La réserve naturelle nationale des vallées de la Grand-Pierre et de Vitain : présentation et objets remarquables Claude LE DOUSSAL Vice-président du CDPNE de Loir-et-Cher 1979-2009, trente ans, déjà!. Quel anniversaire. La réserve de trente ans est la plus belle pour parodier Balzac. C est aussi le 30e anniversaire de la directive «Oiseaux», premier texte législatif de l Union Européenne en faveur de la protection de la nature et fondateur du réseau Natura 2000. Ainsi, naît par le décret n 79 718 du 23 août 1979 la Réserve naturelle nationale des vallées de la Grand-Pierre et de Vitain ; le CDPNE, initiateur, en devient le gestionnaire naturel. Depuis, sa carte de visite s est enrichie : ZNIEFF, ZICO, centre du Site d importance communautaire «Vallée de la Cisse en amont de Saint-Lubin» (NATURA 2000 Directive «Habitats ). Le plus souvent appelée par son diminutif «Grand-Pierre et Vitain», elle habite, entre Beauce et Val de Loire, en Petite Beauce sur les communes de Marolles et Averdon. Son corps, de 297 hectares, composé de propriétés communales et privées, est charpenté par un plateau «sillonné» par la vallée de la Cisse et la célèbre vallée sèche de la Grand-Pierre. Ces deux vallées délimitent un plateau triangulaire, l éperon de la Grand-Mesle». L intérêt premier : une mosaïque de milieux et un îlot de biodiversité Contrastant avec l openfield céréalier environnant, la réserve est un refuge ; ses richesse floristique et faunistique s expliquent facilement. Si les pelouses calcicoles sur le plateau et sur les pentes constituent l intérêt majeur et sont pour une part importante à l origine du classement, la diversité des habitats, composant un paysage étonnant, est remarquable : milieux forestiers (plus des deux tiers de la surface : futaie, forêt de pente, bois, fruticées, îlots forestiers de vieillissement, vieux arbres isolés, arbres à cavités ), marais et prairies humides (souvent plantées de peupliers et aujourd hui dans un état critique), rivière Les habitats d intérêt européen (54 ha, près de 20% de la superficie) sont l objet d une attention toute particulière, notamment, la végétation pionnière des dalles calcaires, les pelouses calcicoles rases et denses et les fourrés à Genévrier. 19
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L habitat emblématique de la réserve : les pelouses sèches sur calcaire, d une biodiversité animale et végétale exceptionnelle Sur les pelouses calcicoles, les fourrés à Genévrier habitat d intérêt européen 21
Au-delà des composants environnementaux fondamentaux liés à la biodiversité, peuvent être également appréciées, sur le plateau, les étapes de l évolution de la végétation sur substrat calcaire : de la colonisation de la roche nue à la forêt. Conserver ce patrimoine naturel et gérer la biodiversité constituent les obligations du gestionnaire. Dans ce cadre, l entretien des pelouses calcicoles, parcours à moutons du Néolithique jusqu en 1950 environ, se fait par pâturage extensif avec des races rustiques. Les brebis de race «Solognote» appartiennent au CDPNE, les «Berrichons de l Indre» à Serge Lubineau, berger professionnel indépendant. La forme et le dessous L intérêt géologique réside dans la géomorphologie du paysage : deux vallées, héritage des glaciations au Quaternaire, l une «mouillée» et l autre sèche, et dans l histoire très ancienne de son plateau en Calcaire de Beauce, socle de la réserve et de la Petite et Grande Beauce (se reporter à «Vingt millions d années d histoire» et «Evolution possible pour la vallée de la Cisse depuis 20 000 ans»). 22
«La Grande Mesle», monument historique L intérêt archéologique réside dans la nécropole de «La Grande-Mesle» (ou «Grand-Mesle», parcelle classée au titre des Monuments Historiques par décret en novembre 1975). Les fouilles effectuées en 1985 ont conduit à dater certaines tombes de la Protohistoire (Age du Cuivre et Age du Bronze). L environnement néolithique de la réserve pose la question de l âge premier de la nécropole.(se reporter à «Le site archéologique de la Grand-Mesle. La Grand-Mesle et la réserve dans l environnement archéologique régional» L Art et la Nature Initiée par le CDPNE, la commande publique pour la réserve naturelle «Grand-Pierre et Vitain» a retenu l artiste contemporain Michel Blazy. Les composantes de son œuvre, créée en 2006-2007, installée sur le sentier de découverte de la réserve, constituent le parcours artistique. Cette approche «sensible», au lien tissé avec l existence de la nécropole, attire l attention sur le cycle naturel qui lie le vivant et le mort (l inerte), cycle de la matière pour les scientifiques. Ce qu écrit de très belle manière Michel Blazy dans le «Jardin des plantes mortes en pot» 23
La Maison de la Nature, maison de la réserve Incontournable. Point d accueil et porte d entrée de la réserve, elle est avec ces divers espaces : muséographie (introduction ou synthèse d une visite), ateliers, bibliothèque un lieu d information et un point d ancrage pour la sensibilisation du public et l éducation à l environnement. Ainsi, ces diverses composantes patrimoniales :habitats-flore-faune, géologique, archéologique, artistique, font de la réserve un espace où Nature et Culture s anastomosent. Tournons-nous à nouveau vers Michel Blazy : Le CDPNE de Loir-et-Cher, organisme gestionnaire de la réserve «Grand-Pierre et Vitain» adhère à l association «Réserves Naturelles de France», association loi 1901. RNF coordonne et anime le réseau des gestionnaires de réserves naturelles, favorise des échanges de connaissances scientifiques et d'expériences de gestion, défend les réserves naturelles, les fait connaître valorise leur image auprès du public. L'association développe également des relations avec d'autres espaces protégés, des scientifiques, administrations, élus, médias, en France et à l'étranger et Photos CDPNE et C. LE DOUSSAL 24