New Portraiture Exposition Personnelle de Rollin Leonard 28 Mai - 22 Juin Rainbow 14, 2015, sculpture photographique murale en résine, 25 x 36 cm
Xpo Gallery est heureuse de présenter New Portraiture, l exposition personnelle de Rollin Leonard et la première exposition transatlantique en collaboration avec la galerie TRANS- FER de New York et le site Cloaque.org. Vernissage en ligne 20 mai 2015 sur http://cloaque.org Vernissage Paris 28 mai - 18h - 21h à XPO GALLERY Le travail de Rollin Leonard explore de manière systématique le prolongement digital de la vie humaine. L artiste soumet ses sujets photographiés à toute sorte de tortures algorithmiques, notamment en disjoignant les membres ou en les reproduisant à l infini jusqu à créer des compositions homanoido-abstraites. Pour New Portraiture, Rollin Leonard met de côté une forme d angularité qu on lui connait pour travailler sur des formes plus organiques. Il opère un passage d une mécanique des solides à une mécanique des fluides. Chaque pièce est un exercice d imagerie liquide permise par un procédé photographique élaboré. Extraits du statement de Rollin Leonard : New Portraiture est constitué d un ensemble de photos, d objets semi-sculpturaux qui sont ré-arrangeables, flexibles. Les sujets traités sont des humains, aplatis par une lumière uniforme et une profondeur du champs où tout est mis au point. Le processus qui consiste à extraire les surfaces pour les transformer en des objets circulaires est variable : l eau permet de réfracter et de distordre la lumière, les matrices polygonales des surfaces photographiques sont froissées pour former les visages, et une énorme figure en plastique apparait faussée par le jeu de perspective. L esthétique de ces objets relève de la manipulation numérique. Les termes «liquéfier», «grossir» et «froisser» utilisés sur Photoshop pour désigner des fonctions de manipulation des images, ne sont in fine que des analogies. Je souhaitais explorer les analogies physiques de ce type de fonctions numériques. Dans les tournages, on opère une distinction entre les effets physiques appelés effets pratiques et ceux réalisés en post-production, appelés effets visuels. Les effets que je propose sont des effets pratiques qui visent à mettre en avant la magie générée par les ordinateurs. Rollin Leonard a pensé cette récente série de travaux pour trois espaces : Xpo Gallery, Transfer Gallery et Cloaque.org. New Portraiture est également la première collaboration entre Transfer et Xpo Gallery, et la première exposition personnelle de l artiste en Europe.
L exposition présente des objets sculpturaux, des installations, des compositions murales et des images animées en boucle. Les oeuvres sont présentées en séries, composées à la fois d objets et de portraits. A propos de l artiste : Le travail de Rollin Leonard questionne la photo de manière systématique et instrumentale. Rollin Leonard est né en 1984 à Bounder, Colorado aux Etats-Unis. Il vit et travaille dans le Maine. Son travail a été exposé dans les lieux suivants : The Photographer s Gallery, London, Museum of the Moving Image, New York; Moving Image Art Fair, New York, London, and Istanbul; Fach & Asendorf Gallery, online; NADA Art Fair, New York; Bitforms Gallery, New York and at TRANSFER, Brooklyn. Exposition en ligne 20-27 mai sur Cloaque.org Vernissage en présence de l artiste, Paris 28 mai de 18h à 21h Xpo Gallery 17 rue Notre-Dame de Nazareth 75003 Paris Exposition du 28 mai au 24 juin Du mardi au samedi de 14h à 19h et sur rendez-vous xpogallery.com/
Un chirurgien digital nous offre de nouvelles perspectives sur le corps humain Interview de Rollin Leonard par Benoit Palop Après plus de 10 ans d exploration numérique et d expérimentations artistiques sur le corps humain, et plus de trois mille sujets traités et capturés de toutes les manières possibles et imaginables, l artiste Rollin Leonard propose New Portraiture, une exposition tripartite qui souligne le travail récent de ce chirurgien digital. L exposition présente de manière simultanée les composants IRL de Leonard à XPO Gallery Paris, Transfer Gallery, Brooklyn ainsi que des composants en ligne sur Cloaque.org. Exposant à la fois dans des environnements physiques et virtuels, cette exposition permet à l artiste de présenter une nouvelle série de travaux qui mett en scène des portraits à grande échelle sur papier froissé, des corps imprimés grandeur nature, et de captures d éléments humains réfractés dans l eau. Une douzaine de sujets sont passés sous le scalpel digital de Rollin Leonard générant ainsi des œuvres «pragmatiques» qui conservent la signature clinico-esthétique de l artiste. Les clichés, micro et/ou macro sont manipulés via un processus créatif méticuleux. Bonjour Rollin, à ce jour vous devez avoir une bonne connaissance du corps humain. Pouvez-vous nous parler de votre relation au corps humain et de la raison pour laquelle il est votre sujet de prédilection? Je vois le corps comme le point de départ à la compréhension du monde. Je suis moi-même une unité de mesure de ce avec quoi j interagis : ce qui est «toxique» est ce qui me rend malade, «lumineux» ce qui réfracte ma pupille, «petit» ce que je peux tenir dans ma main Je conçois mon rapport au monde en degrés par rapport à ce point de départ. Evidemment, le savoir est bien plus abstrait et intéressant que le jugement ainsi relié aux sens, mais il semble que ce dernier soit tapi partout. C est cette omniprésence qui m intéresse, à travers la matérialité des corps humains, ou en regardant des visages à travers le prisme des idées. La manière dont vous utilisez les outils digitaux pour revisiter le corps humain est assez unique. Pouvez-vous nous parler du lien que vous établissez entre nouvelles technologies et corps humain? Je réponds en quelque sorte à la technologie qui est à ma disposition. Quand on vous apprend à jouer au tennis, on vous répète inlassablement que la raquette doit être une extension de votre bras. Cette idée m est restée en tête. J imaginais à l époque cette raquette comme une sorte d extension de mon propre corps. Elle me conférait des pouvoirs, me rendait un véritable cybord tennisman. Par la suite, ma perception a été définitivement altérée quand j ai appris à utiliser un appareil photo. Pouvez-vous nous expliquer d où vient ce projet New Portraiture? Quelles sont ses origines et vos inspirations artistiques en général? Mon travail à New York s inscrit généralement dans des réflexions de longue date mais travailler l eau est nouveau pour moi. Je suis tombé un jour sur un Clipart affreux du drapeau canadien vu à travers une toile d araignée sur laquelle des goutes d eau étaient cristallisées.
J ai vu cet effet et j avais envie de m amuser avec. Je voulais voir comment je pouvais unifier l eau et le sujet, pour regarder de plus près l effet en lui-même, pour l isoler. Pourquoi avez-vous choisi une exposition tripartite pour New Portraiture? En quoi ce format vous intéresse-t-il? Pourquoi avoir choisi à la fois des IRL et URL? Le format a été proposé par Kelani Nichole, Transfer Gallery et Philippe Riss, Xpo Gallery. Les deux espaces présenteront des travaux similaires mais la scénographie sera différente. Les objets peuvent être pliés, froissés et réorganisés, pour s adapter à chaque lieu. Les composants en ligne sur Cloaque.org proviennent d une idée plus nébuleuse. La série présente des éléments de forme semi-humaine composés de viande, de peau, et de paillettes. Concevoir des éléments pour le web est un travail complètement différent. J exploite l idée infinie d une fenêtre sur laquelle naviguer et de la facilité à disposer d images animées. New Portraiture est plus «mature» que certaines de vos séries précédentes. Pouvezvous nous parler de l évolution de votre processus créatif? En 2013 j ai eu l occasion d être assistant au sein du studio photo qui produit les catalogues pour L.L Bean. Cette expérience a marqué une réelle évolution technique dans mon travail. Je devais déplacer les réflecteurs, les lumières, et j ai pu observer les photographes travailler dans des situations complexes. Cela m a convaincu d acheter de nouveaux équipements : des objectifs macro, un appareil photo plus performant et des éclairages plus puissants. Tout cela permet des images plus précises, plus détaillées. Je me suis donné du temps pour murir ma réflexion, faire mes recherches, mes essais. Cela a entrainé bien plus de matière que je ne pourrai jamais traiter. J ai eu l opportunité de faire quelques pièces uniques qui ont demandé beaucoup de temps, mais mon intérêt se porte plus sur les multiples, la série. J aime l idée de développer certaines réflexions et de voir comment elles se lient les unes aux autres. Comment choisissez-vous vos sujets? Mes sujets sont souvent des amis. Cela a commencé lorsque je préparais une exposition à Fach & Asendorf Gallery (espace en ligne) intitulé Rearrangements. A l été 2011, j ai rassemblé des photos de mes amis en maillots de bain. Je les ai tous photographié dans la même pose. Je me rappelle d avoir fait tout un tas d angles en carton afin d être sûr que les bras étaient à une distance raisonnable du torse. La lumière était uniforme, et les photos aussi précises que ma technique me le permettait à l époque. La seule expression personnelle visible était ce que mes sujets choisissaient de porter, ou de ne pas porter d ailleurs. J ai ensuite soumis tous les corps à une sorte de torture et de manipulation afin de réarranger les données visuelles. Connaissant les sujets, je me suis attaché à les transformer avec un peu plus de sérieux que si je m étais simplement amusé à remodeler le visage de Tom Cruise. Je ne peux pas utiliser des images de mes amis comme des poupées vodous. Cela ne m empêche pas de les découper en morceaux mais au moins, cela ajoute une étape réflexive à mon processus.
Parfois, si je suis à la recherche de caractéristiques particulières, j arrête les gens dans la rue. Je l ai fait pour Isometric Portrait par exemple, série pour laquelle je travaillais sur les tatouages faciaux. Je suis aussi allé glaner des images sur Craiglist pour une série sur les taches de rousseur. Finalement, beaucoup de ces «inconnus» deviennent des amis. Faire venir quelqu un dans son atelier pour faire un portrait isométrique est assez intense, car je dois dessiner sur le visage de la personne pendant plusieurs heures. Souvent, après la première demi-heure, les langues se délient et j apprends beaucoup sur les gens, sur leurs goûts musicaux notamment, et c est rarement moi qui décide de la BO! Quels sont vos projets pour le futur? Quelles évolutions envisagez-vous? Avez-vous de nouvelles idées en tête? Ces trois expositions sont des points d arrêt pour les séries en cours. Je travaille actuellement à des animations plus complexes, toujours en utilisant la technique de l eau. J ai développée une technique que je maitrise maintenant, et j ai envie de l exploiter pleinement. Mon atelier est rempli de plaques de verre de formes triangulaires. J ai appris quels types de formà peuvent être produites et même quelles distorsions optiques attendre de certaines formes composées d eau. Ce n est pas passionnant en soi mais cela donne une plus grande amplitude à ma maitrise. Je vais continuer à travailler sur les série en très grand format, mais plutôt des portraits. Je veux faire des têtes monstrueuses pour pousser le processus à ses limites, (si quelqu un est prêt à rester dans mon atelier suffisamment longtemps!). J ai toujours de nombreux projets en tête mais il est plus difficile de parler de ce qui n existe pas encore.