RESERVE NATIONALE DE CHASSE ET DE FAUNE SAUVAGE DU LAC DU DER ET DES ETANGS D OUTINES ET D ARRIGNY Suivi de la reproduction du Milan noir sur les étangs d'outines et d'arrigny Milan noir photo : Denis FOURCAUD Suivi et rédaction : LPO Champagne-Ardenne La gestion de la RNCFS bénéficie d un partenariat entre l ONCFS et la LPO Champagne-Ardenne et du soutien financier de :
1. METHODOLOGIE Comme il avait été préconisé dans le précèdent rapport, une recherche des aires de rapaces a été organisée durant l'hiver, époque où l'absence de feuilles favorise leur repérage. Le Milan noir est réputé fidèle à son aire de nidification, qu'il réaménage d'une année sur l'autre. La construction d'une nouvelle aire est donc relativement rare. Ainsi, les aires répertoriées en hiver ont toutes les chances d'être occupées à la saison suivante. Les recherches se sont focalisées sur les forêts bordant les trois étangs de la RNCFS, les lisières forestières en rive étant les plus propices à l'installation des nids. Par la suite, les aires répertoriées ont été contrôlés plusieurs fois au cours de la période de reproduction, en privilégiant les périodes les plus intéressantes pour obtenir des informations sur le déroulement de la nidification (couvaisons, élevage des jeunes et envol). 2. RESULTATS Huit aires ont été repérées et localisés au GPS (carte 1) au cours des prospections hivernales. Sur ces 8 nids, seulement deux ont été occupés par le Milan noir, deux ont été utilisés par la Buse variable (carte 2 et 3) les quatre autres sont restées vides. En 2014 un couple de Milan noir a niché avec succès dans le bois de l Argentolle, à l est de l étang des Landres. Ce même nid a été réoccupé cette année (carte 2 et 3) probablement par le même couple. En 2015, un deuxième couple a niché dans le bois «les Poternes» situé à l est de l étang du grand Coulon (carte 2 et 3). Il est d'ailleurs fort probable que ce couple ait niché au même endroit en 2014 car l aspect de ce nid lors de sa découverte cet hiver (bonne taille) et les indices trouvés au sol (chiffons, ficelles) indiquent clairement son utilisation par le Milan noir la saison dernière. Les deux couples sont arrivés sur leur territoire à la fin du mois de mars ; dés le 7 avril, le nid du bois de l Argentolle était occupé par la femelle, couvant. A la même date, le nid du bois des Poternes ne semblait pas occupé. Cependant, vu l âge des jeunes estimé en juillet, on peut supposer que la femelle couvait déjà à cette date et qu'elle avait sans doute quitté le nid avant l'arrivée de l'observateur. Ces deux couples mèneront chacun deux jeunes à l envol. Le 10 juillet, les 2 familles sont observées aux alentours proches de leur nid, où les adultes apportaient des proies que les jeunes venaient manger. Milan noir photo : Christine TOMASSON Jeune Milan noir photo : Fabrice CROSET
Jeune Milan noir à peine volant. Photo : Fabrice Croset. Photo Christine Tomasson. Milan noir adulte. Carte 1 : Aires de rapaces localisées en hiver. Carte 2 : Localisation des nids des Milans noirs et des nids de rapaces localisés en hiver.
Carte 3 : Localisation des nids de Buse variable et des nids de rapaces localisés en hiver. Buse variable photo : Denis FOURCAUD
3. CONCLUSION En 2014, la population nicheuse était estimée à moins d une dizaine de couples sur la partie étangs de la RNCFS. Les recherches plus exhaustives en 2015 amènent hélas à revoir à la baisse cette appréciation à moins de 4 couples. Rappelons que le Milan noir est en régression depuis une vingtaine d année dans le secteur, phénomène mis en relation avec la mise en culture toujours croissante des zones herbagères. Outre les deux couples locaux, d'autres individus fréquentent la Réserve Naturelle des étangs d'outines et d'arrigny. Nichent-ils dans un secteur proche? S agit-il d oiseaux immatures (non reproducteur) venant chasser sur les étangs? Il serait intéressant d'avoir réponse à ces questions pour comprendre la dynamique de population du Milan noir à plus large échelle. Le maintient des vieux chênes (essences préférées des Milans noirs pour y établir leur nid) en lisière d étang est indispensable à la sauvegarde des milans. Il convient donc de prévoir leur conservation sur le pourtour des étangs, ce qui ne pose pas de problème dans les forêts acquises par le Conservatoire du Littoral (bois des Poternes) mais peut s'avérer problématique dans les parcelles appartenant à des propriétaires privés (bois de l'argentolle) s'il y advient des travaux sylvicoles. Enfin, la diminution des zones herbagères au profit des cultures semble le facteur déterminant bien plus préoccupant. Avec elles, c'est la ressource en nourriture qui fait probablement défaut, expliquant la chute des effectifs de Milans noirs. On peut envisager que la régression de ce rapace diurne se poursuivent jusqu'à sa disparition de la réserve. Il est souhaitable que les mesures incitatives à la conservation des herbages, instaurées par la mise en place de Natura 2000, puisse porter ses fruits rapidement.