Le Sens de l'action Caritative
Couverture: Filippino Lippi, St. Paul visite St. Pierre en Prison
Le Sens de l'action Caritative
Le Sens de l'action Caritative par Luigi Giussani BUT 1. Avant tout, notre propre nature nous donne le besoin de nous intéresser aux autres. Lorsqu il y a quelque chose de beau à l intérieur de nous, cela provoque le désir de le communiquer aux autres. Lorsque nous voyons certains plus mal pris que nous, nous désirons les aider avec ce que nous avons. Ce besoin est tellement inhérent à notre structure, tellement naturel, qu il est en nous avant même que nous en soyons conscient. Nous l appelons la loi de l existence. Nous nous engageons dans le travail charitable pour satisfaire ce besoin. 2. Plus nous vivons cette exigence, ce devoir, plus nous devenons nous-mêmes: Le communiquer aux autres nous donne l expérience de nous compléter nous mêmes. Cela est tellement vrai que lorsque nous ne réussissons pas à donner, nous nous sentons comme des êtres incomplets. D être intéressés aux autres, de communiquer aux autres nous rendent capable d accomplir la suprême, de fait, la seule tache de la vie, qu est de se réaliser, de se compléter. Nous nous engageons dans le travail charitable pour apprendre à accomplir cette tâche. 3. Mais Christ nous permet de comprendre la raison profonde de tout ceci, en nous révélant la loi ultime de l être et de la vie: charité. C est a dire, la loi suprême de notre être, est de se partager dans le devenir d autrui, de se donner aux autres. Seulement Jésus Christ nous révèle ceci, parce qu il sait ce qui est toute chose, ce qui est Dieu, de qui nous naissons, ce qui est l Être. Je suis capable de comprendre le mot «charité» lorsque je me souviens que le fils de Dieu, en nous aimant, n a pas envoyé ses richesses (comme il aurait pu le faire) et révolutionner notre situation, mais est devenue pauvre comme un des nôtres. Il a partagé notre dépouillement. Nous faisons le travail charitable pour apprendre â vivre comme le Christ. CONSEQUENCES 1. Charité est loi d être et précède nos penchants naturels, ce que nous n aimons pas, et nos sentiments. Donc, faire pour les autres peut être dépourvu de tout enthousiasme. Il peut facilement n y avoir aucun résultat dit «concret». Pour
nous, la seule attitude concrète est l attention que nous portons à la personne, de prendre cette personne en considération: Cela est amour. Tout le reste peut arriver comme conséquence, tout comme Jésus qui, seulement après avoir manifesté son Amour, a accompli des miracles et a nourri les affamés. Nous devons souligner deux points initiaux qui ne sont pas clairs au sujet de notre ouverture aux autres: a. Rejoindre les besoins d autrui: Ceci est un point de départ incomplet. Qu est-il vraiment ce besoin de l autre? Cette façon de voir les choses est ambiguë, parce qu elle dépend de ce que nous croyons être les besoins d autrui. Mais qu arrive-t-il se ce que j apporte n est pas vraiment ce dont les autres ont besoin? Ce dont l autre a vraiment besoin, je ne le sais pas, je ne le mesure pas, je ne l ai pas. C est une mesure qui demeure en Dieu. Donc, les «lois» et les «systèmes» de justice peuvent être oppressants, s ils oublient ou prétendent de substituer la seule réalité concrète qui existe: la Personne et l amour pour cette personne. b. Amitié Utiliser l amitié comme point de départ et comme but final de notre action, avec toute l ultime ambiguïté que cela sous-tend, est aussi incomplet. L amitié est une correspondance, que l on peut ou non trouver, un événement qui n est pas essentiel à l action d aujourd hui même si elle est essentielle à notre ultime destinée. 2. D aller, vers les autres librement, de partager un peu leur vie et leur donner un peu de la nôtre, nous permettent de découvrir une chose sublime et mystérieuse (on le comprend en le faisant). C est la découverte du fait que précisément parce que nous les aimons, ce n est pas nous qui les rendons heureux; pas même la plus parfaite des sociétés, l organisation la plus solide légalement, les plus grande richesses, la santé la plus certaine, la plus pure des beautés, la civilisation la mieux éduquée ne seraient capables de les rendre heureux. C est un Autre qui peut les rendre heureux. Qui a tout crée? Dieu. Alors Jésus n est pas seulement celui qui m annonce la parole la plus vraie, qui explique la loi de ma réalité, il n est plus seulement la lumière de mon esprit; je découvre que Christ est le sens de ma vie. Le témoignage de ceux qui ont expérimenté cette valeur est très beau, «J ai
continué à faire le travail charitable parce que toutes mes souffrances et toutes les leurs ont un sens.» Lorsque l on espère en Christ, tout a un sens : Christ. Finalement, je découvre ceci, en cet endroit où j accomplis le travail charitable, précisément, à travers l ultime impuissance de mon amour: c est l expérience ou l intelligence qui découvre la sagesse, la culture vraie. 3. Mais le Christ est présent maintenant. Ce n est pas «Qu il était», non plus, «Qu il naquit», mais plutôt, «Il est», et «il est né» aujourd hui; c est l Église. L Église est Christ, présent maintenant, comme il l a voulu. Et l Église est la communauté que nous constituons, nous précisément, pauvres et attachés à Lui. Donc l espérance nous soutient ; Dieu lui-même est parmi nous, est présent parmi nous, est vrai. C est précisément le sens d être ensemble, de la communauté ecclésiale, qui nous pousse de l avant dans notre travail auprès des handicapés, dans les hospices, et avec quiconque est dans le besoin. Et dans le futur, nous ferons la même chose au travail, dans la ville, en Europe, et dans le monde qui est si grand et qui L attend. DIRECTIVES Garder le mouvement comme son point de référence. Autrement, il y a un plus grand danger de perdre la quête de l idée profonde qui nous soutient dans notre travail altruiste, et ainsi tomer dans le découragement, la fatigue ou l infidélité. Fidélité en s engageant selon les indications du mouvement et envers ses responsables est le premier mérite et donnera des ses fruits. Il y a trois directives concernant Communion et Libération: 1. Savoir pourquoi Jusqu à ce que nous sachions bien, avec clarté et simplicité, le pourquoi ultime, le but de notre travail, jusqu à ce moment, nous ne devons jamais être satisfait. Notre but est de retirer de ce que l on fait, le sens et l idée, à travers lesquels intrinsèquement, nous réussirons à être fidèle lorsque nous ne sommes plus enthousiastes et n éprouvons plus de satisfaction. Il sera alors nécessaire d avoir un dialogue ouvert à nos assemblées, dans notre groupe, avec les responsables de notre communauté, avec les personnes qui sont plus matures et plus vivantes. Surtout, il est nécessaire de vérifier notre
cheminement avec les responsables de la communauté. 2. Faire en cherchant à comprendre Pour comprendre, ce n est pas suffisant de savoir, il est nécessaire de faire, avec le courage de la liberté qui est l adhésion à cet être qui se voit, c est à dire, à la vérité. Si la loi de l existence est de partager de nous-mêmes, alors nous devons tout partager, chaque instant. Ceci est la maturité suprême, qui s appèle humanité ou sainteté. Il est beaucoup plus difficile de s éduquer à cet idéal si la cause de notre action est un sentiment de contrainte de circonstance extérieure («devoir» dans le sens commun du terme). C est le peu de temps libre que j ai qui m éduque ; ce qui donne la mesure exacte de ma disponibilité aux autres est l utilisation de mon propre temps libre, avec lequel je peux faire ce que bon me semble. De cette façon, nous formons une mentalité, une façon quasi instinctive de concevoir toute la vie comme partage. Ce peu de temps libre libère tout le reste. Et, petit a petit, à faire le travail charitable, on commence a mieux comprendre son collègue à la banque, son père et sa mère ou son confrère. Cette mentalité peut être plus facilement assimilée pendant notre jeunesse et c est seulement en commençant à faire, en donnant de son temps libre comme geste purement libre, que la charité chrétienne deviendra ne mentalité, une conviction, une dimension permanente. On doit souligner que la multiplicité des activités et la quantité du temps que l on dédié ne nous intéressent pas. Il est important que dans notre vie et notre conscience, le principe du partage soit affirmé au moins à travers certains gestes, même minimes, pourvu qu il soit systématique et amène à la réalisation. Pour cela, une fois par mois même suffirait, comme point de départ. Au sujet de la fréquence de ce travail, on doit consulter la communauté. 3. Ordre C est notre temps libre que nous devons utiliser. Il y a 2 limites qui maintiennent l ordre de ce temps libre: (a) Ne négligez pas vos études (ou votre travail) (b) Ne négligez pas votre famille Ici aussi un dialogue personnel avec l autorité de la famille et l autorité dans le mouvement aideront toujours à trouver le critère pour définir son temps libre.