Préambule Ce document a pour objectif de résumer les principes à respecter afin d aménager un milieu de vie prothétique. Dans un premier temps, une définition d un milieu de vie prothétique sera proposée. Ensuite, les principes généraux d aménagement seront présentés, suivi des principes spécifiques propres à ce type d établissement. Il énonce donc des recommandations à suivre afin de créer un milieu de vie adapté aux personnes présentant des troubles cognitifs. L adhésion à ces recommandations facilite le travail au quotidien avec ce type de clientèle. Il s agit donc de suggestions plutôt que d obligations. Définition L ASSTSAS (2002) définit un milieu prothétique fermé comme un «milieu prévu pour les clients déments, fugueurs, très désorientés avec problèmes de territorialité ou présentant des comportements perturbateurs contrôlables par un environnement maîtrisant davantage les stimulis». Un milieu de vie prothétique permet donc aux résidents fugueurs et errants de se promener à leur gré de façon sécuritaire. Le mot «prothétique» signifie que l environnement agit comme une «prothèse» en compensant les incapacités cognitives (ex. désorientation spatio-temporelle, diminution de la mémoire récente, etc.). L environnement est adapté et normalisant. Il ressemble à un milieu de vie naturel. L AHQ (1998) ajoute à cette définition que l environnement prothétique permet à la personne d utiliser et de conserver ses habiletés et ses capacités résiduelles. Principes généraux L ASSTSAS (2002) élabore 8 principes d aménagement d un milieu de vie prothétique : 1. Ressemblance avec le milieu familial et en référence avec le passé. 2. Chambres privées. 3. Soutien à l orientation spatiale par la répétition d indices et de points de repères. 4. Parcours de déambulation sécurisé et sans cul-de-sac. 5. Gestion de la surveillance. 6. Contrôle des stimulis sensoriels. milieu de vie prothétique Evelyne Patry ergo 2007-06-28.doc page 1
7. Maintien des capacités restantes. 8. Accès direct à un jardin clôturé ou à une terrasse extérieure sécuritaire. L AHQ (1998) parle plutôt de deux grands principes soit : 1. Créer un environnement familial. 2. Fournir des supports prothétiques. Principes spécifiques (ASSTSAS, 2002) (AHQ, 1998) Accès : Porte d entrée avec un dispositif de fermeture à code. Porte d entrée principale peinte de la même couleur que les murs. Éclairage réduit des portes de sortie. Aires de circulation Corridor d une largeur idéale de 2.4 m. avec une main courante d un côté fixée à une hauteur de 85 cm du sol. Toutefois, une largeur minimale de 1 m 50 est acceptable. Parcours sans cul-de-sac. Locaux communs (salle à manger, toilette, salon) visibles depuis les aires de circulation. Chaises et/ou bancs le long des aires de circulation. Éclairage indirect et continu (ex. éclairage en corniche combiné à l utilisation de lustres muraux). Éviter les néons. Éclairage plus intense des panneaux de signalisation (ex. noms et photos). Veilleuse le long du parcours pour l errance de nuit. Revêtement dur avec fini mât de couleur unie. Éviter les motifs, les couleurs multiples, les planchers brillants et le tapis. Locaux dédiés aux résidents (ex. toilette, chambre) : 1. Peindre les portes de ces locaux d une couleur différente de celle du mur et les portes d une même catégorie de pièce de la même couleur (ex. mur jaune, porte des toilettes bleues et portes des chambres rouges). 2. Mettre la signalisation (ex. une pancarte sur laquelle il est inscrit «Toilette») perpendiculaire au mur. Locaux interdits aux résidents : 1. Peindre les portes et les cadrages de ces locaux de la même couleur que celle du mur (ex. porte et cadrage du poste de garde sont peints en jaune sur un mur jaune). 2. Mettre des tuiles plus foncées à l entrée de la porte. Certains clients interprèteront cette démarcation comme un obstacle et éviteront cette pièce. milieu de vie prothétique Evelyne Patry ergo 2007-06-28.doc page 2
3. Mettre la signalisation (ex. pancarte sur laquelle il est inscrit «poste de garde») parallèle au mur. Chambres : Éviter de mettre les portes de chambres une vis-à-vis l autre. Mettre à l entrée de la chambre de chaque résident une photo significative et son nom en gros caractères. Cela permet au résident de retrouver sa chambre tout seul. Permettre aux familles et aux résidents de personnaliser la chambre (ex. courte pointe fabriquée par le résident, tableaux significatifs, photos de famille, etc.). Éviter l éclairage direct. Favoriser une lumière réfléchie. Ne pas mettre la porte des toilettes de la même couleur que celle des garde-robes des chambres. Attention aux miroirs. Certains résidents peuvent ne plus reconnaître leur reflet. Cela peut donc augmenter leur anxiété. Il est donc suggéré de prévoir des moyens pour dissimuler les miroirs au besoin (ex. volet, rideau). Salle à manger : Ambiance et décor familiaux (ex. mettre un buffet ou vaisselier). Prévoir des tables pour deux à quatre personnes. Prévoir aussi que certaines personnes préfèrent manger seules. Cuisinette : Comptoir avec évier, robinets de type levier et système pour contrôler la température (rhéostat). Mettre une valve sous levier pour couper l eau au besoin. Il devrait aussi avoir un dégagement de 16 cm devant l évier. Cuisinière, réfrigérateur et micro-ondes dont l accès est contrôlé (ex. enlever les boutons de contrôle de la cuisinière, système pour bloquer l ouverture du réfrigérateur). Prévoir des chaises avec appuis-bras car ils aident le résident à se relever/s asseoir plus facilement. Salle de bain : Dans chacune des salles de bain, il faut prévoir des rangements pour faciliter le travail des préposés. Prévoir une salle d eau : contient une toilette et un comptoir avec lavabo. Toilette de hauteur standard avec deux appuis-bras. Il existe plusieurs modèles d appuis-bras. Certains sont fixes au mur, d autres rabattables. Le choix d un type en particulier dépend des dimensions et de la disposition de la salle de bain. De façon générale, il est recommandé d avoir 60 cm de distance entre les barres d appui. L important est qu elles soient solides, accessibles à partir de la toilette et antidérapantes. Pour une toilette placée près d un mur, prévoir un dégagement de 31 cm entre la toilette et le mur pour permettre d installer la barre d appui et des fonds de clouage (renforts) au mur pour la pose de barre d appui. milieu de vie prothétique Evelyne Patry ergo 2007-06-28.doc page 3
Prévoir une salle de bain avec douche adaptée. Contient : une toilette, un comptoir avec lavabo et une douche adaptée qui permet de laver une personne en position assise sur un fauteuil de douche ou debout. Une douche adaptée comprend une douche-téléphone coulissant sur une tige verticale, des murets de 9 cm de haut et un système d évacuation d eau. La grandeur recommandée est de 50 cm x 90 cm. Elle devrait aussi avoir une barre en «L» au mur de la robinetterie. Il faut aussi prévoir un dégagement de 76 cm de chaque côté des murets pour permettre au préposé d aider le résident. Salon : Prévoir une salle de bain avec bain à hauteur variable avec chaise d embarquement. Contient : une toilette, un comptoir avec lavabo et un bain à hauteur variable avec chaise d embarquement. Les espaces de dégagement autour du bain varient selon la disposition. Si le bain est placé au mur opposé à la porte, il doit y avoir des dégagements latéraux de 91 cm de chaque côté du bain et une aire de dégagement de 1.80 m de diamètre au bout du bain, à l endroit où est placé l équipement de transfert (chaise d embarquement). Activités : Prévoir des chaises avec appuis-bras et de différents types (ex. lazy-boy, chaise berçante autobloquante, bergère). Éviter les divans et sofas car ils sont souvent trop bas et trop mous. Pour les chaises et fauteuil, une hauteur du sol à l assise de 45 à 48 cm est recommandée pour la plupart des gens. Donner accès aux résidents à une petite armoire avec balais, porte-poussière, linges à épousseter et panier avec vêtements à plier. Prévoir un système de barrure pour limiter l accès au besoin. Donner aussi accès à un meuble de fouille contenant différents objets (ex. peluche, vêtement, boîte de papier mouchoirs, jeux de cartes, etc.). Les objets doivent évidemment être sécuritaires pour les résidents et les portes et tiroirs de ce meuble ne doivent pas s enlever. Il permet aux résidents curieux d assouvir leurs désirs de fouiller. Prévoir un système de barrure pour limiter l accès au besoin. Conclusion Pour compléter ces connaissances sur les milieux de vie prothétiques et les principes d aménagement, nous vous invitons à consulter les deux principaux documents ayant servi à réaliser ce résumé. Ces documents sont intéressants pour leur vulgarisation et leur aspect concret. Le premier a été produit par l Association pour la santé et la sécurité du travail secteur affaires sociales (ASSTSAS) en 2002 et il est intitulé «Concevoir et aménager un milieu de vie prothétique». Ce document est disponible sur Internet au www.asstsas.qc.ca L autre document a été créé en collaboration par l Association des Hôpitaux du Québec (AHQ) et l Association des CLSC et des CHSLD du Québec en 1998. Il a pour titre «Les comportements dysfonctionnels et perturbateurs chez la personne âgée : de la réflexion à l action. Approche prothétique élargie». Il est disponible sur demande en version papier au bureau des ressources intermédiaires. milieu de vie prothétique Evelyne Patry ergo 2007-06-28.doc page 4
Références Bleau, J. (2003); Unité prothétique : petits trucs géniaux d aménagement. ; Objectif prévention; vol 26, #5; p 20-21. Goumain, P. et Ledoux, E. (2002); Concevoir et aménager un milieu de vie prothétique fermé.; Collection PARC : Bâtir pour mieux travailler, # 7; ASSTSAS : Montréal; 30 pages. Bertrand, G. (2002); Aménagement d une salle de bain : démarche et points de repère; Collection PARC : Bâtir pour mieux travailler, #6; ASSTSAS : Montréal; 57 pages. Association des hôpitaux du Québec et Association des CLSC et des CHSLD du Québec (1998); Les comportements dysfonctionnels et perturbateurs chez la personne âgée : de la réflexion à l action : Approche prothétique élargie. Association des hôpitaux du Québec et Association des CLSC et des CHSLD du Québec : Montréal; 45 pages. milieu de vie prothétique Evelyne Patry ergo 2007-06-28.doc page 5