Les relations avec les familles. Une double référence : confiance et professionnalisme



Documents pareils
Anne DELCHER Pôle Médecine et Gériatrique de Saint-Nazaire SGOC La Rochelle 7-8 juin 2013

L aide aux aidants. Psychologue clinicienne. Capacité de gériatrie mars 2009

Livret d accueil. Service Appartements «Les Nouveaux Cèdres»

Le référentiel professionnel du Diplôme d Etat d Aide Médico-Psychologique

APPEL A PROJET ARS DE CORSE GROUPE D ENTRAIDE MUTUELLE POUR PERSONNES CEREBRO LESEES CAHIER DES CHARGES

LES RÉFÉRENTIELS RELATIFS AUX ÉDUCATEURS SPÉCIALISÉS

2O14 LIVRET D ACCUEIL DES RESIDENTS. EHPAD Les Savarounes, 1 rue du Roc Blanc CHAMALIERES Tel : Fax :

APPEL A CANDIDATURES

G uide M éthodologique

Règlement intérieur Ville inventive Association loi 1901

Les aides légales à la gestion du patrimoine et à la protection de la personne

Etablissement S.A.S. / ARPADE. Services d Accueil et de Soins. - Livret d accueil -

Cahier des charges pour l appel d offres. février 2015 SOMMAIRE

Résidence MBV Les FIGUERES -Capendu-

DEMANDE D ADMISSION A LA MAISON DE RETRAITE SAINT NICOLAS DE ROSCOFF

Editorial. Sommaire. Vous vivez à votre domicile Vous vivez en établissement

SERVICE APPARTEMENTS THÉRAPEUTIQUES. Livret d Accueil - 1 -

CENTRE COMMUNAL D ACTION SOCIALE

Révélatrice de talents. Développement personnel

LES AMIS Service à Domicile

ANNEXE I REFERENTIEL PROFESSIONNEL AUXILIAIRE DE VIE SOCIALE CONTEXTE DE L INTERVENTION

ANNEXE I REFERENTIEL PROFESSIONNEL AUXILIAIRE DE VIE SOCIALE CONTEXTE DE L INTERVENTION

ACCUEIL EN CENTRE DE LOISIRS ENFANT PORTEUR DE HANDICAP

Document de travail «Conduite de l évaluation interne dans les établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes» Mars 2011

LIGNE MÉTIER RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET BIOTECHNOLOGIE DES SERVICES POUR RÉPONDRE À VOS ENJEUX MÉTIER

Droits et aides pour les aidants familiaux «Être aidant être soi» Prendre soin de soi c est prendre soin de l autre.

Les grandes fonctions du tuteur

Chaque unité qui compose le Centre Saint-Germain Pierre-Nicole a des modalités de

Les représentations sociales des juges et des experts concernant le meilleur intérêt de l enfant dont la garde est contestée

La protection de vos données médicales chez l assureur

Des formations pour la prévention du stress et des performances managériales

CAHIER DES CHARGES INFIRMIER-ÈRE DIPLÔMÉ-E

DOSSIER DE DEMANDE D ADMISSION

ATELIER 2: Les «bénéfices psychologiques» de l ETP: psychothérapie, thérapie cognitivocomportementale. quels équilibres?

MON LIVRET DE COMPETENCES EN LANGUE (Socle commun) Niveau A1/A2 / B1

LES G AR ANTIES INTERNATIONALES

SOMMAIRE. I Les Valeurs. II Contrat de mandat. III Contrat de séjour

DOSSIER D INSCRIPTION

FORMATION AU BEPECASER MENTION DEUX ROUES SESSION 2015

Formation obligatoire d adaptation à l emploi

GROUPE DE PAROLE SUR L HYGIENE ET LA PRESENTATION

Bibliothèque des Compétences clés

Réunica vous accompagne

La convention AERAS en 10 points-clés

Demande de retraite d un fonctionnaire de l Etat ou d un magistrat

DEMANDE DE VISA TOURISME/ (VISITE FAMILIALE/OU AMICALE)

Le prélèvement d organes anticipé/prémédité. Ethique et Greffe Journée du 9 octobre 2012 Dr Laurent Martin-Lefèvre Réanimation La Roche-sur-Yon

EDUCATEUR SPECIALISE ANNEXE 1 : REFERENTIEL PROFESSIONNEL

REFERENTIEL PROFESSIONNEL DES ASSISTANTS DE SERVICE SOCIAL

STATUT LA PARTICIPATION DES COLLECTIVITES A LA PROTECTION SOCIALE COMPLEMENTAIRE (SANTE ET PREVOYANCE)

L INTEGRATION D UN NOUVEAU COLLABORATEUR

M2S. Formation Management. formation. Animer son équipe Le management de proximité. Manager ses équipes à distance Nouveau manager

Sur le Chemin des Attentes des Usagers : le Projet Personnalisé

droits des malades et fin de vie

LES AMIS DE CIRCUL LIVRE Association régie par la loi du 1 er juillet 1901 Siège social : 16 rue Dagorno Paris STATUTS

Chambre de métiers et de l artisanat de la Haute-Garonne LIVRET DU MAITRE D APPRENTISSAGE. Les clés pour réussir votre mission

Fiche n 1 : Quelques conseils avant le départ

Livret d accueil L ACCUEIL DE JOUR DE LA RÉSIDENCE PEN ALLE VOUS SOUHAITE LA BIENVENUE

Cohésion d Equipe - Team Building

Statuts. Les soussignés :

Créer son propre emploi

PROJET D ETABLISSEMENT DE L E.H.P.A.D. «MARCEL CANTELAUBE»

Guide. du Correspondant Mutualiste

AVIS D APPEL A PROJETS MEDICO-SOCIAL RELEVANT DE LA COMPETENCE DE

Participation des habitants et contrats de ville Quels enjeux? Quelle mise en oeuvre?

Il/Elle assiste le chef d entreprise dans la gestion au quotidien de l entreprise.

CENTRE HOSPITIER DE BRETAGNE SUD UNITES DE SOINS DE LONGUE DUREE-EHPAD ROZ AVEL KERBERNES - PLOEMEUR CONTRAT DE SEJOUR

Accompagnement de fin de vie des enfants et adolescents polyhandicapés en établissements et services médico-sociaux

Demande de prestations d'assurance-invalidité Déclaration de l'employeur N de police G

ACCORD DU 24 MAI 2011

NOTRE ACTION SOCIALE PREND SOIN DE VOUS

Règlement de Fonctionnement

Annexe 2 Les expressions du HCAAM sur la coordination des interventions des professionnels autour du patient

Introduction. Les articles de la presse spécialisée tendent à nous laisser penser que c est en effet le cas :

RECAPITULATIF DES PROPOSITIONS

Aujourd hui, pas un seul manager ne peut se dire à l abri des conflits que ce soit avec ses supérieurs, ses collègues ou ses collaborateurs.

PROPOSITION D INTERVENTION

Seniors en Vacances OFFREZ DU BIEN-ÊTRE À VOS SENIORS. Parce que les vacances, c est essentiel.

LE KIT DU MANAGER DE PROJETS

Le décret du 2 mars 2006 a institué le Diplôme d Etat d Aide Médico-Psychologique de niveau V.

AQUARIUS Jobs Espagne

ANNEXE DETAILLEE DU CV DANS LE CHAMP SOCIAL ET MEDICO-SOCIAL

Un projet multi-établissements de territoire en Franche-Comté

LA SECURITE DE VOTRE ENTREPRISE

L élaboration de la fiche de poste

Les grands-parents ont-ils le droit de voir leurs petitsenfants même en cas de conflit aigu avec les parents?

FICHE D EVALUATION DES COMPETENCES REQUISES DES COMPETENCES ACQUISES D UN CE-ANPE TOGO 1 - CONNAISSANCES DE BASE

CHAPITRE I Plan d Action et Développement : l heure du bilan

CENTRE DE GESTION DE LA FONCTION PUBLIQUE TERRITORIALE. Le partage de solutions

DECES VEUVAGE Les démarches à accomplir

B2V lance le Prix Solidarité Autonomie Seniors

Auto-évaluation. Évaluation de la promotion de la bientraitance

Le référentiel RIFVEH La sécurité des personnes ayant des incapacités : un enjeu de concertation. Septembre 2008

Logements Entraide Générations

CHARTE D ÉTHIQUE PROFESSIONNELLE DU GROUPE AFD

Comprendre les phénomènes biologiques et psychologiques du stress

FORMALITES A ACCOMPLIR SUITE A UN DECES

Résidence Saint Jean

Transcription:

Les relations avec les familles Une double référence : confiance et professionnalisme

Confiance O La confiance ne se donne pas, elle s établit avec le temps. O Les actions, les moyens, le suivi constituent les composantes quotidiennes de cette relation. O Il est donc nécessaire de donner confiance pour déculpabiliser, pour rassurer et conduire les familles à s éloigner du statut d observateurs pour devenir des partenaires!

Une méthodologie? O Déculpabiliser et rassurer sont les mots clés. O Comment déculpabiliser? Les conditions d accueil Les prestations apportées par l équipe La continuité de la vie La connaissance du résident et de sa famille Les échanges (lieu et moment)

Suite O Comment rassurer? Evoquer les objectifs (projet de vie) Détailler les moyens (nombre et missions des professionnels) Impliquer la famille (participation souhaitée) Montrer les actions déjà menées (diaporama des animations, site internet, vidéos, etc.) Nomination d un interface «Famille/EHPAD»

L Inscription O Une demande unique : le dossier normalisé! O Un formalisme : détailler les informations administratives des informations médicales (les faire mettre par la famille dans une enveloppe confidentielle) O Un moment privilégié pour débuter une prise de conscience, une réflexion sur les préalables à une admission.

L inscription (suite) O Une méthodologie : Fournir des informations utiles avant l entrée Que faire des meubles, de la voiture, des assurances, Y-a-t-il des difficultés familiales, si oui : anticiper! Le candidat résident a-t-il suffisamment de vêtements? Est-il facile de retracer l historique de vie? Donner des supports facilitant la transcription des volontés, des informations : histoire de vie, droits du résident, personne de confiance, etc.

L inscription (suite) O Evaluer la candidature et informer, par écrit, du refus ou de l acceptation, O Indiquer, par écrit, la notion d inscription sur une liste d attente et sa nécessité d actualisation, O Fournir le trousseau, le livret d accueil, la liste des personnes qualifiées, la charte de la personne accueillie, etc. O Actualiser régulièrement la liste d attente.

La Préadmission O Rechercher un futur résident suite au décès, au départ d un autre résident, O Sélectionner, à partir des réponses favorables, le candidat «idéal» (évaluation conjointe par le médecin coordonnateur et la/le psychologue) O Informer immédiatement du délai pour entrer : 8 jours par exemple, afin de permettre de compléter le dossier administratif, d actualiser l état de santé, de procéder, pour la famille, aux diverses actions préalables, aux achats.

La Préadmission (suite) O Donner les documents contractuels : contrat de séjour, règlement de fonctionnement, tarifs. O Récupérer les éléments financiers : titres de pension, cautions solidaires, pécule éventuel, etc. O Séparer les intervenants : un rendez-vous distinct entre l administration, le médecin coordonnateur, coordonnateur l équipe soignante et la/le le psychologue. psychologue. O Accueillir dans un lieu spécifique (processus du deuil blanc de Kübler-Ross)

Le contexte préalable à l admission O L enquête «EHPA» (établissements d hébergement pour personnes âgées), réalisée en 2000 auprès de 2200 résidents de foyers-logements, maisons de retraite, et unités de soins longue durée, indique que l entrée en institution est le plus souvent ressentie comme imposée (Somme, 2003). O Seuls 32% des résidents des maisons de retraite disent avoir participé à la démarche d institutionnalisation, pourcentage qui monte cependant à 54% pour les personnes autonomes. O Pour la plupart des résidents, c est la famille (41%) qui a décidé de l institutionnalisation ; pour une part moins importante, la décision a été prise par les professionnels de santé (20%). O Ainsi, le parent âgé est le plus souvent «placé» en maison de retraite par son entourage, expression qui transforme le sujet en objet de placement.

Contexte (suite) O Les raisons de l entrée en maison de retraite sont également fournies par cette enquête: pour 10% des âgés, il s agit simplement d une décision personnelle ; 14% évoquent des raisons «socio familiales» (un entourage «qui décide») ; enfin, une large majorité déclare être entrée en institution pour des raisons de santé ou d incapacités physiques (67%).

L admission O Programmation d un jour et d une heure d arrivée O O O O O (de préférence 14 heures 30) Intégration dans les plannings de l admission Accueil dans le lieu spécifique du résident Vérification du dossier, des pièces manquantes, de l information du résident par sa famille Passage de mains : le Cadre de santé, l IDE prend le relais, puis l animatrice vient chercher le résident pour le goûter et la présentation aux autres résidents. Une A.S. conduit ensuite le résident à sa chambre et vérifie ses petites habitudes (rituel, goûts).

L intégration O Pendant le premier mois : période d observation, l EHPAD évalue les capacités du résident en regard des moyens. Un «parrain» (membre de l équipe) fait l interface, le lien entre résident, famille et équipe. O A l issue de ce mois : confirmation du séjour et mise au point avec la famille sur le premier vécu. O Echanges avec la famille, le parrain, le cadre, la direction avec cadrage éventuel.

Le séjour O Rassurer devient le leitmotiv de l équipe O Cette nécessité est souvent due à une mauvaise admission : trop rapide, trop évasive, plus affective que professionnelle. O Elle peut aussi être liée à des difficultés extérieures : problèmes familiaux, relationnels au sein de la fratrie, relationnels avec le personnel : «A.S. compétente», enfant désigné, etc. O Il peut aussi y avoir de l influence entre résidents!

Les difficultés relationnelles lors du séjour O 80% des problèmes sont issus d une mauvaise admission et/ou information O 10% sont liés à des «pathologies externes» O 10% sont liés aux actions du personnel directes ou indirectes. O Mais 100% peuvent avoir une incidence directe sur le fonctionnement de l EHPAD : épuisement, courrier aux Tutelles, plainte, etc.

Eviter les conflits O Permettre à une famille l expression de ses questions, de ses doutes, de sa souffrance, etc. au moment où elle le ressent : Cahier de doléances, Questionnaires pré-imprimés, Réunions régulières, Contrat de bientraitance O Former l encadrement à l écoute, à la bonne réponse.

Le partenariat familial O Une des raisons de l émergence de conflits avec les familles réside dans le dessaisissement du parent par la famille : Eviter de prendre tout en charge ou de le dire! Laisser un espace, des actions propres à la famille Faire participer les familles : sorties, fêtes, etc. Proposer une charte de partenariat

La/le psychologue O Avant une admission, la/le psychologue doit évaluer le résident et aussi sa famille : des signes existent : épuisement de l aidant, enfant désigné, famille antiquaire, famille «bercée trop près du mur»! O Chaque conflit doit être relaté au psychologue afin de nourrir ce professionnel sur les risques de dérapage, sur l évolution des relations : 10% des conflits ont cette origine.

Les situations antérieures O Selon J. Gaucher Psychologue clinicien, les familles peuvent être considérées comme : O Trop absente : sentiment de honte, contexte historique de conflit, épuisement O Trop présente : faire du neuf avec du vieux (famille antiquaire), pacte narcissique avec l institution O Exigeante et irréaliste : clivage temporel (parent beau et compétent opposé au sujet malade et incohérent) déclenchant une négation du résident ou une contamination de l institution.

L enfant désigné O Celle (85%) ou celui (15%) qui est le plus O O O O présent Fait preuve d une disponibilité: sentimentale, professionnelle, géographique,... Désigné implicitement depuis longtemps : portetout dans la famille Très fragile narcissiquement et très dépendant des parents Cherche à prolonger sa tâche malgré l épuisement et mal soutenu par sa fratrie.

La gestion de l équipe O 10% des conflits ont leur origine dans le contact avec l équipe ou certains membres de l équipe : entretenir une rotation des effectifs évite la recherche, par la famille, de l A.S. compétente (Travaux de Mr Girod François, Doctorant en sociologie à l Université de Franche-Comté) Rappeler le risque lié à l affectif et redonner une dimension à l empathie Redéfinir les bonnes pratiques professionnelles Ecrire les volontés du résident, les consignes personnalisées

L A.S compétente

Compétence (suite)

Les Outils O Un contrat de séjour et un règlement de fonctionnement qui précisent les conditions de vie et de droit, voilà de quoi éliminer 1 conflit sur 2. O Une mécanique financière bien structurée conduit à éliminer 1 conflit sur 4 O Un détail des actions menées en regard du prix de pension = 1 conflit sur 10 en moins. Le professionnalisme rassure!

Détail des pièces liées à une admission de qualité O CERFA sur le mandat de protection future O Directives anticipées O Protection du majeur vulnérable (UVA) O Caution solidaire O Personne de confiance O Histoire de vie O Goûts et dégoûts, etc.

La Prévention O Il est nécessaire d établir un protocole «d une admission de qualité» afin d homogénéiser les pratiques et d informer les remplaçants, O Il est indispensable de créer une méthodologie simple : documents, lieux, chronologie, etc. O Il est impératif de créer un dossier de réponse pour les Tutelles : formation du personnel, outils utilisés pour recueillir les volontés, informations données aux familles, aux résidents, matérialisation de ces informations, etc. O Il est possible d adhérer à des structures chargées de veiller à la bientraitance, à l écoute des familles.

En conclusion O Respecter O O O O le résident dans ses droits et volontés, Cadrer précisément le rôle de l institution Rappeler les obligations et le travail de chacun Evaluer médicalement, psychologiquement et financièrement avant l admission Suivre l évolution des relations familles/résident/personnel et intervenir le cas échéant = Des relations équilibrées, une image de qualité