Claire Izarn Stage ouvrier en Bolivie Rapport de fin de séjour Claire Izarn, INSA de Lyon Page 1
Introduction Etant élève en première année à l INSA de Lyon (Institut National des Sciences Appliquées), j ai dû effectuer un stage ouvrier de quatre semaines durant les vacances d été. J appartiens à la filière AMERINSA, je devais donc faire mon stage en Amérique latine. J ai choisi la Bolivie car l année précédente, j avais voyagé au Pérou, un pays qui m avait beaucoup plu par sa culture et la personnalité de ses habitants, et je savais que la Bolivie était un pays similaire, car voisin et partageant les mêmes origines (incas, quechuas, aymaras ). Je vais donc expliquer ce qui m a marqué là-bas et les détails de ma vie quotidienne. Claire Izarn, INSA de Lyon Page 2
Sommaire Introduction...2 Vie pratique...4 Logement...4 Argent...4 Santé...5 Télécommunications...5 Stage...5 Vie quotidienne...6 Bilan et suggestions...8 Claire Izarn, INSA de Lyon Page 3
Vie pratique Logement Comme je l ai précisé précédemment, j étudie dans une filière spéciale dont la moitié des étudiants vient d Amérique latine. J avais donc un ami bolivien qui m a proposé dès le début de l année de loger chez lui, à Cochabamba pendant toute la durée du stage. J ai bien sûr accepté car cela m épargnait toutes les difficultés occasionnées par la recherche d un logement et diminuait mes frais, même s il était évident pour moi que j allais soutenir les dépenses quotidiennes de la famille. De plus, il me semblait bien plus enrichissant de partager la vie d une famille bolivienne que de rester seule avec le camarade qui faisait son stage avec moi dans un appartement et ne rencontrer personne, ne pas se rendre compte de ce qu était la vie dans ce pays, de ne pas avoir d explications de la part de personnes qui y vivent tous les jours. En revanche, d autres étudiants de ma filière, partis également en Bolivie, ont dû vivre en appartement à La Paz, et après en avoir un peu discuté avec eux nous nous sommes rendu compte que nous avions choisi la bonne alternative car ils n avaient pas pu rencontrer autant de personnes que nous. Argent La famille qui nous accueillait nous a recommandé de ne jamais se déplacer avec trop d argent sur nous (risque de perte ou de vol), mais c était assez difficile car la monnaie bolivienne (le boliviano) vaut environ dix fois moins que l euro et nous ne restions qu un mois, nous voulions donc profiter au maximum et bien sûr nous acheter des souvenirs. De plus, les dépenses quotidiennes que nous avions (principalement le transport pour aller au travail, nous prenions le taxi car beaucoup plus rapide et fiable et peu couteux pour des européens) étaient minimes, or lors de nos retraits d argent à l automate de la banque nous retirions en grande quantité (aux alentours de 1000 bolivianos) afin d éviter le plus possible de payer les commissions et nous ne recevions que des billets de cent bolivianos, difficile à écouler auprès des taxis ou des petits commerçants. Là-bas on paye très peu par carte bancaire, la plupart des paiements se font en liquide car les petits commerçants n ont pas de lecteur de carte et les marchés sont plus présents qu en France. Claire Izarn, INSA de Lyon Page 4
Santé Dans l entreprise où j ai effectué mon stage, les salariés bénéficiaient d une couverture sociale grâce à leur emploi, ainsi que d une retraite qu ils cotisaient sur chacun de leur salaire. En revanche, mon ami bolivien nous a expliqué qu il y avait en Bolivie beaucoup d ouvriers qui travaillaient à la journée : ils allaient à un point de rendez-vous et des bus passaient prendre le nombre d ouvriers dont l entreprise a besoin ce jour-là, ce ne sont pas forcément les mêmes d un jour sur l autre, et je ne pense pas que ce genre de travailleur puisse profiter d une sécurité sociale équivalente. Je crois aussi que les employés de l entreprise où j ai travaillé avaient de la chance, je doute que toutes les entreprises protègent leurs salariés de la même manière. Télécommunications Des camarades de deuxième année qui étaient partis en Bolivie l année précédente nous ont prêté des téléphones qu ils avaient achetés là-bas. Nous avons, avec l aide de notre famille d accueil, acheté une carte SIM avec du crédit (50 bolivianos, soit environ 5 euros). Nous n avons pas eu à recharger le crédit, il nous a suffit pour un mois, mais nous n avons communiqué qu avec des personnes vivant également en Bolivie, nous avons préféré utiliser internet (Skype et Facebook) pour contacter nos familles en France, je ne connais donc pas les tarifs pour appeler à l étranger mais il est possible de le faire depuis des cabines publiques ou des cybercafés pour des prix raisonnables. Stage Notre école s est chargée de trouver nos stages en Amérique latine, nous n avons donc pas rencontré de difficultés de ce côté-là. Pour ce qui est du rythme de travail, la semaine de travail en Bolivie est de 40h, soit 8h par jour, pauses comprises. Dans l entreprise où j ai travaillé les horaires étaient de 8h à 12h30, nous avions une pause de 40 minutes pour manger, nous devions amener un repas préparé au préalable, et nous reprenions donc à 13h10 pour finir à 16h40. Il n y avait pas de créneau réservé aux petites pauses mais elles étaient tolérées, notamment pour aller aux toilettes ou pour prendre une collation vers 10h ou 11h. Nous n avons pas été rémunérés et les salaires des employés (ouvriers et administrateurs) ne nous ont pas été communiqués. Nous savons en revanche qu ils étaient mieux payés que la plupart des salariés d un poste équivalent dans une autre entreprise. Le salaire minimum en Bolivie est de 1000 bolivianos. Claire Izarn, INSA de Lyon Page 5
En ce qui concerne les relations entre les travailleurs, nous avons pu observer qu elles étaient excellentes. En effet, que ce soit entre ouvriers, administratifs, ou même avec la direction, il régnait un climat de respect mutuel et de convivialité, ils plaisantaient régulièrement entre eux, et même avec nous. Nous n avons jamais assisté à une quelconque dispute, et s il y avait des différents, ils étaient toujours réglés avec le sourire. Ce n est pas étonnant car, que ce soit au Pérou, en Bolivie, et dans tous les autres pays d Amérique latine je suppose, les gens ont un tempérament rieur et jovial, tout du moins pour ceux que j ai pu rencontrer. La veille de notre départ, ils ont fêté l anniversaire de la comptable, l entreprise a offert un gâteau, c était un moment très agréable. Vie quotidienne J ai vécu à Cochabamba, qui n a pas un climat tropical. Bien que j y sois allée durant l hiver (notre été correspond à l hiver dans l hémisphère sud) il a fait très beau. Pendant tout le séjour il n a plu qu une seule fois, pendant une dizaine de minutes, et c était pendant les heures de travail, mon ami et moi n avons donc pas vu la pluie pendant un mois entier. Le soleil tapait fort mais l air restait frais car nous étions tout de même à plus de 2000 mètres d altitude. Il faisait donc assez froid le matin et le soir, mais lorsque nous restions au soleil c était très agréable car il nous chauffait mais il y avait toujours un souffle d air frais. Le rythme de vie là-bas n est pas du tout le même qu en France. Pour commencer, les gens sont beaucoup moins pressés, si bien qu il ne faut pas être étonné lorsqu on leur donne rendez-vous s ils arrivent une demi-heure voire parfois une heure plus tard que l heure prévue. De plus, ils ont l habitude de manger assez tard, sauf dans la famille où nous vivions, car la mère de notre ami bolivien préférait manger aussitôt rentrée du travail car elle se trouvait dans une période difficile avec un emploi du temps surchargé et voulait donc pouvoir travailler après le repas sans avoir à se coucher trop tard. Cela nous convenait très bien car nous pouvions aussi nous coucher tôt, nous étions épuisés en rentrant du travail, et nous devions nous lever tôt. Chose étonnante pour nous, mais très commode, les commerces restaient ouverts jusque très tard, 22h ou plus parfois. Mon ami et moi préférions aller au travail en taxi car cela prenait moins de temps et nous permettait de dormir plus le matin, mais il existe ce que les boliviens appellent les «microbus», qui sont des sortes de vans d une dizaine de places, très peu chers (nous avons payé moins de 5 bolivianos pour deux pour un trajet d au moins une demi-heure) mais aussi peu confortables et souvent bondés. Ils ont des numéros qui indiquent où ils vont et il faut les arrêter en leur faisant signe, il n y a pas d arrêts de bus, on monte et on descend où on le souhaite sur le trajet. Il existe aussi les taxis «trufi», moins chers que les taxis classiques et que l on peut faire s arrêter dans la rue (nous prenions des radio-taxis qu il faut appeler depuis une ligne fixe pour qu ils viennent nous chercher), mais notre famille ne voulait pas Claire Izarn, INSA de Lyon Page 6
que nous les utilisions car c était dangereux selon eux, des gens avaient été enlevés par de faux taxis «trufi». Nous avons eu la chance de séjourner à Cochabamba, qui est réputée pour être la ville de Bolivie où on mange vraiment bien. Les boliviens mangent beaucoup de viande car ils n ont pas la mer à proximité, mais ça ne m a pas empêché de manger de l excellent poisson dans des restaurants. Nous avons découvert de nombreux plats, comme les «empanadas», ou les «chicharones», et nous nous sommes vraiment régalés. Il faut néanmoins se méfier, car ils ont tendance à beaucoup épicer, il y a de nombreuses sauces au piment très fortes et il faut toujours en goûter une minuscule pointe avant de se servir. Il y a de nombreuses choses à faire, tout comme en France. Il y a des cinémas, il est possible de louer des salles de Wally (volley ball dans une pièce où l on peut se servir des murs pour jouer) ou de squash, il y a des visites intéressantes à faire, comme el Christo de Cochabamba, et de nombreuses discothèques. Il est aussi très intéressant de discuter avec les gens que l on rencontre. Et il faut bien entendu aller visiter le lac Titicaca et le Salar d Uyuni car ce sont des expériences inoubliables. Le fait de vivre dans une famille bolivienne nous a permis de rencontrer beaucoup de gens, notamment d autres membres de la famille, ou des amis à eux. Comme certains avaient notre âge, ils nous ont proposé de sortir avec eux le soir avec leurs amis, et ainsi nous avons pu rencontrer d autres personnes encore avec qui nous avons beaucoup discuté. Claire Izarn, INSA de Lyon Page 7
Bilan et suggestions J ai vraiment apprécié mon séjour en Bolivie, qui est selon moi un pays plein de richesses culturelle, linguistique et humaine. J y ai trouvé les gens formidables, chaleureux, plein d humour, d une générosité et d une hospitalité peu commune. Il n y a bien sûr pas que des bons côtés, car cela reste un des pays les plus pauvres d Amérique du sud et beaucoup de gens vivent dans la misère. Ce stage m a permis de comprendre la pénibilité du travail d un ouvrier. Le travail en luimême n est certes pas éreintant, je n ai fait que visser des pièces les unes aux autres, mais c est surtout le rythme de travail (8h par jour) et la répétition qui font qu un tel travail devient très vite usant. J ai tout de même eu la chance de travailler dans une entreprise où les autres employés étaient très agréables et où l ambiance de travail était joviale, mais cela n a pas pu m empêcher de me lasser assez vite de ce travail. Je n ose donc imaginer ce que peut être un tel emploi dans une mauvaise ambiance de travail. Cela m a donné la motivation de poursuivre mes études pour avoir la chance de faire un travail plus intéressant et plus stimulant intellectuellement. De plus, je pense que ce stage a rempli ses objectifs, à savoir, nous donner une idée de ce que peut être le travail d un ouvrier étant donné qu en tant qu ingénieur nous serons sûrement amenés à en diriger, il est donc important que nous puissions les comprendre. Bien sûr, notre école nous a beaucoup aidés, notamment pour la recherche du stage, dont nous n avons pas eu à nous occuper. En revanche nous devions nous débrouiller seuls pour trouver un logement, ce qui dans mon cas n a pas été un problème. Nous n avons pas eu beaucoup d informations, de conseils avant notre départ, mais puisque la moitié des étudiants de notre filière venaient de pays d Amérique du sud, ils ont su mieux que quiconque nous conseiller. De plus, je savais plus ou moins à quoi m attendre puisque j avais déjà voyagé au Pérou. La seule chose que je regrette dans mon voyage est de n avoir pas prévu plus de temps pour voyager et découvrir le pays. En effet je suis arrivée la veille du début de mon stage et je suis repartie le soir même du jour où je l ai terminé. J ai donc dû profiter à toute vitesse de mes week-end pour voyager ou visiter la ville, ce qui induit un rythme de vie assez soutenu et épuisant. Je pense qu il faut profiter de ce genre de voyage pour s ouvrir totalement à une autre culture, pour s en imbiber et apprendre le maximum des personnes que l on croise car c est réellement une expérience exceptionnelle. C est tout ce que je peux conseiller à ceux qui, comme moi, auront la chance de partir à l étranger. Claire Izarn, INSA de Lyon Page 8