RAPPORT SUR LES ACTIVITÉS DE L'ACADÉMIE PENDANT L'EXERCICE 1973-1974 par M, l'abbé Nicolas DICOP, secrétaire adjoint La vie d'un groupement se reflète dans ses membres ; sa vitalité, dans leurs activités. Au cours de l'exercice 1973-1974, l'académie de Metz, fidèle à sa mission séculaire, a partagé les heurs et les malheurs de ses membres ; elle s'est félicitée de leurs succès ; elle s'est réjouie de leurs promotions et de leurs distinctions ; elle a généreusement ouvert ses portes à de nouvelles candidatures ; elle a applaudi à toutes les communications dont les uns et les autres l'ont honorée ; enfin, avec le sentiment d'une profonde tristesse, elle pleure ses enfants qui l'ont quittée et leur garde un souvenir empreint de gratitude. Tout au long de l'année académique écoulée, plusieurs deuils sont venus assombrir les éphémérides de notre compagnie. Au seuil de la nouvelle année, l'abbé Joseph Barthélémy, le dévoué secrétaire de l'académie, nous quittait subitement. Son départ fut vivement ressenti au sein de la compagnie dont il avait franchi les différentes étapes depuis 1964. Peu de temps après, nous apprenions le décès de M. Max Brun, membre correspondant de l'académie et ancien directeur à la direction générale de Wendel-Sidélor, retiré à Jouy-aux- Arches. A la même époque nous arrivait de Paris la triste nouvelle du trépas de M. Charles-Edmond Perrin, professeur d'histoire médiévale à la Sorbonne, membre de l'institut de France et membre d'honneur, depuis 1949, de l'académie nationale de Metz. Tout récemment, M. Henri Contamine, professeur à l'université et membre de notre Académie depuis 1929, quittait ce monde et ouvrait un nouveau vide dans nos rangs.
22 RAPPORT SUR LES ACTIVITÉS DE L'ACADÉMIE Enfin, il y a quelques jours seulement, nous déplorions le trépas de M. Gabriel Hocquard, ancien maire de la ville de Metz et membre titulaire de notre Académie depuis 1939. La pérennité de notre société, sans oser prétendre aux privilèges de l'immortalité pour ses membres, inspire constamment son souci de renouvellement et de rajeunissement. C'est ainsi que l'académie de Metz a reçu, au cours des derniers mois, au nombre de ses membres correspondants : M. Pierre Gérard, directeur des Services d'archives de Meurthe-et-Moselle à Nancy ; M. Gaston Messin, maire de Salonnes, officier du Mérite agricole et chevalier du Mérite national ; M. René Hombourger, ancien directeur de «L'Echo de Thionville», présentement secrétaire général de la Fondation culturelle franco-allemande à Bad-Godesberg, en République fédérale allemande ; Le R.P. Serge Bonnet, de la résidence des Dominicains de Nancy et éminent sociologue lorrain ; M. Armand Kraemer, avocat à la Cour et bâtonnier de l'ordre; M. Hubert Collin, directeur des Services d'archives des Ardennes à Charleville-Mézières. Ont été promus au rang de membres associés-libres : Mme Anne Blanchot-Philippi, professeur au lycée Georgesde-La-Tour et femme de lettres ; Le général Robert Germain, du cadre de réserve. Ont été élevés au grade de membres titulaires : M. André Rosambert, président honoraire de la Cour d'appel de Nancy ; M. Jacques Hennequin, doyen de la Faculté des Lettres de l'université de Metz. Par ailleurs, M. Robert Gane, docteur en droit, à l'occasion de sa nomination à Paris, a été nommé membre honoraire de l'académie de Metz. L'assemblée de l'académie messine apprit avec plaisir la nomination de M. Jean Colnat, conservateur des Archives de la
PENDANT L'EXERCICE 1973-1974 23 région de Lorraine et membre titulaire de notre compagnie, au grade de chevalier dans l'ordre de la Légion d'honneur. M. Tribout de Morembert, notre président, a adressé les félicitations de l'académie à M. Gaston Pontal, préfet de la région de Lorraine, promu au grade de commandeur dans l'ordre national du Mérite, à M. Georges L'Hôte, officier, et à MM. René Bour et Jean-Pierre Longchamp, chevaliers dans le même ordre. L'Académie de Metz a, par ailleurs, présenté ses vives félicitations à M. Guy Cabourdin, chargé d'enseignement à la Faculté des Lettres de Nancy, pour sa brillante soutenance de thèse le 18 mai 1974, et à M. l'abbé Jacques Choux, conservateur du Musée lorrain, lors de sa désignation à la présidence de l'académie de Stanislas. Les activités de notre compagnie, au cours de l'exercice écoulé, ont été multiples et variées. Signalons tout d'abord la séance solennelle du 8 novembre 1973, au Palais des Sports de notre bonne ville de Metz. L'invité d'honneur de la journée, M. Kauffer, premier président de la Cour d'appel de Metz, en un exposé d'une haute tenue intellectuelle, nous entretint des «Crises sociales au XVIII e siècle». Quant à notre président en exercice, M. Tribout de Morembert, avec la verve qui lui est coutumière, il sut faire revivre le passé et élucider la situation actuelle des «Eglises et sectes à Metz et en Moselle». En dehors de sa séance solennelle annuelle, les membres de l'académie se retrouvent tous les premiers jeudis du mois, en réunion ordinaire, en Nexirue, afin d'entendre et de débattre les communications portées à l'ordre du jour. Le choix de ces sujets reste à l'entière discrétion de leurs auteurs, mais les échanges qu'ils suscitent témoignent amplement de l'intérêt qu'ils méritent. L'éventail de ces rapports est ouvert à tous les domaines des connaissances humaines, et l'érudition des uns contribue à l'enrichissement intellectuel de l'ensemble. C'est dans l'œnologie que M. Reitel conduisit ses auditeurs par sa communication sur «Le déclin du vignoble mosellan ou l'avenir des Côtes de Moselle».
!24 RAPPORT SUR LES ACTIVITÉS DE L'ACADÉMIE L'étude des chartes messines inspira à M. Gilbert Cahen, paléographe et conservateur de nos Archives départementales, une conférence richement étayée et illustrée ayant pour titre : «Les premiers «écrivains» messins, recherches sur la rédaction des chartes et contrats pendant le second quart du XIII e siècle». A la même séance, l'abbé Joseph Barthélémy revint sur un sujet qu'il chérissait entre tous : «Maurice Barrés et les étangs lorrains». M. Yves Le Moigne eut le plaisir d'étrenner la nouvelle année en donnant lecture de la communication de M. Claude Sturgill, professeur d'histoire militaire à l'université de Floride (U.S.A.), intitulée : «Le logement des troupes chez l'habitant à Metz en 1750». Restant dans le cadre de l'histoire militaire, M. Poidevin traita ensuite des «Fabricants d'armes et relations internationales au début du XX e siècle». Avec une rare compétence et un souci permanent du détail, M. Charles Hiegel fit une communication ayant pour sujet : «Les verreries des régions de Creutzwald, Forbach et Saint-Avold au XVII e siècle». Nous avons eu, nous-même, l'honneur de parler sur : «Le club des Jacobins de Sierck, 1791-1794». Inaugurant son entrée à l'académie, M. René Hombourger a donné une communication sur : «François-Ignace Mangin, héros involontaire d'une affaire (1793) immortalisée par Goethe dans son Siège de Mayence». M. Francis Rapp nous parla des «Clercs de Metz en Alsace à la fin du Moyen Age». M. Henri Hiegel clôtura le cycle des conférences académiques par un exposé sur «Le malaise actuel de l'est mosellan». Cette communication, pour intéressante qu'elle fut, fera l'objet d'un colloque prévu sous l'égide de l'académie pour le printemps de l'an prochain. La poésie lyrique s'est toujours réjouie à l'académie messine d'une place de choix. C'est que, en notre enceinte, Clio et Polymnie
PENDANT L'EXERCICE 1973-1974 25 vivent en harmonieuse compagnie. Par deux fois, Mme Blanchot- Philippi offrit à la joie intellectuelle de l'assemblée les fleurs de sa plume poétique. Ce fut d'abord, pour Noël, un délicieux conte intitulé : «Le sapin du Katzenberg», ensuite un joli bouquet de six petits poèmes fraîchement cueillis au jardin des Muses. Grâce au verbe enchanteur qui demeure le secret de son style, elle donne une âme aux êtres et aux choses qui nous environnent. Pour un cœur messin, que d'images sont évoquées par ses vers qui ont pour titre : «La mal aimée», «Catalogue», «Le mont Saint-Quentin», «L'oiseau marin», «Le fort de Queuleu», etc. En dehors de ses travaux habituels, l'académie s'est souvenue d'un grand Lorrain, Maurice Barrés, à l'occasion du cinquantenaire de sa mort. En son honneur, comme elle l'avait déjà fait en 1962, pour le centenaire de sa naissance, elle a organisé, sous forme de colloque, une journée barrésienne dont le grand mérite est d'avoir su grouper une série de conférences du plus haut intérêt. Cette rencontre, présidée par M. Philippe Barrés, le fils de l'homme de lettres, était animée par des orateurs dont l'originalité est d'avoir présenté Maurice Barrés sous des traits nouveaux. En l'occurrence, nous avons relevé les noms de Mme Borelly, assistante d'histoire contemporaine à l'université de Metz, M. Delbreil, maître-assistant d'histoire contemporaine, M. Poidevin, doyen honoraire, directeur du département «histoire» à l'université de Metz, M. Tronquart, agrégé d'université, professeur au lycée de Saint-Dié, le chanoine Joseph Barbier, de l'académie de Stanislas, l'abbé Joseph Barthélémy, notre regretté secrétaire. Nos activités littéraires, au cours de l'année dernière, ont respecté le rythme habituel de leurs publications. Le tome XV de la série V des Mémoires de l'académie a été publié en début d'année. La Bibliographie lorraine prépare la publication de son prochain numéro, le quatrième de la série. Par ailleurs, la bibliothèque de l'académie se vit offrir de la part des Services d'archives départementales, le répertoire nouvellement imprimé de la série J desdites archives, de MM. François Reitel, Mers et Fleuves ;
26 RAPPORT SUR LES ACTIVITÉS DE L'ACADÉMIE M. Nicolas Théobald, le numéro spécial des Annales scientifiques de l'université de Besançon, dédié au célèbre géologue mosellan ; M. René Feuga, le compte rendu d'activité de la Société d'histoire naturelle de la Moselle, pour l'année 1973 ; Nous-même, le double tiré à part de nos études sur : L'Ecole latine de Kédange et Meinsberg et son château. Enfin, notre président a adressé les remerciements de l'académie au docteur Jean-Marie Rouillard, médecin-chef de l'hôpital Bon-Secours, pour la remise d'une matrice du cachet de l'académie datant de 1819, pièce éminemment rare, fortuitement découverte chez un antiquaire de Montigny. Ce bref aperçu nous permet de relever avec une joie et une satisfaction bien légitimes les nombreuses activités de l'académie de Metz dans tous les domaines de la vie intellectuelle, économique et artistique de la Lorraine. Par là, notre compagnie justifie les éloges que le poète gallo-romain Ausône décerna à ce pays de Moselle qu'il affectionnait tant et dont nous trouvons l'écho dans les vers gravés sur le marbre qui décore l'escalier d'honneur de notre hôtel de ville : Salut, Moselle, mère illustre en produits, En jeunesse guerrière et en hommes instruits! Oui, tes enfants, Moselle, sont doués de sciences, Et le langage latin, émule d'éloquence Sous leurs fronts sérieux, unit à tous ces dons La gaieté de l'humeur... Au travers des temps, elle reste fidèle à la devise que son fondateur le maréchal de Belle-Isle lui confiait en 1760, qu'elle reprit à sa restauration en 1819 et qu'elle poursuit en joignant à la gloire de paraître toujours neuve, celle d'être toujours vraie et utile.