Remise officielle à l État du tableau d Edgar Degas Les Blanchisseuses ou Blanchisseuses souffrant des dents Vendredi 11 février 2011 Contacts presse Département de l information et de la communication 01 40 15 74 71 service-presse@culture.gouv.fr Direction générale des patrimoines Attachée de presse Ingrid Baron-Cadoret 01 40 15 36 47 ingrid.baron-cadoret@culture.gouv.fr www.culture.gouv.fr
Sommaire Communiqué de presse p. 3 Étude de deux têtes de femmes ou Blanchisseuses souffrant des dents. Parcours d une œuvre d Edgar Degas (1834-1917) p. 4 Le Havre - Musée d Art moderne André Malraux p. 6 2
Ministère de la Culture et de la Communication communiqué de presse Remise officielle à l État du tableau d Edgar Degas Les Blanchisseuses ou Blanchisseuses souffrant des dents au ministère de la Culture et de la Communication vendredi 11 février 2011 Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, se félicite du retour officiel sur le territoire français du tableau d Edgar Degas, intitulé Les Blanchisseuses ou Blanchisseuses souffrant des dents, déposé par l État en 1961 au musée Malraux du Havre et volé dans ce même musée en décembre 1973. Repéré par un amateur d art français dans un catalogue de vente de Sotheby s à New-York, le tableau est immédiatement retiré de la vente prévue le 3 décembre dernier et restitué à l État français par le détenteur américain. Le ministre de la Culture et de la Communication tient à remercier vivement l amateur ayant signalé l œuvre et la société Sotheby s, pour son efficace médiation. Il remercie aussi le détenteur américain et lui adresse toute sa reconnaissance pour ce geste accompli en faveur des musées français. Le Ministre salue également la collaboration exemplaire entre les autorités américaines (douanes, justice et bureau de liaison Interpol), l Ambassade de France aux États-Unis, l OCBC (Office central de lutte contre le trafic des biens culturels) et les équipes de la direction générale des patrimoines, en particulier le service des musées de France, qui a permis le retour de cette œuvre dans les collections de l État. Lors de cette cérémonie officielle, le Ministre a tenu à rappeler que la prévention des vols dans les musées et la lutte contre le trafic illicite des biens culturels est une priorité de l action du ministère de la Culture et de la Communication. C est par une action constante et concertée entre tous les acteurs que sont rendus possibles des retours d œuvres dans les collections nationales comme celui qui est célébré aujourd hui. Le Ministre a annoncé le renouvellement du dépôt du tableau au musée Malraux du Havre. Après un examen scientifique réalisé par le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) et le temps nécessaire à la procédure de régularisation administrative, l œuvre de Degas retrouvera les cimaises du musée Malraux à l occasion de la commémoration du cinquantenaire du musée à l automne 2011. Contacts presse Paris, le 11 février 2011 Département de l information et de la communication 01 40 15 74 71 service-presse@culture.gouv.fr Direction générale des patrimoines Attachée de presse Ingrid Baron-Cadoret 01 40 15 36 47 ingrid.baron-cadoret@culture.gouv.fr www.culture.gouv.fr www.culture.gouv.fr
Étude de deux têtes de femmes ou Blanchisseuses souffrant des dents Parcours d une œuvre d Edgar Degas ( 1834 1917 ) Étude de deux têtes de femmes ou Les Blanchisseuses, dite aussi Blanchisseuses souffrant des dents, est une huile sur toile, signée en haut à droite «Degas», vers 1870-1872 ( H. 0,15 m, L. 0,21 m). DIDIER PLOWY/MCC Propriété de l État français, cette œuvre, inventoriée sous la référence R.F. 1953-8, est affectée au Musée d Orsay et mise en dépôt au Musée Malraux du Havre. 1924 - Le tableau figure dans l exposition Degas, organisée par la Galerie Georges Petit à Paris. Il est mentionné dans le catalogue, sous le titre Deux blanchisseuses souffrant des dents et comme appartenant à Berthe-Marie Bachoux, épouse de Jean-Baptiste Jeantaud, compagnon d arme de Degas pendant la guerre de 1870. 1946 - Le tableau est répertorié dans le catalogue raisonné de Paul-André Lemoisne, sous la notice n 278, sans que l historique ne soit très détaillé (Degas et son Œuvre, en 4 volumes, 1946-1984). jusqu en 1953 - Blanchisseuses souffrant des dents figure dans la collection de Carle Dreyfus (Paris), conservateur des Objets d Art au Musée du Louvre. 1953 - La collection de Carle Dreyfus est léguée aux musées nationaux et au musée des Arts décoratifs. Le tableau est accepté par l État à titre de legs et attribué au musée du Louvre. Il est présenté la même année dans une exposition de la donation au Cabinet des dessins, Musée du Louvre (n 27 du catalogue). 1961 - Par un arrêté du 26 juin, le tableau est déposé, en même temps que quatre autres œuvres, au musée des Beaux-Arts (futur Musée Malraux) du Havre, qui vient juste d ouvrir. Ce dépôt de l État marque l intérêt du jeune ministère chargé de la culture pour ce nouveau musée. 27 décembre 1973 - La toile est volée dans le musée, durant les heures de visite, entre 17h15 et 17h25. Sa valeur estimative, à l époque, est de 150 000 à 200 000 francs. 1974 - Pendant les mois qui suivent le vol, un mystérieux correspondant, qui ne sera jamais identifié, téléphone à diverses reprises à la rédaction d un journal local, Le Havre-Presse, pour proposer la restitution du tableau contre versement d une rançon de 400 000 francs. Le Havre 4
Presse relate les échanges avec cet interlocuteur anonyme dans plusieurs de ses éditions mais, en définitive, les appels téléphoniques cessent et, en l absence d élément tangible permettant d orienter l enquête des policiers, le tableau reste introuvable. 1986 - Le tableau, même disparu, est administrativement affecté par la direction des musées de France du Musée du Louvre au Musée d Orsay qui vient d être créé. 15 octobre 2010 - La conservatrice du musée Malraux du Havre, alertée par un amateur qui a repéré la toile dans un catalogue de la maison de vente aux enchères Sothebys à New-York, informe le Service des musées de France et l Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) auxquels elle adresse une documentation sur le tableau : photographie, fiche d inventaire, divers courriers, coupures de presse, et un extrait du catalogue de la vente prévue le 3 novembre 2010 (lot n 142, valeur estimative : 250 000 à 350 000 $). 20 octobre 2010 - À la demande de l OCBC, le commissariat du Havre communique une copie de la procédure diligentée en 1974 pour le vol de ce tableau. Le Bureau Central National d Interpol de l OCBC sollicite en urgence Interpol Washington afin de suspendre la vente du tableau et de prendre toutes les mesures conservatoires, en arguant du statut particulier de l œuvre : trésor national, bien de l État. En parallèle à la mise en route des procédures d alerte, le service des musées de France informe Sotheby s France de la situation pour demander à la maison de ventes d obtenir auprès de Sotheby s à New York le retrait du tableau de la vente prévue. 21 octobre 2010 - Interpol Washington indique à l OCBC que le dossier est traité par les agents du Service de l Immigration et des Douanes, Département de la Sécurité du Territoire des États-Unis (U.S. Immigration and Customs Enforcement ICE/ U.S. Department of Homeland Security - DHS) à New-York. 3 décembre 2010 - Les autorités américaines, après une médiation entre les agents des douanes et le procureur fédéral pour l Eastern District of New-York signent un accord avec le détenteur américain du tableau, qui accepte le principe d une restitution à l État français sans contrepartie. 21 janvier 2011 - L Ambassade de France aux États-Unis reçoit officiellement le tableau, lors d une cérémonie à la résidence de l Ambassadeur, à laquelle participe le directeur du Service de l Immigration et des Douanes (ICE) et, en lien avec le service des musées de France, organise son transport en France jusqu à Paris. 11 février 2011 - Une cérémonie de remise officielle présidée par le ministre de la Culture et de la Communication est organisée au ministère de la Culture et de la Communication en présence de l Ambassadeur des États-Unis en France. 2011 - Un passage au Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF), pour effectuer des examens destinés à établir un bilan de son état, et la réalisation de la procédure administrative pour le renouvellement du dépôt sont prévus dans les mois à venir avant que le tableau ne soit à nouveau exposé au Musée Malraux au moment de la commémoration de son cinquantenaire. 5
Le Havre - Musée d Art moderne André Malraux Premier musée-maison de la Culture Préservées des destructions de la Seconde Guerre mondiale, à l encontre du bâtiment anéanti par les bombardements de septembre 1944, les collections du musée des Beaux-Arts du Havre rejoignent le premier musée-maison de la Culture inauguré le 24 juin 1961 par André Malraux, ministre d État chargé des Affaires culturelles : «Il n y a pas une maison comme celle-ci au monde, ni même au Brésil, ni en Russie, ni aux États-Unis. Souvenez-vous, Havrais, que l on dira que c est ici que tout a commencé.» Instruments d action sociale destinés à une diffusion et à une pédagogie de l art par l art, fondée sur la confrontation des arts entre eux, ces maisons de la culture avaient pour objectif de renouveler la relation du public à l œuvre. En 1952, Reynold Arnoult, conservateur des musées de la Ville du Havre, se voit confier la conception de ce centre culturel et lieu de création continue, voué à une diversité d emplois (expositions, concerts, conférences, spectacles). En étroite collaboration avec ce dernier, et en association avec Raymond Audigier, Michel Weill et Jean Dimitrejvic, Guy Lagneau, architecte dissident de l atelier de reconstruction d Auguste Perret, imagine, sur les principes de transparence et de flexibilité, un espace modulaire avec des cloisons mobiles, en harmonie avec l environnement maritime. L architecture du bâtiment, cube de verre, d acier et d aluminium bénéficiant de sources d éclairage de tout côté, y compris par le toit, protégé par un paralume servant à tamiser et à diffuser la lumière à l intérieur dû à Jean Prouvé, vise à prolonger le dialogue des œuvres avec le paysage et la lumière qui les avaient vues naître. Figure de proue de la ville à l entrée du port, se signalant par la sculpture monumentale d Henri Georges Adam, le premier musée édifié après guerre s impose comme un manifeste de l architecture moderne et minimale. Désinvesti du projet de polyvalence en 1967 et dès lors entièrement dévolu aux collections et aux expositions temporaires, l édifice fait l objet, entre 1995 et 1999, d une complète rénovation conduite par les architectes Laurent et Emmanuelle Baudouin, les ingénieurs Jean-Pierre Crousse et Sandra Barclay, puis d un petit chantier muséographique en 2006, à l occasion de l arrivée de la donation Senn-Foulds. Les collections du Musée d Art moderne André Malraux Constituées à partir de 1845, les collections du musée ont d abord été un reflet fidèle des différentes écoles de peinture européenne depuis la Renaissance. Mais au tournant du XX e siècle, à la suite de plusieurs dons et legs importants, le musée devient un haut lieu de l impressionnisme et du fauvisme. En 1900, le frère d Eugène Boudin, Louis Boudin, donne à la Ville du Havre le fonds d atelier de l artiste, soit 224 esquisses peintes sur toile, carton, panneau de bois, témoignages irremplaçables sur le travail en plein air quotidien du peintre. Consciente qu il convient de donner sa place à l école impressionniste, la Ville du Havre achète très tôt des œuvres à Pissarro (Le Port du Havre) et à Claude Monet (Les Falaises de Varengeville, Le Parlement de Londres et Les Nymphéas). Ce fonds est enrichi en 1936 par le legs de Charles-Auguste Marande, négociant en coton et 6
grand amateur d art, membre fondateur, avec Olivier Senn, Raoul Dufy et Georges Braque entre autres, du Cercle de l Art moderne. Avec 63 peintures, 25 dessins et une sculpture, ce sont de nouvelles pièces impressionnistes (Renoir, Monet, Pissarro), mais surtout des œuvres fauves qui font leur entrée dans les collections du musée (Marquet, Kees van Dongen, Camoin). En 1963, la veuve de Raoul Dufy lègue à la Ville du Havre, dont est originaire l artiste, un ensemble de 70 œuvres de son mari. Cette collection couvre toute la carrière de l artiste, de sa période impressionniste aux années 1940, et témoigne de la diversité de son art : peinture, dessin, tapisserie, céramique. La collection du musée est ponctuellement enrichie par des acquisitions qui complètent le fonds déjà constitué, soit avec des pièces du XIX e siècle (Monet, Fécamp bords de mer, Courbet, La Vague), soit en l ouvrant au XX e siècle (Léger, Hélion, Villon, Dubuffet ) et notamment à la photographie contemporaine. Enfin, en 2004, le musée Malraux se voit très généreusement offrir, par donation d Hélène Senn-Foulds, l extraordinaire collection de son grand-père, Olivier Senn. Négociant de coton, amateur d art et membre du Cercle de l Art moderne comme Charles-Auguste Marande qu il connaît bien, Olivier Senn a constitué sa collection de la fin du XIX e siècle aux années 1930. Sa fine connaissance du milieu artistique lui a permis d acquérir des œuvres majeures, parmi lesquelles des Courbet, Delacroix, Corot, mais surtout des impressionnistes tels que Renoir, Sisley, Monet, Pissarro, Guillaumin, Degas, des post-impressionnistes tel que Cross, des Nabis comme Sérusier, Vallotton, Bonnard et Vuillard, des Fauves comme Derain, Marquet et Matisse Au total ce sont 71 peintures, 130 œuvres graphiques et 5 sculptures qui ont été données par Hélène Senn-Foulds, faisant désormais du musée Malraux le plus riche musée français, en province, en collections autour de l impressionnisme. 7