DELEHANTY ANNETTE SIPPLEY
ANNETTE SIPPLEY Illustrations par Denise Paquette
À mon fils, Richard, à mes petits-enfants, Gabriel et Isabelle.
Pour ses activités d édition, Bouton d or Acadie reconnaît l aide financière de la Direction des arts du Nouveau- Brunswick, du Conseil des Arts du Canada et du ministère du Patrimoine canadien par l entremise du Fonds du livre du Canada. Tous droits de reproduction, de traduction et d adaptation réservés pour tous pays. Titre : Le petit lapin à l oreille tombante Texte : Annette Sippley Illustrations : Denise Paquette Conception graphique : Lisa Lévesque Papier ISBN 978-2-923518-77-0 PDF ISBN 978-2-89682-231-7 epub ISBN 978-2-89682-581-3 Dépôt légal : 3 e trimestre 2010 Bibliothèque et Archives Canada Bibliothèque et Archives nationales du Québec Bouton d or Acadie 204-236, rue Saint-Georges Moncton (N.-B.) E1C 1W1, Canada Téléphone : (506) 382-1367 Télécopieur : (506) 854-7577 Courriel : boutondoracadie@nb.aibn.com Internet : www.boutondoracadie.com www.livres-disques.ca
Mot de l auteur C est dans un champ, à travers les longues herbes vertes et tendres, que j ai aperçu Zoffa pour la première fois. De loin, il observait Biel, le petit lapin à l oreille tombante, qui avait de la difficulté à jouer comme les autres. Plus tard, j ai fait la connaissance de ce lapin gris et j ai découvert qu il était très bavard. 7
J écoutais attentivement ses histoires à la fois drôles et sages, et je les racontais ensuite à mon fils, qui n était alors qu un enfant. Ce dernier raffolait de ces récits. Il les aimait tant que j ai décidé de partager avec toi l histoire du petit lapin à l oreille tombante. Bonne lecture! 8
U n petit lapin blanc avait une oreille tombante. Elle s abattait souvent sur son oeil, ce qui l empêchait de courir et d apprendre aussi vite que les autres lapins. Il arrivait donc, parfois, qu on se moque de lui, ce qui l attristait beaucoup. Un jour où il était resté à l écart, un vieux lapin gris l aborda : Pourquoi pleures-tu? 9
Parce que j ai de la peine, répondit le petit lapin blanc. Comment ça? demanda le lapin gris. Quand je cours, mon oreille me frappe dans l oeil et ça me 10
fait tomber. Ne t en fais pas. Je connais un bon spécialiste à Montréal qui pourrait redresser ton oreille, dit le vieux lapin d un ton protecteur. Vraiment? interrogea le petit lapin avec un regard flamboyant. Le lapin gris était si heureux de faire quelque chose pour le petit lapin, qu il se mit à bondir de joie en oubliant son âge. Sou - dain, il s arrêta et lui demanda : Comment t appelles-tu? 11
Biel, et toi? Je m appelle Zoffa, répondit le lapin gris. Sofa, comme «sofa-lit»? s enquit le petit lapin. Mais non, c est Zoffa avec un Z, comme «Zoffa gris». C est que, vois-tu, je ne sais pas lire. Ça ne fait rien, c est un jeu de mots pour t aider à te rappe - ler mon nom. Ah, c est gé nial! s exclama Biel. Sans perdre de temps à réflé - 12
chir, les deux nouveaux amis déci dèrent d aller voir le bon spécialiste qui pourrait réparer une oreille tombante. En sautant à l unisson, ils se rendirent donc chez les parents de Biel pour leur expliquer le but de leur voyage à Montréal et leur demander la permission de partir. La mère de Biel était ravie à la pensée que Biel pourrait faire redresser son oreille. Elle aurait bien voulu les accompagner, mais elle avait encore d autres petits au logis. Biel et Zoffa attendirent la fin 13
du jour pour se rendre à la voie ferrée. Ils descendirent la rue Victoria en passant par le terrain de golf et en longeant les cours arrière des maisons, pour ne pas attirer l attention. Quel beau terrain! s émerveilla Biel. N est-ce pas? dit Zoffa. J ai passé les plus beaux moments de ma jeunesse ici. L été, je venais souvent m y promener. J allais boire à l étang, puis je gambadais toute la journée. Je m amusais à surveiller les écureuils aux yeux 14
vifs qui essayaient de capter des odeurs suspectes en faisant des mouvements nerveux. Quand ils ne détectaient aucun danger, ils s aventuraient parfois dans la trajectoire des joueurs de golf. Un jour, un écureuil s est rendu compte qu il se trouvait dans une situation dangereuse et il s est mis à courir dans toutes les directions. Il a finalement grimpé dans un arbre, où il a récité, en claquant des dents, la litanie des recommandations que sa mère lui avait faites. 15
Le petit lapin s exclama : Ça alors! C était une expression qu il avait entendue quelque part. Biel avait l habitude de répéter ce qu il entendait, c était sa façon d apprendre. Parfois, il faut faire vite pour se sortir du pétrin, ajouta Zoffa en revenant à son histoire d écureuil. Je comprends, répondit le petit lapin blanc. Ils passèrent sous les cèdres silencieux, où le vent produisait 16
un son apaisant : shh... shh... De là, ils pouvaient observer la beauté du terrain sans être dérangés. Tapi sous un buisson, Zoffa relata à son compagnon des souvenirs d enfance, puis il s interrompit en disant : 17
Il faut partir, Biel. Le train ne nous attendra pas, mais le beau terrain sera toujours là à notre retour. En continuant leur trajet, les deux amis passèrent près d un cyprès. Je me rappelle quand ils ont planté ce coni fère, déclara Zoffa à son compagnon. J étais encore 18
Le petit lapin Biel n est pas comme les autres lapins. Son oreille tombante l empêche de jouer et lui cause bien des ennuis. Un jour, Biel fait la rencontre de Zoffa, un vieux lapin sage avec qui il se lie d amitié. Par sympathie, Zoffa propose d emmener Biel à Montréal pour y subir une opér ation qui redressera son oreille. C est ainsi que le duo entreprend le long périple jusqu à la grande métropole. Biel réussira-t-il à faire soigner cette oreille qui le gêne tant? Un exemple de dépassement de soi qui invite à aller au bout de ses rêves.