LE MONTAGNARD DE PARMÉNIE FRÈRE LEO BURKHARD, FEC (1922-2007)



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LE MONTAGNARD DE PARMÉNIE FRÈRE LEO BURKHARD, FEC (1922-2007) FRÈRE LEO BURKHARD, FEC 1922-2007

EXORDIUM «En l an de grâce 1714, Saint Jean-Baptiste de La Salle, Fondateur des Frères des Écoles chrétiennes, décida, dans cette chapelle, du sort de son jeune Institut». Gravé sur une plaque de marbre noir dans la chapelle de Parménie, petite montagne du Dauphiné (France), cette inscription exprime la profonde conviction du Frère Leo Burkhard, F.E.C. Elle le conduisit à consacrer la plus grande partie de sa vie à la restauration de ce site historique et à son acquisition par l Institut des Frères des Écoles Chrétiennes. Ce lieu est aujourd hui un Centre Lasallien International de Rencontre pour des retraites et des réunions spirituelles, culturelles, pédagogiques et professionnelles. L année 2014 marque le trois-centième anniversaire d un événement important qui eut lieu à Parménie quand, au printemps de 1714, De La Salle reçut une lettre de la part des Frères le rappelant à Paris afin de reprendre la direction générale de l Institut que Dieu l avait appelé à fonder : «Nous vous prions très humblement et vous ordonnons au nom et de la part du corps de la Société auquel vous avez promis obéissance, de prendre incessamment soin du gouvernement général de notre Société. En foi de quoi nous avons signé. Fait à Paris ce 1 avril 1714». Cahiers lasalliens 57, page 108 (Blain) De La Salle trouva à Parménie la paix et la tranquillité après avoir subi maintes épreuves et déceptions à Paris et dans d autres lieux où il avait ouvert des écoles pour les jeunes nécessiteux. Malgré cela il retourne à Paris comme les Frères l exigeaient. Frère Leo Burkhard est convaincu que cela constitua un tournant décisif dans l histoire de l Institut, et il est possible que sans cet événement l Institut n aurait pas survécu. Cette courte biographie du Frère Leo Burkhard est un témoignage des réalisations incroyables d une personne remarquable qui travailla longtemps et inlassablement afin que Parménie devienne un site précieux pour l Institut des Frères des Ecoles Chrétiennes.

FRÈRE LEO BURKHARD. FEC (1922-2007) Le Montagnard de Parménie Dans ses écrits sur Parménie, Frère Leo Burkhard (connu à Parménie sous le nom de Frère Albert) utilisait souvent l expression «l étonnante et fascinante histoire d une petite colline dauphinoise» ( the astounding and fascinating history of a small dauphinoise hill ). L histoire de «l ascension et la conquête» de Parménie par Leo est aussi une histoire «étonnante et fascinante», tout comme le récit de sa vie riche en événements, dont ses liens avec Parménie furent le point culminant. Retour en arrière C est au printemps de 1957 que Leo découvrit Parménie pour la première fois. Il escalada le sentier rocailleux qui zigzaguait jusqu au sommet d une petite mais imposante colline culminant à 760 mètres d altitude. Le silence et le mystère de ce haut lieu qu il approchait pour la première fois l émurent profondément. Ce site pittoresque jouit d un cadre extraordinaire surplombant plusieurs villages et bourgs qui s étendent sur la Vallée de l Isère et la plaine de la Bièvre. Proche de Grenoble, il se tient fièrement niché parmi les Alpes de Belledonne, le Vercors sauvage, et les montagnes de Chartreuse qui l entourent. Dans la clairière, au sommet, Leo vit les ruines d une petite chapelle rustique et les murs délabrés d un vieux prieuré qui parlèrent d une histoire longue et fascinante et de la guerre et la désolation. Il y eut une présence romaine dans les premiers siècles, un centre dédié au culte d Isis, un refuge fortifié pour les évêques fuyant l invasion sarrasine du neuvième siècle, un lieu de pèlerinage au moyen-âge, l implantation de plusieurs communautés religieuses, une propriété communale qui fut victime de vandalisme et d incendies criminels, un site stratégique pour les canons allemand pendant la Deuxième Guerre mondiale, un lieu de pâturage pour les vaches et les moutons, pour l agriculture, et peutêtre pour des activités de contrebande, un lieu qui fut finalement négligé et laissé à l état de décombres. Ses promenades parmi les ruines poussèrent Leo à entreprendre des recherches sur l histoire de Parménie et, à cause de son importance pour l Institutes Frères des Écoles Chrétiennes dont il était membre, à préparer l acquisition de ce site pour l Institut. Il ne se rendait pas compte à ce moment-là qu un jour ce sommet deviendrait sa résidence principale pendant vingt-cinq ans et l obsession de toute sa vie. En fait, pendant des années Leo ne cessa de poursuivre des recherches sur l histoire de Parménie. Il en résulta une thèse de doctorat ainsi que plusieurs articles sur le sujet. Puis, ayant fait entrer le site dans le patrimoine de l Institut, il travailla inlassablement pendant plusieurs années afin de le restaurer. Dans la préface à sa thèse sur Parménie soutenue à l Université de Grenoble, l historien et journaliste célèbre Paul Dreyfus écrivit: «En ce pays rude et pauvre qu était le Dauphiné, la colline de Parménie fut, tout au long de l Histoire, un haut lieu spirituel Qu il y ait ainsi, à travers le monde, des endroits où souffle l Esprit, nous le savons bien. Mais nous sommes portés à croire qu ils s appellent le Sinaï, ou Subiaco En revanche, nous ne savons

pas voir qu il en existe tout près de nous Parménie est de ces sites privilégiés Léo Burkhard n a pas seulement sauvé quelques pierres il a fait mieux il a restitué une partie de son âme à notre Dauphiné.» Lorsqu il était jeune Frère, au début de sa carrière d enseignant à Monterrey, au Mexique, Leo se posait de sérieuses questions sur les orientations possibles de son avenir en tant que Frère. Afin d aborder ces interrogations, il voulut connaître l histoire de Jean- Baptiste de La Salle, Fondateur de l Institut des Frères des Écoles Chrétiennes canonisé en 1900, avant de s engager définitivement parmi ses disciples. Leo basa sa recherche personnelle de Jean-Baptiste de La Salle sur la lecture de la biographie par le Chanoine Blain, un ami de De La Salle vers de sa vie et, pendant plusieurs années, supérieur ecclésiastique des Frères dans l archidiocèse de Rouen, écrite en 1733, quatorze ans après la mort de De La Salle. Ceci donna naissance, en 1950, à l idée de rédiger un petit livre, avec peut-être déjà la pensée d en tirer un film. Leo l intitula Master of Mischief Makers qui présentait les projets de Jean-Baptiste de La Salle pour l éducation des jeunes pauvres et délaissés. Dans ce livre, Leo s imagine comme un jeune homme accompagnant Jean- Baptiste de La Salle dans la France du dix-septième siècle, pendant le règne de Louis XIV. Publié une première fois en 1952 et traduit ensuite en plusieurs langues, ce livre valut à Leo une reconnaissance internationale à travers l Institut. A partir du titre du livre dans ses diverses traductions, ce Frère américain doué et entreprenant reçut le surnom de «Gamin de Paris,» «el Golfillo,» des références en français et en espagnol aux va-nu-pieds de la rue. Chose intéressante, Leo expliquait souvent que Master of Mischief Makers pouvait être aussi une référence à De La Salle lui-même comme un semeur de troubles en faisant des démarches audacieuses au dix-septième siècle afin d établir une communauté d enseignants non-ordonnés prêtres et dans ses innovations pédagogiques. Comme sa vie le démontra par la suite, Leo devint aussi un maître des semeurs de troubles. Dix ans après avoir publié son livre, Leo fut envoyé en France pour enseigner à l école missionnaire des Frères à Saint-Maurice l Exil (Isère). Situé à cinquante-six kilomètres seulement de Parménie, Leo eut l occasion de visiter ce lieu qu il ne connaissant alors que par son imagination. Un rêve allait devenir maintenant une réalité et, paradoxalement, la vie de Leo ferait de cette réalité un rêve. Septième de neuf enfants, six garçons et trois filles, Leo naquit le 4 octobre 1922 à Delta, Colorado, une petite ville sur le versant ouest des Montagnes Rocheuses. Petit et frêle dans son enfance, il resta mince tout au long de son adolescence et de son âge adulte. Son père George, un homme de prière, gagnait sa vie modestement comme charpentier et peintre. Sa mère, Mary Elizabeth (née Smith), souffrait de nombreux problèmes physiques et de périodes de dépression. A l âge de sept ans, ses parents déménagèrent dans un lieu proche et plus tard à Pueblo, Colorado, quand il avait treize ans. C est là, en 1936, qu il fit la connaissance de Frère Abadir Joseph Durand, de Saint-Bonnet-le-Château (Loire, France), un recruteur de vocations pour les Frères, qui le convainquit d entrer au Juvénat, une maison de formation religieuse et scolaire pour les Frères à Las Vegas, Nouveau-Mexique. En plus de son programme scolaire, Leo poursuivit sa passion pour la musique, surtout le piano et le violon, et la musique demeura une part importante dans sa vie. Après avoir terminé ses études au Juvénat, il poursuivit son programme de formation au Noviciat de 2

Lafayette, Louisiane, où il reçut l habit religieux en 1939. A peine âgé de dix-sept ans, il commença la lecture de la biographie de Jean-Baptiste de La Salle par Blain. C est par cette lecture que Leo, jeune enseignant, découvrit Parménie. Dès ce moment sa curiosité au sujet de Parménie ne cessera jamais plus. Comme Leo voulait être missionnaire à l étranger à l exemple du Frère Joseph, ses supérieurs, au terme de ses études de Scolasticat à Santa Fe, l envoyèrent pour sa première mission comme enseignant en 1944 à Monterrey, au Mexique, un pays qu il aimait beaucoup. Il y enseigna au Colegio Regiomontaño, mais après quatre ans il tomba gravement malade du paludisme et dut rentrer aux Etats-Unis où il enseigna au Juvénat à Lafayette, Louisiane. C est là qu il termina son manuscrit de Master of Mischief Makers. Il demanda à un des élèves du Juvénat, Donald Mouton, de lire le manuscrit et de lui donner ses impressions. De là, en 1952, il fut envoyé à Santa Fe, Nouveau-Mexique, où il enseigna au Lycée de St. Michael pendant trois ans. Avec Frère Joseph en communauté, il ne manqua pas de l aider dans sa tâche de recruteur. Après Santa Fe, Leo enseigna un an au Lycée Cathedral à El Paso, Texas. À cause de son aptitude pour les langues étrangères, le Frère Visiteur du district Santa Fe-Nouvelle Orléans honora une demande des Supérieurs à Rome et, en 1956, envoya Leo enseigner au Juvénat Missionnaire à Saint-Maurice-l Exil (Isère, France). Au cours d un séjour de huit ans, Leo put souvent visiter Parménie et laissa se former en lui le rêve restaurer le prieuré et d acquérir le lieu pour l Institut. Les Supérieurs de l Institut le chargèrent de cette tâche en 1965. Achat de Parménie Les circonstances incroyables qui retardèrent pendant des années l acquisition de Parménie forgèrent en Frère Leo la conviction que seule la Providence avait rendue celle-ci possible. Tout commença par une promenade parmi les ruines que fit un couple de la petite ville voisine de Tullins, M. Robert Mazin, ancien élève de l École De La Salle à Grenoble, et son épouse. Ensemble ils se demandèrent s ils n étaient pas appelés à restaurer le petit monastère. Ils firent part de leur interrogation à Frère Leo quand, au printemps de 1957, celui-ci vint frapper à leur porte, à la recherche d informations historiques sur ce lieu. Vingt ans plus tard, ils joueraient un rôle primordial dans l acquisition de Parménie. Le domaine de Parménie appartenait aux Bénédictins Olivétains depuis 1857. Après avoir été obligés d abandonner les lieux lors du conflit entre l Église et la France en 1903, ils purent reprendre possession de leur monastère en 1927. L Abbé Dom Henri, Comte de Malherbe, une personnalité exceptionnelle parlant une douzaine de langues, utilisa son importante fortune pour dans la reconstruction et la restauration des divers bâtiments, et y fut Supérieur de 1927 à 1937. Cependant la Deuxième Guerre Mondiale vint mettre fin à ses rêves d un monastère restauré, et il quitta le site, le laissant à la disposition de la famille Rebou qui exploitait le domaine agricole voisin. En janvier 1944, des soldats allemands détruisirent les bâtiments devenus un lieu de refuge pour les membres de la résistance clandestine française. L arrivée de Leo à Parménie en 1957 suscita de la méfiance associée habituellement à la présence d un étranger, dans ce lieu qui avait déjà vu sa part de circonstances très 3

douteuses. Le propriétaire légal du domaine était à cette époque un Bénédictin Olivétain, Dom Robert Van Cauwelaert de Wyels, un Belge habitant Louvain soi-disant héritier de Dom Henri de Malherbe qui était décédé en 1963. Apprenant qu un Frère des Écoles Chrétiennes de nationalité américaine et habitant non loin de Parménie s intéressait au site, il adressa une lettre au directeur de Saint-Maurice-l Exil, proposant de vendre le domaine à l Institut. Leo transmis cette lettre au Frère Nicet Joseph, Supérieur Général. Par une extraordinaire coïncidence, à peu près à la même époque, le Directeur de l École Saint-Luc à Tournai (Belgique), une école lasallienne d art, adressa aux Supérieurs de l Institut à Rome, une demande d autorisation pour l achat d une propriété en Provence comme lieu de construction pour de jeunes étudiants en architecture. En même temps, le maire de Beaucroissant, commune dont dépend Parménie, informa Leo que des indemnités pour des dommages subis pendant la guerre et destinées à la restauration de l hermitage et de la chapelle recevraient bientôt une nouvelle destination si la famille Malherbe ne s y opposait pas. Voyant en ceci un danger imminent en ce qui concernait l acquisition de Parménie pour l Institut, Leo se mis à la recherche des membres de la famille Malherbe. Un neveu de Dom de Malherbe, le Baron Jean-Ghislain d Aboville habitant Paris, et un de ses cousins, directeur de l office gouvernemental pour la distribution des indemnités pour dommages de guerre, étaient d accord pour représenter les héritiers légitimes de Dom de Malherbe afin d empêcher que les indemnités pour Parménie soient réaffectées. D Aboville était prêt à intenter un procès contre Dom Van Cauwelaert, un héritier discutable qui avait négligé de remplir toutes les dernières volontés de Dom de Malherbe, à la condition que l Institut accepte la propriété si le procès était gagné. Leo en informa le Conseil de l Institut qui, préférant la prudence, résista à la poursuite de l affaire. C est à la même époque que Leo partit pour l Espagne afin d y étudier le projet d un film sur Saint Jean-Baptiste de La Salle. Après une visite à Paris et avec le consentement de son Conseil, Frère Nicet Joseph donna son accord pour accepter l offre du Baron d Aboville, y compris les dépenses inhérentes. Cependant le tribunal de Grenoble ne rendit pas un jugement favorable aux héritiers de Dom de Malherbe et le conseil de la Congrégation cessa toutes nouvelles négociations en vue d un accord. Leo poursuivit la discussion de l affaire avec M. Mazin et demanda à M. d Aboville de permettre à ce dernier de contacter Dom Van Cauwelaert. Celui-ci, par une heureuse coïncidence, vint à Grenoble en mars 1964 et se rendit à la Chambre d Agriculture, à la recherche d un acheteur pour Parménie. Il passa par hasard devant M. Mazin qui ne le connaissait pas et qui fut surpris d apprendre peu de temps après le motif de la visite de Dom Van Cauwelaert. M. Mazin proposa alors d acheter Parménie en son propre nom sans aucune mention de l Institut. Avec le consentement M. d Aboville et du Conseil de la Congrétation, M. Mazin poursuivit des négociations avec Dom Van Cauwelaert. Après de nombreuses réunions et bien des difficultés, M. Mazin put enfin signer une promesse de vente le 26 mars 1964, avec la réserve qu il pourrait créer une société anonyme afin de poursuivre des négociations supplémentaires. 4

La Société Anonyme Immobilière du Domaine de Parménie comprenant sept membres tous laïcs et présidée par M. Mazin put ainsi devenir propriétaire de Parménie. La signature de l acte de vente par le Président eut lieu le 13 novembre 1964. Par cet acte l Institut devenait pratiquement le propriétaire des 35 hectares de Parménie pour un prix d environ $35000 de l époque, avec droit aux indemnités des dommages guerre d un montant de $45000 payable sur une période de neuf ans. Pour percevoir ces indemnités, l Institut dut cependant financer la reconstruction des bâtiments, réparer le chemin d accès, fournir l eau et l électricité et restaurer la chapelle en ruines. Ce programme put se poursuivre grâce aux initiatives incessantes de Leo ainsi qu à celles des Amis de Parménie et du siège central de l Institut, mais sans la participation de la majorité des Frères Visiteurs de France, ce qui fut la cause d un certain malaise dans le milieu lasallien français. Les Supérieurs français se désolidarisant de ce projet, Parménie se trouva directement lié à la Maison Généralice à Rome. Quinze semaines avant la signature de l acte de vente, le 24 octobre, 1964, Leo soutint sa thèse devant l Université de Grenoble. Le sujet en était Parménie, haut lieu Dauphinois. C était l aboutissement de sept années d études universitaires et de recherches en vue de l acquisition et de la restauration Parménie. Ces recherches le conduisirent jusqu en Suisse, lieu de naissance du Frère Bernard ( Jean d Auge), premier biographe du Fondateur et témoin probable de l événement important qui eut lieu à Parménie en 1714, la rencontre de De La Salle et de Sœur Louise, quand une lettre des Frères le rappela à Paris. Leo étudia méticuleusement les manuscrits du Chanoine Gras du Villard, biographe de la Soeur Louise et successeur à Parménie du chanoine Jean d Yse de Saléon qui avait fait connaître Parménie à De La Salle. Quoique le Supérieur Général ait alors nommé Leo comme enseignant à l Université De La Salle à Manille, il fut rapidement et de manière inattendue invité à rester en France afin de diriger la restauration de Parménie. En attendant d aménager un logement rudimentaire dans une vieille grange de Parménie, Leo logea chez le curé de Renage, au pied de la colline. Il invita Donald Mouton, un Frère de son propre district de la Nouvelle-Orléans Santa-Fe, son élève autrefois à Lafayette, Louisiane, et qui suivait alors des études doctorales en théologie à l Institut Catholique de Paris et avec qui Leo avait établi des liens fraternels proches à travers les années, ainsi qu avec d autres Frères étudiant dans diverses universités en Europe, à se rendre à Parménie pour l aider à aménager son logement dans la vieille grange. Pendant ce temps M. Ferdinand Ney, chef de la Société Dauphinoise de Travaux, dirigeait le chantier de rénovation dans des conditions particulièrement difficiles à cause de l absence d eau courante et d électricité comme d une voie d accès convenable. Pour ajouter aux difficultés, un incendie mystérieux détruisit la presque totalité de la grange dont une partie reconstruite par les Frères étudiants et destinée au logement de F. Leo et plus tard d un petit groupe de Frères. Ces diverses circonstances contraires ne découragèrent pourtant pas M. Ney et ses ouvriers. Grâce à une campagne de presse menée par M. Paul Dreyfus, on put recruter des volontaires prêts à s engager sur le projet. Le 15 mai 1965, une messe en plein air attira une foule importante symbolisant la bénédiction de Dieu sur l entreprise. Le lendemain, un habitant de Renage tout proche, avec l aide d une douzaine de volontaires, remorqua avec grande difficulté sa petite caravane jusqu au sommet de Parménie. Elle 5

devait servir de logement à Leo pendant plusieurs mois. Pendant ce temps-là, les travaux de rénovation se poursuivirent sous la direction de M. Bernard Avezou, architecte choisi par la Société Immobilière établie par M. Mazin. Pour que Leo puisse être logé plus convenablement, les ouvriers réussirent à aménager deux pièces et une cuisine rustique dans une annexe de la vieille grange. Comme qu il n y eut aucune estimation initiale des coûts du projet de restauration, des dépenses continuelles et imprévisibles causèrent une inquiétude grandissante pour le Conseil général à Rome. Il était également important de justifier l utilisation des indemnités des dommages de guerre. Le financement du projet au-delà du montant de ces indemnités demeura un souci permanent. Il restait par ailleurs une question maintes fois posée et toujours sans réponse : quel était le but immédiat poursuivi par cette acquisition de Parménie? Cette aventure de la rénovation de Parménie fut l occasion de liens forts d amitié parmi les habitants de la région. Cette amitié conduisit à la création, le 15 novembre 1965, de l «Association des Amis de Parménie», à but non-lucratif, en vue de favoriser l avancée des travaux de restauration comme de planifier de nouvelles structures, de suivre la gestion financière et d organiser des retraites spirituelles, culturelles, pédagogiques, professionnelles. «Les Amis» contribuèrent pour une part importante au succès de Parménie, par leurs contributions personnelles et financières, leurs dons divers, leur collaboration à tous les niveaux, inspirés par l engagement et l enthousiasme de Leo. Le Père Camille Bouvier, de Grenoble, devint l aumônier permanent de Parménie et y présida de nombreuses célébrations liturgiques ouvertes au public. Leo et lui formaient une communauté à deux personnes. Les travaux de rénovation de la chapelle permirent de découvrir la dépouille de Soeur Louise, la sainte bergère de Parménie, qui y passa de nombreuses années à l accueil des personnes à la recherche d un lieu calme pour la prière et la réflexion. Leo était convaincu que sa rencontre avec M. De La Salle, aumônier temporaire en ce lieu, fut l occasion d un tournant dans l histoire de l Institut des Frères des Écoles Chrétiennes. La dernière œuvre de Leo avant sa mort, Une Rencontre Providentielle à Parménie, traite de cette période dans la vie de M. De La Salle. La dépouille de Soeur Louise repose dans la crypte ancienne de la chapelle. Leo exprima souvent son souhait que sa dépouille soit placée à côté de la sienne. Au printemps 1966 commencèrent les travaux sur ce qui serait l espace d accueil et de vie de Parménie. La pose de la première pierre fut célébrée le 15 mai, la fête de Saint Jean-Baptiste de La Salle, à l occasion d une cérémonie bien conduite et en présence de plusieurs personnalités civiles et religieuses. À travers cette occasion, l Institut célébrait la renaissance de Parménie. L été qui suivit vit l arrivée de plusieurs groupes de jeunes ouvriers de Hollande, engagés comme volontaires pour les travaux de construction. Des entreprises locales firent don d outils, et les Amis de Parménie reçurent des contributions considérables de matériau et de main d œuvre. En septembre 1966, une procession solennelle, avec la participation de l Evêque de Grenoble et de nombreux prêtres, ramena sur la colline la statue de bois doré du seizième siècle transportée par un groupe de 6

religieux et de laïcs, la Pieta sauvée de la destruction de la chapelle avant l arrivée des Allemands et déposée depuis dans l église de Beaucroissant. Cet événement fut un nouvel encouragement pour les pèlerins désireux de venir se recueillir sur la colline de Parménie. Des Frères de l Institut venus de Belgique, d Italie, de Suisse, d Espagne, des États-Unis commencèrent à faire étape à Parménie à l occasion de leurs voyages en France. Cette vie toute nouvelle à l Hermitage de Parménie poussa Leo à demander au Conseil général de la Congrégation qu y soit créé un Centre National Lasallien de Rencontres en vue d organiser des réunions pédagogiques et des séminaires et offrir à des jeunes un lieu favorable à divers programmes et activités estivales. Les coûts potentiels d un projet de cette importance amena le Conseil à exprimer des réserves, mais sans rejeter complètement l idée. En mars 1967, Leo organisa une retraite animée par Frère Leo Kirby, Assistant pour les États-Unis, et rassemblant six Frères venus des États-Unis, du Brésil, d Afrique, du Canada et du Vietnam. Ils firent là l expérience de conditions rudimentaires compensées par un environnement exceptionnel. Leurs signatures dans le Livre d Or de Parménie en gardent le souvenir. Les années 1967 et 1968 s avérèrent difficiles pour Parménie, tant à cause de la pénurie de ressources financières que d un hiver rude, cela en l absence de Leo appelé par les Supérieurs à superviser le tournage d une nouvelle version du film espagnol sur Saint Jean-Baptiste de La Salle. Pour ces raisons les travaux de restauration connurent un arrêt. Cependant M. Pierre Thouvard, nouveau président de l Association «Les Amis de Parménie», membre affilié à l Institut, put négocier un accord financier avec une banque de Paris, permettant ainsi la reprise des travaux. Un projet de grande envergure concernait le déboisement d importantes sections d une partie fortement boisée du sommet de Parménie jusqu à l entrée de Beaucroissant ainsi que le creusement de tranchées et l installation de poteaux téléphoniques pour un service téléphonique innovant, non encore disponible pour les habitants et les commerces des environs. Au cours des mois suivants, divers groupes d étudiants et d hommes d affaires organisèrent leurs rencontres et séminaires à Parménie, ce qui encouragea l idée d utiliser Parménie comme centre culturel et pédagogique pour des groupes commerciaux, industriels, pédagogiques, familiaux, et religieux. M. Pierre Thouvard, président «Des Amis de Parménie,» fit don d une plaque en marbre noir pour la chapelle avec l inscription «En l an de grâce 1714, St. Jean-Baptiste de La Salle, Fondateur des Frères des Ėcoles chrétiennes, décida, dans cette chapelle, du sort de son jeune Institut.» En 1980 une production grandiose «Son et Lumière» retraça, pour les 2000 spectateurs présents, l histoire de Parménie à travers les siècles. Sous la direction de Leo et avec l aide de nombreux amis, 200 personnes furent les acteurs de ce spectacle mis au point pour célébrer les trois-cents ans de la fondation de l Institut. Dans le même temps se tenait à Parménie un rassemblement international de 1200 jeunes venus d Europe et du Canada. Ce fut un tournant dans l histoire de Parménie et «Des Amis de Parménie». Leo, M. d Aboville et des membres du Conseil d Administration de l Association des Amis de Parménie entamèrent alors des discussions avec les Supérieurs à Rome et en 7

France pour que la Région Française de l Institut prenne en charge la responsabilité de Parménie. Le projet aboutit trois ans plus tard, en 1983, par l arrivée du Frère Maxime Ferland, ancien Visiteur du district de Midi-Méditerranée, nommé nouveau Directeur de Parménie, Leo étant appelé à Rome pour de nouvelles responsabilités. En 1978 la Société Immobilière du Domaine de Parménie et l Association des Amis de Parménie firent apport à la Fondation de La Salle de France de la propriété de Parménie, don inestimable à l Institut de ce site lasallien qu elles avaient sauvé et dont elles reconnaissaient ainsi la vocation internationale. Des constructions supplémentaires continuèrent sur la colline au cours des années suivantes. Le 17 juin 1990, vingt-cinquième anniversaire de la renaissance de Parménie, l Association des Amis de Parménie, ayant transféré la gestion du Centre de Rencontres aux Frères de France, mirent fin à leurs responsabilités. À l occasion d une fête en plein air, elle transmit tout son patrimoine «moral et matériel» à l Institut. Frère John Johnston, Supérieur Général, exprima la reconnaissance profonde de l Institut envers les Amis de Parménie. A cette occasion, entouré des personnalités locales, tant civiles que religieux, ainsi que des Frères Visiteurs d Autriche, de Belgique, d Espagne, de la Hollande, d Italie et des États-Unis, Leo reçut la reconnaissance française de l Ordre National du Mérite. Un concert présentant la Messe du Couronnement de Mozart exécutée par le Conservatoire National de la Région de Lyon couronna l événement. Au cours de cette cérémonie, M. d Aboville prononça un discours émouvant qui se termina par ces mots : «Enfin, nous sommes ici aussi pour rendre hommage et exprimer notre reconnaissance envers le Frère Albert Burkhard sans qui Parménie n existerait pas. Il nous quitte pour les États-Unis, et c est avec tristesse que nous voyons un ami incomparable nous quitter.» Frère Donald Mouton, Visiteur nouvellement nommé du district de la Nouvelle Orléans-Santa Fe, qui assistait à l événement, invita Leo à faire partie de la communauté du Lycée de Mullen à Denver, Colorado. Le lendemain un rêve de Leo devenait réalité : la Région française de l Institut choisissait Parménie pour y établir son noviciat. Un an plus tard, le Père Jean de La Croix, bénédictin en résidence à Parménie en tant qu aumônier, commentait, le 7 avril 1991, en la Fête de Saint Jean-Baptiste de La Salle : «A Parménie, les Frères sont venus pour rappeler De La Salle. Il était venu pour mourir, maintenant il devait partir pour une nouvelle vie. La résurrection triompha sur la mort. Dans le creuset de sa Passion, mystérieusement, une nouvelle vie venait à naître. Parménie était pour lui et pour vous, un lieu de résurrection! Le Film Une des raisons pour lesquelles Leo écrivit Master of Mischief Makers était l espoir qu un jour l histoire de Jean-Baptiste de La Salle deviendrait un film. Des discussions demeurèrent engagées pendant de nombreuses années au sujet d un film à réaliser sur De 8

La Salle. Les couloirs de la Maison Généralice à Rome en donnaient l écho. Mais aucun des scenarii présentés, tant d un auteur italien que d un auteur français, ne fut retenu. La sortie de Master of Mischief Makers en anglais puis en français, en espagnol et en italien éveilla un intérêt renouvelé pour le projet d un film et facilita le contact de cinéastes professionnels en Angleterre, en France, en Espagne, et en Italie. Des représentants de l Institut finirent par signer un contrat avec une société espagnole, Eurofilms, qui venait de terminer le film à succès «Molokai.» Plusieurs Frères connaissaient le président de la société, Gerardo Marote. En l espace de dix-huit mois, plus d une douzaine d auteurs travaillèrent à un scénario dans trois langues différentes, l Institut se gardant le droit d approbation. La visite de nombreux sites en France Paris, Reims, Rouen, Troyes, Laon, Liesse, Sarlat, Pérouges, Lyon et la prise d un millier de vues pour aider à la construction des décors de tournage commencèrent, ainsi que la recherche d un acteur important pour jouer le rôle principal. Mel Ferrer, qui était alors le mari d Audrey Hepburn, accepta l offre, à la condition, qu Eurofilms ferait adapter le scénario par un auteur professionnel et que Ferrer l approuverait. L Institut donna son accord pour avancer la moitié de la somme nécessaire à la production, d un montant de $200.000, et signa en 1962, à Rome, un contrat avec Eurofilms, étant convenu que le film serait un projet de l Institut. Le Secrétaire Général de l Institut, Frère Edwin Arnandez, du district Nouvelle-Orléans-Santa Fe, coordonna la réunion, et Leo prit la responsabilité de superviser le projet en Espagne. La signature des contrats avec de dramaturge italien Diego Fabbri pour la rédaction de la version finale et avec Cesar Ardavin en tant que metteur en scène marquait l étape décisive du projet. Mais celui-ci, hélas, dépassa les possibilités financières ainsi que les compétences d Eurofilms qui se trouva dans l impossibilité financière de produire le film. Les nouvelles prévisions des coûts de production atteignirent $500.000, et l Institut dut accepter diverses modifications contractuelles avec Eurofilms. Il avança des sommes supplémentaires avant le début du tournage, mais contrairement à l accord, Eurofilms utilisa la somme pour racheter une part des actionnaires et pour tourner un autre film qui échoua lamentablement. Le tournage débuta au printemps de 1964 avec un nouveau scénariste, Jaime Herranz, Edward Torre de La Fuenta pour les décors et les costumes, Gregorio Garcia Segura pour la musique du film, et Luis Amadori ainsi que d anciens élèves de Buenos Aires, Argentins comme le nouveau metteur en scène. Le résultat fut El Señor de La Salle avec une première mondiale à Barcelone au Congrès International des Anciens Élèves. Le film s avéra un succès en Espagne ainsi que plus tard en Colombie, au Venezuela et en Argentine. Luis Amadori monta une série de tableaux hauts en couleur à l écran, avec des décors somptueux. Mais ses acteurs se déplacèrent dans uns style pompeux au lieu de se comporter en personnages individuels engagés dans une histoire de la vie réelle. Préoccupé 9

par la grandeur et le côté spectaculaire, Amadori n atteignit jamais un art dramatique, une intrigue, et une profondeur satisfaisantes. Une mauvaise bande-son en anglais, une autre voix doublant l acteur principal, et certaines séquences qui étaient inacceptables pour les publics francophone et anglophone nécessitèrent une nouvelle version du film. En 1967, Leo, avec obédience des Supérieurs, se mit au travail sur le projet de redoublement du film, en proche collaboration avec des techniciens américains et français. De nouvelles prises de vue eurent lieu dans le village pittoresque de Pérouges, à la Grande Chartreuse et à Parménie sous la direction de Pierre Montazel. A Parménie Leo joua, dans une brève séquence, le rôle de De La Salle. Tout en diminuant l aspect pompeux de la création d Amador et en unifiant l intrigue, la nouvelle version était plus proche du roman Master of Mischief Makers sur lequel il est basé et met en valeur la profondeur religieuse du film. Eurofilms exerça toutes sortes de pressions sur Leo pour recevoir des aides financières de l Institut qui, avec l Économe Général, Frère Armel Félix, et le Secrétaire Général, Frère Edwin Arnandez, opposa un refus. N ayant pu obtenir gain de cause, M. Marote, Président d Eurofilms, informa Leo que, si la somme revendiquée n était pas versée, il irait à Rome et remettrait aux Supérieurs certains «documents» compromettants pour lui et pour l Institut. Ces documents furent transmis au Supérieur Général, Frère Nicet Joseph qui, après en avoir pris connaissance, les communiqua aux Supérieurs espagnols qui refusèrent d en révéler le contenu. Les documents ont depuis «disparu.» Confronté aux menaces de la part de Marote et dans l impossibilité pratique d aller devant les tribunaux, les Districts espagnols de l Institut étant impliqués comme actionnaires importants dans Eurofilms, le Conseil du Supérieur se réunit le 4 octobre 1963 et décida d accepter l offre des Frères espagnols de prendre la responsabilité entière du film. Quoique l Économe Général ait appelé Leo pour l aider lors de cette réunion, le Supérieur Général l invita à attendre dans son bureau. Mais aucune demande ne lui fut faite de fournir au Conseil des informations concernant le projet pour la direction duquel il avait été nommé par obédience. Le Conseil de l Institut démit Leo de toute participation dans le projet de film, ce qui lui laissa la liberté d achever sa thèse de doctorat sur Parménie et reprendre les négociations pour l achat du domaine. Ayant été invité à laisser l entière responsabilité du projet à l Espagne, Leo refusa de céder à Eurofilms les droits cinématographiques de son livre et le travail créatif sur le scénario sans être rémunéré correctement. Néanmoins, un nouveau contrat ne contenait aucune stipulation protégeant les droits de Leo. Après l échec de plusieurs tentatives à Rome et à Madrid pour arriver à un juste accord avec le Producteur et les Frères impliqués, Leo fut autorisé par les Supérieurs de contacter un avocat à New York pour le défendre dans ses droits. En attente d un accord légal, la sortie du film dans toutes ses versions sauf celle en espagnol était devenue impossible. Enfin le film devint la propriété exclusive de l Institut par l achat qu en firent les Districts espagnols au producteur le 11 janvier 1967. Des discussions s engagèrent alors sur un éventuel tirage du film en vue de sa sortie sur le marché mondial. Le Conseil de l Institut délégua Leo pour entreprendre à New York les négociations avec des techniciens sur la possibilité d un remontage du film. Une décision prise par la Conférence des Frères 10

Visiteurs américains (?) en février 1967 de ne pas soutenir l entreprise mit en grave péril la perspective de présenter le film au public américain. Leo pensa que cela serait mieux d ignorer l opinion de la Conférence des Frères des Écoles Chrétiennes (?) et rédigea un rapport qu il adressa au F. Supérieur à Rome. Il y décrivit brièvement l opinion des techniciens consultés et qui estimaient qu il valait la peine de rééditer le film sous la direction d Embassy Pictures. La version révisée franco-américaine de El Señor de La Salle intitulée Who Are My Own («Qui Sont les Miens») s avéra très différente de la version espagnole et obtint l approbation des délégués au Chapitre Général à Rome en novembre1967. Suite aux réactions favorables qui suivirent la projection dans diverses villes des États-Unis, le film fut honoré d un prix spécial du jury lors de sa première mondiale à San Antonio, Texas, le 3 juin 1968. Une première française eut lieu à Grenoble en décembre 1969 et, là encore, suscita des réactions positives. Leo créa la Fondation B.C.S. avec un Conseil d Administration exclusivement composé de Frères et légalisée dans l État de New York comme entité judiciaire représentant l Institut pour tout ce qui concernait le film, la Fondation en détenant tous les droits du film sur le marché mondial, sauf en Espagne et au Venezuela où les droits étaient détenus par Eurofilms et le District du Venezuela. En novembre 1974 la Fondation céda un droit de distribution de dix ans aux Films Gateway. Cette société mit à disposition un négatif de16mm à distribution non commerciale en faveur des écoles lasalliennes. En 2007 Leo demanda au Frère George van Grieken, alors Directeur du Service des Vocations pour le District de San Francisco, de prendre la responsabilité du film. En 2010, le Secrétariat Régional des Frères des Écoles Chrétiennes Chrétiens des États-Unis est parvenu à un accord avec Ignatius Press concernant la production et la distribution du film sur DVD dans une version rééditée avec une qualité sonore et visuelle améliorée, supervisée par Van Grieken et intitulée «St. John Baptist de La Salle: Patron Saint of Teachers» («Saint Jean-Baptiste de La Salle : Saint Patron des Enseignants»). Ignatius Press sortit le film le 1er octobre 2010. Les ventes du film au cours des quatre premiers mois dépassèrent deux mille copies. Sur les traces de Saint Paul En 1983, vingt-sept ans après son arrivée en France par le port de Marseille, Leo quitta encore ce pays par Marseille et en bateau, projet que n avait pu réaliser M. de La Salle en 1913 pour se rendre à Rome comme il l avait prévu, pendant une période agitée de sa vie. Leo avait l intention de suivre les voyages missionnaires de Saint Paul. Le Frère Régional de France lui avait en effet offert, tous frais payés, ce voyage en témoignage de reconnaissance pour sa présence et son travail à Parménie. Cette aventure marqua, non le début d une merveilleuse et nouvelle expérience que Leo attendait avec tant d impatience depuis son arrivée en France bien des années auparavant, mais la fin déchirante de cette expérience à Parménie, remplie de la plus grande des joies, des plus profondes douleurs, d échecs affligeants, de rencontres chaleureuses, de trahisons bouleversantes, et la réussite 11

la plus satisfaisante. Ce qui blessa le plus Leo fut de quitter Parménie, ce bel ermitage en Dauphiné avec lequel il s était si bien identifié au cours des années, et de quitter ses chers amis. Mais il savait que Parménie était maintenant dans les mains de l Institut. Leo écrivit plus tard que, tandis que le bateau quittait le port et qu il regardait Marseille disparaître dans la nuit, le signe d adieu rayonnant de la tour de Notre Dame de La Garde se perdit quelque part parmi les étoiles, et ces mêmes étoiles semblaient rester figées dans cette nuit figées de pressentiments. Le «pressentiment», Leo l écrivit plus tard, le renvoyait à son sentiment d abandon, quand ses Supérieurs «se figèrent» ou disparurent lorsqu il avait le plus besoin d eux, surtout pendant la controverse avec Eurofilms. Le voyage de Leo «sur les traces de Saint Paul» le mena à Malte après escale d une semaine en Corse suivie de quelques jours en Sardaigne où, au terme de son périple dans l île, après avoir passé la nuit à essayer sans succès de trouver une chambre à Cagliari, point d arrivée et de départ, Leo eut la chance de rencontrer les Frères du Noviciat à Monserrato où il passa une nuit avant de continuer son voyage vers Malte. Là plusieurs Frères l accueillirent à son arrivée au port et le conduisirent à leur communauté où il séjourna une semaine. Là il put recevoir des soins pour un grave rhumatisme contracté à Cagliari, ce qui lui imposa l usage des béquilles. Il put fêter Noël avec la communauté avant de reprendre son itinéraire paulinien vers Patmos, Rhodes et la Turquie. Sur le chemin, il reçut l accueil des Frères qui l avaient connus à Saint-Maurice-l Exil et s étaient intéressés à l œuvre qu il avait réalisée depuis. La Dernière Visite à Parménie Leo retourna à Parménie le 24 juin 1997. Il y reçut un accueil chaleureux de la part des Frères et des trois novices qui formaient alors la communauté. Bien des souvenirs et beaucoup d émotion bouleversèrent son esprit quand il se trouva dans cette même pièce qu il occupait avant de quitter Parménie, vingt ans plus tôt, une pièce dans laquelle il dut se défendre un jour contre l attaque d un jeune drogué le menaçant de son couteau. Des années plus tard, cet individu téléphona à Leo alors à Denver et s y présenta pour lui demander son pardon, lui annonçant qu il menait une nouvelle vie heureuse, qu il était un mari heureux. Cette dernière visite de plusieurs semaines à Parménie fut un temps pour se remémorer et laisser monter des souvenirs, aussi bien de grandes joies que d amères souffrances, de calme réconciliation, de guérison, et d abandon entre les mains de la Providence. Cinquante ans après avoir prononcé ses vœux définitifs, Leo fêta son jubilé d or, lors d une liturgie eucharistique en plein air, avec Frère Donald Mouton qui l avait accompagné des États-Unis, et aussi de son filleul de prise d habit, Frère Anastasio Garau, de Turin, présents à ses côtés devant l autel pour le renouvellement de sa profession religieuse. Derniers Jours En juin 1990, quand il avait quitté la France, Leo était venu résider à la communauté des Frères du Lycée Mullen à Denver, Colorado. Il y passa son temps à continuer ses recherches sur Jean-Baptiste de La Salle et aussi à écrire une vie de Sœur Louise Hours qu il intitula «Rencontre Providentielle Á Parménie» (Providential Encounter At Parménie ). Il 12

procéda à une comparaison minutieuse des premiers biographes de De La Salle et analysa d autres documents qu il avait rassemblés pendant des années. En conclusion de ses recherches, Leo acquit la conviction que la célèbre lettre de 1714 remise à De La Salle à Parménie n était pas la lettre envoyée directement par les Frères principaux du Nord lui ordonnant son retour à Paris et citée par presque tous les biographes de De La Salle, mais qu il s agissait plutôt d une lettre que les Frères du Sud signèrent et renvoyèrent à Paris après avoir eu connaissance la lettre du Nord. D autre part Leo croyait fermement qu une examen exhaustif des textes des premiers biographes ne soutiendrait pas le point de vue tenu par certains spécialistes lasalliens selon lequel le départ de De La Salle du Sud pour Paris en 1712 aurait été dans l Institut un schisme qui vit certains Frères abandonner le Fondateur et le Fondateur abandonner à son tour l Institut qu il avait fondé. Leo s attacha à démontrer qu il s agit d une interprétation erronée d un moment critique dans la vie de De La Salle et qui atteint son apogée sur une colline du Dauphiné par sa rencontre avec Sœur Louise qui le persuada que Dieu voulait son retour à Paris pour s occuper de l Institut que Dieu lui avait confié. Dans la résidence communautaire du Lycée Mullen, Leo aimait bien préparer, dans les grandes occasions, pour les Frères et les amis de l école, des repas de haute cuisine française. Il avait également à cœur de présenter la vie et le travail de De La Salle dans plusieurs cours au Lycée Mullen. Et il prenait encore plaisir à assister aux diverses réunions sportives auxquelles participaient les étudiants du Lycée Mullen, faisant souvent la prière avec eux avant les réunions et les encourageant pendant les compétitions. En 2001, pour célébrer les 350 ans de la naissance de Jean-Baptiste de La Salle le 30 avril 1651, Leo organisa, avec l aide de F. Donald Mouton, un concours à échelle nationale sous le titre «Rencontrez Saint Jean-Baptiste de La Salle». Le concours exigeait que les élèves des écoles lasalliennes lisent son livre «Au-delà des Frontières» et qu ils dessinent ou décrivent la forme d une statue de De La Salle accompagnée d une citation basée sur leur lecture. Après avoir reçu des dossiers de la part des élèves d écoles de tout le pays, Leo et un comité sélectionnèrent les trois lauréats en tête dont le premier gagnait un voyage aller-retour en France ou la somme équivalente tandis que les deux suivants recevaient un prix en argent. La santé de Leo déclina progressivement au long de son séjour au Lycée Mullen, au point qu il dut passer les derniers mois de sa vie dans une maison de retraite de Cherry Hill, à Denver, y recevant d excellents soins. Même pendant les longues transfusions de sang qu il subissait plusieurs fois par semaine, il continua son travail sur la vie de Soeur Louise, Rencontre Providentielle à Parménie, ce qui serait son dernier livre. Ses autres écrits comprennent Master of Mischief Makers (1952), Parménie, Haut Lieu Dauphinois (1964), Rencontres : De La Salle à Parménie (1983), Parménie: La Crise de Jean-Baptiste de La Salle et de son Institut (Cahiers Lasalliens 57, 1994), Au-delà des Frontières (1994). Leo termina Rencontre Providentielle à Parménie la veille de sa mort, le 1er novembre 2007. Enterrement à Parménie 13

Le 12 janvier 2008 Frère Donald Mouton, sur l invitation des Frères à Parménie, vint y déposer les cendres de Leo afin qu elles y soient inhumées. Son rêve était d être placé à côté de Sœur Louise dans la crypte de la chapelle à Parménie. A cause des rénovations dans le système de chauffage, un sol en ciment empêchait l accès à la crypte depuis l intérieur de la chapelle. Sous la direction de Frère Francis Le Pironnec, Directeur de Parménie, un procédé ingénieux mais complexe entrepris trois ans plus tôt allait permettre l accès à la crypte, par le moyen d un tunnel creusé à la base du mur latéral du sud de la chapelle. Dans l attente de l achèvement des travaux, on plaça la dépouille de Leo dans le petit cimetière au nord de la chapelle, à l occasion d une cérémonie émouvante à laquelle participaient plusieurs Frères et des amis de Leo à Parménie qui resplendissait ce jour-là sous une épaisse couche de neige. Pendant le déjeuner offert par la communauté, Frère Donald Mouton évoqua, devant les invités rassemblés, son souvenir d une belle composition musicale «Parménie», œuvre d un joueur local de cor de chasse. Les invités lui désignèrent alors le vieil homme assis près de lui, Ėmile Brisard, qui avait écrit ce morceau en novembre 1957 en l honneur de Leo. Monsieur Brisard lui avoua alors que, sans trop savoir pourquoi, il avait apporté la musique ainsi que son instrument. À la demande de Donald Mouton, M. Brisard joua alors puis chanta «Parménie» devant une assemblée émerveillée et muette. Ce fut un des moments forts de cette occasion pleine d émotion. L année suivante, quand fut achevé l accès à la crypte, le rêve de Leo d être placé à côté de Sœur Louise devint réalité. Le samedi 10 janvier 2009 une belle cérémonie entoura le transfert de la dépouille de Leo du petit cimetière jusqu à la crypte rénovée. À l invitation des Frères de Parménie, Donald Mouton put être présent et eut ainsi l honneur de déposer l urne de Leo tout près de l emplacement du lieu de repos de Sœur Louise dont il avait pu achever d écrire la vie. On peut presque entendre Leo parler à Jean-Baptiste de La Salle au paradis : «Sœur Louise n a pas voulu que vous restiez avec elle à Parménie, même si c était votre souhait, car votre devoir était de retourner à Paris afin d y reprendre votre oeuvre avec votre jeune Institut. Me voilà maintenant à votre place à Parménie à côté de Sœur Louise. Nous sommes heureux d accueillir ici des membres et des amis de l Institut de partout dans le monde, ainsi que tous ceux qui viennent pour des réunions, des retraites, ou pour être seuls dans le calme, la réflexion, et la prière.» Tout comme Sœur Louise qui, au dix-septième siècle, avec un courage et une foi incroyables, parvint à rebâtir Parménie en ruines, ainsi Leo qui, lui aussi avec un courage et une foi incroyables, aura tout fait pour que Parménie renaisse au vingtième siècle. Les titres des livres de Leo sont autobiographiques. S il fut souvent «un semeur de troubles» dans ses démarches inlassables et persévérantes, quand il s agissait d acquérir Parménie pour l Institut, comme de poursuivre des recherches historiques ou de réaliser un film, Leo fut une personne qui allait «au-delà des frontières». Dans ce qu il a accompli au long des années, jusque dans ses efforts pour réaliser ses derniers projets, tandis que la maladie fatale le minait, le Frère Leo Burkhard voulut aller loin «au-delà des frontières» de son district de la Nouvelle-Orléans-Santa Fe, pour le service de son Institut international. 14

Frère Donald Mouton, FSC La Nouvelle-Orléans/Santa Fe Le 31 juillet 2013 15