Contribution du Secrétariat de l ONUSIDA au rapport des NU pour l UPR Tunisie

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Transcription:

Contribution du Secrétariat de l ONUSIDA au rapport des NU pour l UPR 2012- Tunisie Extraits intégraux du rapport national de la Tunisie à l ONUSIDA : Revue 2010 de l accès universel à la, au traitement, aux soins et au soutien liés au VIH (rapport publié en mars 2011). P 17-18 3.2.4. Droits humains et accès universel : lutte contre la stigmatisation et la discrimination La dualité du cadre juridique tunisien reste un obstacle majeur dans le développement de l accès universel en Tunisie, notamment pour les populations les plus exposées au risque de transmission du sida. Le cadre juridique tunisien respecte les droits des PVVIH de manière non spécifique par la garantie des droits humains fondamentaux pour tous les citoyens, et de l autre, à assurer la protection de l ordre public sanitaire, par des mesures contraignantes et répressives, en particulier à l égard des populations clés et vulnérables. Acquis et progrès réalisés L engagement de la Tunisie dans la mise en application des programmes de l OMS a largement influencé l évolution de ce cadre juridique. La loi nº 92-71 du 27 juillet 1992, relative aux maladies transmissibles et telle que modifiée par la loi nº 2007-12 du 12 février 2007 est une traduction nationale des recommandations et directives internationales en matière de réponse au sida,. Cette loi garantit un certain nombre de droits fondamentaux qui doivent être complétés pour la réalisation de l accès universel : - Elle affirme le principe de non-discrimination qui correspond à une directive de base de l ONUSIDA pour le respect des principes d égalité et des procédures équitables. Elle garantit l égalité des personnes face à la loi et ne distingue pas les personnes vivant avec le VIH des autres personnes atteintes de maladies transmissibles. Elle garantit par ailleurs, l absence de discrimination selon le genre. - Elle garantit le droit à l intégrité physique et à la dignité par la mise à disposition du traitement et la non-discrimination dans les soins, le droit à la santé en instaurant le droit au traitement et sa gratuité. Par ailleurs, la loi tunisienne garantit le droit à l information et à la connaissance de son statut sérologique. - Elle cherche à protéger la vie privée par des dispositions qui renforcent la protection des données à caractère personnel (dans le cadre de la loi nº 2004-63 du 27 juillet 2004). Ainsi, après la modification de loi nº 92-71 du 27 juillet 1992, relative aux maladies transmissibles, par la loi nº 2007-12 du 12 février 2007, il y a eu un développement substantiel du dépistage anonyme, par la création et l institution de 19 Centres de conseil et de dépistage anonyme et gratuit, permettant un dépistage non nominatif. A côté des acquis dans le domaine juridique, plusieurs campagnes de sensibilisation et de plaidoyer ont été menées pour lutter contre la stigmatisation et pour réduire la fréquence des fausses idées sur les modes de transmission. Ces campagnes ont impliqué principalement les médias et les «leaders» religieux. D autre part, Un autre acquis de grande importance est la représentation des personnes vivant avec le VIH dans le CCM et dans certaines ONG, aurait aidé à cette contre la stigmatisation et la discrimination.

Carences Les évolutions juridiques restent limitées par certaines imprécisions, contraintes et répressions à l égard des populations clés : - Si la loi nº 92-71 du 27 juillet 1992 affirme le principe de non-discrimination, elle ne précise pas les mécanismes de mise en application de ce principe (sauf, et d une manière incomplète, en matière de gratuité des soins pour les personnes prises en charge dans les établissements de santé publique) et elle ne fait pas mention des recours juridiques en ce qui concerne le VIH ou les IST. - La déclaration obligatoire des maladies transmissibles permet de mieux connaître l épidémie, mais demeure un frein au dépistage volontaire et au traitement. En effet, en dehors des 19 CCDAG qui ont été mis en place et qui permettent de contourner ces limites, l accès universel est limité par le principe de l exception légale au secret médical prévue par la loi nº 92-71 (article 7) et par l implication juridique des médecins qui doivent signaler les cas d infection au VIH et autres IST. - Enfin, la pénalisation des populations clés et vulnérables par un régime juridique qui réprime à la fois les travailleurs du sexe masculins, les travailleuses du sexe clandestines, les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes et sanctionne lourdement l usage de drogues injectables, constitue un obstacle majeur à l accès de ces populations aux différents services médicaux et sociaux, et à l organisation de campagnes de sensibilisation et de à large échelle en matière de VIH qui soient spécifiques et ciblées. - Le tabou et la condamnation sociale des rapports sexuels hors cadre du mariage constituent un obstacle supplémentaire.

P 41-46 RÉSUMÉ DES ACQUIS ET DES OBSTACLES À L ACCÈS UNIVERSEL EN TUNISIE Domaine d intervention composante Progrès enregistrés Carences Obstacles Opportunités Domaine politique - La Tunisie est signataire de la Déclaration - L objectif, figurant dans le plan -La conjoncture et structurel d engagement sur le VIH/sida des stratégique national, relatif au politique était Nations Unies en 2001, approuvée lors renforcement du comité défavorable de la session extraordinaire de national de lutte contre le l Assemblée générale des Nations Sida, comme seul Unies. - Engagement de l Etat dans un processus de planification stratégique, au cours des années 2004 et 2005 et adhésion aux trois principes de l ONUSIDA - Disponibilité et gratuité du traitement par les ARV pour les personnes éligibles à ce traitement - Création d un partenariat avec la société civile - Mise en place d un système de suivi évaluation coordinateur des activités de tous les partenaires, n a pas été concrétisé. La dernière réunion du comité national de lutte contre le Sida, remonte à l année 2002. - Faible contribution financière du gouvernement -Les textes législatifs relatif aux comportements à risque vis-àvis de la transmission du VIH (travail du sexe, usages de - Manque d adhésion des secteurs de drogues, rapports sexuels entre l intérieur et de la juste au processus de la riposte nationale. -Actualisation des textes de loi pour l anonymisation du dépistage du VIH en 2008. hommes), demeurent orientés vers la répression et non vers la. - Le système de suivi évaluation n est pas totalement - opérationnel - Domaine technique et programmatique Mesures auprès de des 6 631 professionnelles du sexe touchées par les activités de (soit 114 % par rapport à l objectif initial) -Faible utilisation du préservatif -Manque de continuité des activités de -Conditions économiques précaires - nouvelle conjoncture politique favorable promettant de garantir la démocratie, le pluralisme et les droits humains, et renforçant le rôle de la société civile. - Amélioration des capacités des ONG - Existence de

professionnelle s du sexe clandestines (PS) Mesures de auprès des hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH) Mesures de auprès des usagers de drogues injectables (UDI) - 2 238 hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes touchés par les activités de. Engagement des dans les ONG thématiques - Meilleure connaissance de la population des hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (cartographie des populations) - Plaidoyer auprès des partenaires nationaux - Distribution de matériels d injection stériles par les ONG - Enquêtes séro-comportementales auprès des UDI et estimation méthodique de la taille de cette population prévue en 2011 - Mise en place d une stratégie nationale de Réduction des Risques liés aux drogues injectables pour 2011-2015 -Insuffisances au niveau de l estimation de la taille de cette population selon une méthodologie plus approfondie. -Inadaptation des services de santé aux besoins des PS -Insuffisances des textes juridiques, orientés davantage vers la répression -Insuffisances des textes juridiques, orientés davantage vers la répression - Faible usage du préservatif et manque d accès aux lubrifiants à base d eau. - faible fréquentation des CCDAG - ignorance des modes de transmission par les UDI. 49 % de partage des seringues. - Manque de couverture des PAS - Faiblesse de la lutte contre la dépendance aux drogues - Absence de protocoles éclairés de prise en charge des UDI - Absence de formation standardisée des intervenants auprès des UDI - Absence d évaluation des -Augmentation du chômage parmi les jeunes -Criminalisation du travail du sexe -Stigmatisation et discrimination -Violence et maltraitances à l égard des professionnelles du sexe - Stigmatisation - Cadre légal répressif - Loi répressive - Absence de couverture sociale - stigmatisation - Inadaptation des services de santé aux UDI -Manque de formation des UDI et du système de santé pour l injection à moindre risque - Pas de programme national pour la désintoxication aux 19 CCDAG fonctionnels permettant de prodiguer des activités de conseil et de. - Présence d ONG ciblant cette population - Couverture des CCDAG - Existence d ONG spécialisées - Existence des CCDAG.

Mesures auprès détenus de des - Séparation des détenus - Contrôle périodique et systématique des lieux de détention Examen médical à l arrivée programmes de prise en charge des UDI - Pas de test VIH - Pas d accès aux préservatifs et aux informations de - Budgets pour la limités drogues Pas de reconnaissance des nouveaux modes de Ouverture du ministère de la Justice à l initiative des partenaires publics et des ONG pour la sensibilisation des détenus et du personnel P52 RECOMMANDATIONS 1. Au niveau structurel et politique : - améliorer la gouvernance de la riposte nationale à travers une redynamisation du comité national de lutte contre le Sida. - Promouvoir le processus de décentralisation de la riposte - mettre en cohérence l arsenal juridique et les différentes politiques publiques, - mettre en place des mécanismes permettant un continuum des services - mettre en place un système de qualité (accréditation et contrôle) des interventions des OG et des ONG. 2.3-Réviser le cadre juridique répressif à l égard des populations clés. - Détailler les droits des personnes atteintes de maladies transmissibles et inclure les droits spécifiques des personnes vivant avec le VIH. - Conférer une orientation préventive et non répressive à la loi concernant les populations à comportement à haut risque et renforcer le rôle des ONG dans ce domaine.