Véronique Sigu, Médiévisme et Lumières. Le Moyen Âge dans la Bibliothèque universelle des romans

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Transcription:

Studi Francesi Rivista quadrimestrale fondata da Franco Simone 175 (LIX I) 2015 Varia Véronique Sigu, Médiévisme et Lumières. Le Moyen Âge dans la Bibliothèque universelle des romans Maria Colombo Timelli Éditeur Rosenberg & Sellier Édition électronique URL : http://studifrancesi.revues.org/451 ISSN : 2421-5856 Édition imprimée Date de publication : 1 avril 2015 Pagination : 147-148 ISSN : 0039-2944 Référence électronique Maria Colombo Timelli, «Véronique Sigu, Médiévisme et Lumières. Le Moyen Âge dans la Bibliothèque universelle des romans», Studi Francesi [En ligne], 175 (LIX I) 2015, mis en ligne le 01 avril 2015, consulté le 04 octobre 2016. URL : http://studifrancesi.revues.org/451 Ce document a été généré automatiquement le 4 octobre 2016. Rosenberg & Sellier

1 Véronique Sigu, Médiévisme et Lumières. Le Moyen Âge dans la Bibliothèque universelle des romans Maria Colombo Timelli RÉFÉRENCE VÉRONIQUE SIGU, Médiévisme et Lumières. Le Moyen Âge dans la Bibliothèque universelle des romans, Oxford, Voltaire Foundation, 2013, pp. 275. 1 La «redécouverte» de la littérature du Moyen Âge dans la seconde moitié du XVIII e siècle est un sujet qui attire l attention de la critique depuis quelques années; la rencontre fructueuse entre médiévistes et dix-huitiémistes sur ce terrain commun de recherche a en effet permis de réévaluer les protagonistes d une période fondamentale dans l histoire de la culture française, qui prélude au Romantisme (citons par exemple deux recueils récents: Accès aux textes médiévaux de la fin du Moyen Âge au XVIII e siècle, Paris, 2012; Mémoires Arthuriennes, Troyes, 2012). Après les monographies bien connues consacrées à Le Grand d Aussy et au comte de Tressan (Henri Jacoubet, Le comte de Tressan et les origines du genre troubadour, 1923; Idem, Comment le XVIII e siècle lisait les Romans de Chevalerie, 1932; Geoffrey Wilson, A Medievalist in the Eighteenth Century. Le grand d Aussy and the Fabliaux ou contes, 1975; la thèse d Élisabeth Jaugin sur les Mélanges tirés d une grande bibliothèque du Marquis de Paulmy, 1987, est malheureusement restée inédite), notre connaissance de la «BUR» peut aujourd hui s appuyer surtout sur le précieux répertoire d Angus Martin (La Bibliothèque universelle des romans 1775-1789. Présentation, table analytique et index, Oxford, 1985), alors que l étude de Roger Poirier (La Bibliothèque universelle des romans, Genève, 1976) fourmille d erreurs de tout genre. Cependant, ce n est que récemment qu on a

2 commencé à relire ces réécritures avec un intérêt et une attention qui ont permis de dépasser le regard quelque peu moqueur et condescendant adopté autrefois. 2 Le livre de Véronique SIGU, qui constitue la première véritable étude d ensemble en la matière, se situe dans une perspective éminemment historique: le «Moyen Âge» dont elle étudie la réception dans la Bibliothèque universelle des romans (célèbre collection fondée et dirigée par Paulmy entre 1775 et 1778, puis passée sous la direction de Tressan-Bastide jusqu à sa conclusion en 1789, pour un total de 112 volumes publiés) est le Moyen Âge de l histoire politique française, avec ses institutions fondamentales, monarchie et chevalerie au premier chef. C est ce qui explique le plan qu elle a adopté, et qui s organise en quatre parties. 3 La première, «Médiévisme entre philosophie et érudition», donne le cadre des recherches sur le Moyen Âge lancées au siècle des Lumières, entre travail érudit et désir de divulgation. V.S. trace d abord le portrait des «philosophes» et savants qui participèrent à cette entreprise (chapitre 1, Ambition philosophique, pp. 17-26) et rappelle ensuite la question fondamentale des sources primaires sur lesquelles les «miniatures» de la «BUR» étaient fondées manuscrits, mais surtouts imprimés anciens et critiques Lenglet Dufresnoy et Barbazan qui ont inspiré le plan de l ouvrage et le classement des œuvres répertoriées (chapitre 2, Travail érudit: le problème des sources, pp. 27-45); suit une synthèse intéressante des travaux menés au sein de la «Petite Académie», où Paulmy fut admis en 1756 (chapitre 3, Relations avec l Académie des inscriptions et belles-lettres, pp. 47-67), et des collaborations essentielles qui s instaurèrent alors entre le Marquis et le cercle des érudits intéressés au Moyen Âge, La Curne de Sainte-Palaye et Le Grand d Aussy surtout. Un dernier chapitre propose, sous forme d interrogation (Un Moyen Âge érudit?, pp. 69-80) la question fondamentale des tensions qui sous-tendent l entreprise éditoriale et commerciale que fut la «BUR»: «tension entre l ambition philosophique du projet et la tradition érudite sur laquelle les rédacteurs s appuient, tension entre la vulgarisation nécessaire afin de séduire un public mondain et féminin et le travail savant sur les sources» (p. 80); question fondamentale, comme l on sait, car la «BUR» connut deux périodes distinctes, la «période Paulmy», où l attention pour les textes «originaux» prime encore, et celle de Tressan-Bastide, où l érudition tend à disparaître au profit d une approche des œuvres beaucoup plus libre. 4 La deuxième partie met l accent sur le rapport entre «Roman et histoire»: un des buts de la «BUR», et la raison qui autorise la lecture des anciens romans à cette date, est de parvenir à une connaissance du Moyen Âge français à travers sa littérature. À une époque où le genre romanesque, malgré son succès, doit encore se défendre des accusations d immoralité portées contre lui, le roman médiéval se trouve entaché d une suspicion encore plus grave à cause du mélange qu il propose entre réalité et fiction voire merveille: c est alors une lecture particulière que Paulmy et ses collaborateurs se doivent de proposer, dirigée par la raison et la philosophie (chapitre 5, Statut du roman en 1775: triomphe et mauvaise conscience, pp. 87-95). C est en effet le substrat historique des romans médiévaux que la «BUR» se veut de mettre en relief, et par là leur utilité en vue de reconstruire le passé de la France (chapitre 6, Histoire du roman ou roman de l histoire?, pp. 97-117). Cette lecture guidée de l ancienne littérature narrative se réalise entre autres par les notes et introductions qui accompagnent les «extraits» de la «BUR»; cet apparat complémentaire fait partie de la stratégie éditoriale de la collection au même titre que la technique adoptée pour la réécriture et condensation des textes médiévaux, car les deux contribuent parallèlement à la défense, à la promotion et au renouveau d intérêt du

3 public pour une littérature dont les mérites sont toujours sujets à caution (chapitre 7, Nouvelle légitimité: sous étroite surveillance, pp. 119-128). 5 Les deux dernières parties sont centrées sur le protagoniste reconnu du roman médiéval, le chevalier, qui en vient à représenter sous la plume des rédacteurs un modèle moral pour la noblesse de la fin du XVIII e siècle et en même temps le héros à redécouvrir du passé national. 6 La troisième section («Un modèle pour l aristocratie: le chevalier médiéval») met en relief la double dimension de l ancienne chevalerie, guerrière et courtoise. Pour ce qui concerne la première, dans les extraits de la «BUR» les scènes de combat font l objet de coupes évidentes, et le chevalier se trouve modernisé, ainsi que la cour dans laquelle il évolue, la cour arthurienne en l occurrence (chapitre 8, Le modèle politique du chevalier, pp. 139-152). En même temps, la dimension religieuse de la chevalerie tend à disparaître, car il s agit pour les rédacteurs d évacuer toute superstition rattachée au merveilleux médiéval, au profit de la dimension courtoise sinon dans la seconde période surtout franchement galante et mondaine du héros (chapitre 9, Un chevalier moderne, pp. 153-177). D autre part, la récupération du chevalier se fonde aussi sur son idéalisation en tant qu ancêtre de l aristocrate moderne, auquel il fournit un modèle moral, tout comme la cour arthurienne revisitée s élève en modèle d une monarchie centralisée et hiérarchisée pour une cour contemporaine objet de critiques parfois acérées (chapitre 10, Modèle pour l aristocratie, pp. 179-189). 7 Dans la quatrième et dernière partie, comme l annonce le titre («Le chevalier médiéval: héros des origines nationales»), V.S. souligne surtout la réévaluation du chevalier qui incarne le «génie» français dès les origines de la monarchie. Les deux chapitres dans lesquels elle articule sa réflexion (chapitre 10, L histoire médiévale dans le contexte politique moderne, pp. 197-226; chapitre 11, Le chevalier: héros national et patriotique, pp. 227-244) tendent à montrer comment les auteurs de la «BUR», tant dans la première que dans la seconde période bien que selon des modalités et des techniques différentes, utilisent ce protagoniste de la littérature médiévale afin de suggérer des comparaisons avec la situation politique actuelle. Autre aspect essentiel, l utilisation de cette figure-clé dans le cadre des concepts qui sont en train de se créer, nation et patrie, et que les différents collaborateurs n hésitent pas à projeter sur le passé lointain représenté par les époques de Charlemagne ou du roi Arthur. 8 Le volume est complété par une «Bibliographie» qui sépare les «Sources primaires» ( Périodiques, Bibliothèques; Documents manuscrits; Livres imprimés; mais aussi Études sur la BUR et ses collaborateurs) et les «Sources secondaires» (pp. 251-271), et par un «Index» (pp. 273-275). 9 Bien structuré et tout aussi bien informé pour ce qui concerne l histoire du XVIII e siècle, le livre de V.S. est aussi agréable à lire: parmi ses mérites, il faut signaler la prise en compte de documents qui vont bien au-delà du corpus pourtant imposant de la «BUR», entre autres la presse des années 1770-1790, avec citation des comptes rendus parus dans «Le Mercure de France» et autres périodiques de l époque, ou des Mémoires sur des sujets proches présentés devant diverses Académies. D autre part on comprend bien que l A. ait décidé de choisir, parmi de si nombreuses «miniatures» de romans médiévaux, quelques cas paradigmatiques, et c est là que l on découvre quelques faiblesses dans l information. Je prendrai l exemple des deux extraits de Perceval le Gallois que la «BUR» publie respectivement en 1775 et en 1783: Mme Sigu n ayant pas pu voir les articles que Francis

4 Gingras et moi-même avons publiés entre 2009 et 2011 (F.G., Lumières sur le Moyen Âge: les Perceval de la BUR, in «Revue des Langues Romanes», CXV, 2011, pp. 49-72; M.C.T., De Chrétien de Troyes au comte de Tressan et retour: Perceval le Gallois au XVIII e siècle, in «La Parola del Testo», XIII, 2009, pp. 223-257, avec édition en regard des deux extraits; «Comment le XVIII e siècle (n )a (pas) lu le Conte du Graal», in Moyen Âge, Livres & Patrimoines. Liber Amicorum Danielle Quéruel, Reims, Éditions et Presses Universitaires de Reims, 2012, pp. 199-211), son analyse est tout à fait indépendante des nôtres et se déploie sur plusieurs pages à l intérieur de différents chapitres. Or, le rédacteur de l extrait de 1775 s appuie non pas sur le roman en vers de Chrétien de Troyes, mais bien sur la version en prose publiée à Paris en 1530 dont le marquis de Paulmy possédait au moins un exemplaire (Ars. 4-BL-4248), alors que Tressan, auteur du second extrait, ne fit que réécrire la miniature précédente en la colorant de ses traits; V.S. qui a pourtant vu l imprimé du XVI e siècle dont elle transcrit quelques passages sans avoir recours à l édition Hilka de 1932 (voir par ex. p. 168) interprète sans doute mal ce qui se lit dans Martin, p. 85: «Le résumé [de 1775] est fait sur une version en prose du poème de Manessier»; voici du coup notre Manessier auteur comme l on sait de la Troisième continuation du Conte du Graal (XIII e siècle) devenir l auteur de la mise en prose de 1530: note 3 p. 70, p. 72 («Le Perceval de Chrétien de Troyes n est plus disponible au dixhuitième siècle que dans la version de Manessier, imprimée en 1530, contenant le Conte du graal et ses continuations», c est moi qui souligne), et encore p. 136, note 7 p. 137, p. 152, p. 168. Une information à peine plus approfondie le Dictionnaire des Lettres françaises, Le Moyen Âge, suffirait aurait certainement permis d éviter une telle bévue qui, sans porter atteinte à la valeur globale de l ouvrage, ne pourra que déconcerter tout lecteur médiéviste.