Rapport de mission du Frère Auguste AGOUNPKE de l ONG Franciscains-Bénin

Documents pareils
Politique Institutionnelle. Politique de protection de l enfance. Direction Générale Fédérale 2007 PI 01

exigences des standards ISO 9001: 2008 OHSAS 18001:2007 et sa mise en place dans une entreprise de la catégorie des petites et moyennes entreprises.

Cinzia Grassi, Loredana Ceccacci, Anna Elisa D Agostino Observatoire pour le contraste de la pédophilie et de la pornographie enfantine

Nations Unies Haut Commissariat aux Droits de l Homme, réf: NVebU mes 2011

Comité des produits Discours du Directeur général. 29 mai DISCOURS D OUVERTURE DU DIRECTEUR GÉNÉRAL AU COMITÉ DES PRODUITS.

Les contributions des acteurs territoriaux à la promotion de la cohésion sociale et du développement durable aux niveaux local, national et mondial

Registre Santé et Sécurité au Travail Ecole

THEME : LUTTE CONTRE LA PAUVRETE DES JEUNES.

I. PRÉSENTATION DU HAUT-COMMISSARIAT DES NATIONS UNIES AUX DROITS DE L HOMME

PROMOUVOIR LA SANTÉ ET LES DROITS SEXUELS ET REPRODUCTIFS

CURRICULUM VITAE. Assez bien. Langues Lu Parlé Ecrit Français Anglais 3 4 4

ALLOCUTION DE M. BENJAMIN HOUNTON CHARGE DU BUREAU DU HAUT COMMISSARIAT DES NATIONS UNIES AUX DROITS DE L HOMME POUR L AFRIQUE DE L OUEST

Evaluation de l organisation interne

ORGANE INTERGOUVERNEMENTAL DE NEGOCIATION A/FCTC/INB6/DIV/4 DE LA CONVENTION-CADRE DE L OMS 28 janvier 2003 POUR LA LUTTE ANTITABAC Sixième session

Plan d Action de Ouagadougou contre la traite des êtres humains, en particulier des femmes et des enfants, tel qu adopté par la Conférence

CONTRIBUTION DE L ASSOCIATION BENINOISE DES PROFESSIONNELS EN ÉVALUATION ENVIRONNEMENTALE DANS LA MISE EN ŒUVRE DES EIE AU BENIN

Avec les enfants pour les enfants

Cadre général du Forum sur les questions relatives aux minorités

Réunion mondiale sur l Éducation pour tous UNESCO, Mascate, Oman mai 2014

DONNER NAISSANCE NE DOIT PAS ÊTRE UNE QUESTION DE VIE OU DE MORT

ENFANTS ET INTERNET BAROMETRE de l opération nationale de sensibilisation : Un clic,déclic le Tour de France Des Etablissements Scolaires

Titre : La Mutuelle Communautaire de Santé de Yaoundé : Un mécanisme solidaire de financement collectif d accès aux soins de santé de qualité.

BELGIQUE. Septième session de la Conférence des Etats Parties à la Convention relative aux Droits des Personnes handicapées

Journal d apprentissage. Union Technique du Mali

Décision du Défenseur des droits MDE-MSP

La mutuelle de santé, une alternative crédible de couverture du secteur informel?

Modifications du Code du travail par la loi N du 4 août 2014

RENFORCEMENT DES CAPACITES DES INSPECTEURS DE TRAVAIL DANS LA PROTECTION DES TRAVAILLEURS MIGRANTS EN MAURITANIE, MALI ET SÉNÉGAL

Rapport de l étude sur le projet e-gouvernement. Azalaï Hôtel de la Plage Xwlacodji

I. - LES FAITS NÉCESSITANT LA MISE EN ŒUVRE DE LA PROCÉDURE SPÉCIFIQUE D URGENCE A.

Qu est-ce que l adaptation au changement climatique?

LES PREOCCUPATIONS DES ACTEURS DU MARCHE DE L ASSURANCE AU BENIN. Présenté par : le DGAE

Conférence des États parties à la Convention des Nations Unies contre la corruption

demain Aujourd hui ACDIC A. PRESENTATION DE L ACDIC B. 10 ANS D ACTIONS. Des actes concrets, des effets, des impacts C. DES ACQUIS ET ATOUTS CERTAINS

PROGRAMMES DE BOURSES ET DE FORMATION DU HCDH

EXAMEN PÉRIODIQUE UNIVERSEL

TERMES DE REFERENCE. : Consultant gestion de l information et des bases de données protection de l enfance (consultation nationale)

Conseil économique et social

Objectif de progression Actions Indicateurs chiffrés. Diligenter une enquête auprès des salariés pour connaitre précisément leurs besoins

DEUXIÈME CONFÉRENCE DES MINISTRES AFRICAINS CHARGÉS DE L ENREGISTREMENT DES FAITS D ÉTAT CIVIL

Nouveaux médias. Guide pour les écoles obligatoires. Utilisation des téléphones mobiles Le cyber-harcèlement

2.2.5 LA SOCIÉTÉ DE L ASSURANCE AUTOMOBILE DU QUÉBEC

COMMENT RENFORCER LES ENFANTS A SE PROTEGER EUX-MEMES. Production: Groupe d enfants participants à l atelier Présentation: Essenam & Paa Kwessi

Recommandation CP(2014)17 sur la mise en œuvre de la Convention du Conseil de l Europe sur la lutte contre la traite des êtres humains par Saint-Marin

Séminaire éducation Focus Rythmes scolaires Compte-rendu 11 mars 2014

QUESTIONS D ORGANISATION. Ordre du jour provisoire annoté INTRODUCTION

Journée technique ARRA Gestion quantitative de la ressource en eau

Journal. Réunions officielles à venir. Lundi 8 décembre 2014

Couverture du risque maladie dans les pays en développement: qui doit payer? (Paris, 7 mai 2008)

CENTRE CATHOLIQUE INTERNATIONAL DE GENEVE (CCIG) RAPPORT D ACTIVITES 2011

Conclusions du Conseil sur l'innovation dans l'intérêt des patients

A/RES/55/25 II. Protection des victimes de la traite des personnes

L ORDONNANCE DU 2 FEVRIER Exposé des motifs

CHARLES DAN Candidat du Bénin pour le poste de Directeur général du Bureau international du Travail (BIT)

PLAIDOYER DES COLLECTIFS D OPH ET EXAMEN PERIODIQUE UNIVERSEL

Ce projet est financé par l Union Européenne

Médecin Responsable volet hospitalier - Koulikouro - MALI

Conseil économique et social

Promouvoir des synergies entre la protection des enfants et la protection sociale en Afrique de l Ouest et du Centre

ARRÊTÉ du. Projet d arrêté fixant le programme d'enseignement de santé et social en classe de seconde générale et technologique

S.A.E.I.F - Bureau d Études

Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée

Comment se traduisent nos valeurs dans le projet de l association? Intervention de Patrick Stelandre Directeur Idée 53. Les jeudis de l hémicycle

Rapport final IGF-AC, edition 2013, Kinshasa

(ZONE DE L AFRIQUE DE L OUEST) Siège : COTONOU (BENIN) Boite Postale : 1483 Abomey Calavi

données à caractère personnel (ci-après "la LVP"), en particulier l'article 30 ;

mission Le conflit des «gars de Lapalme»,

Protection des montants insaisissables versés sur un compte en banque : le Conseil National du Travail propose des solutions

Comment faire une demande d aide à l emploi et au revenu au Manitoba

NOTE DE SYNTHÈSE DU REM (INFORM)

PRESENTATION DU PROGRAMME D ACTION NATIONAL DE LUTTE CONTRE LA DEGRADATION DES TERRES ET DES FORETS EN RDC

ECE/AC.21/SC/2014/3 EUDCE /1.6/SC12/3. Conseil économique et social

Compte rendu analytique

Copie préliminaire du texte authentique. La copie certifiée par le Secrétaire général sera publiée ultérieurement.

NATIONS UNIES J O U R N A L. Commission des stupéfiants Cinquante-septième session Vienne, mars 2014 N 5

Fiche d animation n 1 : Pêle-mêle

CONSEIL DE COORDIN AT I O N DU PROGRAM M E DE L ONUSID A

L enquête campagne de bilan 2015 : peut (beaucoup) mieux faire!

Circulaire de la DACG n CRIM 08-01/G1 du 3 janvier 2008 relative au secret de la défense nationale NOR : JUSD C

Workshop Gestion de projet- IHEID- MIA- Décembre 2008 Cas Colombie Cucuta

Une saisie européenne des avoirs bancaires Éléments de procédure

INSTRUCTION N RELATIVE A L'ORGANISATION DU CONTRÔLE INTERNE AU SEIN DES SYSTEMES FINANCIERS DECENTRALISES

Le cri d alarme de France Nature Environnement

Regard critique de D.E.I.-France sur le 2 rapport de la France relatif à l application de la CIDE. Genève le 6 février 2004

«savez-vous vraiment qui parle avec votre enfant sur Internet?»

«Femmes, paix et sécurité»

utilisés en faveur d un relativisme culturel, allant à l encontre de l universalité des droits de l homme,

Traduction de la lettre d introduction. 23 janvier Chères Mme. Peters et Mme. Moreno Fernandez,

République de Turquie Ministère Des Forêts et Des Affaires D eaux La Direction Générale de la Lutte Contre la Désertification et L érosion

Ministère des solidarités et de la cohésion sociale

À quelles lacunes en matière de données doit-il être remédié?

Expert International en Gestion des ressources en eau Coresponsable - Maroc

Travailler avec le programme des Nations Unies pour les droits de l'homme:

resultats EVALUATION PLANIFICATION FAMILIALE Plan stratégique national à vision multisectorielle Elaborée en Octobre 2014 Les 6 Sous-Objectifs

AGUR12: historique et perspectives

Plan d action de l ISO pour les pays en développement

Bulletin de l ACFM. Principe directeur. Aux fins de distribution aux parties intéressées dans votre société

L égalité femmes-hommes dans le développement : alibi ou réalité? Claudine Drion Le Monde selon les femmes

Transcription:

COMITE POUR LES DROITS DE L ENFANT 71 ème session Janvier 2016 EXAMEN DU BENIN Rapport de mission du Frère Auguste AGOUNPKE de l ONG Franciscains-Bénin Genève, janvier 2016 1

Introduction Dans le cadre de l examen du Bénin par le Comité de l O.N.U. pour les droits de l enfant (CRC), Franciscans International (F.I.) a reçu Frère Auguste AGOUNPKE de l ONG Franciscains-Bénin afin de soutenir ses travaux de plaidoyer auprès du Comité concernant les problématiques des enfants accusés de sorcellerie dans le nord-ouest du Bénin et de l enregistrement des naissances. Frère Auguste a activement pris part à différentes activités durant son séjour à Genève à travers les rencontres avec les membres du Comité, le suivi de l examen, les discussions conduites avec l ambassadeur du Bénin et d autres membres de la délégation béninoise, les échanges avec le staff de certaines procédures spéciales ainsi qu avec des ONG partenaires. 1. Plaidoyer auprès des membres du Comité pour les droits de l enfant Avant l examen du Bénin par le Comité, Franciscains-Bénin et Franciscains International ont pu avoir une réunion informelle avec les rapporteurs de CRC pour le Bénin, notamment Mme. AYOUBI Idrissi et Mme. WINTER, afin d attirer leur attention sur les problématiques soulignées dans notre rapport alternatif soumis au Comité. Nous avons informé les deux membres du Comité sur les avancés constatées au niveau législatif en ce qui concerne la question de l infanticide rituel des enfants dits «sorciers» ainsi que les lacunes dans l action du Gouvernement. Nous avons pu apporter des éléments de réponses aux questions spécifiques posées par les membres du Comité, en ce qui concerne l ampleur et la localisation du phénomène, le manque de statistiques par rapport au cas qui ont été portés en justice, et avons profité de l occasion pour également partager le draft de l étude conduite par Franciscains-Benin en collaboration avec l Ambassade de France près le Benin. En même temps, nous leur avons posé des questions par rapport à l engagement du Comité en termes de suivi. Selon les rapporteurs, il y a un manque de fonds de la part de l H.C.D.H. ce qui fait que les membres du Comité ne conduisent pas des missions de suivi sur le terrain, mais elles ont été ouvertes à toute proposition faite par la société civile et d autres acteurs. Les rapporteurs se sont engagés d aborder nos deux problématiques durant l examen et de demander plus d informations au Gouvernement, ce qui a été bien le cas. 2

2. Le suivi de l examen du Bénin par le CRC L examen du Benin par le Comité pour les droits de l enfant a eu lieu le 20 janvier 2016, au Palais des Nations, à Genève. La délégation béninoise de haut niveau a été composée de 10 membres et a été conduite par son excellence M. Eloi LAOUROU, Ambassadeur du Benin près de l ONU à Genève. Durant l examen, après une présentation de la situation des droits de l enfant par le chef de la délégation, les rapporteurs pour le Benin ainsi que les autres membres du Comité ont posé une série de questions sur différentes problématiques, y compris sur la question de l infanticide rituelle des enfants dits «sorciers» et l enregistrement des naissances, surtout des enfants placés en institutions et en zones rurales. Leurs questions et observations sont principalement basées sur les informations fournies par Franciscains-Benin et Franciscains International à travers le rapport alternatif et l échange informelle avec les deux rapporteurs avant l examen. Au terme de l examen, nous avons pu échanger avec les membres de la délégation béninoise qui étaient ouverts à un suivi et à la collaboration sur le terrain. Pour plus d informations sur les résultats de l examen, veuillez voir le communiqué de presse ci-joint. Les résultats ont été largement diffusés par les medias locaux. 3. Rencontres avec les procédures spéciales 3 a. L assistante du Rapporteur spécial sur le droit à la santé Durant la rencontre avec l Assistante du Rapporteur spécial sur le droit à la santé, Mme, de la Sierra Lucìa, Franciscains-Benin et Franciscains International ont partagé des informations par rapport à la question des enfants dits «sorciers» par la perspective du droit à la santé. Des difficultés liées à l accès aux services de santé de la majorité des femmes enceintes dans le nord du pays, amènent à ce qu elles ne

reçoivent pas des soins médicaux au cours de leur grossesse et jusqu à l accouchement. L une des conséquences serait la prédisposition de leurs nouveauxnés à l infanticide rituelle à cause des croyances traditionnelles qui font que certains enfants sont considérés comme «sorciers». b. L Assistant du Rapporteur spécial sur la vente d'enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants Le but de la rencontre avec l Assistant du Rapporteur spécial sur la vente d enfants, M. Dorian HALL, était de faire le suivi de sa mission au Benin en 2013. Dans son rapport de mission le Rapporteur spécial a aussi brièvement parlé de la question des enfants dits «sorciers» parmi les facteurs qui exposent l enfant à ces vulnérabilités. Nous avons partagé des informations sur le développement récent au niveau législatif ainsi que sur la situation actuelle. Le représentant du Rapporteur spécial a encouragé Franciscains-Bénin d utiliser le système de communication des procédures spéciales pour porter des cas concrets à leur attention. c. L assistant de l Expert indépendant sur l exercice des droits de l homme par les personnes atteintes d albinisme Les discussions menées avec l assistant de l Expert indépendant sur l exercice des droits de l homme par les personnes atteintes d albinisme, M. Arnaud CHALTIN, les discussions ont été axées sur l impact des pratiques de la sorcellerie sur les personnes atteintes d albinisme qui va être le focus du prochain rapport de l Expert indépendant qui sera présenté devant le Conseil des droits de l homme. Des informations ont été partagées sur l infanticide rituelle des enfants dits «sorciers» au nord du Benin. Ces informations ont suscité l intérêt de notre interlocuteur. Nous espérons pouvoir contribuer au rapport de l Expert indépendant sur la perspective du Bénin. 4

4. Rencontres avec des ONG partenaires a. Franciscans International Les représentants du Franciscains-Benin et Franciscains International ont eu un échange sur les activités planifiées qui seront planifiées et menées sur le Benin durant l année 2016. Une première discussion a été effectuée par rapport au suivi des recommandations du CRC ainsi que la mise en application sur le terrain du nouveau manuel de Franciscains International sur l Extrême pauvreté et les droits de l homme. Dans ce cadre, un atelier de suivi est prévu afin de promouvoir le manuel auprès des acteurs concernés et d assurer sa mise en œuvre. b. Bureau International Catholique de l Enfance (BICE) Les discussions entreprises avec l ONG BICE ont permis de renforcer le partenariat entre Franciscains-Bénin et le BICE. Le renforcement des capacités permettra ainsi de mieux faire face au problème des enfants accusés de sorcellerie. Franciscains-Benin vient d être admis comme membre du BICE au Benin le 12/01/2016. Des pistes de futures collaborations ont été discutées durant cette rencontre après une présentation détaillée du travail de chaque organisation. c. Le Centre pour les droits civils et politiques (CCPR) Lors de sa visite à Genève, le Frère Auguste a également eu la possibilité de rencontrer M. Patrick MUTZENBERG, le Directeur Exécutif du CCPR. Le CCPR est une ONG basée à Genève qui coordonne le processus de reporting des ONG au Comité pour les droits de l homme (CDH). Le Bénin a été examiné par ledit Comité en octobre 2015 et Franciscains International a contribué au rapport alternatif conjoint de la société civile. Nos deux problématiques ont été prises en compte et soulever lors de l examen par les membres de ce Comité. Avec le CCPR, nous avons discuté de la possibilité d organiser une conférence à Cotonou en Avril ou Mai 2016 portant sur le suivi des recommandations issues du mécanisme des Nations Unies, et notamment le CDH et le CRC. L idée serait d inviter différents acteurs, y 5

compris des représentants du Gouvernement, de la société civile, un membre de chaque Comité, l Ambassade de France, l UNICEF, etc. pour discuter du suivi. Ainsi se présentent les grandes articulations de notre mission en Suisse (Genève) du 18/ au 30/ 01/ 2016 ANNEX I : COMMITE DE L ONU POUR LES DROITS DE L ENFANT : le Bénin appelé à remédier à la situation des enfants dits sorciers et à renforcer l enregistrement des naissances. Le Bénin a été soumis le 20 janvier 2016, à l examen périodique par le Comité de la Convention de l Onu à Genève. Ce dernier a évalué la situation des droits des enfants béninois en se basant principalement sur les informations reçues de la société civile, dont Franciscains-Bénin, partenaire majeur de Franciscains International (FI), et sur les renseignements fournis par la délégation Béninoise présente à l examen. La situation des enfants dits sorciers, met en danger leurs droits à la vie, à la santé, et au développement ; et l enregistrement des naissances, subit encore beaucoup trop d obstacles au Bénin. En tant qu Etat membre de la Convention relative aux droits de l enfant, Le Bénin a été soumis le 20 janvier 2016, à l examen périodique par le Comité de la Convention de l Onu. Ce dernier a évalué la situation des droits des enfants béninois en général et celle des enfants dits sorciers en particulier. En se basant principalement sur les informations reçues de la société civile, dont Franciscains-Bénin, partenaire majeur de Franciscains International (FI), et sur les renseignements fournis par la délégation Béninoise présente à l examen, parmi les remarques et les questions du Comité figurent deux thématiques sur lesquelles Franciscains International travaille depuis plusieurs années avec son partenaire Franciscains-Bénin. Le Comité a donc repris l information fournie par Franciscains-Bénin et Franciscains International, d après laquelle la majeure partie du travail de secours porté aux enfants dits sorciers, ainsi que les campagnes de sensibilisation sur le sujet, sont mis en œuvre par les ONG et non pas par l Etat. Le Comité a demandé que la délégation lui fournisse des statistiques sur le nombre de cas amenés en justice, en appuyant la gravité du problème et la nécessité d y remédier rapidement. Malgré les progrès législatifs du Bénin pour la promotion et la protection des droits des enfants, le Comité reste préoccupé par rapport au nouveau Code pénal qui n a pas encore été adopté, alors qu il incrimine explicitement le meurtre rituel des enfants dits sorciers. La délégation Béninoise a noté en réponse que le phénomène des enfants dits sorciers «a fait l objet de discussions dans la cellule nationale de protection de l enfance,» et a salué «le travail remarquable des partenaires au Nord du pays, qui a fait réduire le problème,» en notant le rôle particulier de Franciscains-Bénin. Elle a affirmé que le Code de l enfant promulgué le 31 décembre 2015 prévoit en effet la 6

répression de l infanticide dû à des pratiques traditionnelles néfastes, et a souligné le besoin de sensibiliser suffisamment la population pour que les victimes puissent dénoncer les faits, et rendre la répression effective. La dénonciation sera clé : les pouvoirs publics doivent être informés, pour qu une poursuite pénale puisse être enclenchée. La délégation s est engagée à relever le défi en collaborant avec leurs partenaires locaux y compris les ONG. Le Comité a également exprimé son inquiétude par rapport au taux d enregistrement des naissances et l absence de mesures spécifiques concernant les enfants placés en institutions, dans les milieux ruraux, et dans le nord du pays. Quelles mesures ont été prises par l Etat pour faire face à cette situation? La délégation a répondu en notant que le Bénin fait des efforts vers une informatisation de l état civil. Elle a noté que plus de sept milles enfants ont pu être inscrits grâce aux centres de promotion sociale qui, en collaboration avec l UNICEF, continuent de faire un travail auprès des mairies pour recueillir les enfants qui ne sont pas enregistrés. Pour ce qui est des enfants en institution, la délégation a expliqué que le processus était compliqué par le fait que la justice doit d abord essayer de retrouver les parents de ces enfants pour savoir s ils ont été enregistrés, et que s ils ne les trouvent pas, ils doivent procéder à de longues formalités avant de pouvoir les enregistrer. Franciscains-Bénin et FI continueront de suivre les questions d infanticide rituel et d enregistrement des naissances au Bénin, en maintenant leurs actions de plaidoyer à l ONU et auprès des gouvernants locaux et nationaux, afin de s assurer que les recommandations de l ONU faites au Bénin soient mises en œuvre et suivies. 7