1922 9 la construction d une imprimerie à Chamalières 1917 Années 1930 ; sortie du personnel féminin (carte postale). 1922, le chantier vu du boulevard Duclaux. 1922 ; les ateliers (au centre) sont équipés de grandes verrières orientées vers le nord pour un éclairage indirect de qualité utile à l appréciation de la couleur des billets. L implantation première du site date de la période 1917 1926. La Banque de France regroupe alors, au centre du pays, les différents ateliers de production jusqu alors disséminés en divers points du territoire, notamment dans l Est parisien qui a connu plusieurs périodes d occupation étrangère. L objectif est de doter le pays d un outil industriel complet, loin des frontières et à même d assurer l approvisionnement de l économie nationale en coupures de qualité. 1939 ; l imprimerie se situe encore en bordure de l agglomération clermontoise. 1939 ; atelier de machines d impression en quatre couleurs. L usine compte alors sept ateliers de ce type où les presses sont parfaitement alignées. Années 1950 ; un atelier de machines d impression en léger relief dit «taille-douce», une application industrielle du procédé de l estampe employé par les artistes graveurs. 1925 ; atelier de vérification de la qualité des impressions, une activité alors exclusivement féminine.
10 les premiers billets imprimés à Chamalières 1918-1920 50 francs type 1889 (recto, 178 x 123 mm). 100 francs «à quatre couleurs», dit aussi «Luc-Olivier Merson» ou «LOM» du nom du peintre qui en a conçu la maquette originale (recto, 182 x 112 mm). Ce billet est la première coupure polychrome en tons naturels émise par la Banque de France : les personnages, le décor végétal et les ornementations sont représentés pour la première fois avec leurs vraies couleurs. Productions pour la métropole 10 francs type 1915 (recto, 138 x 88 mm) Productions pour les colonies La production commence à l automne 1918 ; les premières livraisons ont lieu l année suivante. En renfort des ateliers du siège parisien, la mission première de l imprimerie de Chamalières est de fournir des coupures au pays. Mais la Banque de France est fortement sollicitée également par des pays amis et par les banques privées qui émettent des billets dans les colonies et dépendances. Ainsi, dès son origine, le site de Chamalières produit pour des clients extérieurs. Productions pour des États souverains 5 lei pour la Roumanie (type 1913, recto, 140 x 82 mm). 5 francs pour l Algérie (type 1873, recto, 129 x 90 mm). 20 francs pour le Maroc (type 1920, recto, 164 x 95 mm). 100 dinars pour la Serbie (type 1906, recto, 169 x 98 mm). 5 piastres pour l Indochine (type 1906, recto, 180 x 94 mm).
11 la construction d une papeterie à Vic-le-Comte 1920 1926 ; entrée de l usine ; ses abords seront aménagés dans un second temps. 1938 ; la papeterie montre cette-année-là la physionomie qu on lui a connu jusqu à la construction d une station de traitement des eaux rejetées en 1996, et d un nouvel atelier de production en 2010-2011. Au premier plan, la rivière Allier dont les qualités ont motivé l implantation de l usine. 1938 ; salle de trituration de la pâte à papier. Un emplacement propice repéré dès 1916 1922 ; situation des différents chantiers de construction. 1938 ; l un des deux ateliers équipé de deux machines à papier : elles transforment la pâte à papier liquide en feuilles sèches. Le terrain choisi à Vic-le-Comte est acquis en 1916 : il est situé à vingt kilomètres de l imprimerie, dans une boucle de l Allier et limité à l Est par la voie de chemin de fer. Cette position permet ainsi de disposer de l eau de l Allier dont les caractéristiques hydrotimétriques sont jugées très favorables à la fabrication du papier. Le transport ferroviaire des matières premières (du coton essentiellement) du charbon et du fuel est en outre facilité par une voie accédant directement aux bâtiments. En construisant une papeterie à Vic-le-Comte au début des années 1920, la Banque de France entend s assurer une plus grande autonomie dans l approvisionnement de son imprimerie de Chamalières, car elle possède déjà, depuis 1875, une usine papetière à la Ferté-sous-Jouarre en Seine-et-Marne. Plusieurs facteurs contribuent au développement de ce nouveau site : la mise en circulation, au sortir de la guerre, de nouvelles coupures de faible valeur faciale (5, 10 et 20 francs), l adoption du billet de banque pour les achats courants en remplacement de la monnaie métallique, la fermeture de l usine de la Ferté en 1933 et le déplacement à Vic-le-Comte d une partie de son personnel et du matériel de production. Filigrane du billet de 5 000 francs «Victoire» mis en circulation en 1938.
12 5 francs type 1966 «Pasteur» (recto, 140 x 75 mm). des billets de plus en plus sécurisés tout au long du XX e siècle 5 000 francs type 1934 «Victoire» (recto, 230 x 125 mm). 3 Impression en léger relief dite en «taille-douce» Au début des années 1930, la Banque de France développe à l échelle industrielle un procédé d impression emprunté aux ateliers d artistes graveurs : la «taille-douce». Appliqué au billet, ce procédé ajoute un relief visuel et légèrement tactile, de teinte très foncée, complétant les autres couleurs ; elle apporte une grande netteté dans l image, comme le montre ici le buste féminin représenté sur le billet de 5 000 francs «Victoire». 100 francs type 1978 «Delacroix» (recto, 160 x 84 mm). 50 francs type 1927 «à quatre couleurs» ou «Luc-Olivier Merson» du nom du peintre qui en a conçu la maquette originale (recto, 171 x 123 mm). 1 Encres bleue et rose Au début du XX e siècle, les billets sont imprimés en bleu et rose : ces deux teintes sont très mal discernées par le matériel photographique de l époque, ce qui constitue un obstacle à la reproduction et à la contrefaçon. En revanche, les numéros, la date de création et les signatures sont imprimés à l encre noire. Le papier doit donc passer trois fois sous presse. 500 francs type 1888 «bleu et rose» (recto, 245 x 140 mm). 2 Impressions polychromes En 1910 apparaît la polychromie : il s agit alors, non pas d un effort de réalisme, mais de rendre encore plus difficile la contrefaçon : tons fondus, détails finement gravés, complexité des impressions superposées... 4 Portraits à «l identique» À partir de 1954 les billets montrent systématiquement des portraits de personnages français célèbres. Le billet s affirme comme vecteur original et universel de la culture nationale. L objectif est aussi de décourager la contrefaçon : le portrait est un art difficile tant en peinture qu en gravure ; le visage du recto se superpose parfaitement à celui du verso, cette impression «à l identique» est une prouesse technique rare et coûteuse ; la figure apparaît aussi en filigrane, ce qui implique une très grande maîtrise papetière, notamment pour obtenir de nombreuses variations dans l épaisseur du papier et ainsi les demi-teintes qui façonnent l expression du portrait. De 1918 à la fin des années 1990, l imprimerie de Chamalières a produit en très grande série les coupures conçues dans les ateliers que la Banque de France possédait en région parisienne. Chaque nouveau billet est l occasion de renforcer encore la sécurité anti contrefaçon, en exploitant les derniers progrès techniques, aussi bien au niveau des matières premières que des procédés d impression et de reproduction. La sélection présentée ici révèle les grandes étapes de cette course technologique. 6 De nouveaux effets visuels La dernière gamme de billets émis en francs de 1993 à 2002 constitue un saut technologique sans précédent. Elle comporte de nombreux perfectionnements techniques, dont la plupart étaient inédits en Europe et dans le monde : des encres à couleur changeante, des surfaces métallisées réfléchissantes «anti photocopie», des motifs visibles par transparence, des détails visibles par reflet de la lumière, des minilettres et microlettres, des éléments visibles sous lumière ultraviolette seulement, des dispositifs perceptibles uniquement sur des détecteurs spécifiques. Cette avancée permettra à la Banque de France de contribuer activement à la préparation des futurs billets de la monnaie unique européenne dès le milieu des années 1990. 10 francs type 1963 «Voltaire» (recto, filigrane et verso, 150 x 80 mm). 20 francs type 1980 modifié 1990 «Debussy» (recto, 140 x 75 mm). 5 Signes pour malvoyants et fil de sécurité Dans les années 1980-90 la Banque de France modernise ses coupures avec d autres innovations telles que les signes de reconnaissance en relief destinés aux malvoyants (ici sur le 100 francs : trois points noirs en bas à gauche) et le fil de sécurité intégré dans le papier (ici dans le 20 francs). Dans le même temps, le papier s épaissit pour devenir compatible avec les automates bancaires qui apparaissent alors et s équipent progressivement d instruments de lecture et de tri des coupures. 50 francs type 1992 «Saint-Exupéry» (recto, 123 x 80 mm).
13 un billet très clermontois : le«pascal» type 1968 La cathédrale de Clermont-Ferrand est représentée en bas à droite du portrait du recto, telle qu elle apparaissait à l époque de Pascal, bien avant la construction de ses flèches par l architecte Eugène Viollet-le-Duc dans la seconde moitié du XIX e siècle. Recto (182 x 97 mm). Verso. Les sources photographiques pour le recto La silhouette du Puy-de-Dôme forme le fond du décor. Le 7 janvier 1969, est mise en circulation une coupure consacrée à un Clermontois très renommé : Blaise Pascal, philosophe et scientifique du XVII e siècle. Pour ce personnage, dont il n existe aucun portrait exécuté de son vivant, la Banque de France opte pour une composition nettement moins classique que ses précédentes productions : représentations plus stylisées et couleur unique nuancée en camaïeu d ocre jaune. Une double préoccupation anime ce projet : rendre plus difficile la contrefaçon et donner au billet de banque un style graphique en harmonie avec son temps. Le portrait de Blaise Pascal a été dessiné d après le masque mortuaire dont une copie est déposée au muséum Henri-Lecoq de Clermont-Ferrand. Esquisse et maquette définitive du recto, par Lucien Fontanarosa