique en octobre, avec l'aide de l'association des docteurs indépendants (ADI) -qui lui verse un salaire mensuel- et de l'ong Barada, il offrait ses services à partir d'une chaise ambulante. A l'extérieur, sa caravane est frappée d'un logo où une dent d'une blancheur éclatante est entourée d'un cercle vert. A l'intérieur, on y trouve du matériel moderne, comme une clinique ordinaire. Chaque jour, il reçoit en moyenne plus d'une dizaine de patients, pour de simples consultations ou pour des actes de chirurgie dentaire. Mouhannad Qabtour mène des consultations dans le camp Al-Rayane, où des milliers de déplacés ont trouvé refuge, mais il se rend également dans d'autres camps déplacés de la zone d'azaz. "J'aide des personnes qui vivent dans des conditions terribles", affirme le dentiste, père de deux fillettes. "C'est la moindre des choses que d'aider des gens qui sont comme ma famille". Alors que son pays va entrer dans quelques mois dans sa sixième année de guerre et qu'aucune solution politique ne se profile à l'horizon, M. Qabtour affirme ne pas vouloir penser à l'avenir. "Je ne pense à ce qui va advenir de moi après la guerre. Je veux que cette guerre se termine mais pour le moment, je veux soigner les gens avec les moyens du bord", dit-il. "Je n'ai pas d'autres ambitions".
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