Compétitivité, innovation, emploi, relance... www.aquoisertlaconcurrence.org



Documents pareils
Compétitivité, innovation, emploi, relance...

Compétitivité, innovation, emploi, relance...

HOLLANDE UN AN APRES L ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE DE 2012

Le management au Ministère de la Défense

QUEL CADRE JURIDIQUE EUROPÉEN POUR LES JEUX EN LIGNE?

Un lieu de débats privilégié

Arbitrage et droit de l Union européenne

MASTER GESTION DES ORGANISATIONS ACHAT A L INTERNATIONAL M1 2014/2015

Le Titre II «Investir» du projet de loi pour la croissance, l activité et l égalité des chances économiques a été adopté par l Assemblée nationale

Rapport du comité d'experts

Master 2 Professionnel. Ingénierie Juridique et Fiscale du Patrimoine UNIVERSITÉ PARIS I PANTHÉON SORBONNE

DOSSIER DE PRESSE 2 CONCOURS COMMUNS 6 ECOLES Contact presse : Catherine Amy

Compte rendu. Mardi 30 mars 2010 Séance de 14 heures 30. Commission des Finances, de l économie générale et du contrôle budgétaire

Le fisc et les contribuables rétablir l équilibre

Présentation du corps de contrôle des assurances LE MÉTIER DE COMMISSAIRE-CONTRÔLEUR

Les Français et le libéralisme

Agence du patrimoine immatériel de l État

LA CULTURE CIVILISTE : OBSTACLE OU ATOUT POUR FAIRE DES AFFAIRES?

DIPLOMES UNIVERSITAIRES

Après la crise et si le meilleur était à venir?

Forum annuel 2011 Mercredi 23 novembre 2011

L action du gouvernement espagnol et de l Institut de la jeunesse concernant le Pacte européen pour la jeunesse

Adaptation de l organigramme à des clubs de diverses importances. Avantages de l organigramme modèle. Clubs à effectif limité

Réguler les jeux d'argent : Le rôle de l'autorité Bruxelles le 12 octobre Intervention de M. Jean-François VILOTTE, Président de l ARJEL

RÉUNION DES MINISTRES DE L'ALIMENTATION, DE L'AGRICULTURE ET DE LA PÊCHE DES PAYS MEMBRES DU CIHEAM 9ÈME DECLARATION FINALE

Groupe de travail. Renforcer la confiance mutuelle RAPPORT

NOMINATIONS DANS LE GROUPE CREDIT AGRICOLE S.A.

Nomination des membres du Comité consultatif indépendant d experts de la Surveillance

ÉLECTIONS EUROPÉENNES 25 MAI Notre équipe pour l Europe

Michel Magras. compte-rendu PROJET DE LOI RELATIF À LA MODERNISATION DU DROIT DE L OUTRE-MER

Compétences visées dans la formation

«Selon les chiffres de la BNS, l évasion fiscale prospère»

SÉNAT PROPOSITION DE LOI

Les obstacles : Solutions envisageables :

Vers un monde qui nous «emballe»

Le Crédit-bail mobilier dans les procédures collectives

«seul le prononcé fait foi»

DOCUMENT L HISTOIRE DE L ÉDUCATION EN FRANCE

p r o g r a m m e Ateliers de la Filière Automobile les 2 et 3 octobre 2013 Espace Cap 15, 13 Quai de Grenelle - Paris 15 ème

ENJEUX, PRATIQUES ET RÉGLEMENTATION EN ASSURANCE AUTOMOBILE : UNE COLLABORATION RÉUSSIE ENTRE L AUTORITÉ ET LE GAA

CONSEIL DES MINISTRES

Quels oligopoles la régulation doit-elle faire émerger? Réunion Fratel Tunis, 17 octobre 2008 Nicolas Curien, membre de l ARCEP

Pôles de Compétitivité : installation du groupe des personnalités qualifiées

Remise de l Ordre National du Mérite à M. David LASFARGUE (Résidence de France 7 novembre 2014)

Décrets, arrêtés, circulaires

Décrets, arrêtés, circulaires

Faculté de droit PROGRAMME

Le Québec, terre de traduction

l entrepreneuriat social

ASSEMBLEE GENERALE DE L ASSOCIATION FRANCAISE DES MAGISTRATS DE LA JEUNESSE ET DE LA FAMILLE des 16 et 17 MAI 2014

EXTRAIT DU REGISTRE DES DELIBERATIONS DU CONSEIL MUNICIPAL

CHARTE DES UNIVERSITÉS EUROPÉENNES POUR L APPRENTISSAGE TOUT AU LONG DE LA VIE

Introduction Frédéric PETITBON Un contexte difficile Nicolas PERNOT

Nouvelle stratégie européenne d action pour la jeunesse «Investir en faveur de la jeunesse et la mobiliser»

Mobiliser l épargne pour l investissement productif. Pistes de réflexion stratégique en matière de fiscalité de l épargne individuelle

N 1189 ASSEMBLÉE NATIONALE PROPOSITION DE LOI

la voie bilatérale reste la meilleure option

Assemblée des États Parties

N 1020 ASSEMBLÉE NATIONALE PROPOSITION DE RÉSOLUTION EUROPÉENNE

LA RESPONSABILITE FISCALE ET PENALE DU DIRIGEANT D ENTREPRISE

Université Paris-Dauphine

WS32 Institutions du secteur financier

CAMPAGNE NATIONALE MUTUELLES DE FRANCE. En France. 10 millions. de personnes ne peuvent pas se soigner. Débattonsen. lepourtous.

N 2737 ASSEMBLÉE NATIONALE PROPOSITION DE LOI

L association française des docteurs

La Chaire Accenture Strategic Business Analytics de l ESSEC

Agriculture et Finances

Fiscalité Internationale

CONSEIL DES MINISTRES

Compte rendu. Jeudi 12 mars 2009 Séance de 10 heures. Commission des Finances, de l économie générale et du Plan

Les mesures en faveur de

Comment surmonter le plafond de verre dans la fonction publique?

JUNIOR ESSEC CONSEIL NATIONAL DU NUMÉRIQUE. Thème de la journée de consultation : Loyauté dans l environnement numérique Junior ESSEC 09/01/2015

Conseil d administration Genève, mars 2000 ESP. Relations de l OIT avec les institutions de Bretton Woods BUREAU INTERNATIONAL DU TRAVAIL

Monsieur le Préfet, j ai porté une grande attention sur le chapitre relatif à la sauvegarde de l emploi et au développement économique.

Financement et régulation des pensions

portrait d un Cabinet d Avocats

Relations avec les banques et les assurances : faciliter le quotidien des consommateurs 1

Quand arrive la retraite La rente de retraite du Régime de rentes du Québec et les autres sources de revenu à la retraite

Considérations sur la crise et le marché intérieur 1

Nominations au sein du groupe AREVA

Certificat d Etudes Spécialisées 2015 DROIT FISCAL

AU SERVICE DE SES CLIENTS ET DE SA RÉGION

Service innovation, R&D, développement industriel. Chambre de commerce et d industrie. 191 avenue Paul Vaillant Couturier.

Commentaires de. l Association québécoise pour le patrimoine industriel (Aqpi) sur le document. Un regard neuf sur le patrimoine culturel

Baromètre de confiance dans l exécutif. Vague 21 Février 2014

Au profit des apprentis du bâtiment et des travaux publics

La gestion des performances en Europe. Panel d expériences européennes et possibles synergies

N 2807 ASSEMBLÉE NATIONALE PROPOSITION DE LOI

AVIS N 68 DU BUREAU DU CONSEIL DE L EGALITE DES CHANCES ENTRE HOMMES ET FEMMES DU 14 FEVRIER 2003, RELATIF AU TRAVAIL AUTORISÉ POUR LES PENSIONNÉS :

Loi institutant un Médiateur de la République du Sénégal

Les objectifs de l Autorité de Contrôle prudentiel

PRIX DU MEILLEUR ETUDIANT JURISTE IMMOBILIER

AMbition éolien L énergie éolienne. renouvelable, compétitive et créatrice d emplois

RÉSUMÉ DU PLAN STRATÉGIQUE DE RECHERCHE ( ) Une culture de l excellence en recherche et en développement

LOIS. Article 1 er. Article 2. Article 3. Article 4. Article octobre 2009 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 1 sur 125

Editorial. Chère lectrice, cher lecteur,

N 187 SÉNAT SESSION ORDINAIRE DE Annexe au procès-verbal de la séance du 25 février 2003 RAPPORT FAIT

INSTALLATION DE LA NOUVELLE AUTORITÉ DE CONTRÔLE PRUDENTIEL

Transcription:

Compétitivité, innovation, emploi, relance... www.aquoisertlaconcurrence.org

À QUOI SERT LA CONCURRENCE? Compétitivité, innovation, emploi, enseignement 100 personnalités répondent Sous la direction de : Martine Béhar-Touchais, Nicolas Charbit et Rafaël Amaro Institut de droit de la concurrence, octobre 2014 www.concurrences.com À QUOI SERT LA CONCURRENCE? I

SOMMAIRE DÉTAILLÉ AVANT-PROPOS CONCURRENCES : DIX ANS, UNE QUESTION...1 Nicolas CHARBIT / Laurence IDOT / Frédéric JENNY, Revue Concurrences PRÉFACE À QUOI SERT LA CONCURRENCE?...5 Martine BÉHAR-TOUCHAIS, Université Panthéon-Sorbonne (Paris I) INTRODUCTION QU EST-CE QUE LA CONCURRENCE? 1. Concurrence, compétition, émulation De quoi parle-t-on?... 47 Emmanuel COMBE, Autorité de la concurrence...49 Dominique DESJEUX, Université Paris Descartes...55 Marcela IACUB, CNRS...61 Haïm KORSIA, Grand Rabbin...65 Claude LUCAS DE LEYSSAC, Université Panthéon-Sorbonne...69 Dominique ROUX, Université Dauphine et Sandrine PENEY, École de Management de Normandie...75 Pierre SERVAN-SCHREIBER, Skadden Arps...83 Étienne PERROT, Père jésuite...89 Laurent VIDAL, Université Panthéon-Sorbonne...95 2. La concurrence : Depuis quand?...101 Gilles CAMPAGNOLO, CNRS...103 Yves CHARBIT, Université Paris Descartes... 111 Jean-Marc DANIEL, ESCP Europe...117 David GERBER, Chicago-Kent College of Law...123 Laurent PFISTER, Université Panthéon-Assas...129 Antoine WINCKLER, Cleary Gottlieb Steen & Hamilton et Jorge PADILLA, Compass Lexecon...135 À QUOI SERT LA CONCURRENCE? VII

3. Les politiques de concurrence...143 Joaquín ALMUNIA, Commission européenne...145 Guy CANIVET, Conseil constitutionnel...153 Élie COHEN, Sciences-Po CNRS...161 Laurent COHEN-TANUGI, Avocat...169 François HOLLANDE, Président de la République française / Nicolas SARKOZY, Ancien président de la République française...173 Angela HUYUE ZHANG, King s College London...183 Neelie KROES, Commission européenne...187 Victorin LUREL, Ministère des Outre-mer...191 Arnaud MONTEBOURG, Ministère de l Économie et du Redressement productif...195 Mario MONTI, Commission européenne...203 Andreas MUNDT, Bundeskartellamt...207 Nicolas PETIT, Université de Liège...213 PREMIÈRE PARTIE LA CONCURRENCE POUR QUI? 1. Concurrence et entreprises...219 Charles BEIGBEDER, Gravitation...221 Eleanor M. FOX, New York University School of Law...225 Laurent GEELHAND DE MERXEM, Michelin...229 Cécile PENDARIES, DGCCRF...233 Patrick SPILLIAERT, Autorité de la concurrence...239 Louis VOGEL, Université Panthéon-Assas...247 2. Concurrence et travailleurs...253 Gaspard KOENIG, Génération Libre...255 Francis KRAMARZ, École Polytechnique, ENSAE, CREST...261 3. Concurrence et consommateurs...267 Carole AUBERT DE VINCELLES, Université de Cergy-Pontoise...269 Carole DELGA, Ministère de l Économie et du Redressement productif...275 Phillip EVANS, FIPRA...279 Monique GOYENS, BEUC...287 Gilbert PARLÉANI, Université Panthéon-Sorbonne...295 Étienne PFISTER, Autorité de la concurrence...305 Natacha SAUPHANOR-BROUILLAUD, Université de Versailles...311 4. Concurrence et contribuables...317 Thierry DAHAN, Autorité de la concurrence...319 Daniel GUTMANN, Université Panthéon-Sorbonne...327 Philippe MARINI, Sénat...333 Michel SAPIN, Ministère des Finances et des Comptes publics...341 VIII À QUOI SERT LA CONCURRENCE?

DEUXIÈME PARTIE LA CONCURRENCE JUSQU OÙ? 1. Distribution...347 Marie-Laure ALLAIN, CNRS, École Polytechnique, CREST et Claire CHAMBOLLE, INRA, ALISS, École Polytechnique et Stéphane TUROLLA, INRA, SMART, Rennes...349 Daniel FASQUELLE, Député et Laurent ROBERVAL, Université Lille Nord de France...355 Nathalie HOMOBONO, DGCCRF...361 Irène LUC, Cour d appel de Paris...369 2. Banques Assurances...377 Nadia CALVIÑO et Martin MERLIN, Commission européenne...379 Jean-Pierre JOUYET, Secrétariat d État chargé des Affaires européennes...385 Reine-Claude MADER-SAUSSAYE, CLCV...389 Hubert DE VAUPLANE et Marco PLANKENSTEINER, Kramer Levin...395 3. Énergie...401 Xavier CAÏTUCOLI, Direct Energie...403 Matthieu COURTECUISSE, SIA Partners...409 Claude CRAMPES et Thomas-Olivier LÉAUTIER, Toulouse School of Economics...415 Marie-Anne FRISON-ROCHE, Sciences-Po...423 Sandra LAGUMINA et Olivier BÉATRIX, GrDF...429 Jean-Paul TRAN-THIET, Institut Montaigne...439 4. Transports...447 François BACCHETTA, easyjet...449 Pierre CARDO, ARAF...455 Guillaume PEPY, SNCF...461 Alain THAUVETTE, Euro Cargo Rail...467 5. Internet...471 Jean-Yves ART, Microsoft...473 Fabien CURTO MILLET, Google...479 Josef DREXL, Université de Munich...485 Isabelle FALQUE-PIERROTIN, CNIL...493 Serge SOUDOPLATOFF, École Polytechnique...501 Florence THÉPOT et Matthieu MELIN et Arthur MERLE-BERAL, Droit & Croissance...507 6. Médias...513 Francis BALLE, Université Panthéon-Assas...515 Élisabeth FLÜRY-HÉRARD, Autorité de la concurrence...519 Maxime LOMBARDINI, Iliad...527 Jean-Ludovic SILICANI, ARCEP...531 À QUOI SERT LA CONCURRENCE? IX

7. Professions réglementées...537 Isabelle ADÉNOT, Conseil national de l Ordre des pharmaciens...539 Philippe COEN, ECLA...547 Pierre-Olivier SUR, Barreau de Paris et Louis-Bernard BUCHMAN, Conseil de l Ordre des avocats...553 Jean TARRADE, Conseil supérieur du notariat...561 8. Sports et jeux...567 Joachim ENGLISCH, Université de Münster et Pauline LE MORE, Barreau de Paris...569 Laurent EYMARD, MAPP...577 Ariane de GUILLENCHMIDT-GUIGNOT, Université Panthéon-Sorbonne...585 Étienne MARIQUE, Commission belge des jeux de hasard...591 Jean-François VILOTTE, ARJEL...599 9. Services publics...607 Pierre BAUBY, CELSIG...609 Diane BINDER, Suez Environnement...615 Françoise CASTEX, Députée européenne...623 Jean-Michel GLACHANT, Florence School of Regulation...629 Nicolas LECAUSSIN et Lucas LÉGER, IREF...635 Martine LOMBARD, Université Panthéon-Assas...641 Juliette MÉADEL, lavenirnattendpas.fr...647 10. Enseignement...653 Philip E. OGDEN, Queen Mary University of London...655 Bernard RAMANANTSOA, HEC Paris...663 CONCLUSION LA CONCURRENCE : POURQUOI? COMMENT? 1. Les finalités de la concurrence...671 Jean-Louis DEBRÉ, Conseil constitutionnel...673 Laurence IDOT, Université Panthéon-Assas...679 Jean-Marc SAUVÉ, Conseil d État...685 2. La culture de concurrence...693 Patrick HUBERT, Clifford Chance...695 Frédéric JENNY, ESSEC...701 Bruno LASSERRE, Autorité de la concurrence...711 Catherine PRIETO, Université Panthéon-Sorbonne...719 Jacques STEENBERGEN, Autorité belge de la concurrence...727 X À QUOI SERT LA CONCURRENCE?

AVANT-PROPOS CONCURRENCES : DIX ANS, UNE QUESTION Nicolas Charbit nicolas.charbit@concurrences.com Rédacteur en chef de la revue Concurrences Laurence Idot laurence.idot@sfr.fr Professeur de droit à l Université Panthéon-Assas (Paris II) Membre de l Autorité de la concurrence Frédéric Jenny frederic.jenny@gmail.com Professeur d économie et codirecteur du Centre européen de droit et d économie (ESSEC) En septembre 2004, Concurrences était un projet. Dix ans après, en septembre 2014, Concurrences est encore un projet, mais un projet en permanente évolution. A l occasion des 10 ans, le souhait des fondateurs a été, non pas tant de célébrer un anniversaire, exercice par trop narcissique, mais de regarder ce qui a été fait pour s interroger sur la finalité de la concurrence en répondant à une question «A quoi sert la concurrence?». À QUOI SERT LA CONCURRENCE? 1

Dix ans 10 ans de Concurrences, c est, d un point de vue quantitatif, 40 numéros, 23000 abonnés individuels présents dans 32 pays. Ces résultats - que nous étions loin d espérer en 2004 - sont le fruit de l énergie collective de toute une équipe de permanents et de non permanents associés à un projet éditorial : universitaires, magistrats, hauts fonctionnaires, avocats ; français, européens, étrangers. Le travail de cette équipe a permis de franchir les trois étapes indispensables à la pérennisation de ce qui a été et qui reste un projet d auteurs. En premier lieu, Concurrences a réussi à mobiliser en dix ans plus de 1 000 auteurs qui ont rédigé près de 15 000 contributions. Indépendamment de liens personnels occasionnels, les auteurs sont motivés d abord par la qualité du projet éditorial. Maintenir un flot régulier de contributions de qualité au-delà des premiers numéros se fait par la mobilisation des membres des comités de la revue qui sollicitent leurs connaissances. En deuxième lieu, Concurrences a pris dès 2005 le tournant du numérique, d abord en investissant dans un site dédié qui rend accessible l intégralité des archives et permet un accès individuel à chaque article et aux pages des auteurs. Puis, en 2008, la revue a lancé un supplément électronique (Concurrences +) en publiant dans la version en ligne des articles ne pouvant trouver leur place dans la version imprimée, tels les actes de colloques, des contributions à des mélanges et la lettre Creda Concurrence. Cet enrichissement considérable, qui représente environ 30 % du volume de la version imprimée, confère à Concurrences une double nature : celle d une revue universitaire et celle d une base de données. Concurrences a assuré, en troisième lieu, son expansion géographique en allant chercher des lecteurs et des auteurs hors de France. Dès sa création, la revue était présente à Bruxelles et au Luxembourg, siège francophone de la Cour de justice, mais une politique éditoriale européenne et extra-européenne a été rapidement développée. Un bulletin d actualité électronique e-competitions a couvert en anglais dès 2005 l actualité jurisprudentielle et administrative des Etats membres de l Union européenne. Depuis 2010, la revue a renforcé sa présence dans la capitale européenne avec un séminaire Law & Economics au rythme d une session par mois. En 2011, Concurrences a ouvert un bureau permanent à New York afin de nouer des partenariats avec des grandes universités américaines New York University, George Washington University et George Mason University et des cabinets d avocats internationaux. Cette orientation européenne et internationale a rendu nécessaire l apparition de l anglais dans ses colonnes, mais l attachement à la langue française reste prioritaire dans la revue trimestrielle. Ces différentes étapes ont permis une diversification de Concurrences selon quatre pôles éditoriaux : revue trimestrielle, bulletin d actualité, ouvrages et conférences. La pérennité du projet d auteurs et l indépendance de la revue passent par le développement de ces pôles en liaison avec les comités de direction de la revue. 2 À QUOI SERT LA CONCURRENCE?

A quoi sert la concurrence? Les quarante numéros de Concurrences fournissent une analyse systématique des pratiques et des politiques de concurrence, française, européenne et internationale sur une période longue. L arrêt sur image à laquelle conduit un anniversaire est une occasion de voir les choses autrement, avant de continuer de plus belle. Voir les choses autrement, c est, notamment, proposer une autre lecture de ces pratiques et de ces politiques en donnant la parole à des nouveaux auteurs. La revue devenue pour la cause un ouvrage a ouvert ses colonnes à 100 personnalités, pour partie des habitués de ses colonnes, mais dans leur majorité, des inconnus de la politique et du droit de la concurrence : des historiens, un sociologue, un anthropologue, un démographe, deux hommes d église, des essayistes et des entrepreneurs, des hommes et des femmes politiques. Ces contributions viennent de France, mais aussi de Belgique, d Allemagne, de Grande-Bretagne, des Etats Unis, de Chine. Cette pléiade d auteurs a livré pour les dix ans de la revue cent contributions. Dix de celles-ci sont une sélection d éditoriaux et d interviews publiés entre 2004 et 2014, dont, entre autres, les entretiens avec les quatre candidats aux élections présidentielles de 2007 et 2012 qui ont marqué l ouverture de la revue, sans parti pris, vers une vision plus politique de la concurrence. Les promoteurs de ce nouveau projet éditorial - que soient ici remerciés Martine Béhar-Touchais et Rafael Amaro, aidés de Déborah Thebault - ont voulu permettre à chacun de ne plus avoir d idées reçues sur la concurrence et se forger sa propre réponse à la question À quoi sert la concurrence?. La concurrence est-elle l arme de la guerre économique, conduisant à l extermination réciproque? Peut-elle être assimilée à la loi de la jungle? Crée-t-elle des emplois en favorisant l innovation? Est-elle un principe harmonieux d'organisation de la vie en collectivité? La concurrence est-elle facteur de progrès? Les 100 contributions proposent autant de visions différentes selon l origine des auteurs sollicités. Le pluralisme des idées est assuré par la pluridisciplinarité des auteurs. Au terme de dix ans de revue Concurrences, une occasion est ainsi offerte à chacun de voir autrement la concurrence et d en découvrir les multiples facettes. À QUOI SERT LA CONCURRENCE? 3

Concurrence, innovation et croissance : Perspective européenne Joaquín Almunia Vice-président et Commissaire en charge de la concurrence Commission européenne La politique de la concurrence est depuis l origine au cœur des efforts visant à construire une Europe plus unie. Parmi les principes inscrits par les pères fondateurs de l Union européenne dans le traité de Rome afin de réaliser le projet historique de la constitution d un marché commun, figure l existence d une politique de la concurrence menée par une autorité de la concurrence centrale et indépendante, la Commission européenne. En effet, sans une telle autorité, le comportement des acteurs économiques privés à travers notamment des abus de position dominante ou des accords anticoncurrentiels pourrait dresser des obstacles à l existence d un marché ouvert et intégré. Outre un cadre réglementaire assurant la liberté de circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes, il fallait donc une politique de la concurrence. Et cette politique devait nécessairement inclure le contrôle des aides publiques aux entreprises. En effet, sans règles communes, on assisterait au règne du «chacun pour soi» en matière de subventions puisque chaque État pourrait favoriser «ses» entreprises au détriment des autres. À QUOI SERT LA CONCURRENCE? 145

Concurrence, innovation et croissance : Perspective européenne La politique de la concurrence joue donc un rôle clé dans la gouvernance du marché unique européen. C est l une des rares politiques de l Union européenne à revêtir un caractère quasi fédéral. Cette architecture permet à la Commission européenne d assurer la cohérence de l application de cette politique qui, depuis la réforme de 2004, est menée conjointement avec les autorités nationales de concurrence, qui mettent désormais également en œuvre les articles du traité concernant les accords anticoncurrentiels et les abus de position dominante. Au-delà, la concurrence est l un des piliers de l économie sociale de marché ou, si l on préfère, du «modèle européen». Il s agit en effet d une politique qui corrige les dysfonctionnements du marché laissé à lui-même, en évitant qu il ne bénéficie qu à certains intérêts particuliers qui exploitent des rentes. Il s agit également d un instrument certes non suffisant, mais fondamental pour favoriser l innovation et la croissance économique. La concurrence est donc au cœur des efforts actuels pour revitaliser l économie européenne et sortir de la crise. Le marché unique et la concurrence Le marché unique de cinq cents millions de citoyens et de plus de vingt millions d entreprises est l atout le plus précieux de l Europe, qui nous donne un avantage unique sur la scène internationale. Fondé sur des règles communes, il est le principal moteur économique de l UE et son principal vecteur d intégration. Il pourra aussi être le catalyseur de la croissance de demain, pour peu que l on continue à l approfondir dans les domaines où il reste inachevé et à en faire un espace propice à la créativité et à l innovation. Au sein du marché unique, les règles européennes de concurrence permettent de garantir que les pratiques commerciales des entreprises privées ou les aides publiques accordées par les États ne reconstituent pas de barrières qui pourraient le fragmenter, ou limitent de facto la concurrence. Ces règles permettent un environnement ouvert et équitable où les entreprises peuvent réussir en fonction de leurs mérites propres, c est-à-dire de leur capacité à répondre aux besoins des clients, y compris en défiant certaines positions établies. C est cet environnement concurrentiel qui pousse les entreprises à innover et à être plus productives et compétitives, donc favorise la croissance et la création d emplois pérennes. Alors que l UE commence à sortir de la crise économique la plus sévère depuis sa création, il est d autant plus important de miser sur le potentiel de son marché intérieur, qui doit être ouvert, dynamique et concurrentiel. J entends parfois des critiques selon lesquelles il faudrait être plus indulgent avec les entreprises qui adoptent des pratiques anticoncurrentielles en ces temps difficiles. Je pense que ces critiques font fausse route. Laisser la porte ouverte aux cartels, aux pratiques d exclusion des entreprises en situation de monopole, aux fusions anticoncurrentielles ou aux subventions publiques injustifiées profiterait certes à quelques intérêts particuliers, mais aurait un coût important pour l ensemble de l économie en plus des victimes directes de ces pratiques. 146 À QUOI SERT LA CONCURRENCE?

Joaquín Almunia C est seulement dans des marchés concurrentiels que les entreprises trouvent les incitations nécessaires pour devancer leurs rivales grâce à plus d investissements, des produits et des services innovants, et des prix plus bas. C est seulement dans des marchés concurrentiels que les entreprises plus efficaces et plus productives peuvent remplacer celles qui ont échoué. C est seulement dans des marchés concurrentiels qu une nouvelle entreprise innovante pourra concrétiser ses projets et se développer. Dans le marché européen, l entrée de nouvelles entreprises doit être facile et la discipline imposée par les règles de la concurrence, qui doit être la même pour tous quelle que soit la «nationalité» de l entreprise concernée, peut rendre nos entreprises plus fortes et les préparer à concurrencer leurs rivales internationales. Si de nombreuses autres politiques publiques au niveau européen comme au niveau national doivent être mobilisées pour contribuer à favoriser la hausse de la productivité, l innovation et la compétitivité, il ne fait pas de doute que la concurrence occupe une place de choix parmi ces facteurs. Certes, dans un marché véritablement concurrentiel, des entreprises peuvent disparaître, mais dans le même temps, beaucoup d autres, plus efficaces et innovantes, peuvent s établir, se développer et créer de nouvelles activités et de nouveaux emplois. Il est évident que ce processus doit être accompagné de politiques sociales et de l emploi adaptées et protectrices, avec des systèmes d éducation et de formation performants favorisant la mobilité et l employabilité des travailleurs. La politique de la concurrence a plus d un demi-siècle et le marché unique existe officiellement depuis 1993. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire pour l approfondir et exploiter pleinement son potentiel économique. Par exemple, il demeure des progrès considérables à accomplir pour promouvoir un véritable marché unique dans des domaines tels que l énergie, les télécommunications, l économie numérique et le secteur des services, qui restent largement fragmentés selon les frontières nationales. Je suis toujours surpris par le nombre et l ampleur des obstacles qui continuent à exister dans le marché intérieur. Malheureusement, cette fragmentation persistante a un prix. Un véritable marché intérieur permet aux entreprises de gagner en efficacité mais aussi de changer d échelle, donc d être plus performantes sur la scène mondiale. La politique antitrust Nos trois types d interventions illustrent comment la politique de la concurrence contribue aux objectifs d intégration, de compétitivité et de croissance. Tout d abord, regardons de plus près notre politique antitrust. Les ententes illégales entre concurrents pour fixer les prix ou se partager les marchés constituent un véritable «impôt caché» prélevé sur notre économie par des intérêts particuliers. Les victimes de ces pratiques sont évidemment les consommateurs eux-mêmes, qui auraient dû payer moins, mais dans de très nombreux cas, elles nuisent aussi aux entreprises elles-mêmes. En effet, les cartels portent très souvent sur des biens intermédiaires, ce qui signifie que les À QUOI SERT LA CONCURRENCE? 147

Concurrence, innovation et croissance : Perspective européenne entreprises clientes peuvent voir leurs coûts de production artificiellement gonflés, nuisant à leur compétitivité. L exemple de l industrie automobile est éclairant. En mars 2014, nous avons infligé des amendes de 953 millions d euros l un des montants les plus élevés jamais fixés par la Commission à des producteurs de roulements utilisés dans les voitures et les camions. Les entreprises participant au cartel avaient coordonné secrètement leur stratégie tarifaire vis-à-vis des constructeurs automobiles dans l ensemble de l Europe pendant plus de sept ans. Quelques mois auparavant, nous avions également sanctionné des ententes entre les producteurs des fils électriques utilisés dans les voitures, et entre les producteurs de mousse de polyuréthane utilisée notamment dans les sièges automobiles. Nous ne sommes peut-être pas au bout de nos surprises, car nous enquêtons actuellement sur les airbags, les ceintures de sécurité, les volants, les systèmes de climatisation et de refroidissement ainsi que les systèmes d éclairage. Notre politique contre des cartels contribue aussi à lutter contre certaines dérives du secteur financier et à le rendre plus transparent. En décembre 2013, la Commission a infligé des amendes pour un montant total de 1,7 milliard d euros à sept banques internationales et un courtier pour la création de cartels sur les marchés de dérivés de taux d intérêt liés aux taux de référence Libor et Euribor. Un autre volet important de notre action dans le domaine de l antitrust vise la lutte contre les abus de position dominante. Le fait qu une entreprise obtienne une position dominante grâce à son succès sur le marché n est pas répréhensible en soi ; c est même au contraire la capacité d investir et d innover des entreprises qui est l un des moteurs de notre croissance économique. Il faut souligner que nous ne poursuivons pas les entreprises en raison de leur taille ou de leur succès, mais parce que les entreprises en position dominante doivent se garder de tout abus, afin de préserver les conditions d une saine concurrence. Ces pratiques abusives ont un impact sur l économie et la croissance, car ils gênent l apparition de nouveaux acteurs ou l expansion de concurrents parfois plus innovants et plus efficaces, nuisant in fine aux consommateurs. Notre procédure en cours visant Google constitue un exemple de ce type d intervention. Nous avons notamment mis en cause le traitement préférentiel par Google, dans les résultats du moteur de recherche général, de ses propres services de recherche spécialisée par exemple, pour l achat en ligne ou la localisation de restaurants. L un des principaux objectifs de l action de la Commission dans cette affaire est de parvenir à ce que les entreprises rivales développant des services concurrents puissent être visibles de manière comparable, afin d offrir aux utilisateurs un véritable choix, sans pour autant empêcher Google d innover et de développer de nouveaux services. Le contrôle des fusions En ce qui concerne le contrôle des concentrations, notre objectif est encore et toujours de préserver l existence de marchés ouverts et concurrentiels en Europe, au bénéfice des entreprises et des consommateurs européens. Cette politique n a pas pour but 148 À QUOI SERT LA CONCURRENCE?

Joaquín Almunia d empêcher les rapprochements entre entreprises, et encore moins d entraver l émergence de champions européens comme certains le prétendent. Dans l écrasante majorité des cas (plus de 90 %), les fusions sont d ailleurs approuvées par la Commission sans conditions. Lorsque des problèmes de concurrence sont identifiés, ils sont en général résolus par des engagements proposés par les entreprises concernées. Néanmoins, l existence du contrôle des fusions est un garde-fou essentiel qui protège les entreprises et les consommateurs des hausses de prix qu entraîneraient certaines concentrations. Par exemple, nous nous sommes opposés en janvier 2013 à la tentative d acquisition du Néerlandais TNT par l Américain UPS. Dans une partie importante de l Union européenne, cette acquisition aurait conduit à créer un quasi-duopole sur le marché de la distribution express de petits colis d un pays européen à l autre. Or, ces services sont utilisés par beaucoup d entreprises européennes dans des secteurs divers, par exemple pour le transport de pièces de rechange. Ces entreprises auraient dû subir une hausse des prix si la fusion avait eu lieu. La Commission ne s est opposée à cette acquisition que parce qu UPS n avait pas mis sur la table de propositions permettant de résoudre les graves problèmes de concurrence identifiés. Certains affirment parfois que nous ne tenons pas compte des marchés mondiaux, mais seulement du marché européen dans notre analyse des fusions. Rien n est plus faux. Nous regardons le marché tel qu il est parfois mondial, parfois européen, parfois encore national. Prenons le cas des services de téléphonie mobile : un client français ne peut s adresser à un opérateur italien ou suédois et, lorsqu il se déplace, il doit payer des charges de roaming. Pourquoi? Parce que les États ont choisi de conserver une régulation nationale et une allocation des fréquences sur une base nationale. Voilà un domaine où nous aurions besoin de constituer un vrai marché unique! En attendant, nous devons prendre en compte le marché tel qu il est pour protéger les clients d une éventuelle hausse des prix. Le contrôle des aides d État Le contrôle des aides d État est également essentiel à la préservation de l intégrité du marché unique. Un tel système n existe nulle part ailleurs dans le monde, puisqu il n existe aucun autre marché unique formé par vingt-huit États membres. Toutefois, les règles en la matière n empêchent pas d agir : elles conduisent plutôt à orienter les aides publiques vers les priorités européennes communes. La Commission européenne n est pas là pour entraver l action des États membres en la matière. De fait, la plupart des mesures d aides sont exemptées de notification d autres mesures de simplification sont en cours et viendront augmenter fortement la proportion des aides bénéficiant de cette exemption et 95 % des mesures d aides examinées à Bruxelles sont autorisées. Le contrôle des aides d État permet surtout l existence d un cadre commun, qui évite les abus et appuie les efforts des États membres pour mener des politiques industrielles À QUOI SERT LA CONCURRENCE? 149

Concurrence, innovation et croissance : Perspective européenne modernes et bien conçues. Si les États doivent pouvoir aider les entreprises lorsque c est justifié, il ne serait pas dans l intérêt collectif européen ni dans celui des contribuables de permettre des «courses aux subventions» qui favoriseraient les États ayant la plus forte marge de manœuvre budgétaire. La Commission est dans ce domaine l arbitre impartial, indépendant des États membres qui accordent les aides, qui préserve l intégrité du marché intérieur européen. La réforme de modernisation des aides d État en cours, que j ai lancée en mai 2012, consiste en une réforme en profondeur de l ensemble des règles et procédures, en vue notamment de mieux aligner le contrôle des aides avec les grands objectifs de la stratégie de croissance de l Union européenne, «Europe 2020». Cette réforme qui a fait l objet de très larges consultations des acteurs économiques concernés et des États membres vise à aider les États membres à mieux utiliser les ressources disponibles et à choisir les moyens les plus efficaces pour soutenir la recherche et l innovation, l emploi, l accès au financement des entreprises qui en ont besoin, le déploiement des réseaux à haut débit ou encore la protection de l environnement et l efficacité énergétique. En revanche, les instruments de la politique d aides d État découragent le gaspillage de l argent des contribuables, comme les subventions qui évincent l investissement privé, qui financent des projets qui auraient été menés de toute façon sans argent public par les entreprises bénéficiaires, ou celles permettant à des entreprises inefficaces et non viables de se maintenir artificiellement sur le marché en restant «sous perfusion» au détriment de leurs concurrents et de la compétitivité. Les aides de ce type ne nuisent pas seulement aux autres entreprises européennes qui ne reçoivent pas de tels subsides ; elles retardent les ajustements nécessaires pour que l économie européenne retrouve le chemin de la croissance et de la création d emplois durables qui plus est, en reportant tous les coûts sur les acteurs économiques les plus performants. Conclusion En cette année électorale, on a beaucoup parlé de l Europe. Dans de nombreux pays, le devant de la scène a été occupé par des formations qui lancent des attaques populistes et nationalistes contre les fondements mêmes de notre projet de construction européenne. Certains en font parfois, en y incluant la politique de la concurrence, un bouc émissaire des difficultés économiques et sociales. Or, la politique de la concurrence européenne n est pas un problème mais plutôt une solution. Face à l image d une Europe éloignée des préoccupations quotidiennes, elle apporte des bénéfices concrets et directs aux citoyens, en tant que consommateurs, en contribuant à préserver leur pouvoir d achat. Elle est par ailleurs l un des ingrédients clés qui pourront permettre l émergence d une économie européenne plus dynamique, innovante et créatrice d emplois. La solution face à la mondialisation n est pas dans la reconstitution des barrières nationales, mais plutôt dans l action en commun, afin de réaliser le potentiel encore largement inexploité du marché intérieur européen. La concurrence y contribuera. 150 À QUOI SERT LA CONCURRENCE?

Joaquín Almunia Biographie Diplômé en droit et en sciences économiques de l Université de Deusto à Bilbao, Joaquín Almunia a poursuivi ses études à l École pratique des hautes études de Paris et dans le programme Senior Managers in Government de la John F. Kennedy School of Government, à l Université Harvard. Il devient ensuite maître de conférences de droit du travail et de la sécurité sociale à l Université d Alcalá de Henares. Entre 1972 et 1975, il occupe un poste d économiste au bureau européen des chambres de commerce espagnoles, à Bruxelles. Sa carrière ministérielle commence en 1982, lorsqu il devient ministre du Travail dans le premier cabinet de Felipe González. Il change de poste quatre ans plus tard, à la suite de sa nomination comme ministre des Administrations publiques, un portefeuille qu il conserve jusqu en 1991. En 1994, il est désigné porte-parole du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) lors du Congrès des députés, mais renonce à cette fonction pour devenir secrétaire général du parti en 1997. Il démissionne suite à la déroute des socialistes aux législatives de 2000, mais leur retour au pouvoir en 2004 lui permet d être nommé commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires. Reconduit par José Manuel Durão Barroso quelques mois plus tard, il se voit confier le portefeuille de la Concurrence en 2010. Il est aujourd hui vice-président de la Commission européenne et commissaire à la Concurrence. À QUOI SERT LA CONCURRENCE? 151

Revue Concurrences Une revue trimestrielle dédiée aux droits interne et européen de la concurrence Concurrences est une revue universitaire trimestrielle dédiée aux droits interne et européen de la concurrence. Créée en 2004 par Laurence Idot, Frédéric Jenny et Nicolas Charbit, la revue est un forum de discussions entre universitaires, magistrats et praticiens du droit de la concurrence. Son rayonnement en dehors du champ des spécialistes est tel que plusieurs personnalités publiques de premier plan ont publié des points de vue dans ses colonnes : Jacques Attali, Elie Cohen, François Hollande, Christine Lagarde, Nicolas Sarkozy COMITÉ SCIENTIFIQUE ET COMITÉ INTERNATIONAL Un Comité scientifique, présidé par Laurence Idot assure l indépendance de la revue et sélectionne les articles soumis à la revue sur des critères de rigueur de la démonstration et d objectivité. Un Comité international, présidé par Frédéric Jenny, contribue à la diffusion de la revue à l international et à l organisation des conférences hors de l Europe. VERSION ÉLECTRONIQUE Depuis 2004, Concurrences a publié 40 numéros totalisant 14000 articles (au 1 er septembre 2014). La version électronique reprend l intégralité des articles parus dans la version imprimée depuis 2004 ainsi qu environ 20 % d articles supplémentaires. Ce supplément électronique correspond à des contributions publiées exclusivement sur le site de la revue notamment en raison de leur ampleur : actes de colloques, articles de fond, contributions économiques... CONTRIBUTEURS Plus de 1000 contributeurs provenant de 15 pays ont publié dans la revue Concurrences. Ces contributeurs sont universitaires, magistrats ou représentants d autorités de concurrence, avocats ou conseils juridiques, tous spécialisés en droit ou en économie de la concurrence.

Compétitivité, innovation, emploi, relance... 100 personnalités répondent à la question «A quoi sert la concurrence?»: historiens, économistes, juristes, sociologues, hommes d église, acteurs politiques, essayistes et entrepreneurs L ouvrage rassemble les réponses de plus de 100 contributeurs parmi lesquelles François Hollande, Arnaud Montebourg, Michel Sapin, Nicolas Sarkozy et des contributions de Easy Jet, Free, Google, Microsoft, Michelin, la SNCF Un site internet interactif complète cet ouvrage avec des quiz et un sondage : www.aquoisertlaconcurrence.org