Mustapha Jmahri À l ombre d El Jadida Souvenirs et témoignage Préface de Christian Feucher Graveurs de Mémoire Série : Récits de vie / Maghreb
À l ombre d El Jadida
Graveurs de Mémoire Cette collection, consacrée essentiellement aux récits de vie et textes autobiographiques, s ouvre également aux études historiques * La liste des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.harmattan.fr
Mustapha Jmahri À l ombre d El Jadida Souvenirs et témoignage Préface de Christian Feucher
Du même auteur dans Les Cahiers d El Jadida (Maroc) Bibliographie sur l histoire d El Jadida (1993) Les consulats étrangers à El Jadida (1994) La Cité de Mazagan (1998) Guide : Tout savoir sur El Jadida et sa Région (2001) La communauté juive de la ville d El Jadida (2005) Paroles de Mazaganais (2007) Le port d El Jadida : Une histoire méconnue (2008) Souvenirs marocains, El Jadida au temps du Protectorat (2009) Chroniques secrètes sur Mazagan 1850-1950 (2010) Les cahiers d El Jadida, l Histoire en partage (2010) El Jadida, Deux siècles d histoire consulaire (2011) Une vie de colon à Mazagan (2012) L'HARMATTAN, 2012 5-7, rue de l'école-polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-00486-0 EAN : 9782336004860
À Fatima Belgharbi, ma mère, Kabira, ma femme, Nadia, Houda, Soukaina, mes filles, Maysame, ma petite-fille, Zina, Khadija, mes sœurs. À ces femmes de ma vie, je dédie ces fragments de vie.
PRÉFACE. un récit de vie, un hymne à la culture, une contribution à l histoire d El Jadida-Mazagan. Par : Christian Feucher Après quelques hésitations, Mustapha Jmahri, qui jusqu alors n avait évoqué dans ses écrits que la vie des autres on le sait ancien journaliste, on le connaît comme auteur d ouvrages historiques, s est décidé à raconter la sienne. Ecrire ses mémoires, faire le récit rétrospectif de son existence, c est évoquer sa propre aventure dans ce monde, relater ses rencontres et témoigner de son expérience. À l ombre d El Jadida présente les dimensions du témoignage et du souvenir mais, au-delà de la relation d évènements personnels, l ouvrage se veut hymne à la culture. Tous les chapitres du livre qui sont autant de fragments de vie car l ouvrage ne prétend pas à l exhaustivité ont un dénominateur commun : l exaltation de la culture, ce bien inestimable, qui est source de partage et expression d une exigence de relations sociales privilégiées, qui est aussi facteur de cohérence et d unité de vie. 9
Pour Mustapha Jmahri, la lecture est une joie, l écriture une passion. Toutes deux participent du même désir : comprendre le monde qui nous entoure, comprendre les autres, mieux se connaître soi-même. «Je crois en la puissance des mots, écrit-il. J essaye avec les mots de tisser des ponts entre les continents personnels». Les mots sont essentiels, surtout lorsqu ils sont écrits. L écrit permet de conserver le savoir, de le diffuser, de le transmettre. L écrit est support de la mémoire. Pour Mustapha Jmahri, l écriture devrait avoir priorité sur l oralité. Au Maroc, «on lit peu mais on parle beaucoup» regrette-t-il. Ou encore : à El Jadida «la tradition de l oralité primait très amplement sur l écrit et l intérêt pour la culture générale». En réalité, son propos est moins une dénonciation de l oral que du parler, lorsque celui-ci ne véhicule aucune véritable idée et n est que l occasion d échanges superficiels. Qu on ne se méprenne pas : À l ombre d El Jadida, souvenirs et témoignage n est pas un essai mais une autobiographie. On ajoutera : c est moins un récit de soi qu un récit de vie. L auteur nourrit sa relation de détails abondants, d anecdotes diverses, de propos et de conversations de style direct, mais son ouvrage se veut au service de ses valeurs. Et s il souhaite rester fidèle à l ordre chronologique, l auteur se laisse parfois entraîner par le jeu capricieux de la mémoire et des associations d idées. L auteur utilise le clavier de la langue française. Il s en explique : au-delà du public marocain, il veut atteindre les lecteurs français ou, plus encore, francophones. Ses écrits 10
ponts de dialogue et de partage culturel, humain et civilisateur avec les peuples du monde al- Alam C est là que j ai attrapé le
virus de la culture», écrit-il. Il appréciait particulièrement le lycée Imam Malik de Casablanca, «un univers clos de culture et de curiosité». Aussi, lorsque des trublions, relayant les mouvements politiques qui agitaient la ville, venaient prôner la grève des cours, il s insurgeait. Il lui paraissait anormal, affirme-t-il, d introduire au lycée des débats qui lui étaient étrangers. Surtout il jugeait inconcevable de devoir faire la grève du savoir. Si tous les premiers chapitres de l ouvrage évoquent avec une certaine jubilation les aventures et les amis de l enfance et de l adolescence de l auteur et insistent sur le plaisir que lui procuraient ses études au lycée là où l autorité du professeur se confondait avec l autorité du savoir, certains derniers fragments de À l ombre d El Jadida, souvenirs et témoignage qui abordent la vie professionnelle, se révèlent, sinon amers, du moins critiques :dans le monde des adultes, dans l administration surtout, la compétence et le savoir ne sont pas toujours critères de promotion. Dans le média casablancais qui l a engagé puis dans l Office régional où il a postulé, l auteur s est souvent senti en butte à la mesquinerie des anciens et des chefs. La lourdeur administrative l insupportait. Il consacre plusieurs pages à rendre l atmosphère de ces milieux de vie où, à ses yeux, il ne faisait pas bon évoluer. Au-delà des anecdotes qu il rapporte, son propos est alors de dénoncer l indifférence à la culture de trop de responsables aussi bien dans la société en général que dans les entreprises et les administrations, et aussi de plaider en faveur des métiers qui sous une forme ou une autre, notamment celle de la communication, peuvent être vecteurs de savoir. 12
«Pour marquer ma distance avec la mesquinerie bureaucratique, il n y avait qu un moyen : étendre ma culture par l étude. J ai donc pris la décision de reprendre mes études supérieures», écrit-il. Après avoir complété son apprentissage, Mustapha Jmahri se sentira à même de se lancer dans l écriture et la recherche historique. On connaît sa passion pour l histoire d El Jadida-Mazagan. La douzaine d ouvrages qu il lui a consacrée, publiés dans la collection qu il a intitulée Les cahiers d El Jadida, forment aujourd hui une véritable encyclopédie historique de la ville. Dans À l ombre d El Jadida, souvenirs et témoignage, il retrace la genèse de cette publication, effectuée sans soutien public, malgré son inestimable intérêt pour la mémoire de la ville et de ses habitants. D une certaine manière, sous la forme d un témoignage personnel, ce nouveau livre contribue lui aussi à l histoire d El Jadida. Christian Feucher 1 Historien 1 Christian FEUCHER, natif de Mazagan, docteur en droit, est l auteur de Mazagan 1514-1956, et Ali Bey, voyageur espagnol en terre d Islam publiés par L Harmattan. 13
Ce sont souvent des amours secrètes, celles qu on partage avec une ville. Albert Camus, Noces, 1938
Le port d El Jadida, une histoire méconnue
Deux amies qui vous veulent du bien Le Monde à côté