Equipements automobiles : l'innovation au service de la croissance et de la compétitivité

I TRANS INNOVATION DAY Equipements automobiles : l'innovation au service de la croissance et de la compétitivité 5 février 2015 Espace Dewailly, Amiens Synthèse

Sommaire Accueil... 3 Jean Marie DELBECQ... 3 REX de trois projets innovants... 4 SURAL HY améliore la consommation des moteurs essence... 4 Un projet dans l air du temps... 4 Julien CHICOT... 4 Time to market... 4 Conclusion... 5 CESAM traque le bruit dans l habitacle... 5 Comprendre le circuit du bruit... 5 Olivier CHERIAUX... 5 Les trois livrables du projet... 6 Time to market... 7 Conclusion... 7 ADN, solution de centralisation des écosystèmes industriels... 8 Présentation de la société Deltacad... 8 Harvey ROWSON... 8 Présentation du projet ADN... 8 Les solutions technologiques proposées... 9 Conclusion... 9 Echanges avec la salle... 10 Martial BELHACHE... 10 Témoignage : la force des académiques le projet COMOSEF... 11 Le contexte... 11 Bertrand DUCOURTHIAL... 11 Le projet COMOSEF... 11 Deux exemples d application... 12 Conclusion... 12 Table ronde... 13 Introduction... 13 Stéphane BERGOUNIOUX... 13 Le projet Creatline... 13 François SALAMONE... 13 Le rôle de l ARIA dans la recherche de financements... 13 Luc MESSIEN... 13 L initiative PME 2015... 13... 13 L approche collaborative... 14 PME, monde de la recherche et donneurs d ordre... 14 Le regard de FAURECIA... 14 Benoît TAILLANDIER... 14 L open innovation... 14 Une solution?... 14 Un exemple d open innovation... 15 Le global sourcing... 15 Conclusion... 16 Echanges avec la salle... 16 Clôture... 18 Sigles... 19 2

Accueil Jean Marie DELBECQ Président i Trans Un Innovation day est un concept récent, dont la première édition consacrée à l infrastructure ferroviaire a eu lieu en novembre 2014 chez Eurotunnel. Une deuxième journée, consacrée aux matériels roulants ferroviaires, s est tenue en juillet dernier à Valenciennes. Cette troisième édition, qui a lieu ce jour sur l automobile sera suivie par d autres journées encore. Depuis la création en 2004 des pôles de compétitivité, de nombreux projets d innovation collaboratifs ont été lancés. Aujourd hui, au delà des chiffres, nous souhaitons communiquer et faire connaitre nos résultats. Notre objectif est de montrer que l innovation collaborative fonctionne et que les acteurs ont une réelle capacité à travailler ensemble pour mener à bien des projets. Ces projets, nous souhaitons les amener jusqu à l industrialisation. Or en France, nous rencontrons souvent des difficultés à passer du projet d innovation au marché. Pour y remédier, l Etat a demandé aux pôles de compétitivité de mettre l accent sur l étape qui consiste à passer de l usine à projets à l usine à produits d avenir. Le thème de ce troisième Innovation day porte sur l automobile. La région Nord Pas de Calais / Picardie est par ailleurs la première région automobile de France en termes de production de voitures et d emplois. Notre objectif est donc d avoir une place de premier rang dans certaines spécialités relatives à l automobile. 3

REX de trois projets innovants SURAL HY améliore la consommation des moteurs essence Un projet dans l air du temps Julien CHICOT Valeo Le projet Suralimentation hybride pour moteurs à fort downsizing (SURAL HY) a été élaboré de manière collaborative par la société Valeo et le Centre de recherche, d'innovation technique et technologique en Moteurs et acoustique automobile (CRITT M2A). Il s inscrit dans un contexte mondial de réduction de consommation de CO 2. La solution envisagée consistait à utiliser la technique du downsizing 1 sur un moteur essence. Cette dernière pose néanmoins deux contraintes : le couple à bas régime et l augmentation du temps de réponse lorsque le conducteur fait une demande de couple. L objectif du projet était d étudier la synergie entre un système de récupération hybride associé à un compresseur de suralimentation électrique (appelé également e charger). Porté par Valeo, avec un budget total de 4,7 millions d euros, le projet SURAL HY a commencé en mars 2010 et s est terminé en septembre 2013. Il a reçu le label i Trans. Figure 1 Le principe technique du projet SURAL HY Time to market Grâce au projet SURAL HY, Valeo a pu racheter la société anglaise Controlled Power Technologies (CPT) pour l industrialisation de l e charger. Plusieurs applications concrètes 1 Le downsizing consiste à utiliser la suralimentation (turbo et compresseur d air) pour optimiser le fonctionnement du moteur et ainsi augmenter le rendement et minimiser les besoins énergétiques. 4

sont également prévues. Le projet a également permis à la société d augmenter son positionnement compétitif dans le domaine de la maitrise des composants d hybridation moteur. Dans le cadre du projet, nous avons dû faire des mesures de petits débits, développer des outils de simulation et de turbo matching, et faire évoluer l architecture électrique du véhicule. Des études sont également en cours concernant l optimisation de l étage compresseur et le comportement mécanique et vibro acoustique du composant e charger. Le produit obtenu est en présérie chez Valeo et adaptable à différents types de moteur. Deux freins sont cependant à mentionner : le coût engendré par l évolution de l architecture électrique du véhicule et la difficulté d intégrer le composant sous capot moteur. A noter que les activités des partenaires ne se sont pas superposées et que Valeo a mis en place une plateforme qui a permis un bon partage des informations. En revanche, l accord de consortium n a été défini qu en cours de projet. Conclusion Le projet SURAL HY a découlé d un partenariat 100 % français. Il a permis : le développement d une technologie innovante, à prix modéré un allègement important du véhicule grâce au downsizing l essor de perspectives concrètes de développement du business l apparition d un nouveau marché pour le CRITT M2A. CESAM traque le bruit dans l habitacle Comprendre le circuit du bruit Olivier CHERIAUX Valeo Valeo a été retenu comme le chef de file du projet Conception d équipements silencieux pour l automobile moderne (CESAM), avec comme partenaires l ESI Group, l Université de technologie de Compiègne (UTC), le Centre technique des industries mécaniques (CETIM) et Genesis, pour le projet Conception d'éléments de ventilation d'air silencieux (CEVAS). Le marché de l automobile étant concurrentiel, il est nécessaire de se démarquer par des performances de confort ainsi que par le coût du produit. Le développement des véhicules électrifiés a contribué à changer l environnement sonore et a donc créé de nouveaux besoins. Les bruits aéro acoustiques sont par ailleurs difficiles à prédire, d où la nécessité de comprendre les mécanismes de génération et de propagation du bruit. L objectif du projet CESAM était de comprendre et de maîtriser les mécanismes de génération, de propagation et d absorption du bruit le long d un circuit de Système de ventilation d air (SVA). De nouvelles techniques de mesures et de traitement de signaux pour caractériser et séparer les bruits générés par l interaction de l écoulement d air devaient donc être élaborées. 5

Les trois livrables du projet Le projet a d abord permis de développer un logiciel de synthèse acoustique, afin d aider à la conception acoustique d un SVA et d établir un schéma acoustique du SVA complet. Valeo a donc développé une maquette de SVA simplifiée, qui a ensuite été caractérisée par le CETIM. Ces études ont permis de comparer les résultats de la mesure à la prédiction de la maquette simplifiée. Globalement, les résultats ont montré qu il était difficile de prédire le bruit d un ventilateur, ce qui nous a amenés à ouvrir le projet CEVAS. Figure 2 Maquette de SVA simplifiée développée par Valeo Le projet CESAM a également permis de développer la formulation des voies de transfert d un échangeur. Le but de cette opération était le calcul par éléments finis volumiques de la fonction de transfert acoustique d une portion de l échangeur. Les résultats obtenus étaient plutôt satisfaisants. En revanche, cette technique est apparue non applicable pour des industriels. Pour y remédier, ESI Group a développé une méthode d homogénéisation. Le but était de faire le maillage sur une petite proportion d éléments et en venir à l assemblage des caractéristiques acoustiques des éléments. 6

Figure 3 Résultats de la simulation de la méthode d homogénéisation Enfin, le projet a permis la création d un banc spécifique pour la caractérisation acoustique des composants en présence d écoulement. Développé par l UTC, ce dernier avait pour but de mieux comprendre l influence de l écoulement sur le comportement acoustique des composants. Time to market Le projet CESAM a permis à Valeo et ses partenaires d obtenir une visibilité sur le marché, en disposant d une vision critique des limitations des applications numériques concernant les prédictions aéro acoustiques. Le projet a également débouché sur une augmentation des budgets alloués aux études par simulation sur l aéro acoustique. A ce jour, le CETIM n a pas commercialisé le logiciel de synthèse acoustique et la méthode d homogénéisation d ESI Group n a pas encore été intégrée dans le solveur. Le projet a néanmoins permis à l UTC de développer un nouveau moyen d essai. La gestion des résultats propres et communs aux partenaires a fait l objet d un contrat de collaboration, qui a été ratifié par l ensemble des services des partenaires. Conclusion Le but du projet était de caractériser l ensemble des composants passifs d un SVA. L objectif de CEVAS est d affiner la caractérisation des composants passifs et actifs des SVA, avec la prise en compte des phénomènes de turbulences responsables de la génération de bruit. Notre ambition est d arriver à faire des prédictions en se projetant dans l habitacle du véhicule. 7

ADN, solution de centralisation des écosystèmes industriels Présentation de la société Deltacad Harvey ROWSON Deltacad Deltacad est une société qui édite des logiciels. Forte de son expérience dans l informatique pour l industrie manufacturière, elle travaille sur différents segments de marché et pour divers clients. Elle dispose de l agrément Crédit d impôt recherche (CIR). La société mène une forte activité de Recherche et développement (R&D) en interne, autofinancée, sur les thématiques clés de ses produits stratégiques. Depuis 2005 2006, elle intervient de plus en plus sur des projets de recherche collaboratifs. En 2013, suite au lancement du programme «laboratoires communs» de l Agence nationale de la recherche (ANR) 2, Deltacad a créé un laboratoire commun avec l UTC DIMEXP 3 pour capitaliser sur deux thématiques : l intégration de données hétérogènes et la gestion du travail collaboratif. En parallèle de son activité d édition de logiciels, Deltacad dispose également d une activité de prestations de services pour le développement de logiciels sur mesure : conseil en conception de logiciels scientifiques informatiques, distribution, formation, intégration, etc. Présentation du projet ADN Le projet Alliance de données numériques (ADN) est un projet collaboratif, qui s est déroulé de mars 2010 à mars 2014, regroupant quatre Petites et moyennes entreprises (PME) (Deltacad, DPS, Eiris et Soyatec), trois grands groupes (EADS, FAURECIA et PSA) et trois universités (l Ecole nationale supérieure des arts et métiers ENSAM, l Université technologique de Belfort Montbéliard UTBM et l UTC). L objectif du projet était d analyser les moyens pour améliorer les activités de conception de produits dans les phases amont, notamment celles où se font les grands choix d architecture sur des produits industriels (avion, voiture), via une meilleure gestion des connaissances multi métiers et une intégration des outils experts. ADN permet donc de stocker tous les paramètres en un point unique, d assurer une gestion en configuration de ces paramètres, de lancer des processus de raisonnement sur ces derniers et de permettre le travail collaboratif. Le projet vise à s inscrire dans un écosystème industriel existant, capitaliser sur ce dernier et en combler les manques. 2 Le programme «laboratoires communs» de l ANR consiste à créer de nouveaux partenariats structurés entre une PME ou une ETI et un laboratoire d organisme de recherche de droit public. Pour plus d informations : http://www.agence nationalerecherche.fr/labcom 2014 3 Digital mockup for multi expertises integration 8

Figure 4 Schéma du projet ADN Les solutions technologiques proposées Dans le cadre du projet ADN, l approche MMK 4 a été proposée. Elle consiste à partir d une description paramétrique du produit avant de stocker les données obtenues dans une base de connaissances centralisées. Cette approche permet, dans le cadre d un travail collaboratif, de veiller à la cohérence des règles et la validité des choix à tous les niveaux et sur tous les métiers. L approche MMK a permis l élaboration de nombreux nouveaux outils comme la création d une représentation paramétrée complète des éléments de liaison au sol pour la société Ara Automotive en phase amont de la conception du produit, permettant ainsi la gestion de connaissances paramétriques. Conclusion La propriété intellectuelle de chacun des partenaires du projet a été respectée. Le projet ADN a permis l identification de nouveaux verrous scientifiques et technologiques, notamment concernant l extraction des modèles métiers existants, la gestion de l incohérence sémantique inter métiers et la difficulté à intégrer l ingénierie des exigences dans l approche MMK. Afin de lever ces derniers, nous avons déposé un dossier pour un nouveau projet fin 2014. 4 Meta model pour la gestion de connaissances (Meta model for knowledge) 9

Echanges avec la salle De la salle (, Plateforme de la filière automobile PFA) Dans le cadre du projet SURAL HY, pouvez vous nous expliquer pourquoi l accord de consortium a t il mis autant de temps à aboutir? Julien CHICOT Les points bloquants pour la signature de cet accord concernaient des problématiques portant sur le véhicule. Martial BELHACHE i Trans Un accord de consortium pose souvent la question du partage de la propriété juridique d un projet. Les pôles de compétitivité ont donc une réelle valeur ajoutée à jouer pour arriver à dépasser ces retards d accord de consortium. De la salle (Yannick PAILLET, Agence de l environnement et de la maîtrise de l énergie ADEME) Dans le cadre du projet SURAL HY, à quel niveau d émissions de CO 2 avez vous abouti suite aux tests? Le système proposé est il bien positionné par rapport aux deux autres technologies concurrentes? Concernant CESAM, avez vous en tête l origine des bruits à traiter en priorité (roulement, moteur, etc.)? Julien CHICOT Le véhicule a été finalisé en juin 2014 et une longue session d essais a été effectuée par Renault jusqu en décembre. Nous avons eu de bons retours sur l aide au décollage. En revanche, le concept du downspeeding et l utilisation d un moteur 1,2 L turbo ne nous ont pas permis d avoir des rendements efficaces. Concernant les systèmes, celui proposé par SURAL HY a l avantage de venir limiter la contre pression échappement et ainsi d améliorer le rendement global du moteur. Olivier CHERIAUX Concernant CESAM, les mesures que nous avons présentées sont des mesures de puissance acoustique. La source prédominante de bruit dans l habitacle provient de la ventilation. De la salle (Vincent LACOUR, Total) Pouvez vous préciser le rôle qu a joué Renault dans le cadre du projet SURAL HY et pourquoi la première mise en série sera entreprise par un constructeur allemand? Julien CHICOT Le projet a été monté avec Renault dès 2010, qui est intervenu dans l intégration véhicule. Nous avons changé de constructeur pour la mise en série car le constructeur allemand disposait déjà d une plateforme électrique dans un réseau adapté, ce qui lui permettait d accueillir le nouveau composant de manière plus efficace. De la salle (François SALAMONE, Créatique Technologie) M. ROWSON, avez vous connaissance du taux d abandon de l utilisation des plateformes? Harvey ROWSON Je ne connais pas ce chiffre dans les détails. La résistance au changement est un sujet délicat que nous abordons en faisant du déploiement itératif et progressif. 10

Témoignage : la force des académiques le projet COMOSEF Le contexte Bertrand DUCOURTHIAL UTC L UTC mène des travaux de recherche dans le domaine des transports intelligents, des objets connectés ou encore des smart cities. D un point de vue scientifique et informatique se pose le problème des réseaux dynamiques. A l heure actuelle, les réseaux sont très centralisés. Il existe très peu de systèmes de connexion de proche en proche. L'UTC a développé et testé une architecture logicielle et matérielle innovante pour répondre à cet enjeu. Le projet européen COMOSEF 5 porte sur la définition d'applications réparties dans un contexte de réseaux véhiculaires. Il nous rapproche de la mise sur le marché de nos solutions. Le projet COMOSEF Le projet COMOSEF vise la création de services et d équipements nécessaires au déploiement d applications coopératives pour les transports. Il s'inscrit dans une approche scientifique, dans laquelle les réseaux sont considérés comme étant différents. De nouveaux algorithmes sont étudiés pour les réseaux de véhicules. Concrètement, la solution logicielle, appelée Airplug, prend la forme d un intergiciel basée sur des échanges de messages mais adaptée au réseau dynamique. Ce programme s exécute en mode user, avec des applications qui lui sont connectées. Chaque message est envoyé non pas avec une adresse mais avec le nom d une application. Ce message sera reçu par l'unité de calcul à proximité qui dispose de la même application. Afin de valider ces contributions, la technique de l émulation a été développée. Elle est plus fiable que la simulation et plus simple à mettre en œuvre que l expérience. Il s agit d'utiliser les mêmes applications que sur la route, mais dans un émulateur au sein duquel seules les couches basses sont reproduites (émulation de la propagation wifi). Des traces réelles de véhicules sont utilisées mais des véhicules fictifs peuvent aussi être ajoutés. La suite Airplug offre donc un environnement complet depuis le prototypage jusqu'au déploiement en passant par l'étude en laboratoire. Du point de vue matériel, l'utc a conçu un ordinateur embarqué appelé Airbox, capable de communiquer avec un grand nombre de périphériques ou de réseaux. La quatrième version est en fabrication chez Viveris Technologies, partenaire industriel du projet. La version finale est attendue en mars 2015, pour un déploiement prévu au printemps. 5 Co operative mobility services of the future 11

Deux exemples d application Dans le cadre du projet COMOSEF, l UTC a par exemple évalué la possibilité d étendre la portée d une borne d accès sur réseau Internet. L université a ainsi mis au point une solution coopérative qui repose sur un équilibre à trouver entre deux paramètres : demander de l aide (si chaque véhicule cherche à faire passer des messages en même temps, le système ne peut plus fonctionner) et se débrouiller par soi même (en attendant de rencontrer soi même une borne d accès au réseau mais courant cette fois le risque d allonger le délai). Cette solution coopérative a été validée par preuve de concept sur route. L UTC a par ailleurs développé une méthode de détection de dangers sur route, en particulier des routes verglacées. Lorsqu un danger est repéré, un message est envoyé mais sans adresse de destinataire. Pour cela, des capteurs de température ont été installés proches de la route. Les messages sont ensuite relayés par des bornes de communication autonomes équipées d'airbox. L ensemble des données a ensuite été fusionné pour obtenir in fine la donnée la plus fiable possible (les messages erronés finissent par disparaître dans l algorithme de fusion). Cette méthode a fait l objet d une preuve analytique, d'une preuve de concept sur route et d une étude par émulation. Conclusion Outre la question des fonds financiers à mobiliser, l approche académique n a de sens que si l on prend le temps de redéfinir l ensemble du problème. C est une chance, mais cela nécessite du temps. Il faut également tester des hypothèses, ce qui implique des ressources humaines. Or le turnover dans le milieu universitaire est important. Pour aller plus loin, nous avons besoin de partenaires industriels et d ingénieurs en interne. Enfin se pose le problème de la propriété intellectuelle des résultats de la recherche académique. 12

Table ronde Introduction Stéphane BERGOUNIOUX Journaliste Notre table ronde portera sur les difficultés rencontrées pour passer de l étape d innovation aux étapes d industrialisation et de commercialisation, dans un contexte de global sourcing pour le marché automobile. Le projet Creatline François SALAMONE Dirigeant de Créatique Technologie L idée de Creatline consistait à réduire les temps de cycle pendant les phases d assemblage d une voiture en transportant des données par un système de protocole de réseaux propriétaire. La société ne disposait cependant pas des moyens pour autofinancer un protocole propriétaire. Lors du montage du dossier, de nombreuses difficultés sont cependant apparues. Le rôle de l ARIA dans la recherche de financements Luc MESSIEN Délégué général de l Association régionale de l industrie automobile (ARIA) L ARIA dispose de compétences, notamment de simplification des processus, pour aider les entreprises. Pour cela, il nous faut bien comprendre les rôles et la motivation de chacun et de responsabiliser sur l atteinte de résultats. Nous avons également mis en place un guide permettant d améliorer la lecture de la répartition des tâches dans les entreprises. Nous menons également un travail quotidien pour rappeler que nous sommes au service des entreprises. L initiative PME 2015 PFA Un nouvel appel à projets intitulé «Initiative PME 2015» a été lancé dans le cadre du programme des investissements d avenir, offrant la possibilité aux PME, pour des projets de l ordre de 400 000 euros, de bénéficier de 200 000 euros de subventions. Ce nouvel appel à projets vise également à simplifier la démarche de demande de subvention. De plus, si un projet reçoit une aide, le premier versement équivaut à 70 % du montant de la subvention. 13

L approche collaborative PME, monde de la recherche et donneurs d ordre François SALAMONE La problématique de Creatline est de transmettre des informations en temps réel. Cependant, en fin de chaîne de tests, la voiture entre dans un tunnel et s élance jusque 150 km/h, nécessitant ainsi de devoir répondre en temps réel sur des sollicitations en moins de 5 millisecondes. Pour y parvenir, i Trans nous a mis en lien avec le Commissariat à l énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) de Grenoble. Grâce à l implication de leurs équipes, nous avons modifié notre système de transmission. Cependant, lors des dernières phases de tests, je crains, alors que le dossier est validé techniquement, que les services achats de grands groupes (PSA) rejettent mon projet du fait que mon entreprise n est pas de rang 1. Sur des sujets de R&D, on s aperçoit que les grands donneurs d ordre n ont pas de problème à intégrer des personnes de rang moins important. En revanche, lorsque l on parle d implantation industrielle, les grands donneurs d ordre ont besoin de travailler avec des entreprises dont ils sont certains de la pérennité et de la surface financière. Les services achats se doivent donc d évaluer le risque. Le regard de FAURECIA Benoît TAILLANDIER Société FAURECIA Malgré sa taille importante, FAURECIA rencontre les mêmes problèmes Créatique Technologie, en particulier dans le domaine de l innovation. La principale difficulté réside dans la peur de la nouveauté. Sa résolution passe par des présentations du projet au plus près du client. Une deuxième difficulté relève de l internationalisation des programmes. Deux autres difficultés concernent, d une part, le marché qui n est pas toujours prêt à recevoir des innovations et, d autre part, les constructeurs qui ne veulent pas dépendre d un seul fournisseur sur un domaine donné. Le mono sourcing est un risque car le moindre problème entraîne l arrêt de la chaîne. Benoît TAILLANDIER Nos clients étant répartis dans le monde entier, il est parfois nécessaire d installer les nouvelles technologies à proximité des nouveaux sites. Cela nécessite par ailleurs de former les opérateurs et d engager une véritable réflexion sur le partage de la connaissance (réseau d experts, knowledge management, etc.). L open innovation Une solution? Luc MESSIEN L open innovation est une solution pour le montage de projets collaboratifs mais il faut faire en sorte que tout le monde se parle et se comprenne et que l on accepte de construire un plan d actions unique. 14

La démarche de l open innovation devient réelle dans le domaine automobile. Afin de l affiner, il faudrait que les constructeurs et la filière automobile définissent des road maps et les sujets technologiques sur lesquels ils souhaitent une contribution. François SALOMONE L open innovation doit être orientée à l international. Nous avons par ailleurs un important travail à mener sur la rupture culturelle de la propriété intellectuelle des PME. Benoît TAILLANDIER Afin de mener une démarche d open innovation, il faut élargir notre champ de vision pour trouver des idées d applications dans diverses filières et se faire confiance. Un exemple d open innovation François SALAMONE Afin de réduire les coûts de Creatline, je devais prouver que mon produit avait un avantage concurrentiel. Pour ce faire, je me suis rapproché de l université de Valenciennes grâce au programme INOPME 6. Ce travail, au delà d intégrer de l intelligence dans mon produit, a ouvert la porte à une évolution sans précédent de ce dernier. Stéphane BERGOUNIOUX Comment peut on à la fois se faire confiance et faire l impasse sur la propriété intellectuelle? Benoît TAILLANDIER La confiance se gagne, à mesure des projets. Ainsi, il convient d accentuer les démarches collaboratives pour tester la bonne volonté de chacun. Le global sourcing Aujourd hui, afin de rester compétitif dans un contexte de global sourcing, il faut être proche des marchés en croissance est fondamental. Par ailleurs, il ne faut pas oublier qu une relation durable s inscrit dans le temps. Benoît TAILLANDIER Pour réussir, il faut avoir des ressources locales en interne, réfléchir à la répartition de la connaissance et faire en sorte que d infuser ces connaissances aux personnes sur place. François SALAMONE Il est nécessaire d avoir une focale ouverte sur ce qu est l altérité. Luc MESSIEN Pour l ARIA, plus qu une mission, l international est un pré requis. C est pour cela que nous avons mis en place en 2010, avec la Région Nord Pas de Calais, un pôle d excellence, dont c est l une des missions principales. 6 Pour plus d informations sur ce programme : http://www.univ valenciennes.fr/inopme une solution innovante pourdevelopper les projets dinnovation dans les pme 15

Conclusion Stéphane BERGOUNIOUX Comme cela a été dit lors de la table ronde, une innovation est une invention qui a trouvé son marché. Quelles sont aujourd hui les attentes du marché? Elles sont guidées par des attentes sociétales : l urbanisation le changement climatique la simplification de la vie la relation entre les individus et l amélioration de leurs rapports. Le véhicule de demain doit donc être sûr, propre, autonome et connecté mais aussi attractif, abordable et exportable. Echanges avec la salle De la salle (Vincent LACOUR) Les grands constructeurs automobiles sont ils frileux partout dans le monde? Les constructeurs prennent des risques calculés. On ne peut aller vers une innovation que si elle est créatrice de valeurs. Stéphane BERGOUNIOUX Les constructeurs français sont ils plus longs dans la prise de décisions que leurs homologues étrangers? Benoît TAILLANDIER Ils sont prêts à prendre des risques, mais pour autant, les mécanismes de décisions peuvent prendre beaucoup de temps. Des variations existent donc au niveau international, mais ces dernières semblent se lisser du fait de l internationalisation des marchés. De la salle (Carmelina SANCHEZ, Cyclam 7 ) Pourquoi ne pas laisser la porte ouverte aux sociétés innovantes en leur laissant un laps de temps pour qu elles servent aux grands groupes, aux meilleurs tarifs, et ensuite ouvrir le marché à un autre fournisseur? Les difficultés économiques de ces dernières années ont réduit les possibilités d innovation. Harvey ROWSON En quoi peuvent consister les projets «Initiative PME 2015»? 7 Cyclam est l'un des leaders mondiaux dans la conception, la fabrication et la commercialisation de garnitures mécaniques d'étanchéité pour les pompes à eau de véhicules et pour les applications industrielles (pompes, machines tournantes diverses). Pour plus d informations : http://www.cyclam.fr/web/fr 16

Ils peuvent concerner tout type de projet. Concernant les véhicules routiers, nous privilégierons les deux programmes de la Nouvelle France industrielle 8 : la voiture pour tous consommant moins de 2 litres aux 100 km et le véhicule autonome. L aide des pôles est par ailleurs fondamentale afin de garantir que les PME se placent bien dans la stratégie que nous avons définie. 8 La Nouvelle France industrielle a été annoncée le 12 septembre 2013, à l Elysée, lors de la présentation des priorités de la politique industrielle de la France par le président de la République. Ces priorités ont pris la forme de 34 plans de reconquête industrielle. Chaque plan est piloté par un chef de projet chargé d élaborer les feuilles de route. Pour plus d informations : http://www.economie.gouv.fr/nouvelle france industrielle 17

Clôture La mission de la PFA consiste à améliorer la compétitivité de la filière automobile française dans le monde. Notre première raison d être est d améliorer la relation de confiance entre les partenaires, des fournisseurs aux grands groupes. Nous devons être en mesure d exprimer des positions techniques et stratégiques claires et les partager avec l ensemble des acteurs de la filière. L efficacité de la filière automobile passera en effet par le collectif. Il nous faut également avoir une voix unique, ce qui n est pas simple. La filière automobile doit également s inscrire dans la nouvelle mobilité et en être le barycentre. Nous devons pour cela être à l écoute des nouvelles tendances. La PFA va ainsi se positionner comme représentant de la stratégie de la filière automobile mais il faut également déployer ce discours au niveau local. Le rôle des pôles et des ARIA est donc primordial. La PFA est par ailleurs pilote de quatre grands programmes dont le programme véhicule 2L/100km et le programme VALdriv PLM 9, qui vise à améliorer le partage des données entre les acteurs de la filière automobile. A noter que la compétition ne se trouve pas en France. Nous devons donc nous regrouper afin de garantir la croissance de notre filière nationale. Jean Marie DELBECQ Les pôles de compétitivité œuvrent pour un travail collaboratif et transversal depuis leur création. Nos valeurs sont donc proches de celles défendues par la PFA. La multimodalité a également été évoquée aujourd hui et pourrait être le thème d un prochain innovation day. 9 Pour plus d informations sur ce programme : http://www.pfa auto.fr/files/5613/8261/9688/10_valdriv.pdf 18

Sigles ADEME : Agence de l environnement et de la maîtrise de l énergie ADN : Alliance de données numériques ANR : Agence nationale de la recherche ARIA : Association régionale de l industrie automobile CEA : Commissariat à l énergie atomique et aux énergies alternatives CESAM : Conception d équipements silencieux pour l automobile moderne CETIM : Centre technique des industries mécaniques CEVAS : Conception d'éléments de ventilation d'air silencieux CIR : Crédit impôt recherche CPT : Controlled power technologies CRITT M2A : Centre de recherche, d'innovation technique et technologique en Moteurs et acoustique automobile ENSAM : Ecole nationale supérieure des arts et métiers PFA : Plateforme de la filière automobile PME : Petites et moyennes entreprises R&D : Recherche et développement SURAL HY : Suralimentation hybride pour moteurs à fort downsizing SVA : Système de ventilation d air UTBM : Université technologique de Belfort Montbéliard UTC : Université de technologie de Compiègne Synthèse Innovation Day 5 février 2015 I Trans 2015 19