LES EDIFICES COVALENTS

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LES EDIFICES COVALENTS 1. Notion de liaison chimique Les édifices polyatomiques (s ou ions) résultent d interactions entre les électrons de valence des atomes qui se lient par liaisons chimiques. Il peut s agir de liaison ionique ou de liaison covalente. 1.1 La liaison ionique Lorsque la différence d'électronégativité est supérieure à 2, les forces en présence s'exerçant sur les électrons de l'élément le moins électronégatif sont suffisantes pour lui arracher définitivement un ou plusieurs électrons. Il ne s'agit donc plus d'une mise en commun, mais d'un don. Les charges seront donc complètes, l'élément le moins électronégatif perd un ou plusieurs électrons et devient donc un ion positif (cation) et l'élément le plus électronégatif reçoit un ou plusieurs électrons et devient donc un ion négatif (anion). Il se forme un composé ionique : A + - B 1.2 La liaison covalente La liaison covalente correspond à la mise en commun de deux électrons de valence. Elle est notée : A B 1.3 Théorie des orbitales moléculaires On considère la précédente notée A B. L interaction de deux orbitales atomiques de chaque atome entraine la formation d une orbitale moléculaire. Si l interaction entre deux les deux orbitales atomiques sont portées par l axe de la alors l interaction est dite axiale. Les orbitales moléculaires formées vont être des orbitales moléculaires σ. Si l interaction entre deux les deux orbitales atomiques sont non portées par l axe de la alors l interaction est dite latérale. Les orbitales moléculaires formées vont être des orbitales moléculaires π.

2. Formation de la liaison covalente : théorie de Lewis 2.1 Formation de la liaison covalente Cette liaison peut se former de deux façons différentes. 1 er cas : Les atomes qui se lient fournissent chacun un électron de valence (électron célibataire de la couche externe). Ils mettent en commun chacun un électron. A + B A B noté A B 2 ème cas : L un des atomes fournit un doublet tandis que l autre l accepte dans une case vide de sa couche externe. Dans ce cas, la liaison covalente est dite de coordination. A + B A B noté A B Remarque : Un électron célibataire est représenté par un point ( ) et un doublet est représenté par un tiret (-). 2.2 Schémas de Lewis Pour représenter les schémas de Lewis, il faut considérer les seuls électrons de valence qui entrent en jeu. Atome Hydrogène Helium Carbone Azote Oxygène Fluor Aluminium Soufre Chlore Nombre d électrons de valence Schéma de Lewis 1 2 4 5 6 7 3 6 7 1s 1 1s 2 2s 2 2p 2 2s 2 2p 3 2s 2 2p 4 2s 2 2p 5 3s 2 3p 1 3s 2 3p 4 3s 2 3p 5 2.3 Règle de stabilité A partir des schémas de Lewis des atomes usuels, on peut former les s en respectant soit la règle du duet (saturation à deux électrons) pour l hydrogène soit la règle de l octet (saturation à huit électrons) pour les atomes de la deuxième ligne. On peut donc prévoir les divers assemblages entre atomes : Type de liaison Molécule Assemblage Notation de Lewis H 2 F 2 HF H 2 O multiple O 2

2.4 D autres structures de Lewis a) Cas de l atome de carbone La structure électronique de l état fondamental de l atome de carbone (1s 2 2s 2 2p 2 ) ne permet pas de comprendre sa valence qui est de 4 (création de 4 liaisons). La représentation de Lewis dans ce cas est la suivante : On envisagerait alors une valence 2 (création de deux liaisons) et la règle de l octet ne serait pas vérifiée (l atome de carbone serait entouré de 6 électrons). Pour expliquer la valence 4 de l atome de carbone, on considère une autre structure électronique pour l atome de carbone. Un électron de la sous-couche 2s passe sur la sous-couche 2p : 1s 2 2s 1 2p 3. La représentation de Lewis est alors : Cette structure permet d expliquer la formation du méthane CH 4 où la règle de l octet est respectée : b) Limite de la règle de l octet Dans le cas de l atome Bore, sa structure électronique (1s 2 2s 2 2p 1 ) ne permet d expliquer sa valence de 3. Il faut donc considérer une autre structure électronique où un électron de la sous-couche 2s passe vers la sous-couche 2p (1s 2 2s 1 2p 2 ). La représentation de Lewis est la suivante : Pour l hydrure de bore BH 3, on a la représentation de Lewis suivante : Dans ce cas, la règle de l octet n est pas respectée puisque l atome de bore n est entouré que de 6 électrons. c) Cas d un électron célibataire : radical La de monoxyde d azote NO est construite à partir de Cela conduit à la formule de Lewis ci-dessous : L atome d oxygène est bien entouré de 8 électrons (règle de l octet vérifiée) mais l atome d azote n est entouré que de 7 électrons (la règle de l octet n est pas vérifiée). Il y a donc existence d un électron célibataire, cette est appelée radical. et d) Lacune électronique : Acide de Lewis Lorsqu il manque un doublet d électrons à un atome pour vérifier la règle de l octet, on dit qu il possède une lacune électronique. Elle est notée C est le cas du chlorure d aluminium AlCl 3 dont la formule de Lewis avec une lacune électronique est donnée ci-dessous : de Lewis. Une telle capable de capter un doublet d électrons est dit acide

e) Cas des ions Cas des ions s : Pour obtenir l ion fluorure F -, on ajoute un électron à la structure électronique de l atome de fluor. La représentation de Lewis pour l ion fluorure est Dans ce cas, la règle de l octet est vérifiée. Cas des ions complexes : - L ion hydroxyde HO - est construit à partir de et de soit - L ion nitronium NO 2 + est construit à partir de et de 2 soit f) Séparation de charges dans une : charges formelles Pour respecter la règle de l octet, il faut parfois écrire des structures avec séparation de charges alors que la charge globale de la est nulle. C est le cas de l acide nitrique HNO 3. Cette est construite à partir de :,,, et. On obtient la représentation de Lewis suivante pour la d acide nitrique : Dans cet exemple, la règle de l octet est vérifiée pour l atome d azote N et les atomes d oxygène O. 3. Géométrie des édifices (Méthode VSEPR) 3.1 Principe et intérêt de la méthode Avec la méthode VSEPR (Valence Shell Electron Paire Repulsion), les s sont symbolisées par le formalisme AX n E p où A est l atome central, X n est le nombre n de liaisons réalisées par A avec un atome X et E p est le nombre p de doublets non liants de l atome A. Exemple : La d eau : L atome central A est l atome d oxygène O. Cet atome central réalise 2 liaisons donc n = 2 et possède deux doublets non liants donc p = 2. La d eau sera de type AX 2 E 2. La géométrie d une autour d un atome donné sera celle pour laquelle les répulsions entre les doublets seront minimales. La méthode VSEPR permet de prévoir, à partir d un schéma de Lewis, la géométrie d une.

3.2 Molécules de type AX n Pour les s de type AX n où l atome central A engage n liaisons s équivalentes avec X, la répulsion minimale impose la géométrie suivante : Type de Nombre de liaisons Géométrie de la Forme de la Exemple AX 2 2 Linéaire BeH 2 AX 3 3 Triangulaire (ou trigonale) AlH 3 AX 4 4 Tétraédrique CH 4 AX 5 5 Bipyramide trigonale PCl 5 AX 6 6 Octaédrique SF 6 Remarque : Le cas des liaisons sont non équivalentes se déduit de ce qui précède. Par exemple l éthane CH 3 -CH 3 de type AX 3 X (3 liaisons avec un atome d hydrogène H et une liaison avec un groupement CH 3 ) est analogue à AX 4. L éthane a donc une structure tétraédrique. 3.3 Molécules avec doublets non liants de type AX n E p Dans le cas de la de type AX n E p, A est entouré par n + p doublets non équivalents. La géométrie globale est celle de AX n+p. Exemple : Si une est de type AX 2 E 2, sa géométrie sera équivalente à une de type AX 4 mais les angles idéaux seront modifiés. Dans cet exemple, ils seront différents de 109. En effet un doublet non liant est plus volumineux qu un doublet liant et modifie donc la valeur idéale des angles.

Type de n + p Géométrie de la Forme de la Exemple AX 2 E 3 Plane coudée SiH 2 AX 3 E 4 Pyramide à base triangulaire NH 3 AX 2 E 2 4 Plane coudée H 2 O AX 4 E 5 Bipyramide à base triangulaire déformée SiF 4 AX 3 E 2 5 Plane (en forme de T) ClF 3 AX 2 E 3 5 linéaire XeF 2 AX 5 E 6 Pyramide à base carrée XeF 5 + AX 4 E 2 6 Plan carré XeF 4 4. Caractéristiques de la liaison covalente 4.1 Energie de liaison L énergie d une liaison A-B est l énergie qu il faut fournir à la AB gazeuse pour la dissocier en atomes gazeux. Elle est notée D A-B et s exprime en J.mol -1. elle est aussi appelée énergie de dissociation. Exemple : D O-H = 459 kj.mol -1 A-B (g) A (g) + B (g) D A-B > 0

Cette énergie de liaison D augmente avec la multiplicité des liaisons et avec la différence d électronégativité. 4.2 Liaison covalente polarisée La liaison covalente est polarisée lorsque la différence d électronégativité n est pas nulle entre deux atomes. Cela veut dire que les électrons ne sont pas répartis également entre les deux atomes. C est le cas de la de chlorure d hydrogène HCl où il existe une différence d électronégativité entre les atomes de chlore Cl et d hydrogène H. On représente cette liaison covalente polarisée en plaçant des charges partielles δ + et δ - sur chacun des atomes. L atome le plus électronégatif possède la charge partielle δ -. µ r Cl H δ - δ + Cette possède un moment dipolaire r µ dirigé de δ - vers δ + 4.3 Molécules polaires et apolaires Le moment dipolaire d une est égal à la somme vectorielle des moments dipolaires de chaque liaison. Si cette somme vectorielle est non nulle, la est polaire sinon elle est apolaire. Exemples : - d eau H 2 O : type AX 2 E 2 ( coudée) 2δ - δ + δ + µ r résultant Le moment dipolaire résultant est non nul donc la d eau est polaire. - de dioxyde de carbone CO 2 : type AX 2 ( linéaire) δ - 2δ + δ - Le moment dipolaire résultant est nulle donc la de dioxyde de carbone est apolaire.