PRET DE LISEUSES DANS 4 BIBLIOTHEQUES DE SEINE-SAINT-DENIS [MARS/NOVEMBRE 2012] LES PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS DE L EXPERIMENTATION

Documents pareils
PRET DE LISEUSES EN BIBLIOTHEQUE Les principaux enseignements de l expérimentation

Enquête sur les ressources numériques en bibliothèque publique

Présentation du projet de la médiathèque de Mauguio

usages de lecture de livres riques

Etude sur les usages de la lecture de bande dessinée Numérique / izneo - Labo BnF

Comment télécharger et

METTRE LE NUMÉRIQUE AU SERVICE D UN NOUVEAU MODÈLE DE BIBLIOTHÈQUE

Projet de Portail des thèses. SYNTHESE DE L ENQUETE DESTINEE AUX DOCTORANTS août 2010

Résultats de l enquête EPCI

Hadopi Département Recherche, Etudes et Veille (DREV)

RESSOURCES NUMERIQUES : RAPPORT D EVALUATION DES PRATIQUES, REPRESENTATIONS ET ATTENTES DES PUBLICS

deux niveaux 750 m² ordinateurs tablettes liseuses lecteurs MP3. programmation culturelle accueille

Communiqué de presse. Lecture : de nouveaux outils numériques en Fédération Wallonie-Bruxelles

PRET DE LISEUSES EN BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE

Les ressources informatiques et la mise en ligne des documents numérisés Enquête DLL juin-décembre 2008

Ma médiathèque et moi :

Questionnaire sur les nouveaux rythmes scolaires

VOS RESSOURCES NUMÉRIQUES PAS À PAS

Les origines du projet

Nicolas DEPORTE Observatoire du GIS Août 2013

Avril 2013 DIAGNOSTIC NUMERIQUE. Réalisé par l Office de Tourisme Andernos-les-Bains

L évolution du CDI à l ère du numérique GPS Centre Alsace Année 2012/2013 Bilan

Usages pédagogiques des tablettes

Ma tablette et moi. Guide à l usage des élèves et des parents

LES CONDITIONS D ACCÈS AUX SERVICES BANCAIRES DES MÉNAGES VIVANT SOUS LE SEUIL DE PAUVRETÉ

Une offre de lecture numérique sur liseuses et Smartphones pour les patients de l Assistance Publique-Hôpitaux de Paris

LE PASS-TRAVAUX. Edition Le prêt PASS-TRAVAUX concerne principalement les propriétaires, seuls 2% des bénéficiaires étaient locataires en 2007.

Evaluation Agi Son Agi son Evaluation de la campagne de sensibilisation aux risques auditifs liés à l écoute de musiques amplifiées

e-commerce : Guide à l intention des Petites et Moyennes Entreprises

UN PROJET SCIENTIFIQUE ET CULTUREL POUR LA SOCIÉTÉ DE LA CONNAISSANCE

Rapport d activité et retours d évaluations du service de coaching en ligne COACHLINE

ETUDE D USAGE D ALPHALIRE

Le numérique. de vos médiathèques.

CHOIX ET USAGES D UNE TABLETTE TACTILE EN ENTREPRISE

METTRE LE NUMÉRIQUE AU SERVICE D UN NOUVEAU MODÈLE DE BIBLIOTHÈQUE

Expérimentation de l usage du smartphone dans l enseignement technologique S.T.M.G.

1 Presqu'île Malraux Strasbourg cedex Tél

Observatoire Orange Terrafemina vague 14. La ville connectée. Sondage de l institut CSA

BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE MODE D EMPLOI

ERGONOMIE ET OPTIMISATION DU TAUX DE CONVERSION D UN SITE INTERNET Partie 1/2

Assises du livre numérique 21 mars h30-18h00 Salon du livre de Paris Salle Nota Bene

RP2 LIVRES NUMÉRIQUES ET ACCÈS AU SAVOIR ET À LA CONNAISSANCE

Sommaire. 1Préparer le stage... 2 Accueillir et accompagner Gérer et évaluer Introduction. Conclusion. L accueil des stagiaires de 3 e

FM N Contact Ifop : Frédéric Micheau Tél : frederic.micheau@ifop.com. pour

BAROMÈTRE DE L ÉCONOMIE NUMÉRIQUE

Questions réponses sur e sidoc

À propos de votre liseuse... 5

Fiche pratique n 12. Evaluation de la formation. Finalité. Mode opératoire. De quoi s agit-il? Quelle évaluation pour quels besoins?

Portail : mode d emploi

LE GUIDE DE LA LECTURE NUMÉRIQUE CHEZ PAYOT LIBRAIRE

Etude Afci Andrh Inergie sur la communication managériale (3 ème édition)

Focus : Des bibliothèques dans l'économie du livre (droit de prêt, copie privée, acquisitions papier et numérique) au prêt de livres numériques

BAROMÈTRE DE L ÉCONOMIE NUMÉRIQUE

Bar a o r mè m tr t e r d es s u sa s g a es s d u l ilv i re r numé m ri r q i ue Vague 1 Mars 2012

Enquête internationale 2013 sur le Travail Flexible

Les préoccupations des enseignants en 2014

CHARTE WIFI ET INTERNET

À propos de votre liseuse... 4

Enquête sur la formation initiale dans l industrie du jeux vidéo en France. Résultats

Baromètre Ciel de la Création et de l Informatisation des Petites Entreprises

Le portail documentaire

Proposer de nouveaux services aux Levalloisiens. Des ressources numériques, accessibles à distance.

Dossier de presse. La non-assurance routière en France en 2013

Recommandations pour une diffusion du livre numérique par les bibliothèques publiques

Compte-rendu réunion du 15 juin 2012

Baromètre de l innovation Janvier 2015

DOSSIER DE PRESSE Wifi public

Evolution des pratiques achats

Enquête auprès des personnes favorables au don d organes

Les internautes et les comparateurs de prix

Les dirigeants face à l innovation

Les services en ligne

8.3 Tableau comparatif des acteurs et prestataires de ressources numériques en ligne

Diagnostic Numérique du Territoire

LECTURE CRITIQUE. Accompagner les enseignants et formateurs dans la conception d une formation en ligne

ENFANTS ET INTERNET BAROMETRE de l opération nationale de sensibilisation : Un clic,déclic le Tour de France Des Etablissements Scolaires

Janvier Enquête CLCV Assurances et sinistres

Un climat des affaires incertain

ENQUÊTE DE SATISFACTION SUR LE RÉSEAU UNIVERSITAIRE ET PROFESSIONNEL DE L'UCP

Module 1 Module 2 Module 3 10 Module 4 Module 5 Module 6 Module 7 Module 8 Module 9 Module 10 Module 11 Module 12 Module 13 Module 14 Module 15

La modernisation technologique du réseau repose alors sur plusieurs axes de travail :

Liseuse prêtée par la Médiathèque départementale

ACCEDER AUX EBOOKS DU CENTRE DE DOCUMENTATION. Guide d utilisation de DAWSONERA

Comment développer l attractivité d un commerce multiservices?

Fiche métier : Le Community Manager

Les services à la personne : nouveaux marchés pour de nouveaux entrepreneurs

Guide à l intention des parents sur ConnectSafely.org

Les réseaux sociaux : quels apports éducatifs pour l éducation permanente?

Bientôt plus d'1 Français sur 10 client d'une banque en ligne.

Les supports de lecture et les formats des livres numériques JDD

PROGRAMME DE L ATELIER

La réforme : une opportunité pour la fonction formation

LES MUSEES & LES APPLICATIONS CULTURELLES SUR SMARTPHONES ETUDE DE MARCHE

Pour accéder au Prêt numérique

LA TABLETTE TACTILE, UN OUTIL AU SERVICE DES SCIENCES

Mode d emploi de la liseuse Kobo Aura

Le livre numérique désigne le contenu de lecture que l on intègre dans ces liseuses. Ses synonymes sont : le livre électronique, l ebook et le livrel.

Internet et prévention. Communiquer sur la santé sexuelle en direction des jeunes internautes

Étude sur la compétitivité des administrations cantonales

Transcription:

PRET DE LISEUSES DANS 4 BIBLIOTHEQUES DE SEINE-SAINT-DENIS [MARS/NOVEMBRE 2012] LES PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS DE L EXPERIMENTATION Le MOTif et le conseil général de Seine-Saint-Denis se sont associés en 2012 pour accompagner 4 bibliothèques dans une opération de prêt de liseuses. Cette expérimentation a permis aux équipes des médiathèques de mesurer les usages liés à ce nouveau mode de lecture, mais aussi les effets sur leurs propres pratiques professionnelles. Le bilan de cette opération se décompose donc en 2 parties : la 1 ère est une compilation des résultats des questionnaires remplis par les usagers (profil des usagers ; évaluation technique ; lieux et pratiques de lecture ; avis sur l offre proposée ; pratiques futures). La 2 ème prend la forme d une évaluation qualitative menée auprès de 8 bibliothécaires et du libraire, réalisée par Mathilde Rimaud de l Epaulette. CARACTERISTIQUES DU PROJET Les partenaires : le MOTif, observatoire du livre et de l écrit en Ile-de-France, le Conseil général de la Seine-Saint-Denis, l Association des bibliothèques en Seine-Saint-Denis, la librairie le Divan (Paris 15). 4 collectivités participantes : les médiathèques d Aulnay-sous-Bois, Bagnolet, Noisy-le-Grand et Rosny-sous-Bois. L opération s est déroulée du 6 mars au 3 novembre 2012 (8 mois). 60 liseuses Cybook Odyssey de Bookeen, à écran tactile, ont été prêtées aux médiathèques. Chaque liseuse propose 68 titres issus du domaine public (9), littérature pour adolescents (8), auteurs en résidence en SSD (10), rentrée littéraire 2011 (7), littérature étrangère (6), littérature française (7), documents et essais (7), et intègre des titres uniquement numériques (14). La durée moyenne du prêt a été calquée sur celle du papier (3 semaines en moyenne). Au total, 238 questionnaires ont été retournés aux médiathèques par les usagers [Aulnay-sous-Bois (47), Bagnolet (62), Noisy-le-Grand (60), Rosny-sous-Bois (69)]. Note sur le traitement des questionnaires : certaines questions étaient à choix multiple (d où un total de réponses parfois supérieur à 100%) Note 2 : Certains éléments issus de cette évaluation sont parfois mis en rapport avec les résultats de la première expérimentation menée par le MOTif au début de l année 2011, en partenariat avec la bibliothèque départementale et 6 petites bibliothèques des Yvelines, sur un territoire plus rural et moins dense que le présent projet. 1

1 ère PARTIE : LE POINT DE VUE DES USAGERS QUELQUES ELEMENTS SUR LE PROFIL DES USAGERS 1. 167 femmes (70%) et 71 hommes (30%) 2. Moyenne d âge 9 usagers de 25 ans (- de 4%) 68 usagers entre 25 et 44 ans (28%) 124 usagers entre 45 et 64 ans (52%) 35 usagers de + 65 ans (15%) C est la tranche d âge 45-64 ans la plus nombreuse : légèrement plus de 50% (en comparaison, c était la tranche 35-44 ans la plus importante dans les Yvelines). Surtout, le public adolescent, pour lequel une offre spécifique avait été prévue, n a pas du tout été intéressé par le dispositif (1,7% de -15 ans ; 4% de -25 ans). Plusieurs explications peuvent être avancées : les liseuses étaient disponibles au sein de l espace adultes ; aucune communication spécifique n a été conçue à leur attention ; manque d attractivité du contenu (pas de BD) ; les adolescents sont globalement peu attirés par un outil de lecture certes tactile mais sans couleurs et moins interactif que ce dont ils ont l habitude (tablette, smart phone ). 3. Nombres de livres lus en moyenne sur les 12 derniers mois 15% des usagers ont lu de 10 livres 31 % des usagers entre 10 et 20 livres 52 % des usagers ont lu + de 20 livres sur l année En comparaison avec les indicateurs nationaux, les usagers sont plutôt des «grands lecteurs» : plus de la moitié ont lu au moins 20 livres sur les 12 derniers mois. Ce résultat confirme la tendance dégagée lors de la précédente opération : les usagers désireux de tester la lecture numérique sont déjà des lecteurs réguliers de livres papier. Autre indicateur : 84% fréquentent la bibliothèque au moins 1 fois par mois ; et 56% d entre eux y sont inscrits depuis au moins 10 ans (ils ne sont que 6% à être inscrits depuis moins d un an). Les bibliothécaires estiment que le profil des emprunteurs de liseuses est très proche des usagers habituels de leurs équipements. 2

4. 93% des répondants ont un ordinateur et une connexion Internet à domicile. 25% indiquent avoir déjà testé la lecture sur un support numérique, chiffre légèrement plus élevé que pour la précédente opération, ce qui peut s expliquer par la hausse du taux d équipement des répondants. 5. Près de la moitié d entre eux (46%) ont eu connaissance de l opération grâce à la campagne de communication réalisée par le MOTif et le département (tracts + affiches en bibliothèque). Un tiers en a directement été informé par les bibliothécaires, tandis que 20% des répondants ont découvert le projet par la presse locale et municipale. EVALUATION TECHNIQUE Les usagers devaient évaluer les 4 items suivants (bon/moyen/mauvais) Facilité d utilisation : 43 % la trouvent facile à utiliser. Confort de lecture : 64% ont trouvé la lecture sur écran très confortable. Fonctionnalités proposées : la moitié d entre eux en sont satisfaits, un quart les qualifient de moyennes ou basiques tout en indiquant qu ils n en attendaient pas plus. Appréciation globale : ils sont une petite moitié à se déclarer satisfaits. Les usagers étaient ensuite amenés à commenter librement leur appréciation globale [les commentaires des usagers (80% des répondants) sont bien évidemment influencés par les qualités techniques du support (ergonomie et fonctionnalités) classés des plus aux moins fréquemment cités]. 3

Points positifs 1. Appréciation quasi générale : légèreté, faible encombrement ; facile à prendre en main et à transporter, idéal pour voyages et transports 2. Grande satisfaction sur la fonctionnalité tactile 3. Confort de lecture : pas de brillance ni reflet, agrandissement des caractères 4. Dans une moindre mesure, incitation à découvrir d autres titres (même si seulement par le feuilletage). Points négatifs 1. Trop forte sensibilité tactile ou a contrario manque de réactivité (défilement ou blocage des pages) 2. Difficulté à sélectionner/repérer les titres (besoin d un classement thématique ou alphabétique) 3. Manque le contact physique avec le livre, le plaisir de feuilleter («appareil froid et impersonnel») 4. Problèmes techniques : bouton marche/arrêt peu ergonomique, batterie déchargée 5. Manque la couleur 6. Regret de ne pouvoir prêter les livres LIEUX ET PRATIQUES DE LECTURE Les répondants déclarent avoir utilisé la liseuse : - à 86% à domicile - à 41% dans les transports - à 15% dans des lieux autres tels que café, salle d attente, jardin public 25% seulement l ont prêtée à leur entourage (famille autant qu amis/collègues). La majorité d entre eux en ont donc fait un usage strictement personnel. Des résultats qui doivent être liés aux consignes de prudence des bibliothécaires visant à responsabiliser l usager durant la période d emprunt. 4

Le numérique peut amener des changements dans les pratiques de lecture Les répondants ont indiqué :. à plus de 60% choisir des titres autres que leurs lectures habituelles,. à près de 40% lire davantage de titres,. lire des extraits pour près de la moitié d entre eux,. 64% estiment, en revanche, ne pas lire plus rapidement que sur papier. AVIS SUR L OFFRE PROPOSEE La quasi-totalité des usagers (91%) a emprunté une liseuse pour tester son utilisation, par curiosité et sur invitation de son bibliothécaire. Les ouvrages les plus lus : 50 % des répondants ont indiqué le titre des ouvrages lus, citant le plus fréquemment les nouveautés et les prix littéraires. 56% des usagers déclarent avoir lu au moins un livre en entier sur support numérique ; le résultat, plus élevé que lors de la précédente opération, est certainement lié à l amélioration du confort de lecture des liseuses. 5

Plus précisément, sur ces 56% ayant lu au moins un livre intégralement :. ils sont 41% à n avoir lu qu 1 seul livre,. 26 % en ont lu 2 entièrement,. tandis que 33% ont lu 3 livres ou plus. 38% d entre eux indiquent ne pas avoir lu de livre dans leur intégralité mais seulement en avoir commencé ou parcouru un ou plusieurs. La première raison invoquée est le problème de temps (58%) ; vient ensuite la mauvaise appréciation de la lecture sur cet appareil (40%), suivi de près par les problèmes techniques (33%). PRATIQUES FUTURES Dans l ensemble, les résultats sont assez proches de ceux observés lors de la précédente expérimentation. Quelques tendances néanmoins ont légèrement bougé : 27% (contre 10%) déclarent vouloir acheter une liseuse dans un temps proche. Ils étaient 65% à attendre que les appareils évoluent, ils ne sont plus que 38%. Ils sont aussi plus nombreux à envisager la lecture numérique pour un usage quotidien. 6

Prêt de supports et de fichiers numériques Si leur bibliothèque s équipe, une bonne moitié d entre eux iront emprunter une liseuse de manière régulière ou occasionnelle. Surtout, ils sont 83% (autant que pour les Yvelines) à être intéressés par le prêt de ressources numériques lorsqu ils seront personnellement équipés : une très large majorité pour de la fiction, plus d un tiers pour du livre pratique. Ils sont 85% à penser qu ils liront dans quelques années aussi bien sur support papier que numérique. 1% des répondants pensent que l avenir est au tout numérique, tandis que 8% indiquent, quel que soit l intérêt de ces appareils, qu ils continueront à lire sur papier exclusivement. Plus que le type d ouvrages, ce sont les circonstances dans lesquelles la lecture est pratiquée qui marquent la différence numérique/papier : la lecture numérique paraît, sans surprise, privilégiée pour les voyages et les déplacements, même si près de 30% des répondants la plébiscitent aussi pour un usage quotidien. 7

2 ème PARTIE : LE POINT DE VUE DES BIBLIOTHECAIRES Bilan réalisé par Mathilde Rimaud, l Epaulette Profil des professionnels rencontrés : 4 hommes, 4 femmes, entre 24 et 57 ans (majoritairement autour de 50 ans) 5 responsables (politique documentaire, multimédia, médiation numérique, administrateur système, en plus d être responsables de sections), 1 assistant multimédia, 1 agent qualifié, 1 assistant de conservation. Les entretiens ont été menés à partir des questions suivantes : Les raisons de la participation des établissements au projet Les étapes de mise en place du projet L offre de prêt Le déroulé concret du prêt Le public touché Bilan de l opération L évolution professionnelle La suite à donner Du côté du libraire La préparation // La gestion du SAV // Bilan de l opération // Les raisons de la participation des établissements au projet // Pour 3/4 médiathèques, le projet s est inscrit dans le projet numérique de l établissement. La proposition est venue à point nommé, alors que les mentalités (personnels et usagers) étaient mûres. L ensemble des personnes rencontrées était fortement impliqué dans l expérimentation : les 3/4 ont une pratique personnelle régulière de lecture numérique. Parmi les éléments déclencheurs à la participation a été souligné le peu de prise de risque qu impliquait l opération, et le changement d image qu elle offrait à la médiathèque. // Les étapes de mise en place du projet // Des réunions entre tous les partenaires ont permis de dresser une liste des titres à fournir, à partir de laquelle la librairie du Divan a travaillé pour notamment vérifier les disponibilités. La formation des bibliothécaires par le libraire Tous soulignent la qualité de la journée, qui représente autant le moment de lancement réel de l opération que le socle des formations dispensées au sein des établissements par la suite. Formation des personnels, appropriation de l outil Sur les aspects de formation, chaque médiathèque a fonctionné différemment : groupes d autoformation, compte rendu de la formation, mise en place de personnels référents ou formation de l ensemble du personnel, mode d emploi distribué à l équipe Les 4 médiathèques ont permis l emprunt des liseuses par le personnel avant le lancement. Tous témoignent que cela a été très important pour l appropriation par des personnes a priori moins intéressées et/ou motivées. 8

Discussions internes, réticences Les 4 médiathèques soulignent que l expérimentation a fait changer d avis bon nombre de collègues sur l usage d une liseuse à titre personnel. En revanche, une certaine méfiance apparaît lorsqu est abordée la place du numérique dans leurs pratiques professionnelles. // L offre de prêt // Le catalogage et la réservation Les modes de catalogage ont été très variés : -1/4 n avait pas catalogué la liseuse, la réservation se faisait directement à l accueil ; -1/4 avaient catalogué la liseuse comme une anthologie (liste des titres fournis compris, recherche possible sur les titres, mais seule la liseuse apparaissait comme document) ; -1/4 avait catalogué l ensemble des liseuses comme un seul document, sans créer de notice distincte par liseuse, ce qui a posé des problèmes pour la gestion des réservations ; -1/4 avait référencé l ensemble des titres comme des documents distincts, en plus de la liseuse en tant que telle, permettant ainsi une recherche sur titre plus performante. Certains ouvrages très demandés en papier ont pu ainsi être empruntés sous forme numérique, jouant le rôle de produit d appel. C est d ailleurs la seule médiathèque qui a témoigné avoir eu des réservations liées au choix d un titre. Le contenu Pour 3/4 médiathèques, le contenu n était pas le critère principal d emprunt. Conformément à ce qui se passe sur papier, les ouvrages les plus lus et demandés ont été les nouveautés. En revanche, les documentaires, guides et livres de cuisine n ont pas été appréciés, le noir et blanc ne s y prêtant pas. Une partie des usagers n a pas lu de livre jusqu au bout, mais la liseuse a aussi permis la découverte de titres inconnus. Aucune médiathèque n envisage à ce jour le remplacement d une collection papier par du numérique. Elles souhaiteraient plutôt pouvoir acheter les deux formats à la fois. Les bibliothécaires ont du mal pour l instant à avoir une vision claire des domaines qui risquent de se développer principalement en numérique dans l avenir. Durée du prêt, droits et devoirs de l usager 4/4 médiathèques ont calqué la durée de prêt et les conditions d emprunt sur le schéma habituel. Elles ont en outre imposé la signature d une charte d utilisation, sans valeur légale mais moralement impliquant. L emprunt des liseuses se passait dans 3 cas sur 4 dans une section réservée aux adultes. Dans les faits, les jeunes ne pouvaient donc avoir accès aux liseuses qu accompagnés de leurs parents. // Le déroulé concret du prêt // Aucune médiathèque n avait particulièrement mis en scène l expérimentation. Des liseuses pouvaient être gardées à disposition pour des démonstrations sur place ou des ateliers. Médiation Café littéraire, ateliers pour les scolaires, ateliers d initiation Les temps collectifs ont été suivis et appréciés et la bibliothèque est alors perçue comme un centre de ressources. Les explications sur place Lors de l emprunt par un usager, les bibliothécaires passaient entre 5 et 30 min à donner des explications (mode d emploi, ouvrages disponibles, essai de la machine). Ces temps d échanges leur ont permis de prendre conscience que le public n était pas très initié à toutes ces notions (DRM, interopérabilité ) et posait peu de questions. 9

SAV, gestion de problèmes -Problèmes liés au matériel : 4/4 ont eu à faire face à un défaut de fabrication et ont échangé entre 2 et 7 liseuses. -Problèmes liés à l usage : 4/4 ont eu à faire face à des blocages, liés à de mauvaises manipulations. 3/4 ont eu à gérer des retours de liseuses qui s étaient déchargées plus vite que prévu. Malgré les explications données, les usagers semblaient mal mettre en veille leur liseuse. 2/4 ont eu de la casse et 1 perte est à déplorer. On peut noter qu aucune médiathèque n a eu le temps de vérifier dans le détail l état des liseuses au retour, ni de regarder systématiquement les derniers ouvrages lus. // Le public touché // Dans l ensemble, il s est agi majoritairement des lecteurs habituels : grands lecteurs, âge moyen 50 ans, usagers fidèles des bibliothèques. Le public des adolescents Alors même que les adolescents étaient explicitement visés dans la proposition des porteurs de projet, aucune médiathèque n a cherché spécifiquement à toucher ce public ni réussi à l intéresser aux liseuses. Pour 3/4, cela fait partie des pistes en cours, à travailler avec une approche thématique. La fracture numérique 2/4 évoquent la fracture numérique et le rôle spécifique des médiathèques en ce sens : fracture économique (pas de pouvoir d achat suffisant pour s équiper) et fracture technologique (méconnaissance des outils). Expliquer l univers virtuel et numérique reste nécessaire aujourd hui encore et les bibliothèques ont toute légitimité pour le faire. // Bilan de l opération // Les 4 médiathèques se montrent très satisfaites. L opération a permis de mobiliser l équipe et faire bouger les mentalités en prenant conscience de la demande du public. Pour 3 d entre elles, l expérimentation a porté sur ce nouveau mode de lecture plus que sur un choix d ouvrages, ce qui constitue pourtant leur cœur de métier. Sentiment sur l appréciation des usagers Toutes pensent que les usagers ont été très contents de l expérimentation et généralement été surpris de la qualité de lecture offerte ; beaucoup trouvent le support pratique pour les déplacements. Les 4 médiathèques témoignent que les usagers se partagent entre les amoureux inconditionnels du papier et les curieux satisfaits de découvrir une nouvelle approche de la lecture. L expérimentation aura souvent été l occasion de test grandeur nature avant achat. // L évolution professionnelle // Les 4 médiathèques estiment que l arrivée de supports numériques va modifier leurs pratiques professionnelles (catalogage, équipement, nouvelle approche de la lecture et des écritures numériques ) mais sans enlever la nécessité d une médiation qui reste un enjeu central. Globalement, l expérimentation est l occasion de soulever des questions importantes, notamment concernant le rôle social de la médiathèque, et du lieu physique de rencontre et de médiation qu elle représente. Toutes estiment que les équipes ont un réel besoin de formations. La mise en place d une veille (évolutions des pratiques, technologiques, de la chaîne économique ) est régulièrement évoquée. Beaucoup de questions demeurent sur la mise en place concrète d un prêt de liseuses, notamment concernant les volets budgétaires, le lien au fournisseur et la gestion des DRM. Le recours au Carel n est pour l instant envisagé que par 1 médiathèque. 10

// La suite à donner // Très clairement, l expérimentation a eu un effet déclencheur pour les 4 médiathèques. Elles ont toutes l intention de poursuivre sur cette lancée et font des demandes budgétaires en ce sens (achat de tablettes et de liseuses). Toutes vont monter des opérations de médiation en 2013. En fonction de l avancée préalable de chaque établissement sur la question du numérique, les suites envisagées vont plus ou moins loin : 3/4 proposeront l emprunt de supports avec contenu (thématique ou généraliste). 1 médiathèque ne permettra que la démonstration sur place. 1 autre propose déjà du contenu dématérialisé via un système de chargement par wifi de contenu libre de droit (appelé «pirate box»). Globalement, elles estiment que l avenir du prêt numérique va dans le sens du téléchargement mais qu il est encore trop tôt pour convaincre leur tutelle de la mise en place d un portail via le site de la collectivité. D autre part, la complexité des relations actuelles avec les éditeurs et la gestion des DRM qui en découle ne satisfont pas les bibliothécaires. La fracture numérique impose un accompagnement des publics qui est loin d être terminé. Du côté du libraire La librairie du Divan, déjà positionnée sur le numérique (borne tactile et vente de liseuses en magasin, site de vente leslivresnumeriques.com), a été sollicitée par les porteurs de projet pour fournir le contenu mais aussi le conseil et l expertise indispensables au bon déroulement de l opération. De plus, le Divan, tout comme un certain nombre de grandes librairies, réfléchit aux moyens de développer un service spécifique en direction des médiathèques. La proposition est donc arrivée à un moment opportun. // La préparation // A partir de la liste des titres définis par le groupe de travail, Le Divan a vérifié les prix, la disponibilité et créé des liens vers chaque fiche. 20% des titres initialement proposés ont nécessité un travail de correction (informations fausses, indisponibilité et donc remplacement ). Les marges libraire sur la vente d un titre numérique sont bien moins importantes que pour la version papier ; il est donc nécessaire que le fournisseur puisse facturer la prestation et qu il ne fasse pas de remise au client. Le téléchargement des fichiers C est la partie la plus longue et la plus complexe à gérer, à cause des DRM. La création des comptes Adobe (1 pour 5 copies), des identifiants (3 par médiathèque) et des adresses mail afférentes a demandé une semaine de travail. // La gestion du SAV // Malgré la formation et les échanges réguliers, certains bibliothécaires ont été en difficulté pour débloquer euxmêmes les machines lorsque le compte se bloquait. La gestion du SAV (lenteur des renvois, mauvais câbles USB récupérés ) a donc représenté un temps de travail non négligeable pour le libraire. // Bilan de l opération // Globalement, Le Divan est très satisfait de l opération : plus en termes de communication et de visibilité que d un point de vue financier. Elle a permis de faire prendre conscience à l équipe que la vente de livres numériques auprès des collectivités est amenée à se développer tant en termes d activités que de chiffre d affaires. 11

En conclusion Le projet est arrivé au bon moment pour l ensemble des acteurs : le fournisseur souhaitait développer l offre auprès des collectivités, les usagers étaient en quête d information et avaient dépassé leurs peurs de voir disparaître le livre papier, les médiathèques sont lancées dans des politiques de développement du numérique mais ne savent pas toujours comment approcher l ensemble des questions que ces nouveaux usages soulèvent. Les médiathèques partenaires sont pleinement satisfaites à la fois du répondant des usagers et des répercussions au sein de leurs équipes. Les modalités de l expérimentation, très confortables car clés en main, leur ont permis de se lancer sans avoir à se soucier des nombreux écueils liés à la mise en place d un tel dispositif. Peu de freins en interne, pas de réticence réelle du public Les seules difficultés rencontrées sont venues des problématiques techniques et du cadre actuel d achat des livres numériques (gestion des DRM encore complexe pour un usage en médiathèque). On peut noter que l expérimentation a porté essentiellement sur l usage du support et à la marge sur le contenu proposé. C est là peut-être un point à travailler différemment lors d une prochaine expérimentation : comment les médiathèques pourront-elles se donner les moyens de mieux comprendre les usages et les besoins en terme de contenu (statistiques de lecture, questionnaire adapté, enquête préalable )? Les questions soulevées par la mise à disposition de liseuses avec contenu sont nombreuses : elles touchent pour beaucoup au rôle du bibliothécaire. Est-il un initiateur technologique ou doit-il uniquement travailler sur les contenus comme il l a toujours fait? La plupart répondent que la fracture numérique impose aujourd hui un accompagnement des publics dans l appropriation des outils. Mais que le rôle final de la médiathèque ne sera pas de prêter des supports mais bien de travailler une offre de contenus. La dématérialisation des chargements via le portail de la médiathèque est appelée des vœux de l ensemble des bibliothécaires rencontrés. Enfin l un des points de réussite du projet tient aussi à la dynamique collective entre établissements et sur le territoire, qui a fait émerger de nouvelles réflexions autour de la mise en place d outils mutualisés (blog collaboratif permettant l échange de pratiques, la veille sectorielle ou encore l autoformation...). 12